Le chien dans le zoroastrisme

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Le chien dans le judaïsme
Le temple zoroastrien de Yazd (Iran)
Le temple zoroastrien de Yazd (Iran)

Le zoroastrisme (ou mazdéisme, en référence au nom de sa divinité unique Ahura Mazda), une des plus anciennes religions du monde, considère que certains chiens sont sacrés et leur attribue de grands pouvoirs, notamment le fait d’avoir un regard purifiant.

 

Fondée en Iran (alors appelée la Perse par les Occidentaux) au cours du 2ème millénaire avant J.-C. par Zoroastre (aussi connu sous le nom de Zarathoustra), cette croyance fut la religion officielle du monde iranien d’environ 600 avant J.-C. jusqu’aux alentours de 650 après J.-C. Elle mêle des éléments monothéistes, polythéistes et manichéens. Ses fidèles vénèrent entre autres le feu – d’où notamment le fait qu’une flamme soit toujours maintenue dans les temples zoroastriens.

 

Une peinture iranienne représentant deux hommes et un chien

Un des commandements du zoroastrisme est d’apporter un « grand soin au chien », animal considéré comme bon et vertueux en raison de sa loyauté et de son intelligence. L’Avesta, l’ouvrage qui réunit les textes sacrés de cette religion, comporte même des instructions précises sur la façon dont il faut traiter les différents types de chien (chiens sauvages, chiens de maison, chiens de berger et chiens de chasse) et s’occuper d’eux. On les trouve plus précisément dans le chapitre 13, intitulé « Fargard » (qui signifie « chien » en avestique).

 
Celui-ci enjoint notamment les croyants à prendre soin d’eux, à leur donner du lait entier, divers produits laitiers ainsi que du pain – c’est-à-dire la même alimentation que celle des agriculteurs de l’époque, qui sont donc invités à nourrir les chiens aussi bien qu’eux-mêmes. Il explique également qu’un chien malade, aveugle ou sourd doit être pris en charge et soigné autant que faire se peut, qu’une chienne enceinte doit être protégée jusqu’à ce que ses chiots soient âgés de 6 mois, et stipule que chaque blessure infligée à un chien est un crime puni par des coups de fouet.

 

Une photo du feu sacré dans un temple zoroastrien

Le propos ne se contente toutefois pas de dresser un portrait élogieux de cet animal, mais décrit aussi précisément les sévices à infliger à un chien qui s’est approché trop près de la flamme sacrée d’un temple ou qui s’en est pris à un humain ou à du bétail. Les sanctions prévues sont très sévères : il doit par exemple avoir une patte ou une oreille coupée en cas de morsure. En cas de récidive, le châtiment peut aller jusqu’à la mort.

 

L’Avesta définit aussi strictement la place et le rôle d’un chien de berger, d’un chien de maison et d’un chien sauvage au sein de la société. Ainsi, le premier doit se tenir à 12 mètres de l’enclos pour repousser les loups et les voleurs, le second à environ un mètre de la maison pour la protéger contre ces mêmes dangers, tandis que le dernier peut aller où bon lui semble.


Ne manquant décidemment pas de précisions, le Fargard indique également le nombre exact de coups de fouet à infliger à toute personne s’occupant mal d’un chien – qui diffère selon la catégorie dont relève ce dernier.


Plus étonnant, il présente le hérisson comme un « chien » sacré qui s’éveille la nuit pour chasser les créatures du mal. Ce n’est d’ailleurs pas le seul animal à être classé par erreur comme canidé : le porc-épic, la belette et la loutre sont également cités comme des « chiens » sacrés dont le meurtre est passible de pas moins de 500 coups de fouet.


 À l’inverse, le texte fait aussi mention d’un « chien » qui lui est maléfique, rôdant la nuit pour tuer des milliers de créatures bienfaisantes : la tortue terrestre.

 

Une main d'homme caressant un chien

Par ailleurs, dans cette religion où le corps des défunts est considéré comme particulièrement impur, les chiens jouent un rôle essentiel lors des funérailles. Ainsi, lors d’un rituel baptisé Sagdid, un représentant de la gent canine doit fixer la dépouille du regard afin de la purifier. Celle-ci est ensuite enterrée jusqu’à ce que les plantes commencent à pousser aux alentours et que les oiseaux volent au-dessus de la sépulture. Ce moment venu, il convient d’exhumer la dépouille puis de la laisser à l’air libre dans un endroit fréquenté par des chiens et des oiseaux charognards. 


Même si cette religion a subi d’importantes persécutions au cours de son histoire, notamment de la part des autorités islamiques, on trouve toujours d’importantes communautés zoroastriennes en Iran et en Inde. Les rituels funéraires impliquant des chiens ont presque entièrement disparu, mais ces animaux continuent d’être en général très bien traités par les fidèles.

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Dernière modification : 08/08/2025.