« Le Chien et la Puce », de Léonard de Vinci (vers 1490)

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Texte de la fable « Le Chien et la Puce », de Léonard de Vinci

Portrait de Léonard de Vinci

Un chien dormait sur la peau d’un chevreau. Une de ses puces, à l’odeur de la laine grasse, juge que ce doit être un meilleur lieu pour vivre et être à l’abri des dents et des ongles du chien, et sans autre pensée abandonne le chien. 

 

Entrée sous la laine épaisse, elle commence avec grande fatigue à vouloir atteindre la racine des poils. 

 

Après beaucoup de sueur elle la trouve sèche parce que ses poils avaient été tant pressés qu’ils se touchaient et il n’y avait pas une place où la puce pût entamer la peau. Après beaucoup de travail pénible elle veut retourner à son chien ; il était parti, elle fut contrainte, après une longue souffrance et d’amers regrets, à mourir de faim.

Explication et signification de la fable « Le Chien et la Puce », de Léonard de Vinci

On connaît Léonard de Vinci (1452-1519) comme artiste, inventeur et ingénieur. On sait moins qu’il écrivit entre 1487 et 1494, c’est-à-dire à l’époque où il était au service du duc de Milan Ludovic Sforza (1452-1508), 73 petites fables en prose. Ces dernières figurent en marge de ses carnets, dont le contenu (notes, croquis, ébauches…) a globalement une dimension plus scientifique et technique que littéraire - même si on y trouve aussi par exemple toutes sortes de réflexions sur l’Homme, la nature, les animaux... C’est un peu comme si ce travail d’écriture avait servi à l’auteur à se distraire de travaux plus sérieux.

 

« Le Chien et la Puce » est l’une de ces histoires. Malgré ce que son titre laisse supposer, c’est la puce qui en est l’héroïne - ou plutôt l’antihéroïne.

 

Jusque là bien à l’abri dans le pelage d’un chien, elle décide de migrer vers une peau de chevreau sur laquelle celui-ci est installé et qui dégage une alléchante odeur de laine grasse. Elle se dit qu’elle bénéficiera d’autant plus de meilleures conditions de vie qu’elle sera à l’abri des dents et des ongles du chien.

 

Elle déploie alors des efforts conséquents pour atteindre son objectif. Toutefois, quand elle finit par arriver à la racine des poils, elle la trouve sèche et constate qu’elle ne peut se nourrir correctement. Elle décide donc de retourner à son hôte précédent, mais celui-ci est parti entretemps. Elle finit par mourir de faim, non sans avoir éprouvé « d’amers regrets » et souffert.

 

Comme les autres fables de Léonard de Vinci, « Le Chien et la Puce » est une histoire originale qui ne semble inspirée d’aucune fable connue et qui ne comporte pas de morale. Néanmoins, on y voit aisément un avertissement sur le danger des décisions hâtives qui conduisent à renoncer à un acquis au profit d’un gain encore plus séduisant. Cet enseignement n’est pas sans rappeler celui que l’on trouve deux siècles plus tard dans la fable « Le Chien qui lâche la proie pour l’ombre », écrite en 1668 par le Français Jean de La Fontaine (1621-1695) en s’inspirant d’une fable d’Ésope (qui vécut aux 7ème et 6ème siècle avant J.-C.) : « Le Chien qui porte de la viande ».

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chien dans les fables
  2. Page 2 : « Les Deux Chiens », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  3. Page 3 : « Les Chiens affamés », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  4. Page 4 : « Le Chien endormi et le Loup », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  5. Page 5 : « Le Chien qui porte de la viande », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  6. Page 6 : « Les Chiens réconciliés avec les Loups », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  7. Page 7 : « Le Loup et le Chien », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  8. Page 8 : « La Brebis, le Chien et le Loup », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  9. Page 9 : « Le Chien fidèle », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  10. Page 10 : « Le Chien et le Crocodile », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  11. Page 11 : « Le Loup et le Chien », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  12. Page 12 : « Les Ambassadeurs des chiens et Jupiter », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  13. Page 13 : « Le Chien et le Chasseur », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  14. Page 14 : « Le Chien et la Brebis », de Marie de France (vers 1175)
  15. Page 15 : « Le Chien et la Puce », de Léonard de Vinci (vers 1490)
  16. Page 16 : « Le vieux Chien et son Maître », de Gilles Corrozet (1542)
  17. Page 17 : « Le Loup et le Chien », de Jean de La Fontaine (1668)
  18. Page 18 : « Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre », de Jean de La Fontaine (1668)
  19. Page 19 : « Le Chien et son Maître », d’Antoine Furetière (1671)
  20. Page 20 : « Les deux Chiens et l’Âne mort », de Jean de La Fontaine (1678)
  21. Page 21 : « Le Loup et le Chien maigre », de Jean de La Fontaine (1678)
  22. Page 22 : « Le Chien à qui on a coupé les oreilles », de Jean de La Fontaine (1678)
  23. Page 23 : « Le Chien trompé », de Charles Perrault (1699)
  24. Page 24 : « Le Chien de berger et le Loup », de John Gay (1727)
  25. Page 25 : « Le Chien couchant et la Perdrix », de John Gay (1727)
  26. Page 26 : « Le Roquet, le Cheval et le Chien de chasse », de John Gay (1727)
  27. Page 27 : « Les Deux Chiens », de Christian Fürchtegott Gellert (1746)
  28. Page 28 : « Le Chien et le Chasseur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  29. Page 29 : « Le Vieux Chien et le Vieux Serviteur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  30. Page 30 : « Le Maître et le Chien », d’Ignacy Krasicki (1779)
  31. Page 31 : « Le Chien et le Crocodile », de Félix María Samaniego (1781)
  32. Page 32 : « L’Aveugle et son Chien », de Jacques Cazotte (1788)
  33. Page 33 : « Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  34. Page 34 : « La Brebis et le Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  35. Page 35 : « Le Petit Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  36. Page 36 : « L’Éléphant et le Carlin », d’Ivan Krylov (1815)
  37. Page 37 : « Le Villageois et le Chien », d’Ivan Krylov (1843)
  38. Page 38 : « Le Chien et le Loup », de Léon Tolstoï (1875)
  39. Page 39 : « Le Loup et les deux Bassets », de Léon-Pamphile Le May (1882)
  40. Page 40 : « Le Chien pelé », de Jean Anouilh (1962)
  41. Page 41 : « Le Lévrier », de Jean Anouilh (1962)