Le coyote, cousin du chien : morphologie, mode de vie...

Le coyote, cousin du chien : morphologie, mode de vie...

Doté d’un museau pointu, d’une queue touffue et d’une fourrure grise, le coyote ne peut nier sa parenté avec le loup. Il est d'ailleurs souvent confondu avec son cousin, puisqu'il lui ressemble beaucoup, même s'il est plus menu que lui.


Présent uniquement en Amérique du Nord, ce chasseur intelligent et rusé est capable de survivre en milieu urbanisé, et son aire de répartition ne cesse de croître d’années en années.

Histoire et classification du coyote

Histoire et classification du coyote

Le coyote (Canis latrans) est un mammifère carnivore originaire d'Amérique du Nord. Il appartient à la famille des canidés et au genre Canis, tout comme le chien, le renard, le chacal ou encore le dingo. Dans la mesure où son mode de vie est très proche de celui du chacal doré, il est parfois surnommé « chacal américain », même s'il s'agit de deux espèces bien distinctes vivant sur des continents différents.


Son nom vient du mot aztèque "coyotl", qui veut dire « chien aboyant ». Il est parfaitement justifié, puisque cet animal se distingue notamment des autres canidés par sa grande variété de cris et de hurlements.


Il est considéré comme le plus agile du genre Canis et est sans doute celui dont les sens sont les plus développés. Audacieux et malin, il sait profiter de tout ce qui peut favoriser sa survie, et fait partie des rares espèces de canidés dont la population ne cesse de croître, malgré la chasse dont il fait l'objet.

Les différentes sous-espèces de coyotes

Les différentes sous-espèces de coyotes

À ce jour, les spécialistes recencent 19 sous-espèces de coyotes, réparties sur l'ensemble de l'Amérique du Nord et de l'Amérique centrale :

  • le coyote des plaines (Canis latrans latrans), la plus grande des sous-espèces ;
  • le coyote de la côte Nord-Ouest (Canis latrans umpquensis), implanté à l'extrême-ouest des Etats-Unis ;
  • le coyote des plaines du Texas (Canis latrans texensis), au pelage brillant ;
  • le coyote de la vallée de Californie (Canis latrans ochropus) ;
  • le coyote de Mearns (Canis latrans mearnsi), qui vit dans l'ouest des Etats-Unis et du Mexique, et qui possède une fourrure très colorée et brillante ;
  • le coyote du Nord (Canis latrans incolatus), au pelage couleur cannelle ;
  • le coyote du Honduras (Canis latrans hondurensis) ;
  • le coyote du Sud-Est (Canis latrans frustror) ;
  • le coyote de San Pedro Martir (Canis latrans clepticus), que l'on trouve dans la partie ouest des Etats-Unis et du Mexique, et qui est doté d'un pelage plutôt rougeâtre ;
  • le coyote mexicain (Canis latrans cagottis) ;
  • le coyote du Salvador (Canis latrans dickeyi) ;
  • le coyote du Belize (Canis latrans goldmani), qui en dépit de son nom ne vit pas au Belize, mais à la frontière entre le Mexique et le Guatemala ;
  • le coyote du Durango (Canis latrans impavidus), présent dans la partie nord-ouest du Mexique ;
  • le coyote de l'île Tiburón (Canis latrans jamesi), implanté sur l'île mexicaine du même nom, dans le golfe de Californie ;
  • le coyote des montagnes (Canis latrans lestes), qui vit dans la partie ouest des Etats-Unis et du Canada ;
  • le coyote du Rio Grande (Canis latrans microdon), de petite taille et de couleur plutôt foncée ;
  • le coyote de la péninsule (Canis latrans peninsulae), qui habite en Basse-Californie du Sud, un État du nord-ouest du Mexique ;
  • le coyote du Nord-Est (Canis latrans thamnos) ;
  • le coyote de Colima (Canis latrans vigilis), que l'on trouve sur la côte ouest du Mexique.

 

Dans la mesure où les habitats de ces différentes sous-espèces sont relativement proches, elles vivent et chassent à peu près toutes dans les mêmes conditions : par conséquent, il y a relativement peu de différences morphologiques de l'une à l'autre. Le gabarit, la couleur du pelage, la taille des oreilles ou du museau peuvent varier, mais la diversité d'apparence au sein de l'espèce n'est aucunement comparable à celle du loup ou du renard, par exemple.

La morphologie du coyote

La morphologie du coyote

La taille du coyote se situe entre celle d’un renard et d’un loup. Il est d’ailleurs souvent confondu avec ce dernier, même s’il est beaucoup plus élancé et plus petit que lui. Le coyote mesure généralement 60 cm au garrot, pour une longueur d'environ 80 cm (sans la queue) et un poids compris entre 9 et 23 kg. Dans l'ensemble, les sous-espèces vivant dans les climats froids sont plus grandes et lourdes que celles des climats chauds.


Le coyote possède une longue et douce fourrure, qui le protège efficacement du froid. Elle peut aller du gris au roux en passant par le brun, la couleur dépendant de la sous-espèce et de son habitat. Dans tous les cas, sa gorge et une partie de son museau sont de couleur blanche. Il possède des pattes rougeâtres, et un pelage plus foncé sur la moitié postérieure de son dos ainsi que sur sa queue. Sa poitrine et son ventre sont généralement grisâtres ou roux, même si certaines sous-espèces ont le dessous du corps plutôt clair voire blanc.

 

Le coyote se distingue du loup par son museau effilé et ses grandes oreilles taillées en pointe, qui semblent disproportionnées par rapport à sa tête. Quant à ses yeux jaunes en amande, dotés de pupilles rondes et noires, ils lui donnent un air particulièrement rusé. Ses canines impressionnent également, car elle sont très longues comparativement à sa taille relativement menue.


Enfin, il est doté d’un odorat, d'une ouïe et d'une vue très développés ; il est même considéré comme l'espèce de canidés dont les sens sont les plus affûtés. C’est également un coureur avéré : très rapide et endurant, il court en moyenne à 40 km/h et peut atteindre une vitesse de pointe d’environ 70 km/h.

La répartition géographique du coyote

La répartition géographique du coyote

Le coyote vit exclusivement dans la moitié nord du continent américain. On le trouve au Canada, dans la zone continentale des États-Unis, et depuis le Mexique jusqu’au Costa Rica.

 

À l'origine, il était présent exclusivement dans la partie nord-ouest du continent, entre le Canada et le nord du Mexique. Ce n'est qu'à partir du début du 19ème siècle qu'il a commencé à s'étendre vers l'est, profitant de la conversion des forêts en terres agricoles et pâturages (plus favorables à son mode de vie) et des différentes campagnes d'extermination menées à l'époque contre le loup, son principal concurrent dans la nature.

 

Ainsi, lorsque les populations de loups ont sensiblement diminué, il a pu progressivement s'installer sur l'ensemble de leur territoire, depuis le nord de l'Alaska jusqu'aux régions tropicales situées en Amérique centrale. Au Canada, il a atteint l’Ontario au tout début du 20ème siècle, le Québec dans les années 40, les Maritimes dans les années 70. En Amérique latine, il s'est installé dans la partie sud du Costa Rica au début des années 70, au nord du Panama au cours de la décennie suivante, et devrait bientôt entrer au Belize.

 

Les scientifiques commencent d'ailleurs à s'inquiéter de sa possible arrivée prochaine en Amérique du Sud, car celle-ci pourrait se faire au détriment de l'écosystème local.

L'habitat du coyote

L'habitat du coyote

Le coyote vit essentiellement dans les milieux ouverts, qui sont les plus propices à son mode de vie et de chasse.

 

À l'origine, il était surtout présent au nord-ouest de l'Amérique, dans les praires ouvertes peuplées d'herbes basses, des zones arides telles que le désert de Sonora (ouest des Etats-Unis et du Mexique) ainsi que des massifs montagneux. Puis, avec l'extermination des loups et la déforestation massive du 19ème siècle, son territoire s'est grandement élargi et le type d'habitat diversifié : ainsi, il vit désormais également dans les terres agricoles et les pâturages de toute l'Amérique du Nord et centrale.

 

Contrairement au loup, il ne craint pas l'Homme et n'hésite pas à s'approcher des grandes villes, où il est régulièrement surpris à fouiller les poubelles et tuer les animaux domestiques.

Le comportement du coyote

La meute de coyotes

La meute de coyotes

Comme le loup ou le chien, le coyote évolue essentiellement en meutes ou en petits groupes, même si certains individus vivent seuls. Toutefois, dans la mesure où il chasse des proies de taille relativement petite, il a moins besoin de ses congénères pour survivre que les autres canidés sociaux : les liens au sein d'une meute de chiens ou de loups, par exemple, sont donc davantage développés qu'au sein d'une meute de coyotes.

 

Comme chez ses cousins, cette dernière est à l'origine constituée d'un couple reproducteur mâle-femelle (qui reste uni jusqu'au décès de l'un des deux) et de sa jeune descendance. Des alliances passagères avec des individus extérieurs à la famille peuvent aussi avoir lieu dans le but de chasser de plus grandes proies : dans ce cas, des mâles célibataires, des femelles non reproductrices et de jeunes adultes peuvent être acceptés temporairement dans le groupe.

Le territoire du coyote

Le territoire du coyote

Chaque couple, meute ou coyote solitaire se définit un espace vital, dont la superficie peut atteindre plusieurs hectares selon le nombre d’individus, le type d'habitat et l'abondance des proies. Les limites du territoire sont marquées par des jets d'urine, dont l’odeur très forte repousse les congénères et prévient les prédateurs concurrents. Au centre de cet espace, une tanière ou un gîte est installé(e), qui sert de refuge lorsqu'il se repose.

 

Actif surtout au crépuscule et au début de la nuit même s'il peut également être aperçu en journée, le coyote parcourt en moyenne entre 5 et 15 km chaque jour. Il effectue ces longs déplacements le long des routes et des chemins de forêts, dans le but de marquer son territoire ou pour se nourrir. Il passe le reste du temps dans sa tanière, dont il ne sort qu’à l’aube ou lorsque la nuit tombe.

 

Par ailleurs, comme les autres canidés, il est plutôt bon nageur et n'hésite pas à aller dans l'eau pour se nourrir, se rafraîchir ou simplement atteindre la rive opposée.

Le langage du coyote

Le langage du coyote

Le coyote se distingue des autres canidés par son répertoire vocal particulièrement étendu, puisqu'il est capable d'émettre plus de 11 types de sons différents. Ainsi, en plus des classiques grognements, gémissements et glapissements, il est célèbre pour ses hurlements et jappements particulièrement aigus et perçants, que l’on entend au coucher et au lever du soleil.

 

Ces cris très particuliers lui valent d’être considéré comme le mammifère sauvage le plus bruyant d’Amérique du Nord. De surcroît, le hurlement d’un individu déclenche celui de ses congénères. Fort heureusement, il reste généralement silencieux durant la journée.

L'alimentation du coyote

L'alimentation du coyote

Comme les autres canidés, le coyote est essentiellement carnivore. Il se nourrit surtout de lièvres, de lapins et de petits rongeurs, mais est capable de s'adapter à son habitat et au type de proies présentes. Il peut donc aussi consommer des insectes, des porcs-épics, des charognes et même des fruits. Ses aptitudes de nageur lui permettent également d’attraper des poissons, des grenouilles et des castors.

 

Comme il n'a pas particulièrement peur de l'être humain, il n'hésite pas à s'approcher des villes, où il est régulièrement vu en train de fouiller les poubelles et de se gaver de déchets alimentaires. Il s'en prend aussi régulièrement aux animaux domestiques (en particulier les chats et chiens de petite taille), aux animaux d'élevage (moutons, volaille, veaux...) et peut même consommer le soja destiné au bétail.

 

Lorsqu'il chasse des petites proies, il agit souvent seul même s'il vit en groupe, car son gabarit est suffisant pour en venir à bout sans aide. Une fois qu'il a repéré une proie, il avance par petits pas entrecoupés de pauses, puis bondit sur sa victime et la tue d'un coup de dents. Il la dévore ensuite sur place et le plus rapidement possible.

 

Lorsqu'il souhaite s'en prendre à des animaux plus grands, comme par exemple des cerfs, il agit essentiellement en groupe. La meute commence par isoler et encercler sa proie, puis se jette dessus pour l'achever, avant de la dévorer. Le plus gros du travail est généralement réalisé par le couple reproducteur, les jeunes évitant de participer de trop près à l'attaque et la mise à mort.

 

Il lui arrive parfois aussi de s'associer au blaireau d'Amérique pour déterrer et attraper des rongeurs. En effet, bien qu'elles ne soient pas apparentées, les deux espèces semblent avoir noué des liens que l'on pourrait presque qualifier d'amicaux, des coyotes étant régulièrement observés en train de se reposer à côté de blaireaux, voire de leur lécher le visage.

La reproduction du coyote

La reproduction du coyote

La reproduction du coyote a lieu essentiellement entre le mois de janvier et de mars. La gestation dure environ 60 jours, soit à peu de choses près autant que la gestation de la chienne. Pendant toute cette période, c'est le mâle qui se charge de nourrir sa compagne : il chasse essentiellement seul et rapporte de la nourriture jusqu'à la tanière.

 

Au terme de la période de gestation, la femelle donne naissance à une portée comprenant généralement entre 3 et 7 petits - le nombre dépend de l'abondance de nourriture sur le territoire. Elle les place dans une tanière située par exemple dans le tronc d'un arbre ou près d'un point d'eau, de manière à les cacher et les protéger des prédateurs.

Pendant qu'elle s’occupe de sa progéniture, le père s'occupe de les nourrir et de protéger l’entrée de la tanière. Comme chez le loup, les femelles du groupe qui ne se sont pas accouplées peuvent participer à l'éducation des petits.

 

Dès l'âge de deux semaines, les jeunes commencent à manger de la nourriture régurgitée par leurs parents et donc à moitié digérée. À partir d'un mois, ils sont capables de digérer entièrement des petites proies, même s'ils consomment encore du lait. Ils commencent dans le même temps à s’aventurer hors de leur abri. Vers 6 mois, ils apprennent à chasser et à se nourrir seuls, pour finalement quitter le nid familial à la fin de la première année si le territoire est trop petit pour eux. Dans certains cas, les enfants restent avec leurs parents pour former un clan.

L'espérance de vie du coyote

Un coyote est debout dans l'herbe sèche

Dans la nature, l'espérance de vie du coyote se situe entre 10 et 14 ans, soit bien plus que les autres canidés à l'état sauvage. À titre de comparaison, la durée de vie moyenne du loup dans la nature est de seulement 5 ou 6 ans, et celle du renard n'est que de 4 ou 5 ans.

 

En captivité, le coyote peut même vivre encore plus longtemps : un spécimen a atteint les 20 ans.

 

Le coyote fait donc partie des canidés qui vivent en moyenne le plus longtemps.

Le coyote, une espèce menacée ?

Le coyote, une espèce menacée ?

Le coyote compte assez peu d'ennemis dans la nature. Compte tenu de son territoire et de son alimentation, il est en concurrence avec le loup, l'ours ou encore le puma, tous trois bien plus lourds et puissants que lui. Néanmoins, ces derniers ne représentent pas non plus une réelle menace pour lui. En réalité, son ennemi le plus redoutable est l'Homme.


En effet, comme il attaque régulièrement le bétail pour se nourrir, il est considéré comme une menace pour les éleveurs. Ainsi, aux Etats-Unis, on compte chaque année environ 100.000 coyotes abattus, emprisonnés ou piégés dans le but de protéger les élevages. Il existe pourtant une autre solution efficace afin de défendre ces derniers : celle de recourir à des chiens de berger destinés à protéger les troupeaux. De fait, si le coyote a un gabarit suffisant pour s'en prendre à un petit canidé, il ne fait pas le poids face à des races de chiens de grande taille telles que le Rottweiler.

 

Par ailleurs, même s'il est relativement petit, il n'hésite pas à s'en prendre à l'Homme lorsqu'il en a l'occasion, en particulier aux enfants et aux jeunes adultes isolés. Cette réputation d'animal dangereux lui valut une vague d'élimination en Amérique du Nord du début du 20ème siècle jusque dans les années 60. À partir de cette époque, l'opinion publique s'émut de son sort et des lois furent votées afin d'enrayer le phénomène, au moins dans les lieux publics.

 

De toute façon, cette persécution ne fut pas véritablement efficace, dans la mesure où elle n'empêcha pas l'espèce de continuer à prospérer. Compte tenu de l'état des populations, cette dernière n'est pas considérée par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme étant menacée. Au contraire, si son territoire continue de s'étendre, elle pourrait même finir par être considérée comme nuisible, déréglant les écosystèmes par une prédation trop importante du petit gibier.

Le coyloup, un hybride de coyote, chien et loup

Un loup gris allongé sur un rocher
Le loup et le coyote sont génétiquement très proches

Le coyote, le chien et le loup étant des animaux très proches, ils peuvent se reproduire entre eux. Leur progéniture, que l'on appelle "hybrides", est fertile et peut à son tour s'accoupler aussi bien entre eux ou avec ces mêmes canidés.

 

Ces hybridations auraient commencé au début du 19ème siècle. En effet, à cette époque, la transformation des forêts en terres agricoles et en pâturages a fait perdre au loup son habitat naturel, ce qui l'a conduit à se retrouver plus souvent au contact du coyote, grand adepte des milieux ouverts. De plus, avec la réduction drastique de ses populations et donc la raréfaction des partenaires pour la reproduction, le loup s'est finalement accouplé avec d'autres canidés proches génétiquement, à savoir le coyote et le chien (notamment les chiens errants). Le résultat de ces croisements a donné le coyloup, un animal qui serait 60% coyote, 25% loup et 15% chien.

 

Au sein du règne animal, les hybridations sont relativement courantes, mais toutes ne donnent pas naissance à de nouvelles espèces ou sous-espèces viables. Le coyloup n'est manifestement pas concerné par ce genre de problèmes : parfaitement adapté à son environnement, cet hybride se serait grandement diffusé dans le continent nord-américain. Une étude intitulée « Le patrimoine génétique du loup est menacé au Québec » et parue en 2013 dans le journal UdeMNouvelles estime même que 12% des coyotes actuellement présents au Québec comptent au moins un coyloup dans leurs ancêtres.

Vidéo documentaire sur le coyloup

Dernière modification : 12/04/2021.