Le Husky Sibérien est une race ancienne développée au cours de la Préhistoire par les Tchouktches, un peuple vivant en Tchoukotka, un territoire situé dans l’Extrême-Orient russe. Des tests ADN ont même prouvé qu’il s’agit d’une des races de chien les plus anciennes de la planète. Par ailleurs, contrairement à ce que pourrait laisser croire son apparence, le loup ne fait pas partie de ses ancêtres les plus proches. Comme le Malamute d’Alaska et le Samoyède, il descend en fait du tout premier chien de traineau, le Qimmiq.
Son nom vient du mot « Chukchi », qui veut justement dire « Tchouktche ». Il est le fruit d’une sélection rigoureuse effectuée par ce peuple, qui avait besoin de chiens résistants, endurants, obéissants et fidèles. Aujourd’hui encore, les Tchouktches élèvent la race en continuant d’appliquer une sélection des plus strictes, qui tient compte notamment de l’endurance, de l’obéissance, du bon caractère et de la taille des individus.
Le Husky Sibérien était utilisé par les Tchouktches comme chien de travail pour tirer des traîneaux sur de grandes distances, ce qui permettait de gagner beaucoup de temps et d’énergie. En effet, ils vivaient à l’intérieur des terres et devaient régulièrement se rendre à la mer pour chasser et pêcher. Il leur fallait donc être en mesure de ramener sans encombre jusqu’à chez eux la viande de morse, notamment. Leurs chiens étaient aussi très probablement d’une grande aide lorsqu’il s’agissait de chasser sur terre. Par ailleurs, ils étaient déjà extrêmement proches des humains et dormaient souvent auprès des enfants, leur tenant bien chaud.
Aux 17ème et 18ème siècle, l’Empire russe chercha à s’étendre vers l’est. Les tsars envoyèrent ainsi des troupes cosaques soumettre les divers peuples vivant alors dans ces régions. Étant alors au nombre d’environ 9000, les Tchouktches ne se laissèrent pas faire. Le Husky Sibérien prit grandement part au conflit, leur permettant notamment de fuir l’armée en allant plus au nord du territoire.
En 1909, neuf Huskies Sibériens furent emmenés en Alaska par un marchand de fourrure et explorateur nommé Olaf Swenson, dans le but de participer à la grande course de chiens de traîneau All Alaska Sweepstakes. Cet attelage comptait moins de chiens que les autres, mais se classa pourtant troisième. C’est à cette occasion qu’un musher écossais découvrit la race, et décida d’en importer à son tour pas moins de 61, dans le but de constituer trois autres attelages pour l’édition 1910 de la All Alaska Sweepstakes. Ce fut un grand succès, puisque ces derniers terminèrent 1er, 2ème et 4ème.
Le Husky de Sibérie commença alors à acquérir une renommée grandissante, un nombre croissant de personnes étant en mesure de constater ses grandes capacités pour tirer des charges. Il se mit à être fortement recherché pour les courses, et devint également utilisé pour la livraison du courrier sur de longues distances dans des territoires très reculés d’Alaska ou du nord du Canada. Il se rendit également très utile durant la période de la ruée vers l’or dans ces deux territoires, aidant les colons à braver les rudes conditions climatiques et à poursuivre leurs rêves de richesse en tirant leurs traîneaux.
En 1925, des représentants de la race furent l’auteur d’un exploit mythique et fortement médiatisé, qui contribua encore un peu plus à sa notoriété. Le village de Nome, en Alaska, fut alors touché par une grande épidémie de diphtérie en plein milieu de l’hiver, qui mit en danger pas moins de 10 000 personnes. Près de 1,5 millions d’unités de sérum antidiphtérique furent alors apportées en deux temps grâce à chaque fois à une vingtaine de mushers, et à un total de pas moins de 150 chiens - dont la majorité était des Huskies Sibériens. Les attelages se relayèrent jour et nuit sur un parcours de près de 1200 km entre le village de Nulato et celui de Nome, sous des températures avoisinant parfois les -40°C. La mission fut un réel succès : alors que le délai habituel d’acheminement du courrier sur ce trajet était de 25 jours, il fut parcouru en moins de 6. La dernière étape du voyage fut effectuée par le musher Gunnar Kaasen dont le chien de tête, Balto, était un croisé Husky Sibérien et fut particulièrement célébré par les médias de l’époque.
Du fait de la fermeture des frontières décidée par le gouvernement soviétique, il n’y eut plus d’exportations de Huskies Sibériens depuis la Sibérie après 1930. Néanmoins, cela ne posa pas vraiment de problème en Amérique du Nord, puisque la race était déjà bien implantée. Les éleveurs disposaient donc d’un pool génétique suffisant pour continuer son élevage avec les sujets qu’ils avaient déjà. Au demeurant, si le Husky Sibérien qu’on trouve aujourd’hui aux États-Unis et au Canada est quelque peu différent du chien élevé par les Tchouktches, il a conservé les qualités de ses ancêtres.
D'ailleurs, nombre d'entre eux s’illustrèrent entre 1933 et 1947 lors des expéditions en Antarctique menées par l’explorateur américain Richard Byrd. D’autres furent utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale par l’unité de recherche et de sauvetage de personnes dans l’Arctique, et se distinguèrent également par leur bravoure.
L’année 1930 marqua la reconnaissance du Husky Sibérien par l’American Kennel Club (AKC), l’organisme canin de référence aux États-Unis.
Huit ans plus tard, en 1938, le Siberian Husky Club of America fut créé. C’est également cette année-là que le United Kennel Club (UKC), l'autre organisme américain d'envergure, le reconnut à son tour, en optant quant à lui pour le nom de Arctic Husky. Il finit par renoncer à cette différence en 1991, s’alignant alors sur l’appellation retenue par l’AKC et partout ailleurs dans le monde anglo-saxon, à savoir Siberian Husky.
Le Canada embraya rapidement le pas aux États-Unis, puisque le Club Canin Canadien (CCC) accorda sa reconnaissance à la race en 1939.
La Fédération Cynologique Internationale (FCI) en fit de même en 1966, et cela accéléra grandement sa diffusion dans le monde entier. En effet, pas moins d'une centaine d'organismes nationaux en sont membres - dont ceux de la France, la Belgique et la Suisse.
Le Kennel Club britannique ne fait pas partie de la FCI, mais jouit d'une grande aura et a une influence certaine - notamment dans le monde anglo-saxon. Il reconnut à son tour le Siberian Husky en 1971.