Chien - Pour se protéger des séismes, écoutez les animaux, conseillent des rescapés

27/05/2008

TANGSHAN (AFP) — Pour les survivants du violent séisme de Tangshan en 1976, près de Pékin, des vies auraient pu être épargnées au Sichuan le 12 mai, si plus d'attention avait été prêtée aux comportements étranges des animaux.

Le tremblement de terre survenu il y a plus de trente ans dans le nord de la Chine avait accumulé les signes annonciateurs, racontent aujourd'hui ses rescapés.

Les chiens avaient poussé des hurlements sauvages des heures avant que le séisme ne frappe à 03H42 du matin, se souvient l'un deux, Fu Wenran, dont la femme avait été emportée avec quelque 240.000 personnes dans la catastrophe le 28 juillet 1976.

Les souris et les serpents s'étaient agités à l'air libre, comme fous. Les chevaux et les vaches s'étaient mis à frapper les murs de leurs écuries et étables.

"Les animaux essayaient de nous dire quelque chose. Si seulement nous l'avions su, il n'y aurait pas eu autant de morts", regrette Fu.

Pour lui comme pour d'autres survivants du séisme de Tangshan, il aurait aussi fallu mieux écouter les bêtes au Sichuan il y a deux semaines.

Quelques jours avant le 12 mai, des centaines de milliers de crapauds ont fui la ville de Mianyang, proche de l'épicentre. Après coup, le phénomène a d'ailleurs suscité nombre de commentaires de bloggeurs convaincus qu'il s'agissait d'un signe annonciateur.

Difficile d'affirmer avec certitude que la migration des crapauds avait un lien avec le tremblement de terre de magnitude 8 qui a suivi et fait au moins 86.000 morts et disparus.

Mais les scientifiques reconnaissent que les animaux, sensibles aux ondes, peuvent sentir l'imminence de catastrophes de ce genre.

"Des stimuli chimiques et physiques émanent de la terre avant un tremblement de terre et les animaux les sentent probablement", explique George Pararas-Carayannis, chimiste et océanographe président de la Tsunami Society basée à Honolulu.

"Au bout du compte, l'étude du comportement des animaux pourrait conduire à des outils de détections meilleurs et plus sophistiqués pour des prédictions à court terme", estime-t-il.

Les scientifiques peuvent détecter des risques accrus de séisme en surveillant l'accumulation de pressions sismiques, des inclinaisons du sol ou des modifications de champs magnétiques. Mais aucun tremblement de terre n'a pu être repéré à l'avance avec exactitude grâce à ces techniques, ajoute l'expert.

Une équipe avait été mise sur pied dans les années 60 en Chine pour étudier de près le possible lien entre les comportements animaliers et les tremblements de terre. En 1975, il avait prédit avec une étrange précision un séisme de magnitude 7,3 au Liaoning, une province du nord-est de la Chine.

Mais les études sur le sujet restent insuffisantes pour vraiment pouvoir se fier aux animaux, estime Huang Zhujian, ancien chef du groupe aujourd'hui retraité.

"Nous savons que les animaux peuvent voir venir un séisme, mais cela ne peut être qu'un indice supplémentaire. Nous continuons de dépendre principalement des méthodes géologiques, même si elles-mêmes ne peuvent pas prédire précisément les tremblements de terre", explique-t-il.