« Le Chien endormi et le Loup », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)

Sommaire de cette page

Page de couverture du recueil « Fables d’Ésope », publié en 1927 par Émile Chambry

Texte de la fable « Le Chien endormi et le Loup », d’Ésope

Un chien dormait devant une ferme. Un loup fondit sur lui, et il allait faire de lui son repas, quand le chien le pria de ne pas l’immoler tout de suite : « À présent, dit-il, je suis mince et maigre ; mais attends quelque temps : mes maîtres vont célébrer des noces ; moi aussi j’y prendrai de bonnes lippées, j’engraisserai et je serai pour toi un manger plus agréable. » Le loup le crut et s’en alla. À quelque temps de là il revint, et trouva le chien endormi dans une pièce haute de la maison ; il s’arrêta en bas et l’appela, lui rappelant leurs conventions. Alors le chien : « Ô loup, dit-il, si à partir d’aujourd’hui tu me vois dormir devant la ferme, n’attends plus de noces. » 

 

Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils se sont tirés d’un danger, s’en gardent toute leur vie.

Explication et signification de la fable « Le Chien endormi et le Loup », d’Ésope

Figurant parmi les toutes premières fables européennes, « Le Chien endormi et le Loup » est un texte du Grec Ésope (7ème et 6ème siècle avant J.-C.). Elle est numérotée 184 dans Fables d’Ésope d’Émile Chambry, qui a traduit en français et édité son œuvre dans ce recueil de référence paru en 1927.

 

Comme son titre le laisse entendre, un chien y occupe une place centrale, et comme dans plusieurs autres récits du même auteur, celui-ci y est confronté à un de ses cousins : un loup.

 

Des deux personnages, c’est le premier qui a le beau rôle : réveillé devant une ferme par un loup féroce qui ne désire que le manger, il parvient à le convaincre en mentant de différer son festin en attendant un prétendu mariage que ses maîtres s’apprêteraient à célébrer et au cours duquel il serait en mesure de s’engraisser, et donc d’être encore plus appétant pour son prédateur. Quand le loup crédule revient, le chien a pris ses dispositions pour se mettre à l’abri du danger : ce n’est plus devant la ferme qu’il dort, mais à l’abri dans la maison. Fort de sa victoire, il va même jusqu’à taquiner son adversaire sauvage.

 

Comme toujours chez Ésope, le texte s’achève par une morale qui explicite l’enseignement à tirer du récit. Ainsi, le loup est ici l’incarnation de la crédulité, tandis que le chien, présenté comme malin et astucieux, est une figure allégorique des « hommes sensés » qui, après avoir échappé à un danger, prennent des mesures de prudence.

 

Bien des siècles plus tard, cette histoire inspire entre autres Jean de La Fontaine (1621-1695), avec « Le Loup et le Chien maigre » (1678). Toutefois, le célèbre fabuliste français fait le choix de mettre davantage l’accent sur l’erreur du loup. L’illustre écrivain russe Léon Tolstoï (1828-1910) la reprend pour sa part quasiment mot pour mot avec « Le Chien et le Loup » (1859), mais se dispense d’y inclure une morale.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chien dans les fables
  2. Page 2 : « Les Deux Chiens », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  3. Page 3 : « Les Chiens affamés », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  4. Page 4 : « Le Chien endormi et le Loup », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  5. Page 5 : « Le Chien qui porte de la viande », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  6. Page 6 : « Les Chiens réconciliés avec les Loups », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  7. Page 7 : « Le Loup et le Chien », d’Ésope (7ème-6ème siècle avant J.-C.)
  8. Page 8 : « La Brebis, le Chien et le Loup », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  9. Page 9 : « Le Chien fidèle », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  10. Page 10 : « Le Chien et le Crocodile », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  11. Page 11 : « Le Loup et le Chien », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  12. Page 12 : « Les Ambassadeurs des chiens et Jupiter », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  13. Page 13 : « Le Chien et le Chasseur », de Phèdre (1er siècle après J.-C.)
  14. Page 14 : « Le Chien et la Brebis », de Marie de France (vers 1175)
  15. Page 15 : « Le Chien et la Puce », de Léonard de Vinci (vers 1490)
  16. Page 16 : « Le vieux Chien et son Maître », de Gilles Corrozet (1542)
  17. Page 17 : « Le Loup et le Chien », de Jean de La Fontaine (1668)
  18. Page 18 : « Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre », de Jean de La Fontaine (1668)
  19. Page 19 : « Le Chien et son Maître », d’Antoine Furetière (1671)
  20. Page 20 : « Les deux Chiens et l’Âne mort », de Jean de La Fontaine (1678)
  21. Page 21 : « Le Loup et le Chien maigre », de Jean de La Fontaine (1678)
  22. Page 22 : « Le Chien à qui on a coupé les oreilles », de Jean de La Fontaine (1678)
  23. Page 23 : « Le Chien trompé », de Charles Perrault (1699)
  24. Page 24 : « Le Chien de berger et le Loup », de John Gay (1727)
  25. Page 25 : « Le Chien couchant et la Perdrix », de John Gay (1727)
  26. Page 26 : « Le Roquet, le Cheval et le Chien de chasse », de John Gay (1727)
  27. Page 27 : « Les Deux Chiens », de Christian Fürchtegott Gellert (1746)
  28. Page 28 : « Le Chien et le Chasseur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  29. Page 29 : « Le Vieux Chien et le Vieux Serviteur », d’Ignacy Krasicki (1779)
  30. Page 30 : « Le Maître et le Chien », d’Ignacy Krasicki (1779)
  31. Page 31 : « Le Chien et le Crocodile », de Félix María Samaniego (1781)
  32. Page 32 : « L’Aveugle et son Chien », de Jacques Cazotte (1788)
  33. Page 33 : « Le Chien et le Chat », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  34. Page 34 : « La Brebis et le Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  35. Page 35 : « Le Petit Chien », de Jean-Pierre Claris de Florian (1792)
  36. Page 36 : « L’Éléphant et le Carlin », d’Ivan Krylov (1815)
  37. Page 37 : « Le Villageois et le Chien », d’Ivan Krylov (1843)
  38. Page 38 : « Le Chien et le Loup », de Léon Tolstoï (1875)
  39. Page 39 : « Le Loup et les deux Bassets », de Léon-Pamphile Le May (1882)
  40. Page 40 : « Le Chien pelé », de Jean Anouilh (1962)
  41. Page 41 : « Le Lévrier », de Jean Anouilh (1962)