L’ambivalence du chien dans la mythologie ne saurait être mieux représentée que par les cadejos, deux personnages mythologiques d’Amérique centrale dont les origines remontent à l’époque précolombienne.
Le premier cadejo est noir et représente le Mal tandis que l’autre, de couleur blanche, représente le Bien. Les récits exacts diffèrent, notamment d’un pays à l’autre, mais globalement l’un comme l’autre sont souvent décrits comme très gros, atteignant parfois la taille d’une vache.
Ce sont des esprits qui apparaissent aux voyageurs durant la nuit, respectivement dans le but de les tuer ou de les protéger. Il arrive aussi qu’ils entrent en conflit, sans que jamais l’un ne parvienne à éliminer l’autre - comme une allégorie du combat entre le Bien et le Mal.
Le cadejo noir a une taille variable d’une région à l’autre. Dans tous les cas, il est réputé pour errer dans les cimetières et les ruelles sombres, en attente de ses prochaines victimes. Il peut tuer ces dernières en les affrontant, ou les pousser à faire de mauvais choix susceptibles de les conduire à la mort.
Plus précisément, il existe en fait trois types de cadejos noirs :
Le cadejo blanc protège contre les mauvais esprits les gens qui le croisent, et plus particulièrement les personnes ivres et les vagabonds. Il les empêche de faire les mauvais choix induits par le cadejo noir, et donc dans certains cas leur sauve la vie.
Les origines du mythe du cadejo remontent à la civilisation maya, c’est-à-dire bien avant l’arrivée des Espagnols en Amérique en 1492. Plus précisément, il s’agit d’un vestige d’une ancienne croyance maya qui suppose que chaque être humain possède un animal de compagnie, et a comme double un cadejo.
De ce fait, la mort de l’un engendre celle de l’autre : si le cadejo meurt, son « double » humain meurt également, et vice versa. De la même manière, les maladies affectent simultanément l’un et l’autre.
Avant l’arrivée à la fin du 15ème siècle et au début du 16ème siècle des conquistadors espagnols, les Aztèques étaient une des civilisations les plus avancées d’Amérique, même si le territoire sur lequel ils régnaient (autour de l’actuelle Mexico) était relativement modeste en comparaison par exemple de celui des Incas.
Le meilleur ami de l’Homme est présent dans la mythologie aztèque à travers Xolotl, une divinité liée au soleil et aux rites funéraires. Son nom signifie « chien », « esclave » ou encore « jumeau » en nahuatl, la langue aztèque encore parlée de nos jours au Mexique. Il est associé notamment aux êtres considérés comme monstrueux, à la maladie et la mort, mais aussi aux jumeaux. Lui-même est d’ailleurs le jumeau d’une autre divinité célèbre, Quetzalcoatl, représentée pour sa part sous la forme d’un serpent à plumes.
Xolotl est lui-même un être difforme avec une tête d’animal qui n’est pas clairement identifié. Toutefois, on estime généralement qu’il s’agit de celle d’un chien, et plus précisément de celle d’un Xoloitzcuintle, le chien nu du Mexique.
Considéré comme le premier chien des Amériques, ce dernier était à l’époque vu comme un porte-bonheur capable de repousser les forces maléfiques. Une légende veut même qu’il aurait été créé par Xolotl lui-même, raison pour laquelle il porte son nom.
Quoi qu’il en soit, Xoltl est chargé d’accompagner chaque nuit le soleil dans l’autre monde ainsi que l’âme des défunts au Mictlan, le territoire des morts. Des fouilles archéologiques ont ainsi permis de découvrir que des statues à son effigie étaient parfois placées dans les tombes. En outre, les Aztèques sacrifiaient parfois un chien xolo afin que ce dernier puisse accompagner et guider l’âme du défunt jusqu’au Mictlan.
On trouve dans la mythologie des Mapuches, un peuple autochtone du centre du Chili et de l’ouest de l’Argentine, une créature aquatique qui porte le nom de Trehuaco. Ce terme signifie « chien d’eau » en mapudungun, la langue amérindienne parlée par les Mapuches. Le Trehuaco ressemble à un chien au pelage sombre dont les parties génitales seraient celles d’un cheval, et est généralement représenté avec une tête de poisson.
La légende raconte qu’il vit dans un lac enchanté situé dans la province de Yaldad, au sud du territoire des Mapuches, et que si une jeune femme s’approche du lac tout en récitant certains versets magiques, alors l’eau du lac s’écoule jusqu’à la mer, à l’image d’un ruisseau. Une fois à sec, le lac laisse apparaître la créature. Si la jeune femme l’appelle, celle-ci s’approche d’elle très rapidement, et ils ont une relation sexuelle. Le Trehuaco pousse ensuite des cris rauques, ce qui a pour effet de ramener l’eau vers le lac et de le faire disparaître, jusqu’à la venue d’une autre jeune femme.