Le chien qui attaque les brebis

Le chien qui attaque les brebis

Les chiens, généralement considérés comme les gardiens et les conducteurs du troupeau, peuvent parfois se transformer en chasseurs et s'attaquer aux bêtes qu'il devraient pourtant garder.

Quelles sont les différences entre les attaques de loups et les attaques de chiens ? Comment un chien devient-il un tueur de brebis ? Quelles sont les solutions pour rééduquer son chien ?

À l’origine du problème, l'instinct

Le motif de la faim reste assez rare - si ce n'est exceptionnel - dans les raisons qui déclenchent l'attaque de troupeaux par le chien. 


Pour bien comprendre ce comportement, il faut savoir que chez les canidés sauvages, les petits apprennent à capturer et mettre à mort dès le plus jeune âge. C'est la mère ou même un autre adulte de la meute qui apporte aux jeunes une proie blessée de petite taille afin que ceux-ci puissent s'exercer. Ainsi, ils découvrent rapidement les zones où l'animal peut-être étranglé (selon le principe du renforcement positif). Ce comportement est profondément ancré et encore présent, même chez les chiens domestiques.

Le loup, un bouc émissaire idéal

En l'observant à l'état sauvage, on peut constater que la technique de chasse du loup sain est bien rodée. Il étudie le troupeau et ses gardiens - chiens et humains - pendant des heures. Il choisit une seule cible, souvent blessée ou malade. L’agression est foudroyante, dirigée au niveau du cou, avant de la tirer à couvert le plus loin possible du troupeau. Cette technique reste identique même dans une meute de 5 ou 6 individus.

Aussi, les informations faisant état de loups tueurs de troupeaux et de dizaines de brebis massacrées par celui-ci sont fausses. Le loup fait un coupable idéal car celui-ci est protégé depuis des années par la convention de Berne. Il est plus facile pour les éleveurs de le désigner responsable et ainsi se faire rembourser les dégâts entraînés par l'attaque. Les attaques et les dégâts causés par des chiens tueurs, resteront, pour leur part, aux frais de l'éleveur tant que le maître de la bête restera inconnu.

Qui sont les chiens tueurs de brebis ?

D'après la SPA, il y aurait environ 100.000 chiens abandonnés chaque année en France, et ceux-ci feraient environ 250.000 victimes dans les troupeaux. Le pays compte en tout 8 millions de chiens, plus de la moitié d’entre eux vivant à la campagne.

Parmi les chiens qui attaquent les brebis, on retrouve deux profils différents.

-Dans le premier cas, il s'agit souvent d'un chien de ferme sous-alimenté qui part pour combler ses besoins.

-Le second cas est celui de chiens qui fuguent à la campagne et qui, sous l'effet de la meute, basculent dans une forme de folie. Cet état les pousse alors à attaquer et cause, chez des dizaines de bêtes au sein des troupeaux, mort, blessures, avortement.

Rééduquer son chien

Il est évident que plus le chien aura mené d'attaques, plus il sera difficile à corriger.
D’autre part, bien que ce comportement soit ancré chez tous les canidés, il faut savoir que certaines races sont plus prédisposées à répondre à cet instinct.

Quoi qu'il en soit, le maître ne doit pas être impliqué dans la rééducation, sinon cela ne bloquera le chien que lorsqu’il est présent.

La rééducation du chien est une étape importante dont le maître ne saurait se passer. Il en va de la vie du chien, qui pourrait devenir la cible d'une chasse organisée par les éleveurs victimes de ses agressions. Mais pas seulement, car les assureurs peuvent refuser de rembourser les dégâts entraînés par un récidiviste. Le maître doit donc passer par cette étape et dans certains cas utiliser des méthodes désagréables, voire douloureuses.

L’aversion gustative

Cette technique consiste à injecter un puissant vomitif au chien, juste avant de le lâcher sur des brebis bien en laine (une protection contre les morsures). Le chien doit être malade au moment même où il attaque de manière à associer son action avec un fort désagrément. Cette technique a été utilisée de manière positive sur des coyotes tueurs de brebis. Il faut veiller toutefois à ce que l'injection soit effectuée par un vétérinaire professionnel.

Dévier l’attention

S’il se contente d’aboyer ou de poursuivre sans mordre, il faut dévier l’attention au bon moment.
C’est une loi d’apprentissage : tout comportement qui ne peut aller jusqu’au bout (phase consommatoire) va disparaître au bout d’un certain temps. La distraction sera à définir en fonction de l'animal : balle de jeu, friandise, coup de sifflet, pistolet à amorces d’enfant, etc.

Stimulus aversif

Le stimulus aversif est quelque chose de très désagréable qui survient au moment du mauvais comportement.

En l'occurrence, parmi les options envisageables figurent :

· Le collier à air

Le chien porte un collier avec un diffuseur puissant d’air, que le maître peut déclencher à distance grâce à un boîtier électronique. Par sécurité, mettre une muselière ou enfermer les brebis dans un enclos.

· L’élastique

Cette technique est a réserver aux gros durs récidivistes. Il s’agit d’un élastique d’un mètre environ, adapté à la taille du chien, qui est relié au collier. S’il se lance sur les moutons, on le laisse partir en tenant le bout de l’élastique. Mais dés que celui-ci arrive en fin de course, on lâche tout afin qu’il vienne percuter le chien derrière la tête. S’il vient alors se réfugier près de son maître, celui-ci doit l’ignorer.

· L'arroseur arrosé

On peut également utiliser un bélier particulièrement belliqueux que l’on place dans un enclos, avec, dans un autre enclos, derrière lui, un groupe de brebis. Le chien sera lâché dans le premier enclos pour recevoir les charges du bélier.

Comment corriger le chien qui s’attaque aux brebis ?

La prévention est la réponse la plus appropriée. Le code rural français stipule que « est considéré comme en état de divagation tout chien qui, en dehors d’une action de chasse ou de la garde d’un troupeau, n’est plus sous la surveillance effective de son maître […] Tout chien abandonné, livré à son seul instinct est en état de divagation. » 


Ainsi, une technique simple consiste à mettre le chiot en contact avec les brebis durant la période de connaissance des espèces amies (jusqu’à l’âge de 3 mois). Les éleveurs font cela depuis des centaines d’années.

Dernière modification : 01/07/2016.

Auteur

Fondateur de l'Ecole du chiot et de la méthode naturelle.

Éthologue de terrain (loups sauvages).

Formateur pour les comportementalistes, éducateurs, éleveurs, etc.

Voir sa présentationVoir son site