Téléphone, interphone... : le chien et les sonneries

Téléphone, interphone... : le chien et les sonneries

Les chiens peuvent adopter un comportement très différent lorsque retentit une sonnerie (téléphone, interphone, porte d’entrée…) : certains font comme si de rien n’était, d’autres au contraire aboient ou se précipitent dessus… Pour leurs maîtres, cela peut vite transformer le quotidien en véritable cauchemar, à une époque où les sonneries et notifications ne cessent de retentir.


Pourquoi certaines sonneries font-elles réagir le chien ? Comment faire en sorte qu’il s’y habitue ? Dans un autre registre, peut-on dresser un chien à apporter le téléphone lorsqu’il sonne ?

Quels types de sonneries font réagir le chien ?

Les chiens entendent leur maître arriver de très loin
Les chiens entendent leur maître arriver de très loin

L’ouïe du chien est connue pour être particulièrement développée. Par exemple, en comparaison des humains, il perçoit bien mieux les bruits aigus et est capable d’entendre des sons beaucoup plus faibles. C’est d’ailleurs pour ça qu’il sait généralement avant tout le monde que le facteur est en approche ou que son maître est de retour. Cette sensibilité auditive s’applique à toutes sortes de sons, y compris les sonneries de téléphone, le rugissement de l’interphone, la sonnette de la porte d’entrée, les notifications sonores émises par les téléphones mobiles, etc.

 

Cela n’empêche pas que lorsqu’une sonnerie retentit, beaucoup de chiens restent impassibles et sans réaction – c’est même à se demander s’ils l’ont entendue. Pourtant, compte tenu de leurs capacités auditives très développées, il y a peu de chances que ce bruit étrange leur ait échappé, même s’il se produit dans une pièce différente de celle où ils se trouvent.

 

Mais une sonnerie ne laisse pas tous les toutous indifférents, loin s’en faut. Ceux qui y réagissent peuvent le faire de différentes manières : par exemple, s’ils étaient assoupis, ils peuvent se réveiller brusquement, émettre un grognement ou un aboiement en signe de protestation, avant de se rendormir aussitôt. Ils peuvent aussi se mettre à aboyer, à pleurer, ou à s’exciter comme s’ils étaient en train de jouer. Néanmoins, la plupart du temps, la réaction du chien est de courte durée, puisqu’elle s’interrompt en même temps que la sonnerie.

 

Cela étant, dans certains cas particuliers, ce n’est pas directement le bruit qui le fait réagir. En effet, ce peut être plutôt la réaction de son maître en train de se précipiter sur ce qui l’a émis (téléphone, interphone, etc.) et qui focalise son attention dessus ; dans ce cas, le changement de comportement du chien peut se poursuivre durant toute la durée de l‘appel. Dans le cas d'une sonnerie à la porte déclenchée par une personne qui lui est familière et dont il reconnaît l'odeur ou la démarche (en particulier un membre de la famille), sa réaction a toutes les chances d'être davantage dictée par le sentiment qu'il éprouve de retrouver cette personne que par le bruit de la sonnerie elle-même.

Pourquoi mon chien réagit-il aux sonneries ?

Qu’elle provienne du téléphone fixe ou mobile, de l’interphone, de la porte d’entrée ou de quoi que ce soit d’autre, une sonnerie peut être considérée par le chien comme une interruption de la routine. Il est susceptible de réagir soit à la sonnerie en elle-même, soit au comportement de son maître en réaction à cette dernière. Dans ce cas, il comprend que quelque chose est sur le point de se passer, car il a déduit de ses observations antérieures que son maître n’y reste pas indifférent.

La réaction liée à la peur

La réaction liée à la peur

Il est de notoriété publique que le meilleur ami de l’Homme peut être effrayé par des bruits forts, soudains et/ou ayant une tonalité particulière. L’exemple le plus connu et sûrement aussi le plus répandu est celui de la peur de l’orage chez le chien, qui peut le conduire par exemple à trembler et à se cacher à chaque coup de tonnerre. Pour autant, les sonnettes, les klaxons, les sonneries, les feux d’artifice, et de façon générale tous les bruits auxquels il n’a pas été habitué et désensibilisé pendant son enfance peuvent aussi lui inspirer de la peur, et donc déclencher des réactions similaires.

 

De fait, selon une étude finlandaise dont les résultats ont été consignés dans un article intitulé « Prevalence, comorbidity, and breed differences in canine anxiety in 13,700 Finnish pet dogs » et paru en 2016 dans la revue Scientific Reports, le bruit constitue la principale source d’anxiété chez nos compagnons domestiques, devant par exemple la rencontre avec des étrangers et d’autres chiens, ou encore la séparation d’avec leur maître. Toujours d’après cette étude, certaines races comme le Chien d’Eau Romagnol (Lagoto Romagnolo) et le Terrier Irlandais à Poil Doux seraient particulièrement effrayées par le bruit, alors qu’au contraire, le Bull Terrier et le Schnauzer Nain feraient partie des races les moins sensibles.

 

Il semble également que le vieillissement du chien a tendance à renforcer certains types de peur, notamment celle liée aux bruits violents. Ceci est d’autant plus vrai qu’un individu âgé peut souffrir de confusion et perdre ses anciens repères : des sonneries auxquelles il était habitué jusqu’alors et qui ne déclenchaient chez lui aucune réaction particulière sont susceptibles de se mettre à le surprendre, voire l’effrayer.

 

À l’inverse, il a été montré que plus un chien a été socialisé sur le plan auditif lorsqu’il était jeune, c’est-à-dire a été confronté à toutes sortes de sons, moins les bruits forts et/ou inconnus lui paraissent effrayants par la suite. Cela vaut quelle que soit sa race.

La réaction liée à une gêne auditive

La réaction liée à une gêne auditive

Le chien ayant une ouïe bien plus aiguisée que la nôtre, certaines sonneries peuvent être désagréables pour lui alors qu’elles n’engendrent aucune gêne particulière chez un humain. Ceci est particulièrement vrai dans le cas d’un bruit aigu voire strident, car l'oreille du chien peut percevoir des sons aux fréquences très élevées : jusqu’à 45.000 Hertz, soit une grande partie des ultrasons. Ces derniers échappent en revanche totalement à l’oreille humaine, qui n’entend que jusqu’à 20.000 Hertz.

 

Un chien peut donc être bien plus gêné que son maître par les bruits aigus, comme une sonnerie de téléphone ou la sirène d’une ambulance. En réponse à cette gêne, il peut adopter différents comportements, comme par exemple hurler à la mort.

La réaction destinée à attirer l’attention

La réaction destinée à attirer l’attention

L’intelligence du chien n’étant plus à prouver, il n’a pas vraiment de difficultés à associer deux évènements. Par exemple, s’il constate que son maître se précipite pour répondre chaque fois que l’interphone retentit ou que le téléphone sonne, il ne met pas très longtemps à comprendre que ces deux faits sont liés.

 

Or, certains chiens aiment être au centre de l’attention de la famille, et peuvent donc avoir du mal à supporter que leur maître détourne son attention d’eux. C’est le cas par exemple de certaines races très affectueuses voire un peu pot de colle, comme le Chihuahua ou le Bichon Frisé. Cela peut aussi se produire dans le cas d’un chien jaloux ou qui souffre d’un syndrome d’hyperattachement à son propriétaire.

 

Par conséquent, puisque l’animal comprend que lorsque la sonnerie retentit, il est sur le point de perdre l’attention de son maître, il peut réagir aussitôt pour tenter d’attirer son regard, par exemple en aboyant, en grognant, en mordillant ses pieds, ou en présentant ses jouets pour l’inciter à jouer. Cela a encore plus de chances de se produire si la sonnerie a interrompu un moment privilégié, comme par exemple une séance de jeux ou de caresses. Comme son objectif est que son maître s’intéresse à nouveau à lui, sa réaction se prolonge généralement aussi longtemps que la conversation téléphonique.

La réaction liée à une sonnerie spécifique

La réaction liée à une sonnerie spécifique

Comme l’Homme, le chien a une mémoire auditive : il peut se souvenir de sons passés longtemps après qu’ils se sont produits, et les associer à certaines situations qu’il a vécues.

 

Ainsi, dans certains cas, une sonnerie particulière peut faire remonter des (mauvais) souvenirs dans son esprit, ce qui le pousse à réagir. Par exemple, s’il a changé de propriétaire et que son ancien maître avait pour habitude de le frapper pendant les conversations téléphoniques en vue de le faire taire, il peut continuer d’avoir peur même une fois dans sa nouvelle famille. Il peut exprimer cette peur en aboyant, en grognant ou en geignant lorsque la sonnerie retentit.

 

Cela se produit surtout lorsqu’on a fait le choix d’adopter un chien issu d’un refuge, car de tels animaux ont généralement vécu des situations difficiles dans leurs familles précédentes et peuvent avoir du mal à surmonter certains traumatismes, même longtemps après.

La réaction liée à l’instinct de garde

La réaction liée à l’instinct de garde

Pour beaucoup de chiens, une fois la surprise du début passée, les sonneries quelle que soit leur provenance finissent par faire partie du quotidien, et ils n’y prêtent plus grande attention. Mais pour certains, une sonnerie peut être considérée comme une interruption de la routine voire une raison d’être sur ses gardes, et mériter donc un peu plus qu’une royale indifférence.

 

C’est le cas par exemple de certaines races connues pour réagir au moindre bruit, comme le Rottweiler ou le Chow Chow. Il s’agit en fait d’un comportement inhérent lié à leur instinct protecteur, qui en fait d’ailleurs de très bons chiens de garde : ils se font un devoir de signaler à leur maître tout ce qui trouble la routine du quotidien, y compris ce genre de sons qui lui semblent pourtant bien anodins, tant il y est habitué.

La réaction du chien liée aux émotions de son maître

La réaction du chien liée aux émotions de son maître

Le chien est une véritable éponge émotionnelle : non seulement il perçoit parfaitement l’état d’esprit et les émotions de son maître, mais en plus il est fortement enclin à les reprendre à son compte, parfois même en les amplifiant – a fortiori s’il en est particulièrement proche.

 

Par conséquent, si le maître répond avec appréhension à la sonnerie, il transmet inconsciemment son inquiétude : le chien est donc fortement susceptible de s’angoisser lui aussi. Si la situation se reproduit souvent (voire à chaque fois), il risque de finir par associer la sonnerie correspondante à une situation angoissante, voire à un danger, et donc à réagir en conséquence, notamment à travers diverses vocalises. Si au contraire son maître manifeste généralement de l’enthousiasme lorsqu’il reçoit un coup de fil, l'animal peut voir la sonnerie de téléphone comme un moment d’excitation, et vouloir le partager avec lui.

 

L’influence que les émotions du maître peuvent avoir sur son chien s’applique d’ailleurs à la fois lorsqu’il va répondre à la sonnerie, mais aussi par la suite. Ainsi, même pendant un appel téléphonique, il est courant qu’il continue à scruter les réactions de son maître, au point parfois de se mettre à aboyer ou à gémir en fonction des émotions de ce dernier.

La réaction du chien par curiosité ou par réflexe

La réaction du chien par curiosité ou par réflexe

Dans certains cas, une sonnerie ou un bruit particulier peut être associé à un jeu pour le chien : le fait de voir son maître se précipiter sur le téléphone à chaque sonnerie peut l’intriguer voire l’amuser, si ce n’est même lui donner envie de participer.

 

Il peut aussi avoir intégré le fait que la sonnerie de l’interphone ou de la porte d’entrée signifie la venue d’un visiteur, et avoir tendance à se précipiter vers la porte d’entrée, le balcon ou le portail, intrigué de découvrir de qui il s’agit ou excité de faire potentiellement une nouvelle rencontre. C’est évidemment avec les races de chien les plus curieuses que ces situations sont les plus courantes.

 

Il peut enfin s’agir d’un simple rituel : s’il a pris l’habitude pour une raison ou une autre de réagir à la sonnerie, il peut continuer à le faire ensuite par réflexe, même une fois que la raison initiale a disparu.

Chien sensible aux sonneries : comment réagir ?

Chien sensible aux sonneries : comment réagir ?

Le fait qu’un chien réagisse à différentes sonneries, en particulier celle du téléphone, est rarement souhaitable : non seulement cela peut gêner le maître dans ses interactions, mais cela peut aussi traduire un problème plus profond, comme une gêne, une jalousie ou un traumatisme. Il est donc préférable de tenter de lui faire perdre cette habitude.

 

Malheureusement, il est relativement difficile de déterminer de manière certaine la ou les raison(s) qui pousse(nt) un chien à réagir à telle ou telle sonnerie. Mieux vaut donc commencer par analyser sa réaction : a-t-il peur ? Proteste-t-il ? Ou au contraire, est-il excité ? En fonction de son attitude, plusieurs changements peuvent être tentés, sachant que les solutions proposées sont bien souvent complémentaires.

Ce qu’il ne faut pas faire

Ce qu’il ne faut pas faire

Le premier réflexe d’un maître gêné par l’attitude de son chien face à une sonnerie quelconque est de tenter de faire cesser ce comportement sans se poser plus de questions. Malheureusement, son attitude peut avoir pour résultat d’aggraver la situation au lieu de l’améliorer.

 

Par exemple, le maître peut être tenté de punir son chien ou de lui crier dessus pour le dissuader de continuer ou de recommencer. C’est bien évidemment à éviter. En effet, le gronder risque simplement de le conduire à associer la sonnerie à la punition : cela augmenterait son inquiétude s’il n’était déjà pas rassuré au départ, et lui donnerait même une vraie raison d’avoir peur du téléphone ou de l’interphone les fois suivantes.

 

De plus, si le comportement du chien était motivé par une demande d’attention, le punir ou le gronder pour qu’il se taise lui donne finalement l’attention qu’il réclamait, ce qui l’incite à recommencer la fois suivante. Il peut même croire que les paroles du maître sont une réponse à ses propres aboiements : pensant alors que ce dernier participe à son « jeu », il risque de continuer de plus belle.

 

La réprimande n’est donc pas une solution, quelle que soit la cause de la réaction de l’animal. Mais à l’inverse, tenter de réconforter un chien craintif et effrayé par le téléphone en le caressant ou en le prenant dans ses bras n’est pas plus efficace. En effet, il comprendrait la réaction de son maître comme une confirmation que sa crainte est justifiée, ce qui ne ferait que renforcer son inquiétude initiale et le mettre dans le même état les fois suivantes.

Calmer son chien en restant indifférent

Calmer son chien en restant indifférent

Quand on veut éviter qu’un chien se mette dans tous ses états lorsque tel ou tel évènement se produit, quel qu’il soit (départ ou retour à la maison, orage…), il est important précisément d’éviter d’en faire un évènement. Autrement dit, le maître doit tout mettre en œuvre pour qu’il s’agisse d’un moment on ne peut plus banal. Cela nécessite de commencer par agir sur son propre comportement : s’il s’abstient de donner à la chose une importance particulière, il augmente sensiblement les chances que son compagnon en fasse de même, tant la réaction d’un chien est souvent influencée par celle de son maître.

 

Autrement dit, aller attraper le téléphone qui sonne, répondre à l’interphone ou ouvrir la porte d’entrée doit rester un acte banal. Le mieux à faire consiste donc à ignorer le chien et à lui tourner le dos, sans le caresser ni le disputer, et ce quelle que soit sa réaction.

 

De fait, sanctionner le chien en l'ignorant, c’est-à-dire en ayant une attitude passive et en lui refusant tout contact physique et toute attention, est la solution la plus efficace pour le dissuader de recommencer. Dans un premier temps, il est possible qu’il augmente ses aboiements pour tenter d’obtenir l’attention de son maître coûte que coûte, mais son comportement devrait très vite changer en constatant que son attitude ne donne rien : il se calmera alors de lui-même.

 

Dans le cas d’un animal craintif, ce n’est qu’après l’appel téléphonique, une fois qu’il a surmonté sa peur et compris qu’il n’y avait aucun danger, qu’il est possible de le caresser et de l’apaiser. En revanche, pendant la sonnerie et même pendant l’appel, il ne faut pas manifester d’inquiétude ou un stress quelconque : le chien ne manquerait pas de le remarquer, et de s’approprier cette angoisse. Au contraire, s’il constate que son maître reste impassible, il comprend qu’il n’y a pas de réelle menace et qu’il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter.

Changer la sonnerie du téléphone ou de l’interphone

Changer la sonnerie du téléphone ou de l’interphone

Si le chien réagit seulement au bruit et non au comportement de son maître, c’est peut-être que le son émis le gêne et/ou fait remonter en lui un traumatisme passé.

 

Une solution relativement simple est alors de changer la sonnerie posant problème (si c’est possible) et d’en choisir une moins aigüe. Dans le cas du téléphone, il est même possible d’opter pour une chanson, car cela peut lui paraître moins désagréable et plus naturel à entendre qu’un son strident et artificiel. Dans tous les cas, il n’associe pas automatiquement le nouveau bruit à l’ancien, ce qui brise positivement ses anciennes habitudes, au moins pendant un temps.

Proposer davantage d’activités au chien

Proposer davantage d’activités au chien

Si le chien est à l’affût de tous les faits et gestes de son maître et de tout ce qui peut briser sa routine, cela reflète peut-être simplement qu’il est en manque d’activités : la sonnerie est alors vue comme une distraction. Cela se produit principalement chez les chiots, qui sont toujours en éveil, les races sportives comme le Border Collie ou le Doberman, ou encore celles qui ont besoin de beaucoup d’interactions, comme le Labrador ou l’Epagneul Papillon.

 

Dans un tel cas de figure, la solution consiste alors à le stimuler davantage, tant physiquement qu’intellectuellement : promener son chien plus souvent, lui proposer davantage de séances de jeux et d’activités diverses, au cours desquelles il peut à la fois se dépenser et interagir davantage avec son maître. Investir dans de nouveaux jouets pour chien est aussi un bon moyen de lui offrir de quoi se divertir par lui-même. Un chien occupé est davantage susceptible de ne même plus remarquer la sonnerie du téléphone.

Encourager le chien lorsqu’il se tient tranquille

Encourager le chien lorsqu’il se tient tranquille

Encourager son chien lorsqu’il se conduit bien et qu’il se tient tranquille est le meilleur moyen de l’inciter à continuer à faire de même. Si sa réaction aux sonneries n’est pas systématique, des caresses ou une friandise pour chien peuvent donc lui être accordées les fois où il est resté calme - un peu comme s’il s’agissait d’un jeu -, pour lui faire comprendre que la récompense dépend de son attitude. Bien sûr, le maître doit au contraire arrêter de récompenser son chien au premier aboiement, pour ne pas encourager les mauvais comportements.

 

Il est aussi possible de lui apprendre à se taire en lui enseignant l’ordre « Silence ! ». Là encore, l’éducation du chien par le jeu est la méthode la plus efficace. L’enseignement de cet ordre a de nombreux avantages pour le maître, et pas seulement dans le cadre de la réaction face à une sonnerie : il peut par exemple permettre d’inviter le chien au calme s’il se montre particulièrement bruyant à chaque voisin qui passe, ou est troublé par quelque chose au cours d’une promenade. Pour autant, il ne faut bien sûr pas en abuser : en effet, l’aboiement du chien est pour lui un moyen de communiquer avec son entourage et avec ses congénères : le fait qu’il l’associe à un interdit absolu pourrait entraîner d’autres problèmes potentiellement plus graves encore.

Habituer le chien à la sonnerie

Il est possible d’habituer le chien à la sonnerie problématique (ou aux sonneries de manière générale) à travers plusieurs exercices.

Une sonnerie en particulier

Une sonnerie en particulier

Si le chien est effrayé par une sonnerie en particulier, il est possible de l’entraîner à l’accepter en l’y exposant de manière très progressive.

 

Pour ce faire, il suffit dans un premier temps d’enregistrer la sonnerie, puis de la lui faire écouter à très faible volume, si besoin à plusieurs reprises. Une fois qu’il n’y réagit plus et semble l’accepter, il faut augmenter progressivement le son et répéter l’exercice jusqu’à atteindre le volume habituel.

 

De cette façon, il devrait s’habituer petit à petit au son problématique, au point qu’il finisse par ne plus susciter la moindre réaction de sa part.

Plusieurs bruits et sonneries différents

Plusieurs bruits et sonneries différents

Si le chien est effrayé par diverses sonneries qui surviennent dans des contextes différents (interphone, téléphone, sirène d'ambulance, réveil...), voire plus largement par toutes sortes de sons, c'est peut-être qu'il a été mal socialisé lorsqu'il était encore petit. En effet, une faible exposition à des stimuli variés pendant ses premiers mois le prédispose à devenir un chien peureux une fois adulte, qui surréagit à chaque situation nouvelle ou chaque bruit inconnu.

 

Une re-socialisation peut alors être tentée, mais elle est bien plus longue et fastidieuse que celle effectuée pendant les premiers mois, et est loin d'être aussi efficace. Mieux vaut donc se faire aider d'un comportementaliste canin pour espérer obtenir des résultats.

L'attitude du maître

L'attitude du maître

Si le chien réagit davantage au fait que son maître réponde plutôt qu’à la sonnerie en elle-même, une possibilité est de le lasser en ne répondant plus – ou du moins, pas systématiquement.

 

Dans le cas d’un téléphone, c’est assez simple à mettre en place : il suffit de le faire sonner régulièrement en utilisant une autre ligne ou en se faisant appeler, sans répondre pour autant. Après plusieurs essais, le chien devrait finir par se dire qu’il n’y a pas nécessairement de lien entre la sonnerie et la réaction de son maître, et devrait donc finir par se montrer nettement plus indifférent quand elle retentit.

 

La méthode vaut également dans le cas d’un interphone ou de la sonnette de la porte d’entrée, à la différence près qu’elle nécessite d’avoir un complice qui déclenche le bruit, pendant que les humains de la maison restent impassibles.

Supprimer la sonnerie quand cela est possible

Supprimer la sonnerie quand cela est possible

En dernier recours, si toutes les solutions pour mettre fin aux réactions du chien à la sonnerie ont échoué, on peut envisager de tout simplement essayer d’éviter qu’elle ne retentisse.

 

Dans le cas d’une sonnerie de téléphone portable, passer en mode vibreur n’est pas forcément problématique si on l’a toujours sur soi ou à proximité.

 

Dans le cas d’une sonnerie de porte ou d’interphone, on peut laisser un mot sur la porte en indiquant son numéro et en demandant aux visiteurs potentiels de ne pas appuyer sur la sonnette. Si le visiteur est une personne que l’on connaît et dont on sait à l’avance la venue, il suffit de lui demander simplement de prévenir une fois qu’elle est arrivée, et d’aller alors lui ouvrir.

Recourir à un comportementaliste canin

Recourir à un comportementaliste canin

Il peut arriver que malgré toutes les tentatives pour le faire cesser, le chien continue de réagir aux sonneries du quotidien, en particulier s’il est déjà âgé. Il est alors judicieux de se tourner vers un comportementaliste canin professionnel : il peut aider à comprendre le problème et proposer différents exercices à pratiquer régulièrement pour faire cesser le comportement indésirable.

Mettre le chien à l’écart

Mettre le chien à l’écart

En attendant que le problème soit résolu avec ou sans l’aide d’un comportementaliste, une solution temporaire peut consister à éloigner le chien lorsque la sonnerie retentit en l’enfermant dans une autre pièce, pour que le maître ne soit pas dérangé pendant sa conversation.

 

Cette méthode ne résout bien sûr pas le problème, et peut même l’aggraver si le chien associe la sonnerie à son isolement, un peu comme une punition. Elle ne doit donc être envisagée que lorsque la situation est réellement problématique pour le maître (par exemple pour les coups de fil importants ou urgents) et si toutes les autres méthodes ont échoué.

 

Au demeurant, pour éviter qu’il n’associe alors la sonnerie à sa mise à l’écart (ce qui risquerait d’entraîner un cercle vicieux), il est préférable de l’isoler en amont lorsque l’heure d’un appel ou d’une venue est connue à l’avance.

 

Par ailleurs, lorsqu’on décide de recourir à cette technique, il faut prendre garde de faire venir son chien jusqu’au lieu de son isolement plutôt que d’aller le chercher : en effet, au sein d’une meute, c’est toujours au subalterne de se diriger vers le chef, et non l’inverse. À défaut, cela ne ferait que renforcer son mauvais comportement, en particulier s’il s’agit d’un chien au tempérament dominant, qui pourrait interpréter la situation comme une prise de pouvoir sur son maître. Il faut donc l’appeler pour le faire venir dans le lieu où on souhaite le faire rester temporairement, ou bien le lui pointer du doigt.

Peut-on apprendre à son chien à apporter le téléphone ?

Peut-on apprendre à son chien à apporter le téléphone ?

Même si certains chiens réagissent plutôt mal au téléphone, cela n’est pas la norme. Il ne doit donc pas être vu comme étant forcément un potentiel obstacle dans les relations entre le maître et son chien, car il peut aussi s’agir d’une occasion de renforcer le lien qui les unit en le transformant en jeu – à condition bien sûr que le pauvre animal ne soit pas terrorisé à sa seule vue.

 

En effet, la plupart des toutous adorent jouer à chercher et à rapporter des objets, que ce soit une balle, un bout de bois, un frisbee, etc. Sur le même principe, il est tout à fait possible d’apprendre à son chien à apporter le téléphone : cela demande simplement un peu d’entraînement. En plus, grâce à son flair exceptionnel, il ne devrait pas avoir de mal à trouver le combiné dans la maison, même s’il n’a pas été remis en place après le dernier appel.

 

Tout d’abord, le maître doit présenter son téléphone à son chien, après l’avoir recouvert d’une housse de protection pour qu’il ne l’abîme pas en le saisissant dans sa gueule.

 

Une fois que l’animal l’a bien flairé, il faut le déposer à quelques mètres de distance, sans le cacher, puis encourager l’animal quand il se dirige vers l’objet, tout en prononçant l’ordre choisi pour cette commande (par exemple « Cherche le téléphone ») et en pointant l’objet. Chaque fois qu’il touche le combiné de son museau, puis le prend dans sa gueule et le tend à son maître, il doit recevoir une récompense : des caresses, une friandise… Il comprend ainsi rapidement que c’est ce qui est attendu de lui.

 

Il suffit ensuite de répéter l’exercice à quelques reprises et au cours de plusieurs sessions d’entraînement, en éloignant le combiné de plus en plus, puis en le cachant dans la maison, en prenant soin de toujours bien féliciter son chien lorsqu’il ramène l’objet. Au bout de quelques semaines, le brave animal devrait faire un parfait standardiste.

Le chien reconnaît-il la voix de son maître au téléphone ?

Le chien reconnaît-il la voix de son maître au téléphone ?

Un chien n’a pas de mal à reconnaître la voix de son maître lorsque celui-ci est présent en personne. En revanche, il est relativement difficile de savoir ce qu’il en est au téléphone, car cela semble dépendre de chaque animal et de ses capacités auditives.

 

Il faut dire que, du point de vue du chien, le concept de téléphone est des plus déroutants. D’abord, cet appareil modifie les voix : même s’il reconnaît la logorrhée de son maître, le fait que sa voix ne soit pas exactement celle à laquelle il est habitué peut être troublant. Mais surtout, le concept même d’entendre son maître alors qu’il ne le voit ni ne le sent (et pour cause, puisqu’il n’est pas présent dans la pièce) est pour le moins déboussolant.

 

Certains maîtres tâchent d’ajouter l’image à la parole en essayant de communiquer avec leur chien par le biais d’appels vidéo, par exemple via Skype ou Facetime. Mais là encore, il y a peu de chances en réalité que le chien parvienne à véritablement reconnaître son maître, d’autant que son odeur reste absente. Le procédé a plus de chances de le rendre confus qu’autre chose.

 

Des chercheurs de Université de Helsinki se sont néanmoins penchés sur la question, et ont publié les résultats de leurs travaux dans un article intitulé « How dogs scan familiar and inverted faces: An eye movement study », publié en 2013 dans la revue Animal cognition. Ils sont parvenus à prouver que les chiens pouvaient reconnaître leur maître en photo ou en image statique sur écran, et ce malgré leur vision dichromatique. Ils ont également montré que les animaux ont davantage de difficultés à reconnaître un humain quand l’image est en mouvement, peut-être encore plus sur smartphone que sur ordinateur, car l’image y est plus petite. Ces conclusions peuvent paraître étonnantes quand on sait que dans la nature, la vision du chien lui permet de percevoir beaucoup mieux les mouvements que les éléments statiques.

Un chien au téléphone ?

Un chien au téléphone ?

L’idée de faire passer des appels d’urgence à un chien peut paraître saugrenue, et pourtant elle fait son chemin auprès des scientifiques et des spécialistes du dressage canin. Elle a germé après qu’ont été rapportés plusieurs cas de chiens ayant appelé les secours en appuyant sur le bouton d’appel d’urgence d’un téléphone alors que leur maître se trouvait mal.

 

À la suite de ce constat, des programmes expérimentaux ont été mis en place pour entraîner des chiens à utiliser un téléphone (smartphone ou tablette) en cas d’urgence vitale pour une personne du foyer. Dans la mesure où il est déjà possible de dresser un chien à détecter les signes avant-coureurs d’une crise d’épilepsie ou d’un malaise, il se pourrait bien que prochainement, le meilleur ami de l’Homme soit tout à fait capable de prévenir les services d’urgence dans certaines situations spécifiques en appuyant sur un bouton dédié à l’aide de son museau. Les chiens n’ont définitivement pas fini de nous étonner !

Conclusion

Prendre un appel ou répondre à l’interphone en présence de son chien ne devrait en aucun cas être source de stress chez lui. S’il y réagit mal, il est possible et même souhaitable de mettre en place des solutions pour remédier à la situation, quitte à se faire aider par un comportementaliste canin. Le plus important consiste à garder son calme et à l’ignorer pendant les faits, car une réaction a toutes les chances d’aggraver le problème au lieu de le régler.

 

En tout état de cause, la socialisation du chiot est déterminante pour qu’il devienne un adulte équilibré et serein en toutes circonstances, plutôt que de se mettre dans tous ses états pour des choses qui ne le justifient pas. Les 3ème et 4ème mois de son existence sont particulièrement cruciaux, car c’est l’âge auquel il découvre la peur. En le confrontant alors (ainsi que par la suite) à toutes sortes de sons, de bruits et plus largement de situations, on lui apprend à gérer correctement ses émotions et à ne pas surréagir au moindre bruit ou élément nouveau. Autrement dit, pour éviter les problèmes, il est important de faire découvrir le monde à son chien et lui offrir une bonne éducation.

Dernière modification : 10/04/2020.