« Les Deux Chiens », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)

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Texte de la fable « Les Deux Chiens », d’Ésope

Illustration en noir et blanc de la fable « Les Deux Chiens », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)

Un homme avait deux chiens. Il dressa l’un à chasser et fit de l’autre un gardien du foyer. Or quand le chien de chasse sortait pour chasser et prenait quelque gibier, le maître en jetait une partie à l’autre chien aussi. Le chien de chasse mécontent fit des reproches à son camarade : c’était lui qui sortait et avait le mal en toute occasion, tandis que son camarade, sans rien faire, jouissait du fruit de ses travaux ! Le chien de garde répondit : « Eh mais ! ce n’est pas moi qu’il faut blâmer, mais notre maître qui m’a appris, non à travailler, mais à vivre du travail d’autrui. » 

 

C’est ainsi que les enfants paresseux ne sont pas à blâmer, quand leurs parents les élèvent dans la paresse. 

Explication et signification de la fable « Les Deux Chiens », d’Ésope

« Les Deux Chiens » est un récit du Grec Ésope, qui vécut aux 7ème et 6ème siècles avant J.-C. et qu’on considère généralement comme le premier fabuliste occidental. Il porte le numéro 175 dans le recueil de référence Fables d’Ésope publié en 1927 par Émile Chambry, qui a traduit son œuvre en français.

 

Il est d’ailleurs loin d’être la seule fable avec un chien qu’on y trouve : sur les 358 de l’ouvrage, pas moins de 29 font mention dans leur titre d’un ou plusieurs représentant(s) de la gent canine.

 

Comme beaucoup d’autres fables de l’Antiquité, « Les Deux Chiens » met en avant des rôles qu’un chien est susceptible de remplir. En l’occurrence, il fait même s’opposer un chien de chasse et un chien de garde. Le premier se plaint de devoir partager sa nourriture, qui est en quelque sorte le « salaire » de son dur labeur, avec le second, qui lui ne fait pas grand-chose. Toutefois, ce dernier se justifie : ce n’est pas à lui qu’il faut le reprocher, mais à son maître, qui lui appris « non à travailler, mais à vivre du travail d’autrui ».

 

À la fin du texte, la morale aide à tirer les enseignements de ce petit récit : les chiens représentent en fait des enfants, le maître leurs parents. Ainsi, le caractère d’un enfant (ou d’un chien) dépend de l’éducation qui lui est prodiguée par ses parents (et ses maîtres dans le cas d’un chien). La responsabilité de ses défauts ne peut donc être attribuée qu’à ces derniers.

 

L’idée d’opposer deux types de chiens est reprise par de nombreux fabulistes au fil des siècles. On peut citer par exemple deux fables toutes deux intitulées également « Les Deux Chiens » : l’une publiée en 1779 par le Polonais Ignacy Krasicki (1735-1801), l’autre en 1808 par le Russe Ivan Krylov (1769-1844). Chez ces deux auteurs, l’histoire prend un aspect beaucoup plus social, puisque l’accent est davantage mis sur la différence de statut entre les deux protagonistes.

Dernière modification : 06/04/2025.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chien dans les fables
  2. Page 2 : « Les Deux Chiens », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  3. Page 3 : « Les Chiens affamés », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  4. Page 4 : « Le Chien endormi et le Loup », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  5. Page 5 : « Le Chien qui porte de la viande », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  6. Page 6 : « Les Chiens réconciliés avec les Loups », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  7. Page 7 : « Le Loup et le Chien », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  8. Page 8 : « La Brebis, le Chien et le Loup », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  9. Page 9 : « Le Chien fidèle », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  10. Page 10 : « Le Chien et le Crocodile », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  11. Page 11 : « Le Loup et le Chien », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  12. Page 12 : « Les Ambassadeurs des chiens et Jupiter », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  13. Page 13 : « Le Chien et le Chasseur », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  14. Page 14 : « Le Chien et la Brebis », de Marie de France (vers 1175)
  15. Page 15 : « Le Chien et la Puce », de Léonard de Vinci (vers 1490)
  16. Page 16 : « Le vieux Chien et son Maître », de Gilles Corrozet (1542)
  17. Page 17 : « Le Loup et le Chien », de Jean de La Fontaine (1668)
  18. Page 18 : « Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre », de Jean de La Fontaine (1668)
  19. Page 19 : « Le Chien et son Maître », d’Antoine Furetière (1671)
  20. Page 20 : « Les deux Chiens et l’Âne mort », de Jean de La Fontaine (1678)
  21. Page 21 : « Le Loup et le Chien maigre », de Jean de La Fontaine (1678)
  22. Page 22 : « Le Chien à qui on a coupé les oreilles », de Jean de La Fontaine (1678)
  23. Page 23 : « Le Chien trompé », de Charles Perrault (1699)
  24. Page 24 : « Le Chien de berger et le Loup », de John Gay (1727)
  25. Page 25 : « Le Chien couchant et la Perdrix », de John Gay (1727)
  26. Page 26 : « Le Roquet, le Cheval et le Chien de chasse », de John Gay (1727)
  27. Page 27 : « Les Deux Chiens », de Christian Fürchtegott Gellert (1746)
  28. Page 28 : « Le Chien et le Chasseur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  29. Page 29 : « Le Vieux Chien et le Vieux Serviteur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  30. Page 30 : « Le Maître et le Chien », d’Ignacy Krasicki (1779)
  31. Page 31 : « Le Chien et le Crocodile », de Félix María Samaniego (1781)
  32. Page 32 : « L’Aveugle et son Chien », de Jacques Cazotte (1788)
  33. Page 33 : « Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  34. Page 34 : « La Brebis et le Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  35. Page 35 : « Le Petit Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  36. Page 36 : « L’Éléphant et le Carlin », d’Ivan Krylov (1815)
  37. Page 37 : « Le Villageois et le Chien », d’Ivan Krylov (1843)
  38. Page 38 : « Le Chien et le Loup », de Léon Tolstoï (1875)
  39. Page 39 : « Le Loup et les deux Bassets », de Léon-Pamphile Le May (1882)
  40. Page 40 : « Le Chien pelé », de Jean Anouilh (1962)
  41. Page 41 : « Le Lévrier », de Jean Anouilh (1962)