Catherine II de Russie et sa chienne Zemira, compagne de tous les jours

Tableau de Catherine II de Russie avec sa chienne Zemira

Si beaucoup de souverains ont reçu le surnom flatteur de « Grand », Catherine II de Russie (1729-1796) est peut-être l’un de ceux qui l’ont le plus mérité, tant ses parcours personnel et politique révèlent une force de caractère et une intelligence supérieures. Parvenant à imposer son autorité au sein d’une cour particulièrement propice aux complots et aux assassinats, elle provoqua en 1762 la chute de son époux, l’empereur Pierre III (1728-1762), puis dirigea le pays avec vigueur pendant plus de trois décennies, jusqu’à sa mort à l’âge de 67 ans.

Sous son règne, la Russie confirma son entrée dans le cercle des grandes puissances, augmentant son territoire de façon conséquente (un demi-million de kilomètres carrés supplémentaires) et gagnant une influence qui ne fit que croître par la suite. Femme de tête, lectrice passionnée de philosophie, souveraine ne se laissant pas influencer, Catherine se fit naturellement beaucoup d’ennemis, lesquels ne manquèrent pas d’essayer de salir sa réputation, puis sa mémoire. Bien consciente de la fausseté qui l’entourait, elle prodiguait sa confiance avec parcimonie.

Elle réservait notamment cette dernière à ses chiens, dont la compagnie lui offrait d’indispensables moments de repos et de détente. Elle appréciait tout particulièrement les Petits Lévriers Italiens mais eut également des représentants d’autres races, notamment un Bichon Bolonais. Elle commençait généralement ses journées en se promenant dans ses jardins en leur compagnie, s’offrant alors un peu d’intimité et le plaisir d’un attachement désintéressé avant d’affronter les responsabilités du pouvoir.

La tsarine avait pour préférée une femelle au pelage gris-blanc nommée Zemira, rendue célèbre aussi bien par les divers témoignages la mentionnant que pour sa représentation aux pieds de sa maîtresse sur l’un des portraits les plus connus de cette dernière, peint en 1794 par l’artiste russe d’origine ukrainienne Vladimir Borovikovsky (1757-1825). Réalisé près de 10 ans après la mort de Zemira, ce tableau intitulé Portrait de Catherine II, impératrice de Russie témoigne de l’importance que la chienne eut dans la vie de la souveraine.

Catherine II exprima aussi son attachement pour Zemira en lui faisant bâtir un mausolée dans le cimetière de ses animaux. Elle y fit inscrire cette épitaphe : « Ci-gît Zemira, et les grâces en deuil se devraient de jeter des fleurs sur sa tombe. Comme Tom, son aïeul, et Lady, sa mère, elle fut constante dans sa loyauté et n’avait qu’un seul défaut : elle était un peu colérique ». Quel meilleur témoignage de l’affection portée par la souveraine à sa chienne, et du soulagement que pouvait représenter, pour une femme de son rang, la compagnie d’un être sincèrement dévoué et aimant ?