A little Dog that wags his tail
And knows no other joy
Of such a little Dog am I
Reminded by a Boy
Who gambols all the living Day
Without an earthly cause
Because he is a little Boy
I honestly suppose —
The Cat that in the Corner dwells
Her martial Day forgot
The Mouse but a Tradition now
Of her desireless Lot
Another class remind me
Who neither please nor play
But not to make a "bit of noise"
Beseech each little Boy —
Un petit Chien qui remue la queue
Et ne connaît pas d’autre joie
Un tel petit Chien n’est pas sans
M’évoquer un petit Garçon
Qui gambade à longueur de Journée
Sans nulle cause matérielle
Juste parce qu’il est un petit Garçon
En fait je suppose —
La Chatte qui dans le Coin demeure
Avec ses jours guerriers derrière elle
La Souris n’étant plus qu’une Tradition
De son Destin dépourvu de passion
C’est une autre classe qu’elle m’évoque
Celle qui ne cherche ni à plaire ni à jouer
Mais qui de ne pas faire « le moindre bruit »
Chaque petit Garçon supplie —
(Traduction : Muriel Levet)
« Un petit chien qui remue la queue… » (« A little Dog that wags his tail… », en version originale) est un poème de l’Américaine Emily Dickinson (1830-1886) composé en 1871 ou 1872 et publié à titre posthume – à l’instar d’ailleurs de la grande majorité de son œuvre.
Comme la plupart de ses autres poèmes, il ne porte pas de titre, et est donc généralement désigné par son premier vers. Numéroté 157 dans le recueil Bolts of Melody: New Poems of Emily Dickinson, paru en 1945, il figure aujourd’hui parmi les œuvres les plus célèbres de cette autrice.
Il est sensiblement plus bref et simple que la plupart de ses autres poèmes, mais comporte en revanche des caractéristiques que l’on retrouve dans l’ensemble de son œuvre - notamment la capitalisation de certains noms communs et l’utilisation de longs tirets. En outre, il porte sur le thème de l’enfance, très présent au sein de celle-ci.
Composé de quatre quatrains aux rimes croisées, il est construit sur des comparaisons entre quatre figures qui se retrouvent en opposition : d’une part, un chien assimilé à un enfant ; d’autre part, un chat assimilé à un adulte.
En ce qui concerne le premier, c’est son insouciance et sa joie de vivre qui retiennent l’attention. Ainsi, dans les deux premières strophes, il remue la queue par pur plaisir et est mis en parallèle avec l’enfant qui « gambade » librement et spontanément : pour l’un comme pour l’autre, c’est dans leur nature de se comporter ainsi.
Dickinson poursuit en évoquant dans la troisième strophe une chatte blasée après s’être longuement adonnée à la chasse, activité qu’elle rapproche de la guerre (« ses jours guerriers »).
Elle conclut le poème en évoquant une autre « classe » de créatures, qui ne prend plus le temps de jouer ou de faire plaisir à qui que ce soit, mais demande aux enfants de se taire : les adultes. Ainsi, elle oppose ces derniers et les chats, qui souhaitent que les enfants se montrent discrets, aux enfants et aux chiens, dont la nature même est de jouer et de se réjouir des petits plaisirs de la vie.
Du point de vue de la poétesse américaine, le chien relève donc du monde insouciant de l’enfance et du jeu, tandis que le chat est du côté des adultes qui, fatigués par leur travail, ont perdu la capacité de se laisser aller.