Emmener son chien au travail

Emmener son chien au travail

Emmener son compagnon à quatre pattes sur son lieu de travail : voilà une idée qui ferait rêver bien des maîtres… mais aussi certains de leurs collègues, voire de leurs employeurs ! Si les Etats-Unis sont précurseurs de la pratique, leur exemple inspire d’autres pays qui commencent à s’intéresser à cette question.


Quels sont les avantages et inconvénients d’emmener son chien à son travail ? Qui est légalement responsable en cas de souci ou de conflit ? Comment s’y prendre pour que tout se passe au mieux ?

L’apparition des chiens sur le lieu de travail

L’apparition des chiens sur le lieu de travail

Le chien est domestiqué depuis plusieurs millénaires pour vivre et travailler aux côtés des Hommes, les aidant à chasser, à protéger les troupeaux, à garder les maisons, à rechercher des victimes d’accidents, etc. Pourtant, de nos jours, la majorité des animaux domestiques restent à la maison pendant que leurs propriétaires travaillent.

 

Face à ce constat, aux Etats-Unis, l’association Pet Sitters International (PSI) a lancé en 1999 la journée « Take your dog to work », ou « TYDTW Day ». Célébrée chaque année le vendredi suivant la fête des pères, c’est-à-dire autour du 25 juin, elle permet à tous de découvrir les bénéfices que procure la présence d’animaux sur les lieux de travail et de promouvoir les adoptions. 300 entreprises ont participé dès la première édition, et la popularité de l’événement ne cesse de croître depuis, dans le pays qu’à l’étranger.

 

De fait, plus de 20 ans plus tard, de plus en plus d’entreprises nord-américaines acceptent qu’un salarié se rende sur son lieu de travail accompagné de son chien, non pas seulement lors de cette journée particulière, mais tous les jours. Certaines grandes font d’ailleurs de cette particularité un argument à part entière pour attirer et garder les meilleures recrues.

 

© Trophees-pet-friendly.com
© Trophees-pet-friendly.com

En France, des trophées « Pet friendly à la française » ont même été imaginés pour récompenser notamment des entreprises qui accueillent les animaux de compagnie de leurs collaborateurs et aménagent l'espace de travail en conséquence. L’objectif est de braquer les projecteurs sur ces établissements qui démontrent les nombreuses possibilités d'insertion des animaux dans notre quotidien.

 

On constate en tout cas que les entreprises du secteur animalier (qu’il s’agisse d’alimentation, d’accessoires ou d’assurances, notamment) sont sur-représentées parmi les entreprises pionnières. La présence des chiens des employés chez Animalis, Mars, Purina PetCare et autres Royal Canin peut permettre d’ailleurs de les « utiliser » comme cobayes pour tester de nouvelles gammes de produits ludiques ou alimentaires ! La démarche n’est donc parfois pas totalement dénuée de calculs !

 

Même si cela reste encore peu fréquent dans les pays francophones, de plus en plus de sociétés acceptent la présence de chiens dans leurs locaux. Il faut dire que l’ensemble des parties prenantes peuvent y trouver des avantages.

Les avantages d’emmener son chien au travail

Les avantages d’emmener son chien au travail

Diverses études ont montré qu’un chien apporte beaucoup de positif à son entourage, en particulier aux personnes seules ou déprimées. La cynothérapie se développe d’ailleurs de plus en plus, notamment dans les maisons de retraite ou les hôpitaux, car la présence de chiens auprès des malades et des personnes âgées a beaucoup de bienfaits sur leur santé.

 

Mais elle peut aussi s’avérer très bénéfique dans l’univers professionnel, comme l’ont montré également plusieurs études. C’est le cas notamment de celle intitulée « Preliminary investigation of employee's dog presence on stress and organizational perceptions » menée par des chercheurs de l’Université du Commonwealth de Virginie (Etats-Unis) et publiée en 2012 dans le Journal of Workplace Health Management.

Les avantages pour le propriétaire du chien

Les avantages pour le propriétaire du chien

Le fait de pouvoir emmener son chien au travail présente de nombreux avantages pour le maître.

 

Tout d’abord, cela peut avoir un impact positif sur ses dépenses et ses finances en général. C’est le cas notamment si, en temps normal, il est contraint de faire régulièrement appel à une garderie pour chiens, un dog-sitter ou encore un dog walker pour s’occuper de son animal lorsque ses journées de travail sont longues et qu’il n’a pas d’autre solution possible, comme par exemple des voisins ou des proches qui pourraient prendre le relais de temps en temps.

 

Par ailleurs, le fait d’avoir son chien avec soi pendant la journée peut permettre de le promener davantage – et donc par la même occasion de faire soi-même plus d’exercice, ce qui est normalement bon pour la santé. Ces petites virées pour faire prendre l’air à son chien (ou tout simplement lui permettre de faire ses besoins) sont aussi l’occasion de s’aérer l’esprit et de revenir à son poste de travail plus concentré et efficace.

 

En outre, l’étude évoquée plus haut montre que les personnes qui amènent leur animal au travail ont globalement un niveau de stress inférieur aux employés qui n’ont pas de chien ou qui le laissent à leur domicile. Ceci est a priori dû au fait que la présence de leur compagnon à leurs côtés leur permet d’être moins impactés par les situations stressantes de la journée, et donc d’être plus détendus que leurs collègues. Au contraire, en son absence, leur niveau de stress est comparable à celui de leurs collègues qui n’ont pas d’animaux. D’autant qu’ils peuvent aussi s’inquiéter du risque d’accidents domestiques du chien et de toutes les autres choses qui peuvent lui arriver, s’il est laissé seul à la maison toute la journée.

 

Tous ces aspects ont un impact positif sur le travail de l’employé et sur son état physique et mental en général : il est plus apaisé, plus motivé et plus performant.

Les avantages pour les collègues du propriétaire

Les avantages pour les collègues du propriétaire

La présence du chien n’améliore pas uniquement le cadre de travail de son propriétaire : elle a un impact positif également sur ses collègues et sur le collectif.

 

En effet, devenant rapidement l’objet de discussions, il crée du liant entre les différentes personnes, parfois même des collègues qui jusqu’alors entretenaient des relations tendues. En outre, le voir dormir tranquillement dans un coin, jouer aux côtés de son maître également moins stressé, voire jouer directement avec lui, rend l’ambiance de travail plus détendue et chaleureuse. Sa présence est donc favorable au mental des membres de l’équipe et permet une meilleure cohésion.

Les avantages pour l’entreprise

Les avantages pour l’entreprise

Si le fait de pouvoir emmener son chien au travail est intéressant pour les employés à court comme à long terme, l’entreprise y trouve elle aussi son compte.

 

Tout d’abord, de telles pratiques ont l’avantage de la rendre plus attractive. C’est particulièrement le cas auprès des jeunes générations : quand bien même ils ne possèdent pas nécessairement de chiens eux-mêmes, ils sont une majorité à apprécier ce type d’initiatives. La présence de boules de poils dans les bureaux est considérée en effet comme plus innovante encore que les espaces de détente (babyfoots, billards…) présents dans de nombreuses startups et entreprises de la tech. Certains géants comme Google, Amazon ou Etsy font partie de ces entreprises qui ont choisi d’accueillir des animaux dans leurs bureaux et mettent en avant des photos de leurs employés accompagnés de leurs chiens sur outils de communication et de recrutement (réseaux sociaux, sites internet, etc.). La brasserie BrewDog pousse même jusqu’à offrir une semaine de congés payés aux employés venant d’acquérir un chien - une sorte de congé « patte-rnité » !

 

De fait, différentes études ont permis de constater que dans l’ensemble, les salariés sont globalement plus détendus et plus motivés dans les entreprises qui autorisent la présence d’animaux dans leurs locaux. Ils acceptent aussi mieux les heures supplémentaires, et leur taux d’absentéisme est moindre. Ils sont davantage soudés : la présence d’un chien joue un rôle de ciment favorisant la cohésion des équipes.

 

Les travaux menés sur le sujet mettent également en évidence un taux de turn-over réduit au sein du personnel de telles entreprises. En effet, le propriétaire du chien et ses collègues savent à quel point c’est aujourd’hui encore un véritable privilège que de pouvoir profiter de la présence d’un animal toute la journée. Ils apprécient donc pleinement cet avantage, auquel il devient ensuite difficile de renoncer.

 

Cela dit, il faut s’abstenir de toute simplification : tout ne repose pas uniquement sur le simple fait d’autoriser ou non à emmener son chien sur son lieu de travail. Le fait de constater telle ou telle donnée positive ne veut pas dire que c’est forcément la présence de chiens qui en est à l’origine. En effet, de manière générale, les entreprises « dog friendly » sont généralement déjà celles qui proposent les meilleures conditions de travail, de sorte que les employés y sont globalement plus heureux et donc plus performants qu’ailleurs, même lorsqu’ils n’ont pas d’animaux de compagnie et ne bénéficient donc pas directement de cette disposition. Mais lorsque c’est le cas, la présence des chiens contribue assurément à leur bonheur et leur bien-être au travail.

Les avantages pour le chien

Les avantages pour le chien

S’il existe des races de chiens réputées indépendantes comme l’Akita Inu, le Basenji ou le Chien Loup de Saarloos, qui supportent généralement bien l’absence de leur maître pendant la journée, le meilleur ami de l’Homme reste tout de même avant tout un animal social. En conséquence, la majorité des chiens n’apprécient pas de rester seuls toute la journée, enfermés dans un appartement ou une maison, en particulier s’ils ne partagent pas leur toit avec un autre animal qui leur sert de compagnon de jeux.

 

Certains individus développent même des troubles du comportement (aboiements intempestifs, destructions, malpropreté…) parce qu’ils s’ennuient durant ces longues heures de solitude ou parce qu’ils se sentent abandonnés par leur propriétaire. C’est un phénomène que l’on constate beaucoup par exemple chez le Chihuahua, le Chien de Saint Hubert ou encore le Papillon, car ce sont globalement des races de chiens affectueuses et très attachées à leur maître.

 

Le fait de pouvoir emmener son animal sur son lieu de travail est une manière efficace de régler ce problème, en tout cas à court terme. De fait, les individus qui ont la chance d’accompagner leur maître seraient dans l’ensemble plus épanouis du simple fait de passer du temps avec lui et d’autres personnes, voire avec d’autres congénères. D’ailleurs, un chien est d’autant plus équilibré et serein qu’il est à l’aise avec les humains : l’emmener au travail lui offre de nombreuses occasions de rencontrer de nouvelles personnes et donc de renforcer sa sociabilité, a fortiori s’il est encore jeune et donc plus malléable.

Les inconvénients et les risques d’emmener son chien au travail

Si emmener son chien au travail présente des avantages pour tout le monde, il existe également certains inconvénients et risques pour l’ensemble des parties prenantes. Il est importance de bien en avoir conscience avant de se décider à franchir le pas.

Les inconvénients et les risques pour le propriétaire du chien

Les inconvénients et les risques pour le propriétaire du chien

Emmener son chien au bureau n’est pas forcément de tout repos pour le maître, voire peut nuire considérablement à son travail.

 

En premier lieu, et particulièrement au début, il y a fort à parier que son animal soit au centre de l’attention, et que lui-même subisse de ce fait un feu roulant de questions ou de demandes de personnes demandant l’autorisation d’interagir avec son protégé. C’est évidemment encore plus vrai si de nombreuses personnes d’autres services voire extérieures à l’entreprise ont l’occasion de passer dans le bureau où il est installé.

 

En outre, quand ce ne sont pas ses collègues qui le dérangent, ce peut être son animal qui le fait, parfois de manière très pressante. Les demandes peuvent être multiples : de l’attention, des caresses, de la nourriture, une sortie, etc.

 

Enfin, quand bien même son compagnon n’est pas en train de le solliciter, il doit garder en permanence un œil sur lui, afin de s’assurer qu’il ne fait pas de bêtise ou ne se met pas en danger. Ce n’est pas forcément le meilleur moyen d’être concentré et efficace dans ce qu’on a à faire…

Les inconvénients et les risques pour les collègues

Le dérangement causé par le chien

Le dérangement causé par le chien

Aussi sympathique soit-il, un chien peut être une source de gêne pour les employés qu’il côtoie.

 

Par exemple, une personne plongée dans une tâche nécessitant une certaine concentration ou précision n’a pas forcément envie d’être dérangée par un chien venant observer ce qu’elle fait, voire lui proposant maladroitement son aide.

 

L’animal peut aussi être une source de distraction auditive ou olfactive, par exemple en aboyant, pleurant, ronflant ou encore laissant échapper des gaz malodorants, ce qui peut évidemment importuner son entourage.

 

Même lorsqu’il se tient à carreau, les employés qu’il côtoie n’ont pas non plus l’esprit complètement tranquille, puisqu’ils doivent garder un œil sur lui en permanence, en particulier lorsque son maître s’absente ponctuellement.

Le risque de dégâts

Le risque de dégâts

En arrivant dans un lieu de travail, un chien y découvre en général nombre d’objets nouveaux pour lui. Il y a de fortes chances que sa curiosité naturelle le conduise à vouloir en manipuler certains, par exemple en les mâchant. Il y a donc un risque réel qu’il s’en prenne par exemple aux câbles ou encore aux dossiers. C’est encore plus vrai s’il est jeune, car un chiot a tendance à être très curieux, à beaucoup mordiller et à être particulièrement survolté.

 

En outre, le chien peut aussi volontairement ou involontairement renverser ou faire tomber certains objets (par exemple du matériel informatique), et donc occasionner de la casse.

 

Il peut aussi être indirectement à l’origine de dégâts, par ses interactions avec les humains autour de lui. Un café renversé sous le coup de la surprise par un employé peut par exemple suffire à tuer un ordinateur portable…

Le risque sanitaire

Le risque sanitaire

Dès lors qu’un animal est autorisé dans une structure qui n’est à l’origine pas prévue pour lui, des questions d’hygiène se posent inexorablement.

 

C’est le cas bien sûr si le stress ou l’excitation liés à la découverte de cet environnement nouveau entraînent des petits accidents, alors même qu’il est parfaitement propre en temps normal.

 

Par ailleurs, s’il bave beaucoup, il y a de grandes chances qu’il laisse des traces un peu partout.

 

En outre, s’il appartient à une race de chien qui perd beaucoup de poils, sa présence peut ne pas être du goût de tout le monde – et notamment de celui des équipes de ménage, a fortiori s’il vient pendant ses périodes de mue saisonnière.

 

Enfin, les parasites (puces, tiques, poux, vers internes…) ainsi que les maladies parfois graves qu’il peut transmettre à l’Homme (comme la leptospirose, la salmonellose ou encore la rage) constituent un risque sanitaire qui ne doit pas être ignoré.

Le risque de blessure

Le risque de blessure

Savoir se comporter en présence d’un chien n’est pas forcément inné, et les incompréhensions possibles sont nombreuses. Même un animal d’ordinaire pas agressif pour un sou peut réagir vivement s’il se sent acculé et/ou menacé dans son intégrité physique par un collègue qui pourtant ne lui veut que du bien.

 

Le risque de griffures ou de morsures est donc réel, avec parfois de lourdes conséquences à la clef.

Le cas des personnes allergiques

Le cas des personnes allergiques

Il est indispensable de s’assurer qu’aucun des collègues proches (c’est-à-dire ceux qui seraient amenés à côtoyer l’animal au quotidien) ne souffre d’allergie aux chiens. En effet, si c’était le cas, il pourrait présenter des symptômes plus ou moins invalidants, tels que des éruptions cutanées, une inflammation des yeux ou des sinus, de la toux, un écoulement nasal, et même de violentes crises d’asthme. Non seulement il ne verrait pas forcément d’un bon œil la présence du chien et l’initiative de son collègue, mais en plus il lui serait difficile d’espérer pouvoir réussir travailler correctement dans ces conditions…

 

Il faut savoir d’ailleurs que même avec des races de chiens dites hypoallergéniques, comme le Caniche, le Schnauzer ou le Chien Nu du Pérou, qui présentent la particularité de perdre peu leurs poils ou de produire peu de particules allergisantes, le risque n’est « que » fortement réduit : il n’est pas nul. En effet, aucun chien n’est à 100% hypoallergénique : comme pour une adoption, il n’y a pas d’autre solution que de faire un test en conditions réelles pendant quelques heures, afin de s’assurer que l’animal et la personne ne sont pas incompatibles.

Le cas des personnes ayant une phobie des chiens

Le cas des personnes ayant une phobie des chiens

En plus d’éventuelles personnes allergiques, il est également important de vérifier qu’aucun collègue ne souffre de cynophobie (phobie des chiens). En effet, cette crainte incontrôlée, irrationnelle et démesurée de la gent canine peut entraîner des symptômes très invalidants pour la personne concernée : crise de panique, envie irrésistible de s’enfuir ou incapacité à bouger, augmentation du rythme cardiaque, difficulté à respirer, bouffées de chaleur ou de froid, tremblements…

 

Il est inenvisageable de faire subir la présence d’un chien à une telle personne ; une telle présence ne pourrait être envisagée que les jours où cette dernière est absente.

Les inconvénients et les risques pour le chien lui-même

Les inconvénients et les risques pour le chien lui-même

Quand bien même le maître et ses collègues apprécient grandement la présence du chien, rien ne garantit qu’il en aille de même du principal intéressé.

 

En effet, la situation a tôt fait d’être particulièrement anxiogène pour lui : il se retrouve subitement dans un endroit où il n’a jamais mis les pattes, entouré de personnes qu’il ne connaît pas (et dont certaines s’intéressent fortement à lui), avec en prime parfois des bruits ou des odeurs qui lui sont totalement inconnus. Même un animal ayant bénéficié d’une bonne socialisation dès son plus jeune âge et habitué à tous types de situations et d’environnements nouveaux peut alors éprouver un fort mal-être, du moins au début. Dans certains cas, le stress qu’il ressent alors se manifeste de manière particulièrement pénible pour tout le monde : tentatives de s’échapper, aboiements intempestifs, agressivité…

 

En outre, au-delà du risque psychologique, emmener son chien au travail implique aussi un risque d’atteinte à son intégrité physique : il peut facilement se blesser dans cet endroit présentant potentiellement de nombreux dangers qu’il n’est pas forcément habitué à éviter.

Dans quels cas est-il inadapté voire interdit d’emmener son chien au travail ?

Dans quels cas est-il inadapté voire interdit d’emmener son chien au travail ?

Si la perspective d’emmener son chien au travail peut sembler alléchante, elle en reste souvent au stade d’idée. En effet, au-delà des inconvénients voire des dangers que cela implique et qui font qu’il est souvent nécessaire de se faire une raison, il ne faut pas croire qu’il s’agit d’un droit inconditionnel du salarié. De fait, dans de nombreux cadres professionnels, la présence d’un chien au travail n’est pas souhaitable, voire est formellement interdite.

Les interdictions formelles

Les interdictions formelles

Dans de nombreux territoires dont la France, la Belgique, la Suisse et le Québec, la loi interdit aux travailleurs de certains secteurs d’emmener leur chien au travail.

 

En France, par exemple, l’Article 30 de l’Arrêté du 29 septembre 1997 fixant les conditions d'hygiène applicables dans les établissements de restauration collective à caractère social stipule expressément que les animaux domestiques sont interdits dans les salles de restauration collectives (par exemple les cantines scolaires ou d’entreprise). Il en va de même par exemple dans les administrations publiques et dans les établissements de santé, à l’exception des chiens guides d’aveugles, chiens d’assistance pour personne handicapée et chiens de thérapie (chiens visiteurs).

 

Au-delà de textes de loi visant l’ensemble des animaux domestiques ou l’ensemble des chiens, il peut exister aussi des réglementations nationales ou locales interdirait certains types de chiens dans ce type d’endroits, en particulier ceux considérés comme dangereux. Par exemple, en France et en Belgique, la loi interdit la présence d’un chien de première catégorie dans un lieu accueillant du public, qu’il soit amené d’ailleurs par un employé ou par un visiteur. Au Québec, de telles races ne sont autorisées qu’à condition de porter une muselière panier : ce ne serait pas vraiment faire un cadeau à son chien que de lui imposer tous les jours une telle contrainte pendant toute la journée. En Suisse, il n’existe aucune législation fédérale concernant les chiens dits dangereux : chaque canton ayant ses propres règles, il faut s’enquérir de la réglementation applicable avant de prendre quelque initiative. Par exemple, dans le canton de Genève, il est interdit de faire l'acquisition de certains chiens comme l’American Staff, le Boerbull, le Cane Corso ou encore le Rottweiler. Les personnes qui en possèdent doivent obligatoirement leur faire porter une muselière sur l'ensemble de l'espace public. A l’inverse, dans le canton de Berne, il n’existe pas à ce jour de quelconque restriction concernant les chiens considérés comme dangereux.

 

Par ailleurs, quand bien même l’entreprise ne relève pas d’un secteur dans lequel la loi interdit la présence de certains chiens voire de tous, il est possible que la convention collective de la branche prévoie une telle interdiction.

 

Enfin, si ni la loi ni la convention collective ne le font, l’employeur reste libre d’interdire la présence d’animaux dans les locaux, via le règlement intérieur de l’entreprise. Il peut le faire par exemple s’il estime que cela pourrait nuire à l’efficacité des travailleurs, ou bien pour des raisons de sécurité ou d'hygiène. En cas de contrevenance, l’employé s’expose à des sanctions allant jusqu’au licenciement.

 

Enfin, quand bien même l’employeur souhaite autoriser la présence d’animaux dans l’entreprise, il doit s’assurer que le contrat de location des locaux (s’il n’en est pas propriétaire) ou l’assurance de ces derniers ne s’y opposent pas.

Les lieux et métiers inadaptés

Les lieux et métiers inadaptés

Tous les lieux de travail ne sont pas adaptés pour accueillir un animal de compagnie. Ainsi, ceux qui mettent le salarié en présence de machines dangereuses, produits nocifs, objets contondants, plantes ou aliments potentiellement toxiques…, ne sont assurément pas faits pour permettre l’accueil d’un chien en toute sécurité. Il ne faut pas oublier en effet que blessures diverses, brûlures, électrocutions, chutes, noyades et intoxications du chien ne sont pas l’apanage du domicile, mais peuvent survenir également n’importe où – y compris sur le lieu de travail le cas échéant. Par conséquent, avant d’envisager d’emmener son chien au travail, il faut bien s’assurer que les locaux sont sans danger pour lui, afin de limiter le risque qu’un accident ne survienne dès que son maître a le dos tourné.

 

Par ailleurs, la concentration qu’exigent certains métiers n’est évidemment pas compatible avec la présence d’un chien à proximité. On n’imagine pas un contrôleur du ciel ayant à ses côtés son fidèle compagnon prêt à le distraire à tout instant…

Les limitations qui relèvent du civisme et du bon sens

Les limitations qui relèvent du civisme et du bon sens

Quand bien même on a la possibilité d’emmener son chien avec soi au travail, il n’est pas forcément judicieux de l’exploiter, notamment par respect envers ses collègues.

 

En particulier, il serait malvenu de le faire si un ou plusieurs d’entre eux sont allergiques, cynophobes, ou tout simplement n’apprécient pas la compagnie de ces animaux.

 

Il n’est pas non plus envisageable d’emmener son chien au travail s’il est agressif ou bruyant, s’il ne maîtrise pas la propreté et a des chances de faire ses besoins aux quatre coins du bureau, ou encore s’il est très agité et saute sur les gens. Seul un chien obéissant, sociable et calme peut être emmené au travail, au risque de déranger voire effrayer les collègues. De fait, un minimum de savoir-vivre et de respect de ces derniers est requis.

 

Par ailleurs, si le travail effectué n’autorise pas quelques pauses de temps en temps pour promener son chien ou le distraire, il y a de grandes chances qu’il s’ennuie ferme pendant toute la journée. Or l’intérêt et le bien-être du chien doivent passer avant celui de son maître : si la situation ne se prête pas à l’emmener au travail, mieux vaut le laisser à la maison ou trouver une solution alternative. Si aucun proche ou voisin n’est en mesure de s’en occuper, il existe de nombreuses solutions pour faire garder son chien par un pet-sitter pendant la journée.

 

Bien évidemment, cela vaut également si on a en temps normal l’habitude de l’emmener avec soi au travail, mais qu’il est malade - a fortiori s’il est porteur d’une zoonose canine, c’est-à-dire une maladie du chien transmissible à l’Homme.

Qui est responsable en cas d’accident avec un chien au travail ?

Qui est responsable en cas d’accident avec un chien au travail ?

Que ce soit en France, en Belgique, en Suisse, au Canada ou dans de nombreux autres pays, les lois imposent que l’employeur s’assure de la sécurité et de l’hygiène sur le lieu de travail. En cas de manquement à ses obligations, il s’expose à des poursuites judiciaires.

 

Par exemple, si un salarié souffre d’allergie aux chiens et qu’un de ses collègues amène son compagnon sur le lieu de travail, il peut se retourner contre son employeur, qui risque d’être tenu responsable de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour le protéger et faire en sorte qu’il ne soit pas en contact avec l’animal. En effet, une des obligations fondamentales qui s’imposent à tout employeur est celle d’assurer la sécurité de ses collaborateurs. Il peut donc être tenu responsable des conséquences d’avoir autorisé la présence d’un animal sur le lieu de travail.

 

Pour autant, le propriétaire n’est pas non plus à l’abri de poursuites, même s’il s’est strictement conformé aux consignes qu’il a reçues et à la réglementation.

 

En premier lieu, il continue, comme en n’importe quelle circonstance, à être responsable de tous les dégâts que son compagnon peut occasionner, tant aux biens qu’aux personnes. Ainsi, en cas de détérioration de matériel, il peut être tenu pour responsable et condamné à dédommager la victime. Mais surtout, si son chien blesse un collègue, sa responsabilité est autant engagée que si cela se produisait par exemple au cours d’une promenade dans la rue. La différence est que dans le cas d’une promenade avec son chien, le maître le tient généralement en laisse, son attention est davantage concentrée sur son comportement, et il est nettement plus en mesure d’intervenir quasi-immédiatement si une situation devient problématique.

 

En cas de problème, il s’expose aussi au risque de sanctions de la part de son employeur, pouvant aller jusqu’à un licenciement. C’est ce qui est arrivé par exemple en France en 2007 à un employé licencié pour faute grave car son chien avait attaqué une collègue sur le parking de l’entreprise (Cass. soc. 04/10/2011, n° 10-18.862).

 

Il est donc important de bien lire ou relire les clauses de son assurance responsabilité civile avant d’emmener son chien au travail. En effet, même si la plupart des races sont couvertes par la garantie incluse dans les contrats multirisques habitation, ces formules comprennent rarement les dommages ayant lieu sur le lieu de travail. Il est alors fortement recommandé de changer de contrat d’assurance ou de souscrire une assurance complémentaire, au cas où.

Se préparer pour emmener son chien au travail

Emmener son chien à son travail n’est pas une décision qu’on prend la veille au soir au détour d’une boutade lors d’un pot avec des collègues. Non seulement il faut s’assurer que cela est effectivement possible, mais un minimum de préparation s’impose…

Obtenir l’accord de l’employeur et des collègues

Obtenir l’accord de l’employeur et des collègues

Avant d’envisager d’emmener son chien au bureau, il est indispensable d’en parler à son employeur afin de s’assurer qu’aucune disposition légale ou réglementaire ne l’interdit. Le cas échéant, il convient de lui demander formellement son accord, l’idéal étant de le faire par écrit (papier ou électronique), afin de se prémunir de toute contestation ultérieure.

 

Il est également fortement recommandé de s’assurer que les collègues ne présentent aucune allergie ou cynophobie, et qu’ils acceptent bien la venue du chien. Si certains sont peu à l’aise avec les animaux, il est possible de déterminer des zones où le chien sera interdit (salles de réunion, salles de sport, toilettes…). Une journée ou demi-journée d’essai peut également être un bon moyen de tâcher de convaincre les plus réticents.

Préparer le lieu de travail avant l’arrivée du chien

Préparer le lieu de travail avant l’arrivée du chien

La santé et le bien-être du chien étant une priorité, il est indispensable de sécuriser l’environnement de travail pour limiter tout risque d’accident. Ainsi, le cas échéant, il faut veiller à :

  • cacher ou protéger les câbles et les prises électriques, par exemple avec des gaines et des cache-prises ;
  • enlever les éventuelles plantes toxiques pour le chien, ou au moins les placer en hauteur, dans un endroit inaccessible pour lui ;
  • veiller à ne pas laisser de nourriture traîner sur les bureaux, les armoires ou tout autre endroit auquel il a accès, pour qu’il ne soit pas tenté de se jeter dessus;
  • vérifier que le couvercle des poubelles ferme correctement, pour éviter des problèmes d’intoxication alimentaire du chien ainsi que des problèmes d’hygiène, s’il lui prend par exemple l’envie d’aller fouiller dedans ;
  • mettre hors de sa portée les éventuels produits nocifs (marqueur, blanc correcteur, produits d’entretien, etc.) et objets pouvant le blesser ou lui tomber dessus (ciseaux, coupe-papier, dossiers volumineux, etc.) ;
  • installer des barrières de sécurité s’il existe un risque de chute, de noyade, de brûlure ou d’électrocution qui ne peut pas être limité d’une autre manière.

 

Enfin, l’animal doit avoir une place dédiée – et restreinte - aux pieds de son maître pour qu’il puisse dormir tranquillement, à l’abri de l’agitation et des regards. En effet, même un animal très calme et sociable peut avoir une réaction agressive si on le dérange en plein sommeil.

Préparer le chien pour ses premiers jours

Préparer le chien pour ses premiers jours

Une fois que le bureau est correctement aménagé, il faut préparer son chien et prévoir tous les accessoires à emporter.

 

Tout d’abord, il faut s’assurer qu’il est bien traité contre les vers et les parasites, qu’il est bien à jour de ses vaccins et qu’il pas malade. De plus, il est important que son pelage soit bien propre, voire qu’il ait été toiletté peu de temps avant de faire ses premiers pas au bureau. Il en va des animaux comme des humains : il est difficile de revenir sur une première impression.

 

Il faut également préparer un sac regroupant le panier du chien, ses gamelles pour l’eau et la nourriture, des jouets silencieux pour qu’il puisse passer le temps et se distraire sans pour autant déranger les collègues, de quoi le sécher si jamais il pleut en chemin ou au cours d’une sortie pendant la journée, ainsi que de quoi ramasser ses besoins et nettoyer ses bêtises en cas d’accident (par exemple des serviettes en papier).

 

Il est aussi important de prévoir une longe, car il est préférable, au moins les premiers jours, de tenir son chien en laisse lors de tous les déplacements à l’extérieur ou à l’intérieur des bâtiments de l’entreprise, le temps qu’il s’habitue à son nouvel environnement. Mieux vaut également prévoir une muselière, car il peut être utile, selon les circonstances, de la lui poser temporairement, par exemple si le maître doit s’absenter un moment et que le chien ne semble pas encore très à l’aise avec ses nouveaux collègues. Bien évidemment, si la situation est telle qu’il faudrait la lui faire porter toute la journée, et ce tous les jours, il est sûrement plus judicieux pour son bien-être de ne pas lui imposer cette contrainte et d’opter pour une solution alternative, par exemple faire appel aux services d’un pet-sitter à domicile. En tout état de cause, si une muselière est employée, il faut avoir pris le temps de l’y habituer en amont, pour éviter qu’il ne se rebiffe et ne devienne intenable au beau milieu des bureaux…

Briefer ses collègues

Briefer ses collègues

Tout le monde ne connaît pas nécessairement les règles élémentaires pour éviter les accidents avec un chien. Il est par exemple important d’expliquer à ses collègues qu’il faut le laisser tranquille lorsqu’il dort ou qu’il mange, pour éviter toute réaction agressive de sa part.

 

Afin d’éviter qu’il prenne du poids, mais aussi de se prémunir de potentielles catastrophes, mieux vaut également leur demander de ne pas lui donner de nourriture. En effet, non seulement cela pourrait déséquilibrer son régime alimentaire, mais en plus certains aliments sont toxiques pour les chiens, comme l’ail ou le chocolat. Là aussi, les personnes qui ne possèdent pas de chien ne le savent pas forcément, et pourraient commettre l’irréparable en croyant lui faire du bien.

Prévoir un plan B

Prévoir un plan B

Un changement d’environnement peut perturber un chien et le conduire à avoir des réactions inattendues, au point de se montrer sous un autre jour. Autrement dit, son comportement au bureau peut être très différent de celui qu’il a au domicile : un animal d’ordinaire plutôt calme peut par exemple devenir soudainement très agité, ou se mettre à aboyer excessivement.

 

Il est donc important d’anticiper ce type de difficultés et d’avoir un plan B, au cas où il ne se sent pas bien dans son nouvel environnement : l’installer dans une salle de réunion et éventuellement s’y installer avec lui, lui faire faire une longue promenade pendant la pause repas pour le fatiguer, voire en dernier recours le ramener ou faire ramener à la maison sont autant de pistes pour tâcher de régler le problème.

 

En revanche, le ramener à la voiture et l’y laisser seul jusqu’à la fin de la journée ne peut en aucun cas être une solution. C’est tout particulièrement vrai si les températures sont élevées, du fait de risque de coup de chaleur du chien.

Conclusion

Emmener un chien au travail ne s’improvise pas. Si cette possibilité peut présenter un intérêt certain pour le maître, pour ses collègues et pour son compagnon, elle comprend aussi des risques, principalement en termes d’hygiène et de sécurité. Avant de franchir le pas, il est donc nécessaire de bien peser tous les avantages et les inconvénients, et de s’assurer que ni la législation ou la réglementation de l’entreprise, ni l’employeur, ni les collègues, ni la sécurité et le bien-être de l’animal, ni encore le bon sens ne s’y opposent.

 

En cas de doute, mieux vaut laisser son compagnon au domicile. Cela n’empêche pas que quelqu’un puisse veiller sur lui pendant l’absence de son maître, qu’il s’agisse d’un proche, d’un voisin ou d’un pet-sitter professionnel.

Dernière modification : 12/18/2020.