Abraham Lincoln et son chien Fido, deux destins tragiques

Portrait d'Abraham Lincoln tenant avec son chien Fido installé sur lui

Dérivé du latin fidelitas, qui veut dire « fidélité », Fido a longtemps été un des noms de chien les plus donnés aux États-Unis. Le compagnon d’Abraham Lincoln (1809–1865), président des États-Unis de 1861 à 1865, n’est pas étranger à ce succès, tant il fut populaire de son vivant. Fido (1851-1865) fut d’ailleurs le premier chien présidentiel américain à être photographié.

Ce mâle croisé au pelage jaune fut découvert et adopté dans les années 1850 par les Lincoln alors qu’il rôdait devant une pharmacie dans la ville de Springfield (État de l’Illinois), où le couple et ses enfants vivaient à l’époque. Différents témoignages d’archives attestent du très grand attachement qu’éprouvait pour son bâtard celui qu’on surnomme Honest Abe. Tous deux étaient, semble-t-il, inséparables, et on les apercevait souvent dans les rues de la ville.

En 1860, alors que Lincoln se présenta à l’élection présidentielle, il remarqua à quel point son animal de compagnie était sensible au bruit. Le soir de sa victoire, Fido aurait même été si effrayé par les coups de canon et les feux d’artifice qu’il serait parti se cacher. Bien conscient que Washington D.C. serait un environnement encore plus stressant pour lui, le futur président prit la difficile décision de ne pas l’amener avec lui à la Maison-Blanche et de lui trouver une nouvelle famille capable de lui prodiguer le calme auquel il aspirait.

Fido fut donc confié aux Roll, voisins et amis des Lincoln, qui reçurent diverses consignes à son sujet (ne pas l’attacher seul dehors, lui faire prendre ses repas à l’intérieur, etc.) ainsi que son canapé attitré, qu’ils installèrent dans leur salon.

Si l’Histoire a retenu le nom de Fido, ce n’est pas seulement pour l’affection réciproque qui existait entre lui et son maître (et qui tend à confirmer la réputation d’humaniste de ce dernier), ou pour leur triste séparation : c’est aussi lié au fait que tous deux connurent le même destin. En effet, Fido mourut lui aussi assassiné : un beau jour de 1866, ses nouveaux maîtres le retrouvèrent poignardé dans une rue de Springfield. Au cours d’une de ses promenades en ville, il avait, semble-t-il, surpris un ivrogne endormi en s’intéressant un peu trop à lui : réveillé brusquement, ce dernier lui avait assené un coup de couteau fatal. Ce hasard tragique ne manqua pas de frapper les mémoires et acheva de bâtir la légende liant Lincoln et son chien.