« Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)

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Texte de la fable « Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian

Illustration en noir et blanc de la fable « Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian

Un chien vendu par son maître

Brisa sa chaîne, et revint

Au logis qui le vit naître.

Jugez de ce qu’il devint 

Lorsque, pour prix de son zèle,

Il fut de cette maison

Reconduit par le bâton

Vers sa demeure nouvelle.

Un vieux chat, son compagnon,

Voyant sa surprise extrême,

En passant lui dit ce mot :

Tu croyais donc, pauvre sot,

Que c’est pour nous qu’on nous aime ! 

Explication et signification de la fable « Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian

« Le Chien et le Chat » est une fable de l’écrivain Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794), considéré par beaucoup comme le deuxième plus grand fabuliste français après son prédécesseur Jean de La Fontaine (1621-1695), auquel il souffrit sûrement d’être comparé. Elle porte le numéro 9 dans le livre I de son recueil Fables, qui en compte très exactement une centaine et qui fut publié en 1792.

 

Ce bref poème, remarquable par la régularité de ses heptasyllabes, débute sur une note positive : un chien qui a été vendu parvient à briser sa chaîne pour retrouver son ancien maître. Comme souvent dans les fables, le meilleur ami de l’Homme incarne donc la loyauté et la fidélité.

 

Toutefois, ces valeurs ne sont manifestement pas partagées par son ancien propriétaire, qui le reconduit à coups de bâton chez le nouveau.

 

Apparaît alors un personnage supplémentaire : un chat que l’auteur présente comme étant le « compagnon » du chien. Plus âgé et plus sage, il voit dans l’étonnement de son ami une preuve de la sottise de ce dernier. Sa sentence est nette et tranchée : ce n’est pas pour eux-mêmes qu’ils sont aimés.

 

Il convient au passage de souligner que Florian figure parmi les premiers fabulistes à faire se côtoyer un chien et un chat dans un même récit. En effet, bien que les deux espèces soient aujourd’hui fréquemment associées au sein des foyers, ce n’était pas le cas avant le 19ème siècle : plutôt que d’être des compagnons domestiques, les chiens servaient avant tout pour sécuriser des biens ou des personnes, chasser ou encore conduire et protéger des troupeaux, tandis que les chats étaient tolérés du fait de leur utilité pour éliminer les nuisibles.

 

C’est d’ailleurs à cette vision des animaux que cette fable fait la part belle. En effet, si les deux compères ne sont pas aimés pour eux-mêmes, c’est qu’ils le sont pour les fonctions qu’ils occupent.

 

On remarque en tout cas que ce récit ne comporte pas de morale. Néanmoins, ce qu’il convient d’en conclure est probablement que certains animaux sont exploités et appréciés uniquement pour les services qu’ils peuvent rendre. Et comme une fable est toujours allégorique, qu’il en va de même pour certaines personnes.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chien dans les fables
  2. Page 2 : « Les Deux Chiens », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  3. Page 3 : « Les Chiens affamés », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  4. Page 4 : « Le Chien endormi et le Loup », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  5. Page 5 : « Le Chien qui porte de la viande », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  6. Page 6 : « Les Chiens réconciliés avec les Loups », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  7. Page 7 : « Le Loup et le Chien », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  8. Page 8 : « La Brebis, le Chien et le Loup », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  9. Page 9 : « Le Chien fidèle », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  10. Page 10 : « Le Chien et le Crocodile », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  11. Page 11 : « Le Loup et le Chien », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  12. Page 12 : « Les Ambassadeurs des chiens et Jupiter », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  13. Page 13 : « Le Chien et le Chasseur », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  14. Page 14 : « Le Chien et la Brebis », de Marie de France (vers 1175)
  15. Page 15 : « Le Chien et la Puce », de Léonard de Vinci (vers 1490)
  16. Page 16 : « Le vieux Chien et son Maître », de Gilles Corrozet (1542)
  17. Page 17 : « Le Loup et le Chien », de Jean de La Fontaine (1668)
  18. Page 18 : « Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre », de Jean de La Fontaine (1668)
  19. Page 19 : « Le Chien et son Maître », d’Antoine Furetière (1671)
  20. Page 20 : « Les deux Chiens et l’Âne mort », de Jean de La Fontaine (1678)
  21. Page 21 : « Le Loup et le Chien maigre », de Jean de La Fontaine (1678)
  22. Page 22 : « Le Chien à qui on a coupé les oreilles », de Jean de La Fontaine (1678)
  23. Page 23 : « Le Chien trompé », de Charles Perrault (1699)
  24. Page 24 : « Le Chien de berger et le Loup », de John Gay (1727)
  25. Page 25 : « Le Chien couchant et la Perdrix », de John Gay (1727)
  26. Page 26 : « Le Roquet, le Cheval et le Chien de chasse », de John Gay (1727)
  27. Page 27 : « Les Deux Chiens », de Christian Fürchtegott Gellert (1746)
  28. Page 28 : « Le Chien et le Chasseur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  29. Page 29 : « Le Vieux Chien et le Vieux Serviteur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  30. Page 30 : « Le Maître et le Chien », d’Ignacy Krasicki (1779)
  31. Page 31 : « Le Chien et le Crocodile », de Félix María Samaniego (1781)
  32. Page 32 : « L’Aveugle et son Chien », de Jacques Cazotte (1788)
  33. Page 33 : « Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  34. Page 34 : « La Brebis et le Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  35. Page 35 : « Le Petit Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  36. Page 36 : « L’Éléphant et le Carlin », d’Ivan Krylov (1815)
  37. Page 37 : « Le Villageois et le Chien », d’Ivan Krylov (1843)
  38. Page 38 : « Le Chien et le Loup », de Léon Tolstoï (1875)
  39. Page 39 : « Le Loup et les deux Bassets », de Léon-Pamphile Le May (1882)
  40. Page 40 : « Le Chien pelé », de Jean Anouilh (1962)
  41. Page 41 : « Le Lévrier », de Jean Anouilh (1962)