De même que nous adoptons des tics de comportement traduisant notre malaise, le chien stressé manifeste son inconfort physique lié à certaines situations dérangeantes. Mais si nous pouvons dire à nos proches que nous ne sommes pas d'humeur certains jours, nos toutous ne sont pas capables d'envoyer de message aussi direct !
Comment fait donc un chien pour avertir de son inquiétude ? Comment répondre efficacement aux signaux d'avertissement envoyés par le chien ?
La majorité des personnes ayant été mordues affirment que le chien a attaqué par surprise, sans prévenir ni donner de signal d'alerte. Ces propos ne sont pas surprenants dans la mesure où, si les personnes en question avaient effectivement détecté un avertissement quelconque de la part de leur animal, elles s'en seraient tenues là et la situation n'aurait vraisemblablement pas dégénéré.
Il faut dire que si tout le monde sait reconnaître les signaux évidents tels que les grognements ou le retroussement des babines, peu de gens savent identifier les signaux plus subtils tels qu'un changement de posture ou de regard, qui font partie de ce que l'on nomme la communication non verbale du chien. Ce sont pourtant ces signaux qui sont le plus fréquemment utilisé par nos compagnons à quatre pattes pour prévenir de leur inconfort. Certains canidés peuvent aussi avertir pendant des mois sans que leurs signaux ne soient compris, puis soudainement craquer et ne plus se contrôler, ce qui donne l'impression d'une attaque-surprise.
Dans tous les cas, les signaux annonciateurs existent, et il est important pour le maître de savoir les identifier, car dans la très grande majorité des cas, c'est leur non-perception, à court ou à long terme, qui fait dégénérer la situation. Il ne sert donc à rien de chercher à "écraser" ou punir son chien lorsqu'il grogne ou montre les dents : mieux vaut au contraire voir ces signes comme une occasion de comprendre ce qu'il ressent.
Si vraiment l'attaque est soudaine et surprenante, il ne s'agit peut-être pas d'un signe d'inconfort mais plutôt d'une douleur, car quand on a mal, on n'a pas toujours le temps de prévenir. Les deux zones les plus sensibles de son corps sont les articulations et les oreilles du chien : prudence donc lorsqu'on entreprend de les manipuler...
Avant d'en venir au coup de dents, le chien a plusieurs degrés d'avertissement dirigé vers ce qui représente une source d'inquiétude à ses yeux. Les signaux peuvent être particulièrement visibles et faciles à comprendre, ou au contraire plutôt subtils et méconnus du grand public.
Avant toute chose, un chien mal à l'aise commence par communiquer son inconfort par toute une série de gestes et postures que l'on appelle les signaux d'apaisement du chien. Ils témoignent de sa volonté d'être laissé tranquille, de faire la paix et/ou de faire redescendre la tension (en cas de conflits par exemple).
Parmi les plus connus, on en trouve deux types :
Ces signaux correspondent à la première phase d'avertissement : l'agression n'est pas encore pour tout de suite. Malheureusement, beaucoup de personnes interprètent mal ces gestes et attitudes et peuvent y voir au contraire un encouragement à continuer. Si son inconfort perdure, le chien passe donc à l'étape supérieure.
Cette posture est difficile à interpréter. Le chien s'interrompt brusquement de faire une action qui lui plaît : par exemple, il peut soudainement arrêter de manger lorsqu'on s'approche de sa gamelle, ou s'immobiliser lorsqu'un inconnu tente de le caresser pendant une promenade.
De manière générale, une absence soudaine de réaction ou un changement de posture lui donnant brusquement l'air raide ou figé doit alerter, car l'un comme l'autre traduit un important stress du chien.
Comme chez l'être humain, le regard fait partie de la communication non verbale du chien. Ainsi, si ce dernier a brusquement les yeux exhorbités, ou si le blanc de son oeil devient apparent, c'est rarement bon signe.
Ce signal indique en effet qu'il est dans une situation inconfortable. Il est très souvent utilisé comme avertissement par la gent canine, même s'il est rarement compris comme tel.
C’est un moyen à part entière de la communication vocale du chien, qu'il est important de comprendre à sa juste valeur. Un chien qui grogne est un chien qui prévient : « je ne suis pas bien, et si la situation ne cesse pas, je vais devoir me défendre ».
À ce stade, il ne peut pas être qualifié d'agressif, mais simplement de menaçant. Il est important de tenir compte de cet avertissement, et de sortir rapidement de la situation qui le dérange, car la morsure n'est plus très loin.
Si la situation ne cesse pas, le chien lance parfois un coup de dents dans le vide, dans le but de faire comprendre le message de manière plus claire. C'est toutefois loin d'être aussi systématique que les autres signaux d'avertissement.
Généralement, lorsqu'on en arrive à ce stade, la véritable morsure est imminente. Heureusement, la plupart des gens n'insistent pas après un signal aussi explicite !
Un chien qui n'est toujours pas compris dans son inquiétude et son malaise après avoir émis tous ces avertissements passe très certainement au stade suivant : il mord pour se défendre. La morsure peut être légère et cesser dès que la personne crie ou recule, comme elle peut être beaucoup plus impressionnante. Tout dépend de l'animal, de celui qu'il a en face, et de ce qui l'a agacé.
Ces étapes peuvent s'enchaîner très vite, en fonction du vécu et du caractère du chien, chacun restant plus ou moins longtemps à chaque stade. Certains grognent font beaucoup de tapage sans mordre, alors que d'autres préviennent plus discrètement et envoient plus vite un coup de dents.
Comme chez l'être humain, divers facteurs peuvent s'additionner dans le vécu d'un chien, jusqu'au dépassement de ses limites : au lieu que le vase ne se remplisse goutte après goutte, plusieurs sources se mettent à l'alimenter. Et pour éviter les débordements imprévus, autant commencer par fermer les robinets !
Pour cette raison, la première chose à faire lorsqu'on repère des signaux d'apaisement ou d'avertissement, c'est de lui montrer qu'on a compris le message en cessant immédiatement de faire ce qui le met mal à l’aise. On fait ainsi baisser le niveau émotionnel et on évite une escalade, que ce soit le passage de la menace à la morsure, ou celui de la morsure à d'autres morsures.
L'avantage est double : non seulement on limite le risque d'accidents car le chien n'a pas besoin de montrer les crocs, mais en plus de cela, à force de voir qu'on comprend son langage, il finit par faire confiance à son entourage. Or, la confiance est le point essentiel dans la relation maître-chien et dans l’apprentissage des choses plus contraignantes, comme les manipulations. Lorsqu'il fait confiance à son maître et sait que son langage est respecté, il se sent plus à l’aise et supporte donc davantage de choses.
À l'inverse, ignorer ces signes (que ce soit volontairement ou non), voire tenter de le forcer à accepter une situation qui le dérange en le punissant lorsqu'il grogne ou montre les dents, est dangereux en plus d'être contre-productif. En effet, si les menaces ne donnent pas de résultats, il risque de ne plus prendre la peine de les faire avant d'attaquer, et de passer directement à la morsure en cas de contrariété. De fait, le chien raisonne de manière logique : si seule l'attaque permet de faire cesser son inconfort, il ne mettra pas longtemps avant de renoncer aux avertissements préalables.
Pour cette raison, la solution de fond n'est jamais dans la punition, mais dans une recherche qu'il faut entreprendre. Toute marque d'agressivité ou de simple menace (typiquement le grognement non expliqué) nécessite absolument d'en chercher les causes. Elles peuvent être variées et dépendre de plusieurs facteurs, raison pour laquelle il peut être préférable de demander conseil à un comportementaliste canin. Tout seul, à vouloir éviter certaines erreurs, on en fait souvent bien d'autres...