Sherlock Holmes dans « Sherlock Holmes » (1981-1984)

Sherlock Holmes, le docteur Watson et l'inspecteur Lestrade dans l'anime « Sherlock Holmes »

Si l’animation japonaise est en général centrée sur la culture japonaise et les thématiques qui lui sont propres, elle n’est pas non plus hermétique à l’influence des autres civilisations. La littérature européenne a par exemple une grande influence sur l’œuvre de Hayao Miyazaki (né en 1941), qui s’est grandement inspiré des Aventures d’Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll (1832-1898) pour réaliser Mon Voisin Totoro en 1988, et qui en 2004 a adapté le roman de fantasy Le Château de Hurle de l’auteure britannique Diana Wynne Jones (1934-2011) dans un anime ayant le même nom. Avec le recul, il n’est donc pas si surprenant que pour son premier projet en tant que réalisateur, il se soit tourné vers Sherlock Holmes, le célèbre détective imaginé par le romancier britannique Arthur Conan Doyle (1859-1930).

 

Comme dans le reste de sa filmographie, sa passion pour les animaux est omniprésente dans Sherlock Holmes (Meitantei Hōmuzu en japonais, Il fiuto di Sherlock Holmes en italien), dessin animé de 26 épisodes produits entre 1981 et 1984 par Tokyo Movie Sinsha et la Rai, le principal groupe audiovisuel public italien. Les célèbres personnages imaginés par Conan Doyle sont en effet tous remplacés par des chiens et des canidés anthropomorphiques évoluant dans un univers steampunk très influencé par les écrits du Français Jules Verne (1828-1905).

 

Sans doute pour ne pas oublier les racines de l’œuvre, Miyazaki fait le choix de s’inspirer de races de chien britanniques pour ses personnages. Sherlock Holmes devient ainsi un Welsh Corgi Pembroke, le chien préféré de la reine Elizabeth II (1936-2022). Le docteur Watson pour sa part est un Scottish Terrier, une race originaire d’Écosse. Enfin, l’inspecteur Lestrade est un Bouledogue Anglais : un chien lui aussi généralement associé à la culture anglaise, car Winston Churchill (1874-1965) lui était souvent comparé en raison de son visage tombant et de la ténacité dont il fit preuve face aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.  Miyazaki veille en outre à ce que même sous sa forme canine, le casting reste parfaitement reconnaissable. Par exemple, Sherlock ne se départit jamais de sa célèbre pipe et de son deerstalker, son chapeau de chasse, tandis que le docteur Watson conserve son imposante moustache.

 

L’anime visant un public jeune, l’addiction de Sherlock aux drogues est passée sous silence et remplacée par une « simple » addiction au tabac. Pour le reste, l’adaptation est très libre et laisse la part belle à l’action et à l’aventure plutôt qu’à la réflexion et au travail de détective.

 

À plus d’un titre, Sherlock Holmes n’est pas un anime comme les autres. En effet, il s’agit d’une des rares coproductions entre un studio japonais et un studio européen. En outre, il aurait pu ne jamais voir le jour pour des questions de droits d’auteur : dès 1981, sa production est en effet interrompue en raison de démêlés judiciaires avec les ayants droit de Conan Doyle. Lorsque la production reprend, Hayao Miyazaki n’a eu le temps de mettre en boîte que les six premiers épisodes et est déjà accaparé par la production de Nausicaä de la vallée du vent (Kaze no tani no Naushika en japonais), son premier film : l’aventure Sherlock Holmes doit se poursuivre sans lui. Deux des épisodes qu’il a réalisés sont cependant montés ensemble pour être diffusés en première partie de Nausicaä dans les salles japonaises, ce qui aide à promouvoir la série.

 

Avec le temps et sans doute en partie du fait de la notoriété de Hayao Miyazaki, Sherlock Holmes s’est imposé comme une œuvre culte et continue d’inspirer de nombreux animes mettant en scène des animaux.

 

Dernière modification : 02/17/2023.