Comportements... On a tout essayé !

Comportements...  On a tout essayé !

Les propriétaires de chien qui rencontrent des difficultés, ont rarement la capacité à mener seul l'étude et l'ajustement d'une cohabitation afin de soulager leur animal familier. Ils auront besoin de se tourner vers un comportementaliste professionnel.

COMPORTEMENTS DU CHIEN... ON A TOUT ESSAYÉ !

Una, notre cocker continue à agresser ses congénères. Achille, notre bull terrier continue à saccager tout quand on est absent. Néo notre Labrador n'est toujours pas propre... Pourtant nous avons tout fait pour qu'il soit " bien élevé " : des cours d'éducation, et même de l'agility pendant un an !

Voilà un discours pas si rare chez les propriétaires de chien, et surtout chez ceux qui ont choisi les pistes " dites " aidantes de l'éducation canine, axée sur le principe de la " dominance " à leur imposer, sur les activités de " défoulement " à leur faire exercer, sur la " canalisation de l'agressivité " à leur faire travailler...

Tant et tant de moyens mis en place, pour n'obtenir qu'une très imparfaite évolution, voire quelques fois des déplacements de problématiques (au lieu d'aboyer, le chien se lèche sans arrêt, jusqu'à se faire saigner...) ou pire encore, à accentuer les problématiques existantes (maintenant si on ose le disputer, il est prêt à mordre...)

Alors où est donc le problème quand malgré les tentatives de solution, les difficultés persistent, se déplacent ou s'aggravent ?

C'est d'évidence parce que la ou les problématiques ont mal été repérées et que donc les solutions mises en œuvre ne sont pas en relation avec elles !

La culture qui entoure le chien nous l'a toujours fait voir comme une espèce à dominer, à faire obéïr, à discipliner, et c'est donc en accord avec ce postulat (pourtant si excessif qu'il ne peut être simplement bon pour nous et bon pour notre chien) que les pratiques de résolution s'exercent : faire manger après nous, faire passer les portes après nous, interdire le canapé, interdire la chambre, renvoyer au panier en toute occasion, placer le panier dans l'endroit le plus isolé de l'habitation, confiner le chien dans une cage de transport, le punir et le brutaliser dès qu'il n'est pas parfaitement dans la conduite que l'on attend de lui, etc.

Toutes ces règles, étant bien entendu applicables telles quelles à toutes familles et à tous chiens, ne sont pas seulement celles de propriétaires de chiens démunis devant les comportements de leur animal mais sont aussi la ligne directrice unique et principale de nombreux professionnels du chien.

Est-ce que les solutions seraient en réalité les problèmes ?

Se maintenir dans une pensée à l'envergure si réduite, et produire encore et toujours les mêmes actions, les mêmes réactions, pour poursuivre encore et toujours le même objectif d'imposer sa " dominance " sur le chien, d'exercer un hyper-contrôle sur toutes ses conduites, ne mène pas à construire un lien sécurisant et mutuellement confiant... mais au contraire, à créer un milieu anxiogène pour l'animal, générateur de comportements (rappelons-nous en : les comportements sont les réponses adaptatives d'un individu au milieu) divers et variés dont ceux qui peuvent être dérangeants, inquiétants, voire dangereux.

Et tant que ne se profilera pas une pensée cherchant à prendre en compte les besoins minimum d'un animal dans la cohabitation, cherchant à le respecter en tant qu'individu appartenant à une autre espèce et invitant à considérer le monde qui l'entoure comme il peut le vivre LUI individuellement (donc l'impact de ce que nous lui proposons de vivre sur son équilibre émotionnel), cela ne sera toujours que tourner le dos à SA réalité canine de vivre près de l'Homme.

Quel paradoxe ! Nous aimons notre chien familier et pourtant nous appliquons tous conseils et recettes glanés ici et là, en particulier sur internet et ses forums (folles propositions parfois de personnes masquées derrière des pseudos, qui ne sont pas professionnelles mais qui osent prendre ce haut risque de conseiller sans avoir de compétences pour le faire). Et de nous enfermer dans la culture ambiante (et aliénante) du dominant-dominé et de toutes ses interprétations et pratiques insensées !

Cet amour que nous avons pour notre chien ne peut se fonder sur cette culture simpliste de la relation Homme/animal familier qui ne propose que des éléments généraux, des fausses interprétations, des sanctions et brutalisations ou un anthropomorphisme béat et ravageur.

Le problème c'est la relation, et la relation c'est la solution !

Alors changeons de culture pour changer de relation !

Arrêter de diriger, se retenir de sanctionner à tout va, faire l'impasse sur les règles (si rigides qu'on les voit mal applicables à la fluctuation des échanges) " de l'éducation du chien " peuvent nous sembler inquiétantes. Mais notre inquiétude ne trouve son origine que dans la perspective de ne plus correspondre à la culture du chien que nous avons faite nôtre, soit au travers de toutes les explications qui nous ont désinformés, soit au travers des (mauvais) conseils que nous avons reçus.

Les problématiques dans la cohabitation avec le chien sont multi-causales et complexes. Il s'agit donc dans la résolution à mettre en oeuvre, de ne pas se centrer sur la problématique et comment l'arrêter, mais d'élargir l'examen d'une situation à tous les éléments concernant les individus et leur milieu (tout ce qui s'y produit) et comment ajuster tout cela pour rendre ce milieu plus facilement adaptable aux individus. De quoi parfaitement les soulager des tensions qu'ils vivent, et de fait en réduire l'expression au travers de comportements divers, qui ne sont que tentatives d'adaptation à un milieu anxiogène.

Libérons-nous de cette prétendue nécessité d'obliger notre chien à se conformer à des règles, libérons- nous de croire qu'il peut intégrer ces régles et en faire un savoir-vivre individuel, libérons-nous de l'idée que nous devons le dominer... libérons-nous tout court de ces contraintes !

Soulageons-nous, et soulageons notre compagnon à quatre pattes des pressions que peuvent être celles d'une organisation relationnelle mal gérée ou construite sur des éléments erronés et celles d'une communication peu en rapport avec les capacités du chien, donc perturbantes pour lui (rappelons-nous tout de même que l'organisation des canidés est différente de la nôtre, et que ce qui peut être vrai entre congénères, n'est pas aussi naïvement applicable à la relation Homme/animal).

C'est en étant mieux et plus justement informé, c'est à dire en ayant porté un regard plus affiné (plus personnalisé) sur la réalité de NOTRE cohabitation avec NOTRE chien, que nous pourrons retrouver un peu d'autonomie à vivre avec lui, et ainsi lui permettre de trouver assez de confort et d'autonomie pour vivre avec nous.

Arrêtons d'arrêter le chien, arrêtons de contrer le chien, arrêtons d'obliger le chien... et arrêtons de nous rendre imperméable à la compréhension que nous pourrions avoir sur notre chien, et ses rapports avec nous. Au contraire, ouvrons-nous à une meilleure connaissance de notre chien, de ses besoins, de ses expressions, de sa sensibilité, de son émotionnalité pour mieux comprendre les comportements qui émergent chez lui.

Et avec cela nous pourrions mieux choisir nos conduites au quotidien avec notre canidé, en fonction de son individualité et des satisfactions qu'il peut vivre à nos côtés. L'aimer pour qui il est en ajustant la cohabitation et nos rapports avec lui pour qu'il trouve facilité à s'adapter et non en adhérant à une culture simpliste qui cherche à ajuster le chien pour qu'il réponde à nos trop fortes exigences, et ainsi le barrer de ses capacités parfaitement naturelles d'adaptation.

Les propriétaires de chien qui rencontrent des difficultés, ont rarement la capacité à mener seul l'étude et l'ajustement d'une cohabitation afin de soulager leur animal familier. Ils auront besoin de se tourner vers un comportementaliste professionnel capable d'aborder leur situation de cette manière (donc autrement qu'au travers de séances ou leçons de dressage, ou d'éducation canine car ce n'est pas son activité, et parce que ce serait bien en désaccord avec la nécessité d'apaiser le chien !).

Source : Michel Quertainmont - Comportementaliste


Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
Mise en ligne : 23 Février 2009
Dernière modification : 06/13/2016.

Commentaires sur cet article

Mon chien fait pipi partout dans la maison j'ai besoin d'une solution d'urgence

   
Par Fagundes

Arrêtons d'arrêter... il s'agit là à mon avis d'une vision tout de même simpliste. Les propriétaires de chien ont tout de même quelques droits aussi...

0    0
Par Marie-Christine

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