Le chien dans le bouddhisme

Un chien allongé sur un mur avec une statue bouddhiste en arrière-plan

Le bouddhisme considère que tous les êtres vivants sont également précieux. En effet, les membres du règne animal (c’est-à-dire « ceux qui ont une mère », selon la définition bouddhiste) sont vus comme des êtres en attente de devenir humains lors de prochaines réincarnations.


Cette croyance est au cœur de la spiritualité bouddhiste et impose qu’ils soient bien traités, qu’il s’agisse de chiens ou de représentants d’autres espèces. Les enseignements de moines bouddhistes de divers horizons encouragent ainsi les croyants à s’occuper des animaux et à s’assurer qu’ils mènent une bonne vie, mais aussi à leur réciter des mantras (litanies) afin de les placer sur la voie d’une réincarnation plus haute.


Il y a tout lieu de suivre leurs conseils, car prendre soin des animaux donne un meilleur karma. Or, ceux qui ont un excellent karma se retrouvent réincarnés vers la prochaine étape pour atteindre l’illumination, le Nirvana.

 

Un moine bouddhiste caressant un chien

Aux yeux des bouddhistes, la vie d’un animal est faite de souffrance. Être réincarné en animal apparaît donc comme la sanction d’une existence précédente qui n’a pas été menée selon les principes de cette religion.


Une ambiguïté concernant les animaux demeure donc dans la majorité des textes bouddhistes à leur sujet : aucun ne considère qu’être un animal est une bonne chose (compte tenu des souffrances qu’ils subissent), mais un animal a la possibilité de se réincarner en humain et doit donc être protégé.


En tout cas, rien dans les préceptes du bouddhisme ne s’oppose au fait d’adopter un chien ou un quelconque animal de compagnie : seul le commerce de la viande est prohibé. Toutefois, cette religion met fortement l’accent sur les dangers de l’attachement, qui enchaîne au royaume terrestre et empêche l’âme de progresser vers l’Éveil. Il faut par conséquent éviter de trop se lier émotionnellement à un chien (comme d’ailleurs à toute autre chose), puisque tout est impermanent. 

 

Un chien allongé dans un temple bouddhiste

Si l’on adopte un animal, on risque toutefois de se poser un jour la question de l’euthanasie, dès lors qu’il est en fin de vie et souffre sans espoir de guérison. Or, le premier des Cinq Préceptes du bouddhisme est l’interdiction de tuer quelque créature que ce soit. Certes, il s’agit là « seulement » de règles de vie que les adeptes s’imposent à eux-mêmes afin de progresser vers l’Éveil, et non pas de tabous absolus comme le sont par exemple le Décalogue et les 10 commandements chez les juifs et les chrétiens. Néanmoins, si l’on applique ce précepte de manière stricte, il est immoral d’euthanasier un animal parce qu’il souffre.


D’ailleurs, dans certains pays à majorité bouddhistes comme la Thaïlande, il est compliqué de faire euthanasier son chien. La loi n’interdit pas explicitement cet acte médical, mais on trouve peu de vétérinaires acceptant de le pratiquer – quand bien même il est souffrant et en fin de vie. À la place, certains maîtres n’hésitent pas à laisser leur compagnon malade ou mourant devant un temple, afin que les moines s’en occupent jusqu’à sa mort (naturelle). Le refus d’euthanasier a toutefois au moins une conséquence positive : il est rare que les animaux atterrissant dans des refuges connaissent un tel sort. 

 

Un jeune moine bouddhiste serrant un chiot dans ses bras

Le lama Zopa Rinpoche (1946-2023), étudiant dévot du Dalaï-Lama, affirme toutefois que ce sujet est plus compliqué que cela. Dans une conversation avec une vétérinaire,  il argue qu’une personne mettant fin aux jours d’un animal souffrant en dépit du fait que cela risque d’affecter négativement son karma fait acte de compassion.

 

Une telle action peut donc au contraire être considérée comme vertueuse, mais tout dépend en réalité du karma de l’animal en question. En effet, l’euthanasie ne lui est réellement bénéfique que s’il est en passe d’obtenir une réincarnation plus favorable. Dans le cas contraire, la souffrance qu’il connaît dans ces derniers moments n’est rien comparé à ce qui l’attend dans sa prochaine vie : cette intervention n’est donc pas un acte de bonté.

 

Le lama invite donc les praticiens à demander avant une éventuelle euthanasie l’aide d’une personne possédant le don d’abhijñā, c’est-à-dire une connaissance supérieure et surnaturelle du monde qui lui permet de savoir quelle réincarnation attend l’animal : cela permet de s’assurer qu’il s’agit là de la bonne décision.

Dernière modification : 08/05/2025.