Le syndrome de privation sensorielle chez le chien : cause, symptômes...

Un chien enfermé dans un chenil

Le chien a beau être le meilleur ami de l'Homme, tout maître a déjà probablement eu à subir un ou plusieurs troubles du comportement de son compagnon : agressivité injustifiée, nervosité, fugue, hyper-attachement, aboiements intempestifs...


Dans certains cas, ils peuvent être la conséquence du syndrome de privation sensorielle, aussi appelé syndrome du chenil. Il est très problématique, car en plus d'impacter fortement la vie de tous les jours, il est très difficile à régler, en particulier au-delà d'un certain âge.


À quoi est-dû ce syndrome ? Quels sont ses symptômes ? Quand faut-il s'inquiéter ? Est-il possible de le soigner ?

Qu'est-ce que le syndrome de privation sensorielle ?

Un chien effrayé se cache dans sa niche

Le syndrome de privation sensorielle, aussi appelé syndrome du chenil ou plus simplement syndrome de privation, désigne un trouble du développement comportemental du chien, caractérisé par une incapacité à gérer correctement les situations nouvelles et à s'adapter à son environnement.

 

L'animal souffre notamment d'une peur très importante face à toutes sortes de stimuli - y compris de la vie courante, comme le passage d'une voiture ou le bruit d'un klaxon. Concrètement, cela se traduit par une réaction totalement inadaptée et excessive : il peut par exemple s'enfuir, grogner ou devenir agressif.

 

Même s'il est aussi appelé syndrome du chenil, le syndrome de privation ne doit pas être confondu avec la toux du chenil, une maladie respiratoire très contagieuse causée par divers virus et/ou bactéries, et qui cause une toux persistante.

Les causes du syndrome de privation chez le chien

Un chiot effrayé marche à plat ventre sur le sol

Entre le moment où il vient au monde et celui où il atteint l'âge adulte, un chiot passe par toute une série d'étapes jalonnant sa croissance : l'apprentissage des codes canins, le sevrage, la puberté... et bien évidemment, la socialisation, qui est une des phases les plus importantes pour son équilibre mental.

 

La socialisation du chiot commence en fait dès la naissance et dure environ 4 mois. Au cours de cette période, il commence d'abord par comprendre qu'il est un chien, découvre les comportements à adopter avec ses congénères ou d'autres espèces, apprend les règles de la vie... Puis, entre la 8ème et la 12ème semaine (voire un peu plus chez certaines races), le chiot découvre le sentiment de peur : lorsqu'il est confronté à des situations nouvelles (bruits divers, contacts physiques, odeurs inconnues, etc.), son cerveau évalue le niveau de dangerosité qu'elles représentent et détermine quelle attitude adopter dans chaque cas. Il s'agit donc d'une phase cruciale de son apprentissage qui, si elle est bien menée, lui permet ensuite toute sa vie durant de savoir comment faire face à toutes sortes de situations différentes.

 

En revanche, si cette phase de la socialisation n'est pas correctement menée, le chiot n'apprend jamais comment gérer correctement sa peur et se montre très craintif dès qu'une situation nouvelle se présente : c'est ce que l'on appelle le syndrome du chenil. Dans les cas les plus extrêmes, il peut même devenir incapable de sortir de son domicile, car le moindre évènement inhabituel est susceptible de déclencher chez lui une réaction de peur exagérée.

Les chiens prédisposés au syndrome de privation

Un chiot enfermé dans un chenil

Puisque le syndrome du chenil est lié à un défaut de socialisation, tous les chiens sont susceptibles d'en être victimes.

 

Toutefois, ceux qui grandissent dans un espace restreint tel qu'un chenil, un refuge, une animalerie ou encore une usine à chiots (c'est-à-dire un élevage intensif) sont prédisposés à développer ce problème - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il a été ainsi nommé. La raison est simple : dans ce type de structures de petite taille et/ou offrant une moins grande variété de stimulations, les animaux ont moins d'occasions de découvrir des situations nouvelles et développent donc une faible capacité d'adaptation à leur environnement.

 

Ce trouble a aussi plus de chances de survenir chez un chien ayant été séparé trop tôt de sa mère, ou qui serait resté sous sa tutelle trop longtemps et n'aurait pas eu d'occasions de découvrir d'autres espèces (humains, chats, chevaux...).

 

Pour autant, un chiot peut parfaitement grandir dans un environnement et un foyer propices à son bon épanouissement et développer malgré tout un syndrome de privation sensorielle, dès lors que son propriétaire ne l'a pas suffisamment exposé à toutes sortes de stimuli différents : bruits et odeurs, manipulations diverses, contacts avec d'autres animaux... Ce cas de figure se rencontre souvent avec les personnes particulièrement inquiètes pour la santé ou la sécurité de leur petit compagnon, et qui de ce fait limitent les sorties hors du domicile, de peur qu'il lui arrive malheur. Si cela part effectivement d'une bonne intention, cela ne lui rend définitivement pas service sur le long terme...

Les symptômes du syndrome de privation sensorielle chez le chien

Il existe deux types de symptômes du syndrome de privation sensorielle : ceux directement liés à la peur (qui se produisent lors des situations à risques) et ceux liés au stress quotidien généré par cette peur, qui peuvent être plus généraux.

Les symptômes de peur

Un chien apeuré dans une attitude de prostration

Les symptômes du syndrome du chenil sont ceux d'une peur déraisonnable dans des situations courantes et ne présentant pourtant pas de danger particulier.

 

Selon les situations problématiques, l'animal est susceptible d'adopter trois types de comportements dictés par la peur :

 

  • une attitude de prostration : il se fige, se glace, se prosterne à l'entente d'un bruit ou à la vue d'un élément qui l'effraye ;

 

  • une attitude de fuite : il cherche à se cacher, à s'enfuir, à fuguer le plus loin possible. S'il est enfermé chez lui à ce moment-là, il peut même causer des destructions au niveau des portes et/ou des fenêtres, car il tente de créer une issue vers l'extérieur afin de s'échapper ;

 

  • une attitude agressive : il grogne, montre les dents, aboie d'une manière menaçante, voire passe à l'attaque et mord. Il peut se montrer agressif envers des êtres (animaux ou humains, y compris son maître) qui ne sont pas directement la cause de sa souffrance, mais qui ont simplement la malchance d'être présents à côté de lui à ce moment-là. C'est le cas notamment lorsque le stimuli problématique n'est pas quelque chose de facile à visualiser : un bruit, une odeur...

 

D'autres symptômes de peur peuvent venir s'ajouter à cette liste : par exemple, le chien se met à trembler ou a des pupilles qui s'agrandissent (mydriase).

 

Chez un chiot, l'attitude la plus courante est la fuite et/ou la prostration. L'agressivité apparaît quant à elle plutôt vers la puberté ou même à l'âge adulte, car c'est généralement à ce moment-là que l'animal prend davantage confiance en lui : il devient donc moins passif et « riposte » plus facilement quand il se sent en situation de détresse.

Les situations à risque

Un chien apeuré par l'humain qui tente de le caresser

Un chien atteint du syndrome de privation sensorielle présente des symptômes de peur dans des situations apparemment banales : le passage d'une voiture ou d'un deux-roues, la venue d'un étranger au domicile, le bruit de l'aspirateur, un coup de klaxon... Dans les cas les plus sévères, le chien réagit même aux sonneries de téléphone ou d'interphone, ce qui complique grandement la cohabitation dans le foyer.

 

Les situations dans lesquelles ces réactions exagérées se produisent dépendent des types de stimulations dont l'animal a été privé quand il était petit. Par exemple, un chien ayant toujours vécu à la campagne et n'ayant jamais connu les bruits des voitures peut être serein dans son environnement habituel, mais terriblement angoissé le jour où il se retrouve dans une grande ville. De la même façon, un animal n'ayant côtoyé que les membres de sa famille a toutes les chances de se montrer excessivement peureux et/ou agressif s'il se retrouve un jour confronté à des personnes étrangères à son foyer, alors qu'il n'a aucun souci avec ses proches.

 

Lorsque le syndrome du chenil est peu développé et ne concerne que peu de stimuli problématiques, la situation reste généralement à peu près gérable, car les symptômes de peur n'apparaissent pas trop souvent. Dans le cas contraire, l'animal a toutes les chances d'être un chien difficile à vivre, car il est en permanence susceptible d'être terrorisé et/ou agressif - au point où il peut même devenir impossible de lui faire quitter le domicile. Du reste, ce stress quotidien engendre chez lui d'autres problèmes de santé et de comportement.

Les symptômes de stress

Un chien allongé dans une couverture n'arrive pas à s'endormir

Lorsque la peur causée par le syndrome de privation est très présente (notamment lorsque les stimuli problématiques sont très nombreux et/ou courants), l'animal finit par vivre dans un état d'anxiété permanente, ce qui se traduit par des troubles du comportement supplémentaires.

 

En effet, aux symptômes de peur peuvent alors s'ajouter des symptômes de stress du chien tels que des léchages compulsifs, des problèmes de malpropreté, des destructions dans le foyer, des aboiements intempestifs, une insomnie, une accélération du rythme cardiaque, des troubles du comportement alimentaire comme une boulimie ou au contraire une anorexie... L'animal peut aussi développer un hyper-attachement au maître, ne se sentant en sécurité qu'en sa présence, et souffrant d'un véritable mal-être quand ce dernier est amené à s'absenter du domicile.

 

Ces différents symptômes sont eux-mêmes potentiellement à l'origine de répercussions parfois graves sur sa santé physique et/ou mentale. Par exemple, une boulimie engendre rapidement un surpoids voire une obésité, tandis qu'un stress omniprésent est susceptible de causer à terme une dépression.

Quand suspecter un syndrome de privation chez un chien ?

Un homme tente de retenir un chien agressif en tirant sur sa laisse
L'agressivité est souvent le signe qui commence à inquiéter

Il n'est pas toujours évident de savoir à quel moment s'inquiéter des réactions de peur de son chien, car elles ne sont pas nécessairement le fait d'un syndrome de privation sensorielle. Par exemple, un chien qui a peur de l'orage ou des feux d'artifice n'est pas considéré comme ayant un comportement « anormal », car il s'agit de bruits très forts que son ouïe a plus de mal à supporter que la nôtre.

 

Même s'il n'existe pas de limite précise entre ce qui est normal et ce qui relève d'un trouble, la situation devient réellement problématique lorsque les stimuli déclenchant les réactions de peur sont très nombreux et/ou courants, au point de :

  • causer à l'animal un mal-être permanent (ou presque) ;
  • nuire fortement à la cohabitation avec ses maîtres ;
  • engendrer des situations dangereuses, telles que des fugues à répétition ou des attaques injustifiées contre son entourage, des tiers ou d'autres animaux.

 

Dans l'ensemble, il n'est pas rare que les maîtres commencent réellement à s'inquiéter lorsque le chien montre des premiers signes d'agressivité irrationnelle, par exemple envers les passants lors des promenades ou chaque fois qu'un étranger s'invite dans le foyer. C'est ce qui explique que les premières consultations chez un spécialiste ont plutôt lieu vers l'âge d'un an, alors que le mal apparaît beaucoup plus tôt : en effet, avant leur puberté, les chiots gèrent plutôt leur peur par la fuite ou la passivité, ce qui passe plus facilement inaperçu ou suscite en tout cas moins d'inquiétude.

Le diagnostic du syndrome de privation chez le chien

Si le maître est le plus à même d'en constater au quotidien les symptômes, le diagnostic du syndrome de privation ne peut être fait que par un vétérinaire ou un comportementaliste canin, car seul un spécialiste est en mesure de parvenir à distinguer ce syndrome d'une peur classique et d'en identifier les causes avec précision.

Ecarter l'hypothèse d'une cause pathologique

Une vétérinaire ausculte un chiot et écoute sa respiration

En général, mieux vaut consulter un vétérinaire en premier, car la majeure partie des symptômes du syndrome de privation (agressivité, malpropreté, boulimie, insomnie...) peuvent avoir une cause pathologique - notamment une maladie neurologique.

 

Il faut donc avant toute chose s'interroger sur son état de santé physique, et s'il est malade, entamer un traitement pour le soigner : les symptômes problématiques disparaîtront alors d'eux-mêmes une fois la guérison obtenue, si celle-ci est possible.

 

Dans le cas où la maladie en question est incurable, le vétérinaire peut prescrire un traitement pour réduire le stress du chien et d'adoucir son comportement, ce qui permet à tout le monde de retrouver une vie un peu plus normale.

Identifier la cause psychologique

Un vieux chien inquiet pose sa tête contre le genou de son maître

Dans le cas où aucune cause pathologique n'est identifiée par le vétérinaire, il s'oriente en général vers une origine psychologique, et un syndrome de privation en particulier. Il peut alors être intéressant de faire appel à un comportementaliste canin, même si bien sûr le vétérinaire possède lui aussi des connaissances sur la psychologie canine.

 

L'objectif du comportementaliste est de déterminer s'il s'agit bel et bien d'un syndrome de privation, et le cas échéant d'essayer d'identifier les situations problématiques - ce qui n'est pas toujours possible, en particulier si elles sont nombreuses ou reposent sur des stimuli imperceptibles par les humains (odeurs très subtiles, infrasons...).

 

Pour faciliter le diagnostic, il est important de décrire les symptômes observés avec le plus de précision possible. Par conséquent, en amont de la consultation chez le comportementaliste, il est judicieux de noter pendant quelques jours les comportements suspects : quels types de symptômes sont présents, dans quelles situations ils se produisent, combien de fois par jour... Il peut d'ailleurs être intéressant d'utiliser un collier connecté pour chien, car certains modèles enregistrent des informations très précises sur le quotidien de l'animal : son rythme cardiaque, son niveau d'activité, la qualité de son sommeil, la tonalité et la fréquence de ses aboiements, etc.

Que faire en cas de syndrome de privation chez un chien ?

En règle générale, le traitement d'un chien souffrant du syndrome du chenil comprend deux volets :

  • un traitement médicamenteux, qui permet de réduire les symptômes de peur et d'anxiété ;
  • une thérapie comportementale, qui vise à le désensibiliser progressivement aux situations problématiques.

 

Les médicaments ne sont pas toujours nécessaires, mais lorsqu'ils le sont, il faut généralement attendre qu'ils produisent leurs effets avant de démarrer la thérapie comportementale - ce qui peut prendre plusieurs semaines.

Les médicaments

Un maître donne de l'huile de CBD à son chien

Le traitement médicamenteux du syndrome du chenil n'est pas forcément utile lorsque le problème est léger, mais s'avère souvent indispensable si les symptômes sont importants ou la prise en charge tardive. En effet, sans lui, le chien serait alors trop anxieux pour pouvoir être réceptif à la thérapie comportementale.

 

Il repose sur l'utilisation de substances permettant d'apaiser l'animal et de réduire son anxiété au quotidien. Il peut s'agir par exemple :

 

D'autres substances peuvent également être utilisées pour traiter d'autres symptômes, comme par exemple un médicament orexigène (c'est-à-dire qui augmente l'appétit) si l'animal est anorexique ou un somnifère s'il est insomniaque.

 

En général, le traitement contre le syndrome de privation sensorielle est long et dure au moins 6 mois, parfois beaucoup plus : c'est nécessaire en effet pour espérer que ses effets perdurent une fois que la médication prendra fin. S'il ne donne toujours pas de résultat au bout d'environ un mois, il peut être nécessaire de changer de substances et/ou de dosage. D'autres ajustements ultérieurs sont susceptibles de survenir au fur et à mesure de l'atténuation du syndrome.

 

Quoi qu'il en soit, le choix des produits, le dosage et la durée d'administration dépendent de la sévérité des symptômes et sont du ressort exclusif du vétérinaire : ni un comportementaliste, ni le maître lui-même ne doivent prendre d'initiative.

 

Les dépenses liées au traitement médicamenteux du syndrome du chenil sont le plus souvent prises en charge par l'assurance santé du chien, à condition que l'on en ait souscrit une avant l'apparition des symptômes traités.

La thérapie comportementale

Un chien écoute de la musique avec un casque
Lui faire écouter les sons qui l'effrayent permet de l'y habituer

La thérapie comportementale du syndrome du chenil ne vise pas simplement à réduire l'intensité des symptômes mais à traiter la cause en profondeur, afin que le chien soit plus équilibré émotionnellement et ait un comportement plus normal.

 

Elle peut être utilisée seule si le syndrome est peu sévère, ou en complément de médicaments dans le cas contraire - dans ce dernier cas, il est préférable d'attendre quelques jours à semaines, pour que la médication ait eu le temps de faire effet.

 

Elle comporte généralement trois volets :

  • désensibiliser le chien aux stimuli qui l'effrayent en l'y confrontant petit à petit (par exemple, pour un bruit problématique, il est possible de le lui faire écouter régulièrement et en augmentant progressivement le volume, jusqu'à ce qu'il s'y habitue) ;
  • adopter une attitude sereine quand il manifeste de la peur, pour qu'il finisse par comprendre qu'il n'y a aucun danger. Le placer en compagnie d'un congénère bien équilibré s'avère généralement très efficace ;
  • créer des situations agréables (séances de jeu, friandise...) quand il a peur, pour détourner son attention vers du positif.

 

L'efficacité de la thérapie comportementale dépend surtout de deux facteurs : l'âge auquel elle est mise en place (elle donne normalement d'excellents résultats avant la puberté, mais est moins efficace ensuite) et l'identification précise des stimuli problématiques (ce qui n'est pas toujours évident, en particulier quand ils sont nombreux et/ou discrets).

 

Dans tous les cas, il est vivement recommandé de se faire accompagner par un bon comportementaliste canin, car une thérapie comportementale mal gérée peut aggraver le syndrome du chenil au lieu de l'atténuer.

Le pronostic

Un chein apeuré se cache dans sa niche

Encore plus que pour d'autres troubles du comportement, la précocité du diagnostic et de la mise en place du traitement est cruciale pour espérer soigner un chien souffrant de syndrome du chenil. En effet, son cerveau est beaucoup plus malléable pendant les premiers mois de sa vie qu'à l'âge adulte, ce qui permet de rattraper plus facilement un déséquilibre émotionnel.

 

Ainsi, un chiot pris en charge très jeune (c'est-à-dire globalement avant qu'il atteigne sa puberté, ce qui se produit à un âge compris entre 6 et 18 mois selon les races) a dans l'ensemble de très bonnes chances de répondre positivement à la thérapie comportementale et de retrouver à terme un comportement normal ou au moins correct. En revanche, le pronostic d'un sujet pris en charge à l'âge adulte est beaucoup moins bon, la désensibilisation étant alors nettement moins efficace : le traitement peut permettre d'améliorer légèrement les choses, mais il est probable que l'animal restera très craintif toute sa vie.

 

Malheureusement, les consultations ont rarement lieu dès l'apparition des premiers signes, beaucoup de maîtres estimant - à tort - que les choses finiront par s'améliorer d'elles-mêmes avec le temps, lorsque l'animal aura fini de grandir et aura pris de l'assurance.

Comment prévenir le syndrome de privation chez le chien

Lorsque le syndrome de privation est pris en charge tardivement ou qu'il est sévère, les troubles comportementaux qu'il engendre sont très difficiles à corriger. Mieux vaut donc tout faire pour empêcher son apparition en sociabilisant son animal dans les règles de l'art, ou en s'assurant de l'adopter auprès d'une personne qui a fait le nécessaire.

Respecter les étapes de la socialisation

Un maître promène son chiot sur un pont métallique

Il est important de connaître les étapes de la socialisation d'un chiot et de respecter certaines règles pour prévenir le syndrome du chenil :

 

  • pendant les 4 ou 5 premières semaines de sa vie, le laisser en présence de congénères, afin qu'il découvre et apprenne les codes canins. L'idéal est qu'il reste aux côtés de sa mère, ou à défaut d'une autre chienne venant de mettre bas et qui veut bien s'occuper de lui en plus de ses petits ;

 

  • entre la 3ème et la 12ème semaine, le mettre en contact progressif mais répété avec des représentants d'autres espèces : humains, chats, chevaux, oiseaux... Cela permet qu'il les considère comme des espèces « amies » et ne les identifie ni comme des menaces, ni comme des proies potentielles ;

 

  • entre la 8ème et la 12ème semaine, le séparer progressivement de sa mère, si celle-ci ne le repousse pas elle-même peu à peu. S'il est très attaché à elle, la séparation doit être très progressive, en commençant d'abord par des éloignements de courte durée puis en les allongeant au fur et à mesure ;

 

  • entre la 8ème et la 12ème semaine, multiplier les stimulations différentes (bruits, odeurs, contacts, manipulations...) et les sorties dans des environnements variés (forêt, ville, parcs, plages...), afin qu'il acquière une grande faculté d'adaptation aux évènements. L'exposition doit toutefois être très progressive : il ne peut être question d'emmener son chiot en centre-ville très animé dès sa première promenade, ou de le mettre d'emblée en présence de feux d'artifice ;

 

  • après la 12ème semaine et le plus longtemps possible, continuer autant que faire se peut à varier les jeux, activités, lieux de promenades du chien et situations auxquelles il est confronté, afin d'entretenir sa socialisation.

 

Ces étapes sont très importantes pour espérer obtenir un compagnon équilibré : aucune d'entre elles ne doit être éludée ou négligée si l'on souhaite faire de son chiot un adulte bien dans sa tête. Par conséquent, en cas de difficultés, il est préférable de se faire aider par un comportementaliste canin plutôt que de bâcler la socialisation par manque de connaissances sur le sujet.

 

Bien sûr, il est impossible d'habituer un chien à absolument toutes les situations et tous les stimuli auxquels il pourrait être confronté au cours de sa vie. Cela étant, plus il a été socialisé, plus il est capable de s'adapter à l'inconnu, et donc mieux il appréhende une fois adulte les situations nouvelles et potentiellement anxiogènes - y compris celles auxquelles il n'a jamais été confronté étant petit.

Ne pas adopter trop tôt

Un homme tient deux chiots American Staffordshire dans ses mains

La socialisation est cruciale pour éviter le syndrome du chenil. Or, l'âge d'adoption d'un chiot est le plus souvent compris entre 8 et 12 semaines, ce qui signifie qu'une bonne partie de ce travail doit être réalisé par la personne qui l'a vu naître, et non pas forcément par celle qui l'adopte et sera ensuite son maître pendant l'essentiel de sa vie.

 

Quel que soit l'âge du chien qu'on décide d'adopter, il faut donc s'assurer auprès de son ancien propriétaire que sa socialisation a été faite correctement, et poursuivre le travail s'il n'est pas encore achevé. Ainsi :

 

  • si on adopte dès 8 semaines, il doit déjà avoir eu des contacts fréquents et variés a minima avec d'autres chiens et des humains, et si possible avec d'autres espèces courantes telles que les chats. Tout le travail sur la gestion de la peur et la multiplication des stimulations est en revanche de la responsabilité de l'adoptant ;

 

  • si on adopte vers 12 semaines ou plus tard, il ne reste normalement plus grand-chose à faire, hormis continuer à le confronter de temps à autre à des situations nouvelles ainsi qu'à divers stimuli. Il est en revanche d'autant plus crucial de s'assurer que l'ancien propriétaire a correctement joué son rôle et a bien socialisé l'animal.

 

Par conséquent, en fonction de l'âge auquel on souhaite adopter, il faut s'assurer du sérieux de l'ancien propriétaire et de la qualité de la socialisation réalisée.

Article détaillé : À quel âge adopter un chiot ?

Bien choisir le canal d'adoption

Deux chiots derrière un grillage attendent d'être adoptés

Les éleveurs sérieux connaissent bien l'importance d'une bonne socialisation et proposent donc souvent de prendre soin des chiots qu'ils proposent au moins jusqu'à l'âge de 12 semaines, afin de ne pas laisser des adoptants potentiellement inexpérimentés se charger de cette étape décisive. Certains refusent même purement et simplement de céder leurs petits avant cet âge-là, afin d'avoir la certitude qu'ils bénéficient d'une socialisation de qualité.

 

En revanche, les particuliers qui proposent des chiots à l'adoption n'ont pas forcément conscience de ces enjeux. Le risque est donc plus grand que l'animal adopté n'ait pas été suffisamment stimulé et souffre donc potentiellement du syndrome de privation sensorielle. Quant aux animaleries et aux élevages intensifs, ils ont souvent tendance à considérer les chiots comme des marchandises plutôt que comme des êtres vivants : la socialisation n'est donc pas vraiment leur première priorité...

 

Il est donc essentiel de bien choisir où adopter un chiot, afin de limiter le risque de mauvaises surprises. De fait, beaucoup d'adoptants ayant l'impression de faire une bonne affaire en acquérant un animal à bas prix (par exemple auprès d'un particulier inexpérimenté ou d'un élevage qui s'avère être de mauvaise qualité) finissent par s'en mordre les doigts par la suite en réalisant l'ampleur des dégâts. Même d'un point de vue financier, c'est un mauvais calcul, car il y a de grandes chances que les coûts induits (destructions, séances chez le comportementaliste, etc.) dépassent rapidement ce qui a été économisé au moment de l'adoption...

Conclusion

Le syndrome de privation est un trouble comportemental fréquent, causé par un défaut important de stimulations pendant les 3 premiers mois de la vie du chien. Il lui cause une vraie souffrance psychologique et peut mettre à mal la cohabitation dans le foyer. Malheureusement, il est très difficile à corriger s'il est pris en charge une fois l'animal déjà adulte.

 

Pour éviter de se retrouver dans pareille situation, il est primordial de procurer au chiot une socialisation de qualité, ou dans le cas d'une adoption, de faire le choix d'un éleveur sérieux ou d'une personne rompue à l'exercice, capable donc de proposer des petits parfaitement équilibrés sur le plan émotionnel.

 

Par Aurélia A. - Dernière modification : 12/28/2023.

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