Tock est un chien de garde qui a une horloge incrustée dans son flanc gauche. Comme on peut le supposer, le temps est sa plus grande obsession : il vérifie donc constamment que personne autour de lui n’en perd.
Il susciterait assurément de la curiosité dans le monde tel que nous connaissons, mais il est loin en revanche d’être l’animal le plus étrange de l’univers imaginé par le romancier américain Norton Juster (1929-2021) dans Le Royaume fantôme (The Phantom Tollbooth en version originale).
Paru en 1961 aux États-Unis, ce grand classique de la littérature pour enfants raconte comment un jeune garçon peu studieux prénommé Milo découvre un carton contenant un péage magique à assembler, et se voit alors transporté dans un autre monde où le savoir est roi. Il tombe alors sur Tock, qui l’interpelle alors qu’il perd son temps à errer sans but dans les rues d’une ville baptisée Dictionopolis. Le prenant sous son aile, le chien lui explique alors que le royaume est ingouvernable depuis la disparition des deux princesses qui en étaient à la tête, Rime et Raison. Ils décident donc de s’associer pour retrouver ces dernières.
Conte philosophique dans la lignée d’Alice au pays des merveilles, Le Royaume fantôme vise surtout à expliquer aux enfants l’importance de l’école. Pour ce faire, Norton Juster cherche à montrer à ses jeunes lecteurs que ce qu’on y apprend est réellement utile dans la vie, par exemple en faisant en sorte que ses héros appliquent dans différentes situations des principes mathématiques qui sont enseignés en classe. Il déteste en revanche les choses qui n’ont pas de sens ou d’utilité concrète : il dépeint ainsi dans son roman un monde imaginaire où les habitants sont devenus fous et emploient sans cesse des mots savants qui en réalité ne veulent rien dire.
Quant à Tock, en plus d’être un symbole de loyauté typique de la gent canine, il est aussi là pour rappeler au jeune héros que le temps passe vite et qu’il faut en profiter au maximum.
