Roquet belles oreilles (1958)

Roquet, le héros de « Roquet belles oreilles », en train de lever les bras

Tout au long de l’âge d’or des dessins animés américains (des années 30 aux années 60), il est fréquent de voir les dessinateurs s’inspirer du travail de leurs homologues pour créer de nouveaux personnages. C’est ainsi que voit le jour le héros éponyme de la série Roquet belles oreilles (The Huckleberry Hound Show, en version originale), produite en 1958 par les studios Hanna-Barbera. En effet, il est très largement inspiré par Billy Boy, l’un des nombreux loups servant d’antagonistes dans Droopy.


Imaginé en 1953 par le dessinateur américain Tex Avery (1908-1980) alors qu’il travaille pour les studios Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), celui-ci parle dans la version originale avec un fort accent du sud des États-Unis et semble incapable de perdre son sang-froid même lorsque le destin s’acharne contre lui. Au contraire, lorsque les choses tournent au vinaigre, on peut généralement le voir siffler le refrain de « Kingdom Coming », un classique de la chanson américaine du 19ème siècle.


Après la fermeture de la division animation de la MGM en 1954, les dessinateurs William Hanna (1910-2001) et Joseph Barbera (1911-2006), qui ont travaillé avec Tex Avery sur la création de ce personnage, décident en 1957 de fonder leur propre studio, baptisé Hanna-Barbera. Un an plus tard, ils s’inspirent de Billy Boy pour créer un tout nouveau héros : un chien bleu coiffé d’un chapeau, qu’ils nomment Huckleberry « Huck » Hound en hommage au roman de Mark Twain (1835-1910) intitulé Les Aventures de Huckleberry Finn (The Adventures of Huckleberry Finn) et paru en 1884.


Comme Billy Boy, Roquet belles oreilles est un personnage insouciant venant du sud des États-Unis, qui dans la version originale parle avec un accent très prononcé. Il a également un penchant pour la musique folk, en particulier le classique « Oh My Darling, Clementine » : il le reprend à chaque épisode, mais toujours avec une voix fausse.


La série se décline en pas moins de 68 épisodes diffusés de 1958 à 1961, qui reposent tous sur le même principe : Roquet s’essaie à chaque fois à un nouvel emploi pour lequel il n’a pas les compétences requises. Cela ne lui est jamais vraiment préjudiciable, car la chance est toujours de son côté et lui permet toujours de s’en sortir sans trop de heurts.


Il s’affranchit en outre des frontières spatiales et temporelles, puisqu’on le voit tout aussi bien en scientifique de l’époque contemporaine qu’en gladiateur de la Rome Antique, en chevalier du Moyen Âge ou encore en agent de police intergalactique dans un futur indéterminé.


L’adaptation dans d’autres langues, notamment le français, conduit à amputer un pan de l’œuvre : faute de pouvoir retranscrire son accent, le fait que Roquet est un stéréotype du sud des États-Unis est largement gommé. Il n’en reste pas moins un personnage attachant, et rencontre un certain succès y compris à l’international.


D’ailleurs, malgré la fin de la série en 1961, Roquet multiplie les apparitions dans d’autres dessins animés. On le retrouve très souvent en compagnie de Yogi l’ours, un autre personnage très célèbre du studio.

Dernière modification : 10/18/2024.