Gagner ou regagner la confiance de son chien

Gagner ou regagner la confiance de son chien

Le lien de confiance entre les chiens et les humains s’est forgé à travers des milliers de siècles de co-évolution. Des premiers peuples qui parvinrent à faire des chiens primitifs des partenaires de chasse jusqu’à l’humain moderne qui partage sa vie avec son compagnon de salon, la confiance est au centre de la relation unique qu’entretient l’Homme avec son meilleur ami.


Toutefois, un chien n’accorde pas spontanément sa confiance à un humain, qu’il s’agisse de son propriétaire, d’un individu qu’il fréquente régulièrement ou d’un inconnu : tout dépend en bonne partie du comportement de la personne, de ce qu’elle fait ou ne fait pas sur la durée pour instituer la relation de confiance et l’entretenir par la suite.


Pourquoi est-il important qu’un chien ait confiance en son maître ? Comment obtenir la confiance d’un chien, qu’on en soit ou non le propriétaire ? Comment la regagner si on l’a perdue ? Quels sont les signes qu’un chien a confiance ?

L’importance de la confiance dans la relation entre le maître et son chien

L’importance de la confiance dans la relation entre le maître et son chien

Pour être fructueuse, toute relation entre un chien et un humain quel qu’il soit doit reposer sur la confiance. C’est tout particulièrement vrai dans le cas où ils vivent ensemble au quotidien.

 

En effet, un chien qui n’a pas confiance en son maître est moins disposé à lui obéir spontanément. Cela est évidemment particulièrement gênant dans le cadre de son éducation, en rendant plus difficile l’acquisition des apprentissages indispensables et en limitant la possibilité d’aller plus loin, par exemple pour lui apprendre toutes sortes de tours. Cela pose également problème tout le reste de sa vie. Il peut en effet se mettre en danger lui-même en refusant d’écouter son maître, mais aussi représenter un danger pour les humains (le jogger qui passe par là, l’enfant qui fait des gestes trop brusques devant lui…) et pour les autres animaux – par exemple ceux qu’il croise en promenade et qu’il se met à poursuivre frénétiquement, sans écouter les ordres de rappel.

 

De fait, dès lors qu’il n’a pas confiance en son maître, un chien ne peut pas le considérer comme le chef de meute et le respecter. Cela induit un manque de repères, car il a besoin de hiérarchie pour être équilibré et épanoui. À défaut, il a toutes les chances d’être exagérément stressé, voire asocial. En outre, pour peu qu’il ait alors lui-même un tempérament un tant soit peu dominant, il a tôt fait de prendre le dessus sur son propriétaire. Au-delà du fait que ce dernier risque alors d’en voir de toutes les couleurs, cela peut même donner lieu à des situations dangereuses.

 

Au-delà de la difficulté par le maître de se faire respecter et obéir par son chien, il y a aussi un risque réel que ce dernier soit déséquilibré psychologiquement dès lors qu’il n’a pas confiance en son propriétaire. Même quand ce dernier n’est pas présent à ses côtés et n’essaie pas – potentiellement en vain – d’orienter son comportement, il peut notamment être exagérément craintif pour tout et rien, et par là-même se mettre en danger inutilement. Par exemple, il peut se mettre à courir au milieu de la route ou sauter d’une hauteur beaucoup trop élevée.

 

Au contraire, lorsqu’un chien a confiance en son maître, cela facilite son éducation et le rend plus facile à gérer au quotidien, mais cela peut aussi notamment faciliter les relations avec d’autres personnes, en particulier celles qui sont amenées à le manipuler. Un chien qui n’a pas confiance envers son propriétaire a d’autant plus de chances d’être sur ses gardes et de se rebiffer lorsque ce dernier l’amène chez le toiletteur ou le vétérinaire, par exemple.

 

Il convient en tout cas de souligner que la race a son importance quant à la propension d’un chien à accorder sa confiance à un humain, et plus spécifiquement à son propriétaire. En effet, c’est beaucoup plus naturel pour le représentant d’une race utilisée depuis toujours comme animal de compagnie, et donc habituée à évoluer parmi tous types d’humains - le Carlin ou le Bichon Havanais, par exemple. À l’inverse, un chien de protection de troupeau, sélectionné pendant des siècles pour sa propension à agir de manière autonome et à passer de longues journées sans son maître, est davantage susceptible d’avoir besoin de plus de temps pour faire confiance à un humain quel qu’il soit.

Comment savoir qu’un chien a confiance

Comment savoir qu’un chien a confiance

Qu’il s’agisse de son maître ou d’une autre personne, un chien manifeste sa confiance de différentes manières :

  • il se comporte calmement ;
  • il a les yeux qui clignent plus que d’ordinaire ;
  • il affiche une expression faciale douce, relaxée, par exemple avec la gueule légèrement ouverte et la langue qui pend ;
  • il revient spontanément vers son maître lorsque celui-ci l’appelle.

 

On peut aussi par exemple le voir se coucher sur le dos pour se faire gratter ou caresser. Cette posture de soumission fait partie intégrante du langage corporel des chiens entre eux et indique que le chien fait confiance à la personne qui est en interaction avec lui, car il set met ainsi à sa merci.

Comment obtenir la confiance d’un chien 

Pour gagner ou regagner la confiance d’un chien, il faut avant tout du temps, de l’écoute, de l’observation et de la douceur. Ceci vaut à la fois pour un chiot ou un chien adulte qui change de propriétaire.

Ce qu’il faut faire pour gagner la confiance d’un chien

Pour gagner ou regagner la confiance d’un chien, il faut avant tout du temps, de l’écoute, de l’observation et de la douceur. Ceci vaut à la fois pour un chiot ou un chien adulte qui change de propriétaire.

L’importance des premiers contacts

L’importance des premiers contacts

Quel que soit le cas de figure, les premiers contacts avec un chien sont cruciaux. Lors de la première approche, il est conseillé de se tenir à une distance d’environ un mètre, mais sans lui faire directement face, et tout en étant attentif aux signaux qu’il émet. Tendre la main vers lui (tout en lui parlant de manière douce, éventuellement) permet alors d’exprimer la volonté d’une première interaction. Pour autant, c’est lui qui doit être à l’initiative : il ne faut pas le forcer, mais bien plutôt le laisser venir à soi sans s’impatienter.

 

Si le chien vient vers la main tendue, puis la sent ou la lèche, cela signifie qu’il accepte la nouvelle personne. Si, au contraire, il détourne la tête ou ignore la main tendue, sa décision doit être respectée. La seule bonne attitude à adopter est alors de le laisser en paix, puis de retenter une approche quelques minutes - voire quelques heures - plus tard.

 

Agir ainsi est d’autant plus important que cela permet d’établir une relation hiérarchique saine. En effet, dans les relations des chiens entre eux, les individus « soumis » vont vers le leader, et non l’inverse. Or, que ce soit dans la meute familiale ou en dehors, l’humain doit toujours occuper une relation hiérarchique supérieure à l’animal.

 

À partir du moment où le chien commence à s’approcher, il est bon de le récompenser d’une manière qu’il semble apprécier : encouragements, caresses, friandises...

L’arrivée au sein du nouveau domicile

L’arrivée au sein du nouveau domicile

Qu’il ait été adopté chez un éleveur, un refuge ou recueilli auprès d’un particulier, et quel que soit son âge, un chien qui arrive dans son nouveau foyer est particulièrement sur ses gardes et méfiant.

 

Tout l’enjeu est alors de faire en sorte qu’il soit le plus rapidement possible serein et confiant dans son nouvel environnement, car il n’en sera que plus enclin à l’être également envers ses nouveaux maîtres.

 

Pour y parvenir, délicatesse, douceur et patience sont les maîtres mots. En particulier, même s’il suscite forcément la curiosité, il est nécessaire au besoin de réfréner certaines ardeurs : les présentations (avec les enfants, les éventuels autres animaux du foyer, les voisins, les amis…) doivent être effectuées de manière progressive, sans le brusquer. Si son maître amène subitement de nombreuses personnes inconnues à faire sa connaissance, cela peut s’avérer particulièrement anxiogène pour lui, et entacher sa capacité à accorder sa confiance.

 

Il est également indispensable que la maison ait été bien préparée pour son arrivée, avec en particulier l’aménagement d’un endroit bien à lui dans lequel il peut se reposer, jouer… et plus généralement prendre progressivement ses marques, observer les humains qui l’entourent et se sentir en sécurité à leur côté. Cela suppose notamment de lui mettre à disposition quelques jouets ainsi qu’un support dans lequel il peut dormir : panier, coussin…

 

Quoi qu’il en soit, pour maximiser les chances de réussir à établir rapidement une relation de confiance avec un chiot, mieux vaut éviter de l’adopter avant qu’il n’ait atteint l’âge de 10 à 12 semaines. En effet, avant 7 semaines, il est encore trop jeune pour être séparé de sa mère. Puis, entre 8 et 10 semaines, il découvre la peur : il n’est pas idéal que l’apparition dans sa vie de son nouveau propriétaire coïncide justement avec celle de ce sentiment, d’autant que le fait de quitter sa fratrie, sa mère et tout l’environnement qui lui était jusqu’alors familier s’avère particulièrement angoissant. Si en plus ledit propriétaire est débutant et ne sait pas comment s’y prendre pour rassurer son nouveau compagnon, leur relation part sur des bases d’autant plus mauvaises.

 

En état de cause, nombre d’éleveurs font le choix de gérer eux-mêmes cette période particulièrement critique et donc de ne pas proposer leurs petits à la vente tant que ceux-ci n’ont pas atteint l’âge de 12 semaines, quand bien même la réglementation les autorise à le faire bien plus tôt.

Valoriser le chien

Valoriser le chien

Une fois la relation engagée, tous les bons moments passés ensemble permettent de l’approfondir, surtout lorsqu’il s’agit de partager des activités. En particulier, jouer avec un chien permet non seulement de le divertir et lui permettre de se défouler, mais aussi d’installer progressivement une complicité qui facilite l’obtention de sa confiance.

 

Il est également important de récompenser son chien, que ce soit sous forme de simples encouragements ou de gâteries lorsqu’il fait ce qu’on attend de lui. Plus largement, le faire bénéficier régulièrement de petites attentions et adopter une attitude bienveillante ne le laisse évidemment pas indifférent. Cela passe aussi tout simplement par la façon de lui parler : adopter une voix douce et une intonation constante est conseillé pour le mettre en confiance.

 

Par ailleurs, pour qu’un chien ait confiance envers une personne, mieux vaut clairement que l’inverse soit vrai – d’autant qu’il est parfaitement capable de percevoir les sentiments humains. Par exemple, le laisser évoluer sans laisse (dès lors que le rappel est parfaitement maîtrisé et que la situation s’y prête, évidemment) est un témoignage de confiance envers son compagnon qui entraîne, bien souvent, la reconnaissance de ce dernier.

Être à l’écoute du chien

Être à l’écoute du chien

Pour qu’un chien ait confiance en une personne, il faut qu’il sente que cette dernière est attentive à lui et respecte à tout moment ses besoins mais aussi sa gêne éventuelle.

 

Dans le cas d’un chiot nouvellement adopté, cela doit être le cas dès sa socialisation, qu’il convient d’entamer sans attendre après son arrivée dans le foyer. Lui faire rencontrer tous types d’humains, de congénères et de représentants d’autres espèces est indispensable, tout comme le fait de l’exposer à un vaste panel de stimuli (bruits, odeurs…) et de l’emmener dans différents endroits. Cela permet en effet d’en faire progressivement un adulte équilibré, à l’aise en toute circonstance. Néanmoins, pour qu’il soit enclin à surmonter ses appréhensions éventuelles tout au long de ce processus, mieux vaut qu’il ait confiance en son maître, celui-là même qui l’expose à toutes ces situations. Cela suppose que ce dernier sache ne pas aller trop loin, ne pas brusquer son compagnon, et donc prendre en compte les signaux que celui-ci émet lorsqu’une situation est difficilement supportable pour lui.

 

Cela vaut bien sûr aussi lorsqu’à un moment de sa vie le chien se retrouve malade ou blessé. S’il constate que la personne qu’il a en face de lui en tient compte voire fait tout pour l’aider et le soutenir, il est évidemment bien plus enclin à lui accorder sa confiance – ou accroître la confiance qu’il éprouvait déjà à son égard. Au contraire, si elle semble ignorer cette donnée, par exemple en le poussant à faire malgré tout des activités trop éprouvantes pour lui (séance d’éducation, chasse…), une perte de confiance est plus que probable – au-delà du fait qu’il risque évidemment d’être récalcitrant.

 

Ce qui vaut dans le cas où le chien est blessé trouve également à s’appliquer lorsqu’il est simplement fatigué ou lassé. Par exemple, s’il commence à avoir du mal à suivre au cours d’une longue balade ou qu’il se met à devenir moins réceptif lors d’une session d’éducation, il est important de savoir identifier ces signaux et d’en tenir compte en s’arrêtant. Forcer un chien à faire quelque chose qui est trop éprouvant ou difficile pour lui ne peut que nuire à la confiance qu’il a envers la personne qui lui impose ce désagrément.

 

Plus globalement, le maître doit respecter son chien ainsi que ses besoins. Cela suppose par exemple de veiller à le nourrir suffisamment, tout en évitant à l’inverse les excès. Mieux vaut d'ailleurs nourrir son chien à heure fixe, car il constate ainsi qu'il peut compter sur son maître pour le nourrir : sa gamelle est remplie chaque jour au moment où il s'y attend, sans qu'il ait besoin de réclamer. Il faut aussi lui permettre de se dépenser physiquement, sans pour autant le solliciter au-delà de ses capacités. Pour autant, faire de l’exercice n’est pas tout : pour être bien dans sa tête, un chien a aussi besoin d’être stimulé intellectuellement (via des jeux, des rencontres en tout genre, la possibilité d’exercer ses sens, etc.). A l’inverse, il faut aussi lui permettre de se reposer chaque fois qu’il en éprouve le besoin, en mettant à sa disposition un endroit paisible où il peut dormir sans être dérangé.

 

Être à l’écoute de son compagnon signifie aussi savoir ajuster son comportement même dans les moments les plus fugaces et les interactions les plus basiques du quotidien. Par exemple, une étude intitulée « Oxytocin promotes social bonding in dogs », publiée en 2014 dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America et menée par une équipe de chercheurs japonais de l’Académie Nationale des Sciences (Tokyo, Japon) a permis d’établir que regarder son chien dans les yeux peut aider à solidifier la relation d’affection et de confiance, libérant même de l’ocytocine - l’hormone dite de l’amour. Pour autant, un peu de subtilité s’impose : en fonction du contexte, fixer un chien dans les yeux peut au contraire être perçu par ce dernier comme une marque d’agressivité. En effet, dans le comportement des chiens entre eux, le fait de soutenir le regard est considéré comme une menace. De fait, les conclusions des chercheurs japonais concernent un animal que l’on connaît bien : il est en revanche vivement déconseillé de regarder dans les yeux un chien inconnu, car il y a toutes les chances que cela engendre de sa part non pas de la confiance, mais bien plutôt de la défiance. Au demeurant, même avec son propre chien, il faut là encore savoir interpréter le langage corporel : le fait qu’il évite le regard est potentiellement un signe de nervosité ou de peur. Par conséquent, il est déconseillé de continuer à le fixer si lui-même se met à détourner la tête, car il le ressentirait comme une marque de non-respect.

 

Plus largement, il est important de savoir identifier les limites d’un chien, de comprendre son langage corporel et d’en tenir compte. En particulier, lorsque les signes de confiance laissent la place à des signes de stress du chien (queue entre les jambes, regard fuyant, léchages compulsifs, bâillements répétitifs…), c’est que quelque chose ne va pas. Mieux vaut alors changer d’attitude, voire simplement ne pas aller plus loin et laisser l’animal tranquille.

Ce qu’il ne faut pas faire

Se mettre en colère

Se mettre en colère

Même si cela dépend grandement du tempérament de chacun, il est parfois difficile de ne pas perdre patience voire se mettre franchement en colère contre son animal, que ce soit lorsqu’il fait une bêtise, lorsqu’il refuse d’obéir ou encore lorsqu’il met du temps à comprendre une consigne.

 

Or, une étude intitulée « Does affective information influence domestic dogs' (Canis lupus familiaris) point-following behavior? » et menée par Ross Flomet et Peggy Janell Gartman, chercheurs à la Southern Utah University et à la Washington State University (États-Unis), publiée en 2015 dans la revue Animal Cognition, a conclu que les chiens sont moins à même de faire confiance à leur maître lorsque celui-ci leur donne un ordre avec une intonation colérique. Au contraire, ils réagissent plus rapidement lorsque la commande est joyeuse et positive.

 

L’irritation du propriétaire naît souvent d’un désir trop intense de voir son chien s’améliorer ou être parfait, notamment dans le cadre des séances d’éducation. Des attentes trop élevées peuvent induire une pression que l’animal a toutes les chances de mal supporter. Le risque est alors grand d’entrer dans un cercle vicieux causé par la déception du maître et le stress de son compagnon, qui peut finir par perdre complètement les pédales. Il ne faut jamais oublier en effet qu’un chien perçoit notamment l’état d’esprit de son maître à travers la tonalité de sa voix, et qu’il est difficile que cette dernière ne laisse pas transpirer le cas échéant l’impatience, la frustration ou l’énervement. Mieux vaut donc savoir arrêter l’entraînement lorsque la colère commence à monter, plutôt que de la laisser s’exprimer.

 

C’est d’autant plus vrai si le chien fait de son mieux mais, qu’à cause de capacités (physiques, de compréhension, de concentration...) limitées, il ne parvient pas à exécuter les ordres donnés. Il peut être d’autant plus affecté – et sa confiance envers son maître avec – de se faire disputer.

Le punir de manière inadéquate

Le punir de manière inadéquate

Il faut garder en tête qu’un chien n’est pas capable d’établir une relation de cause à effet dans le temps. Par exemple, un maître qui rentre à la maison et découvre des dégâts doit s’abstenir de punir son animal, car ce dernier ne peut pas comprendre qu’il s’agit de la conséquence des destructions commises. Cela ne ferait donc qu’abîmer sa confiance envers son maître.

 

Il ne s’agit pas pour autant d’en conclure qu’il ne faut jamais donner une punition à son chien en cas de comportement inadapté. Simplement, pour être efficace, elle doit suivre immédiatement les faits, et être accompagnée par exemple d’un « Non ! » ferme.

Il ne saurait pour autant être question d’avoir le moindre comportement violent à son encontre : cela ne pourrait qu’être est

 

otalement contre-productif, en ayant de grandes chances de le rendre soit anormalement craintif, soit anormalement agressif.

 

Plus largement, dès lors qu’un chien s’estime réprimandé de manière injuste, ce qui a notamment tôt fait de se produire si son éducation est trop dure, cela entame fortement la confiance qu’il a envers la personne concernée.

Être imprévisible

Être imprévisible

Des gestes brusques, des cris ou éclats de voix soudains, des bruits inhabituels ou anormalement forts et de façon générale tout ce qui peut surprendre le chien est source pour lui de crainte, et met à mal sa confiance envers la personne qui en est à l’origine (qu’il s’agisse de son maître, d’un humain qui lui est familier ou d’un inconnu).

 

En outre, un chien est une véritable éponge sentimentale : il ressent l’humeur des humains qui l’entourent, et elle l’affecte directement. C’est évidemment tout particulièrement le cas de celui qui est leur maître : pour qu’il puisse avoir confiance en lui, ce dernier doit avoir un comportement sain et prévisible. Par exemple, un propriétaire instable et à l’humeur changeante, ou bien qui de temps à autre s’absente ou le délaisse pendant de longues périodes, inspire forcément moins confiance à son animal.

 

Chambouler régulièrement le lieu de vie (déménager, déplacer sa gamelle, son lieu de repos, l’ameublement intérieur…) et les habitudes (heures des promenades et des repas, changer de vétérinaire ou de toiletteur…) de son compagnon peut également le déboussoler et mettre à mal la confiance qu’il éprouve envers son maître, a fortiori s’il a du mal à s’adapter à la nouveauté et aux changements.

Ne pas répondre à ses besoins

Ne pas répondre à ses besoins

Comme tout humain, un chien doit pouvoir satisfaire différents besoins pour être heureux et équilibrés. Dans le cas d’un chien domestique, une bonne partie de leur satisfaction est directement du ressort de son maître.

 

C’est notamment généralement le cas de ses besoins alimentaires. Un propriétaire qui ne nourrit pas suffisamment son chien, qui lui donne une alimentation inadaptée (déséquilibrée et source de carences, difficile à digérer, etc.) ou même tout simplement qui ne lui permet pas de se désaltérer quand celui-ci en a besoin ne doit pas s’étonner que son animal ne soit pas forcément dans les meilleures dispositions à son égard.

 

Quelles que soient les circonstances, il doit également toujours avoir en tête que son compagnon a besoin de se dépenser physiquement chaque jour. Même une race de chien adaptée en appartement doit de temps en temps prendre l’air et se dégourdir les pattes au dehors. Quant aux races habituées à courir des heures durant dans de vastes étendues, comme les chiens de conduite de troupeau ou les chiens de traîneau, leurs représentants auraient par exemple bien du mal à vivre dans un studio, ou se retrouver cantonnés à effectuer des tours du pâté de maison tenus en laisse et à une allure fixée par une personne âgée. L’exercice physique quotidien dont un chien a besoin diffère grandement d’un individu à l’autre, en fonction notamment de sa race et de son âge, mais dans tous les cas, si son maître n’est pas en mesure de le lui procurer, ce dernier ne doit pas s’étonner d’avoir un compagnon mal dans sa peau et peu enclin à entretenir avec lui une relation de confiance, faute de pouvoir se dépenser autant qu’il le faudrait.

 

A l’inverse, tout chien a parfois besoin de moments de tranquillité et de calme, notamment pour se reposer et dormir. C’est tout particulièrement vrai pour un chiot ou un individu souffrant (blessure, maladie, etc.). La relation avec un inconnu qui voudrait faire connaissance et le dérangerait dans ces moments-là partirait sur les plus mauvaises bases. De la même manière, si son maître ne le laisse pas en paix lorsque cela est nécessaire, voire simplement le sollicite plus que de raison, cela ne peut qu’entacher la confiance qu’il éprouve envers ce dernier.

 

Il ne faut pas non plus oublier qu’un chien doit aussi être stimulé intellectuellement, même si là aussi les besoins diffèrent grandement d’un sujet à l’autre. Par exemple, un Saint-Hubert ou tout autre chien de chasse doté d’un excellent odorat vivrait très mal que son maître le tire vivement chaque fois qu’il s’arrête pour à renifler une odeur. De la même manière, si un animal très intelligent comme le Border Collie ne dispose pas de jouets, n’a pas d’occasion de jouer (notamment avec sa famille), d’apprendre des tours, de pratiquer des sports canins ou plus largement toute activité faisant appel à ses facultés intellectuelles, il a de grandes chances d’être mal dans sa tête. Or, un chien mal dans sa tête n’est clairement pas dans les meilleures dispositions pour accorder sa confiance à un humain quel qu’il soit.

 

Enfin, à partir du moment où un chien est domestiqué plutôt que de vivre à l’état sauvage, il a besoin d’un tant soit peu d’attention et d’affection de la part de son maître. Chez certaines races de chien très indépendantes, ce besoin est des plus réduits, mais il n’en existe pas moins. Chez d’autres, notamment celles habituées depuis des siècles à tenir le rôle d’animal de compagnie au sein des foyers, être ignoré lorsqu’ils demandent de l’attention, ou bien être laissé seul souvent ou pendant de longues durées, est une source de souffrance terrible, qui est de nature à empêcher ou remettre en cause leur confiance envers leur maître adoré.

 

L’arrivée d’un nouveau membre dans le foyer, qu’il s’agisse par exemple d’un bébé ou d’un congénère, peut d’ailleurs être particulièrement critique pour un chien très proche de sa famille. En effet, s’il reçoit moins d’attention et se sent ignoré, le lien de confiance qui le relie à ses maîtres risque de se distendre, voire de se briser.

 

Cela dit, cette situation peut aussi avoir des conséquences positives : l’apprentissage par imitation du chien nouveau venu peut le conduire à être moins timide vis-à-vis des maîtres en voyant son prédécesseur interagir avec eux, et donc à leur accorder plus rapidement sa confiance.

Le cas particulier du chien qui a perdu confiance en l’humain

Le cas particulier du chien qui a perdu confiance en l’humain

Certains chiens ayant vécu une expérience particulièrement négative avec des humains développent une forme canine de syndrome post-traumatique. Cette pathologie a été observée et étudiée notamment chez les chiens de guerre, mais peut se développer chez les individus qui ont été maltraités : abandonnés, mal nourris, violentés, poussés au-delà de leurs limites physiques…

 

Elle est susceptible d’affecter durablement la perception que l’animal a de l’espèce humaine et à l’inscrire dans une relation malsaine avec ses représentants : il se montre soit anormalement craintif et peureux, soit extrêmement agressif à leur égard. Autant dire que sa capacité à faire confiance à un humain, quel qu’il soit, est alors bien altérée. En outre, tous les humains étant pour lui une menace potentielle, il peut représenter un danger pour ses maîtres ou des tiers.

 

C’est d’autant plus vrai qu’un chien traumatisé ou qui a vécu des abus a tendance à être surprotecteur. Ceci concerne autant sa nourriture ou ses jouets que les membres de sa famille (autant son maître que les enfants ou le partenaire de ce dernier). Il est important de l’aider à diminuer progressivement cette peur panique de se retrouver dépossédé ou démuni, car elle peut évidemment être dangereuse à la fois pour ses maîtres que pour d’autres personnes qui viendraient à croiser son chemin.

 

Face à un tel animal, il faut donc redoubler de patience, de modération et de douceur pour que progressivement il puisse de nouveau accorder sa confiance.

 

Dans certains cas, il peut être utile de se tourner vers un vétérinaire pour non seulement confirmer le diagnostic, mais aussi obtenir un traitement approprié. Le plus souvent, ce dernier repose sur la prise de médicaments anti-anxiété comme le Xanax et une thérapie menée par un comportementaliste professionnel visant à lutter contre la peur de l’animal.

 

Néanmoins, même s’il bénéficie d’un traitement, il est difficile d’espérer effacer de sa mémoire ce qu’il a vécu. Il conserve donc une certaine instabilité, au moins potentiellement : à tout moment, un geste en apparence anodin peut lui rappeler un traumatisme subi et engendrer une réaction inattendue – et potentiellement dangereuse - de sa part.

 

Par ailleurs, il est à noter qu’un chien retiré trop tôt à sa mère - comme c’est fréquemment le cas en animalerie - en conserve souvent un traumatisme. Même si ce dernier n’est pas directement lié à une action commise directement à son encontre par un humain (abandon, violence…), il peut être à l’origine d’un manque de confiance en soi le rendant particulièrement craintif, notamment vis-à-vis des humains. Là aussi, arriver à le faire gagner en sérénité pour qu’il soit à même d’avoir confiance est plus difficile que pour un individu n’ayant pas connu un tel vécu.

 

Quel que soit le cas de figure, parvenir à créer un lien de confiance avec un animal ayant vécu un traumatisme peut s’avérer chronophage, et n’est pas forcément à la portée de tout le monde. Par conséquent, pour un maître débutant ou peu disponible, il est particulièrement important de bien se renseigner sur le vécu du chien dont l’adoption est envisagée, en particulier s’il est déjà adulte ou est recueilli dans un refuge. Dans les cas qui s’annoncent les plus compliqués, il peut être plus judicieux de choisir un autre compagnon, au risque de ne jamais réussir à créer l’indispensable relation de confiance.

Conclusion

C’est en évoluant dans un environnement empreint de confiance mutuelle qu’un chien peut s’épanouir. Ce sentiment est la pierre angulaire des relations entre l’humain et son compagnon, mais peut s’estomper subitement ou avec le temps. Afin que la cohabitation demeure toujours apaisée et agréable pour l’ensemble des protagonistes, il incombe au maître de sans cesse veiller à entretenir la confiance de son protégé. Cela suppose d’adopter ou au contraire d’éviter certains comportements et certaines habitudes.

 

Pour autant, quand bien même un chien n’octroie plus sa confiance à son propriétaire ou même aux humains en général, tout n’est pas perdu. En effet, à condition de bien s’y prendre et de s’armer de patience, il est toujours possible de la regagner. La patience et la douceur sont généralement les maîtres-mots pour y parvenir.

Dernière modification : 09/01/2020.