L'agressivité liée à la peur est une cause fréquente d'agression, alors même que cette émotion canine est l’une des moins bien reconnues par les maîtres.
C’est le franchissement brusque de la distance dite critique du chien qui déclenche la peur et donc la réaction. Cette distance critique correspond en effet à la limite de la zone personnelle dans laquelle un individu (animal ou humain) se sent menacé si on tente de l'approcher. Elle dépend de chaque être, son histoire, son état émotionnel et du contexte.
Un chien apeuré peut principalement réagir de trois façons différentes :
Le cas le plus fréquent d'agression par un chien apeuré est celui de l'animal tenu en laisse qui voit venir à lui un congénère ou un humain qui l’inquiète. Sans pouvoir fuir pour rétablir la distance critique, il ne lui reste qu’à menacer pour faire reculer l’autre, et mordre si la menace n’a pas fonctionné. Comme il réagit alors avec l'énergie du désespoir, puisqu'il est persuadé que la menace est bien réelle, les morsures du chien ont plus de chances d'être profondes et/ou nombreuses.
C’est le cas également très courant, de l'animal qui prend peur quand on le poursuit pour le punir ou lui reprendre un chapardage, jusqu’à l’acculer dans un espace restreint, derrière ou sous un meuble. Mis dans une situation sans issue, il n’a plus d’autre ressource d’autodéfense que menacer ou mordre la main qui cherche absolument à l’attraper.
Le fait d'aborder un chien par surprise, par exemple pendant qu'il dort ou mange, suscite également sa peur : sa réaction peut alors être celle de la contre-attaque. Les chiens sourds ou malentendants sont particulièrement sujets à ce type d'agression, car leur ouïe défaillante les empêche d'entendre qu'on les approche. Malheureusement, la surprise conduit bien souvent à une morsure-réflexe, sans signes d'avertissement préalables.