Encouragé par le succès de L’appel de la forêt (The Call of the Wild en version originale) en 1902, l’écrivain américain Jack London (1876-1916) publie en 1906 un second livre dont le héros est un représentant de la gent canine : Croc-Blanc (White Fang en version originale).
Ce roman d’apprentissage conte les aventures d’un chien-loup né à l’état sauvage, mais domestiqué par l’Homme. Forcé à devenir un chien de combat avant d’être secouru par un maître aimant baptisé Weedon Scott, il découvre les bons et les mauvais côtés de l’humanité.
Alors que L’appel de la forêt conte le retour à la nature d’un chien apprivoisé, Croc-Blanc fait le contraire en évoquant la domestication de son personnage principal. En plus d’être en quelque sorte le miroir inversé de l’œuvre précédente, c’est aussi un moyen pour l’auteur de raconter son propre parcours de façon allégorique. En effet, la trajectoire du chien-loup le plus célèbre de la littérature est similaire à celle de son auteur : Jack London mène dans sa jeunesse une existence de voyou sans attaches puis finit par se marier, intégrer la classe moyenne et connaître une carrière d’écrivain à succès.
Plus connu à l’international que L’appel de la forêt, Croc-Blanc n’en est pas moins considéré par la critique comme une œuvre qui lui est inférieure. Elle traite néanmoins des thématiques fortes, comme la brutalité inhérente au développement de la civilisation ou encore la notion de surhomme. Très présent notamment dans la pensée du philosophe allemand Friedrich Nietzsche (1844-1900), ce terme désigne un être qui transcende les limites, incarne le dépassement de soi et fait preuve d’une grande puissance.
Croc-Blanc a aussi le mérite d’être moins violent et radical que L’appel de la forêt, ce qui explique qu’il ne cesse depuis sa parution d’être plébiscité par le jeune public. Il est d’ailleurs adapté plusieurs fois en dessin animé, en film d’animation ainsi qu’en longs-métrages en prises de vue réelle.