L’hindouisme tient généralement le chien en haute estime, et certaines communautés considèrent même qu’il s’agit d’un animal sacré. Il faut dire qu’il est le compagnon et l’allié de certaines des plus importantes divinités de cette religion. C’est le cas notamment de Shiva, le dieu de la désolation et de l’ascétisme, souvent représenté accompagné d’un chien. Quant à Yama, le dieu de la mort, il possède quatre chiens à quatre yeux, chargés de garder sa demeure.
On peut aussi évoquer le cas de Sarama, la « mère de tous les chiens ». Elle n'est certes pas un personnage central de la mythologie hindoue, mais c’est elle qui aida Indra, le roi des Dieux, à retrouver ses vaches volées.
De façon générale, les chiens sont considérés dans l’hindouisme comme les gardiens de l’enfer et du paradis, ainsi que le lien entre les royaumes des vivants et des morts.
Aux yeux d’une partie des hindous, les chiens sont même porteurs de présages. Par exemple, en voir un porter un os dans la gueule ou éternuer est généralement considéré comme un bon présage. Certains pensent également qu’ils sont capables d’éloigner les mauvais esprits. C’est pour cette raison que dans des villages très traditionnels, il arrive que des jeunes filles considérées comme maudites soient mariées à un chien afin de les libérer du mauvais sort. Les croyants estiment en effet que grâce à cette cérémonie religieuse n’ayant pas de valeur juridique, le « mari » purifie son épouse, lui permettant par la suite d’épouser un homme normal.
Les chiens sont également honorés dans plusieurs lieux hindous. Il existe d’ailleurs des temples où ils peuvent aller et venir librement – voire même résider. Et encore aujourd’hui, au Népal, au Bhoutan et dans les états indiens de Sikkim ainsi que du Bengale-Occidental, les chiens sont nourris à l’excès et décorés de guirlande de fleurs durant l’importante fête hindoue de Tihar (l’équivalent de Divali dans le reste du sous-continent indien). Enfin, au Népal comme en Inde, les pèlerins qui visitent les temples dédiés à Kala Bhairava (une divinité vénérée tant par les hindous que par les bouddhistes) apportent de la viande aux chiens qui y résident
Néanmoins, l’hindouisme est une religion polythéiste dont les croyances et les pratiques varient parfois drastiquement d’une région et d’une communauté à une autre. Cela explique qu’il n’existe aucune doctrine universelle concernant la place des chiens en tant qu’animaux de compagnie. De fait, si certains croyants en possèdent, d’autres en revanche s’y refusent, citant entre autres les paroles et les écrits de certains Mahatmas (des personnes tenues en haute estime dans l’hindouisme) qui disent qu’un chien ne devrait jamais être autorisé à l’intérieur d’une maison, sans quoi les dieux refuseraient d’accepter les offrandes qui leur seraient faites. De même, le Manusmṛti (« Les Lois de Manu », en français), un traité hindou datant du 2ème siècle après J.-C., précise que les prières et les offrandes effectuées en présence d’un chien sont rendues inefficaces et impures.
Cette méfiance vis-à-vis de la gent canine peut être rattachée à l’importance dans cette religion du concept de « Shaucha », c’est-à-dire de pureté et de propreté. En effet, les fidèles les plus zélés estiment que le chien est un animal impropre, et donc incompatible avec des pratiques mettant l’accent sur la pureté du corps et de l’esprit.
Ces débats sur la possibilité d’adopter un chien n’empêchent pas les textes sacrés de dépeindre parfois le meilleur ami de l’Homme en des termes très positifs. C’est le cas par exemple du Mahabharata, considéré comme un des textes fondamentaux de l’hindouisme.
En effet, le 13ème livre de ce poème en sanskrit, intitulé Mahaprasthanika Parva (« Le livre du grand voyage », en français), conte notamment une belle amitié entre un homme et un chien. Yudhishtira, l’un des personnages principaux, se lie d’amitié avec un représentant de la gent canine alors qu’il se lance dans l’ascension d’un des sommets de l’Himalaya. Plus tard au cours de cette aventure, il rencontre Indra, le roi des dieux, qui lui propose de l’amener au sommet de la montagne dans son chariot capable de voler, à condition de se séparer de l’animal, arguant qu’il n’y a pas de place aux cieux pour les personnes avec des chiens. Aussi tentante que soit la proposition, Yudhishthira décide de la décliner, car il refuse d’abandonner son compagnon. Ce dernier prend alors la forme du Dharma, divinité de la vertu, qui le félicite pour son intelligence et sa compassion envers toutes les créatures.