Canada - Un chien à l'école pour aider les élèves!

16/11/2006

Depuis quatre semaines, les 22 élèves de troisième année de la classe de l'enseignante Diane Samson de l'École Sainte-Marguerite-Bourgeoys de Victoriaville côtoient Yucca, nom qu'ils ont donné au jeune chiot fourni par la Fondation Mira. Cette présence animale en classe, on la doit à la future enseignante Karine Langlois qui a élaboré un projet de stage impliquant un chien pour favoriser la motivation scolaire des jeunes écoliers.
«Ce stage, je le prépare depuis le mois d'avril, explique la jeune femme. Je me suis informée sur des expériences similaires à Saint-Jean-sur-Richelieu et à l'École J.-P.-H.- Massicotte à Victoriaville. J'ai effectué aussi beaucoup de recherche et de lecture sur la motivation scolaire.»

Au cours de ses trois stages précédents, Karine Langlois dit avoir constaté une certaine démotivation scolaire chez plusieurs élèves, principalement chez les garçons.

En s'interrogeant sur la façon de motiver davantage les élèves, la stagiaire a alors songé à la présence d'un chien, elle qui avoue son amour pour les animaux. Un reportage vu à la télé, dit-elle, lui a révélé que les enfants, ayant des animaux domestiques, démontrent une plus grande motivation dans la vie en général.

Ses nombreuses recherches lui ont aussi appris «qu'un animal de compagnie constitue un agent de stimulation, de motivation et de renforcement». Le seul fait, ajoute-t-elle, de caresser ou de toucher un chien a un effet positif sur la personne.

Fille tenace, Karine Langlois a dû convaincre bien des gens, la direction de l'école, la Commission scolaire des Bois-Francs et l'enseignante du groupe pour mener à bien son projet. «Je suis très persuasive», reconnaît-elle.

L'enseignante Diane Samson avoue que le projet, à première vue, n'était pas évident. «J'avais certaines craintes, il a fallu qu'elle argumente», affirme-t-elle.

Signe du destin peut-être, la classe de Diane avait déjà comme thème, les chiens!

Yucca a donc fait son entrée en classe le 16 octobre dernier. Son arrivée a nécessité une bonne préparation. «Le projet, en fait, reposait sur la présence d'une famille d'accueil. La famille de deux élèves de cinquième et sixième années, Naomy et Kelly, a accepté d'héberger le chiot. Il fallait s'organiser pour ne jamais être mal pris. Ainsi Kelly voit à sortir Yucca pour ses besoins naturels. Notre secrétaire Manon Boisvert collabore aussi très bien et peut le garder à l'occasion», souligne Karine.

Avant l'entrée en scène du chiot, une psychoéducatrice canine, Sylvia Florès, a rencontré le groupe d'élèves avec son propre chien pour bien les préparer à l'expérience qui se dessinait. Les enfants ont pu ainsi lui exposer toutes les interrogations à l'égard de la race canine.

Par ailleurs, la présence d'un enfant allergique aux chiens a aussi exigé une intervention particulière. De façon graduelle, l'élève a apprivoisé la présence du chien et n'a manifesté aucune réaction. «On l'a même autorisé à le flatter et l'opération a réussi, sans aucune réaction allergique», signale Karine Langlois.
Verdict unanime
Yucca a réellement conquis les jeunes élèves de la classe de Diane Samson. Plusieurs ont dit aimer les chiens, aimer les flatter. D'autres ont avoué que l'animal leur rappelait de bons souvenirs.
Pour une, Daphné a confié, qu'avec le chien, elle avait davantage le goût de venir à l'école. «Moi, je suis plus concentré», a fait valoir Dave.

En classe, les élèves, à tour de rôle, ont à s'occuper de l'animal. Ils ont ainsi appris comment le rendre propre et la façon de nettoyer les petits dégâts. On les a sensibilisés aussi au comportement à adopter face au petit défaut du chiot, celui de mordiller...Et puis, ils en ont appris beaucoup également sur la Fondation Mira.

Au niveau pédagogique, le stage de Karine Langlois intègre les différentes matières. Quand il est question, par exemple, du poids de Yucca, de la résolution de problème et de la préparation du nettoyant exigeant une certaine proportion d'eau et de vinaigre, on fait des mathématiques.

L'application en français s'est traduite notamment par la composition d'un texte de présentation sur le chien. «Même quand les élèves préparaient leurs questions pour Sylvia, ils faisaient du français sans vraiment s'en apercevoir», note Diane Samson.

L'influence de Yucca se fait sentir, non seulement dans la classe, mais aussi à la grandeur de l'école. Il suscite l'intérêt des élèves aux prises avec une déficience. «On peut voir des petites étoiles dans leurs yeux», confie Karine Langlois.

La stagiaire et son enseignante ont aussi remarqué la tendance du chien à se rapprocher davantage des élèves en difficulté ou à s'étendre sous le pupitre d'élèves plus turbulents. «Comme pour les apaiser, on dirait», souligne l'enseignante.

Le stage, bref, satisfait Karine Langlois. «Les apprentissages sont signifiants. Les élèves se rappellent les notions. On les a responsabilisés aussi avec des tâches. Et en terme de motivation, on a atteint l'objectif», précise-t-elle.

La jeune femme, qui intégrera le marché du travail dès le mois prochain, ne cache pas certains inconvénients rencontrés. «Mais les bons côtés sont plus nombreux que les mauvais. Je suis bien fière, contente d'avoir persévéré pour le bien-être des jeunes. Je compte bien le refaire, promet-elle. Il s'agit d'une première étape en vue de plusieurs autres projets.»

Karine quittera donc cette classe en décembre. Mais Yucca doit y terminer l'année. «Je vais le garder mais s'il devient trop dérangeant, on verra», indique Diane Samson.

Après un séjour de 16 à 18 mois, Yucca retournera à la Fondation Mira pour devenir éventuellement un chien guide ou un chien d'assistance.

À noter que les 22 élèves présenteront le 29 novembre, sous forme de kiosques, tout ce qu'ils ont appris sur la Fondation Mira et ses chiens. Les autres élèves de l'école et les parents découvriront ainsi le travail accompli au cours des dernières semaines.

Photo : Avec quelques élèves, Karine Langlois avec Yucca dans les bras!