En 1903, le professeur de médecine anglais Wiliam Bayliss (1860-1924) fut accusé par des militants du droit animal de la National Anti-Vivisection Society d’avoir pratiqué une vivisection illégale sur un terrier brun devant ses étudiants. Pour dénoncer ce qu’ils considéraient comme un acte barbare (même si la justice donna finalement raison à William Bayliss), les antivivisectionnistes commandèrent en 1906 une statue en bronze du chien, destinée à servir de mémorial.
Réalisée par le sculpteur Joseph Whitehead (1868-1951) et installée dans le parc de Battersea, au sud-ouest de Londres, elle était accompagnée d’une plaque comportant cette revendication : « Hommes et femmes d'Angleterre, combien de temps ces choses dureront-elles ? ».
Son existence provoqua de nombreuses manifestations et des affrontements entre d’un côté des étudiants en médecine favorables à leur professeur, et de l’autre des militants antispécistes, féministes et syndicaux. Ces tensions restèrent célèbres sous le nom de « Brown Dog Riots ».
Pour faire taire la controverse, le conseil municipal de Battersea décida en 1910 de faire démonter nuitamment et fondre la statue, malgré une pétition signée par plus de 20.000 signatures exigeant qu’au contraire elle reste à sa place.
En 1985, des associations opposées aux expérimentations sur les animaux commandèrent au sculpteur britannique Nicola Hicks (né en 1960) une nouvelle statue en bronze, montée sur un socle en pierre de Portland de 1,5 mètre de haut. L’artiste n’eut pas à chercher bien loin un modèle, puisqu’il utilisa pour cela son propre Jack Russell. Les autorités autorisèrent l’installation de son œuvre dans le parc où était située la statue originale. Toutefois, l’histoire se répéta : faisant une nouvelle fois polémique auprès de la communauté médicale, la statue fut temporairement démontée en 1992 puis déplacée dans un endroit moins fréquenté du parc en 1994.
En 2021, à l’occasion du 115ème anniversaire de l’inauguration de la première statue, une nouvelle campagne de dons a été lancée pour financer la refonte de la statue d’origine et sa réinstallation. L’affaire est donc loin d’être close…