Apprendre le détachement à son chien

Apprendre le détachement à son chien

Pendant la période de transition (qui selon les races de chien se situe entre le 14ème et 32ème jour de son existence), le chiot s'attache à sa mère et découvre en même temps qu'il est un chien. C'est ce que l'on nomme le processus d'imprégnation du chien. Le processus de l'attachement à la mère est une condition indispensable pour le bon déroulement de l'imprégnation, du développement comportemental du chiot et pour son équilibre.


Pourtant, après les huit semaines du chiot, la mère initie ce que l'on nomme le détachement, qui dure normalement jusqu'au 4 ème mois du chiot.

Le détachement du chiot dans la meute de chiens

Le détachement du chiot dans la meute de chiens

Dans une meute de chiens, la mère entame progressivement le détachement du chiot au début du sevrage et le termine brutalement en quelques jours, lorsqu'il a environ 4 mois. Cette période de détachement se réalise souvent pour le mâle à la puberté, mais un peu plus tard pour la femelle, vers ses deuxièmes chaleurs. Elle effectue la rupture de ce lien d'attachement exclusif entre la mère et le chiot pour que se pratique l'intégration hiérarchique du chien en tant qu'adulte au groupe entier. 

 

Pour effectuer ce détachement, la mère repousse d'abord ses chiots lorsqu'ils la sollicitent pour le jeu ou des contacts affectifs, et refuse définitivement qu'ils dorment contre elle. Elle agit systématiquement ainsi avec tous ses petits.

 

À la vue de ce comportement naturel, on pourrait penser qu'il vaut mieux d'adopter un chiot à l'âge de 4 ou 5 mois, dans la mesure où il aura passé le stade de l'attachement exclusif et celui du détachement. Le problème est que dans le cas d'une meute, le chien n'est pas destiné à vivre avec l'être humain. Dans le cerveau du chiot se produit entre la 5ème et 16ème semaine de vie une destruction des contacts cellulaires non stimulés, ce qui rend plus difficile son adaptation à un nouvel environnement et provoque des phobies, telles que la peur du monde extérieur ou encore la peur de l'humain.

 

C'est pourquoi il est important d'instituer un contact précoce et varié avec l'être humain dès la naissance du chien, puis de le proposer à l'adoption vers ses deux mois.

Le détachement du chiot dans la meute familiale

Le détachement du chiot dans la meute familiale

Pour que le chiot puisse s'adapter à l'être humain, on le retire à sa mère et sa fratrie vers l'âge de 8 semaines - un âge où le sevrage est terminé, mais pas l'attachement à sa mère. Il se retrouve alors dans un nouveau monde, seul et en état de détresse sans son être d'attachement, ce pôle sécurisant qu'était sa mère. D'où ses gémissements et ses pleurs la nuit une fois chez ses nouveaux propriétaires. Le chiot cherche sa mère. 

 

Il est alors impératif pour son équilibre futur qu'il retrouve immédiatement un nouvel être d'attachement. Ainsi, pour pallier à beaucoup de problèmes de comportement et d'adaptation du chien, les nouveaux maîtres ne disposent que de quelques semaines. Dès l'arrivée du chiot à la maison, il faut qu'une personne prenne le relais de sa mère et se conduise de la même façon qu'elle. Cette personne doit le nourrir, le câliner et le soigner jusqu'à l'âge de 4 mois. Cela aura un effet apaisant et sécurisant pour le chiot, lui permettra l'acquisition des rituels sociaux de la famille, tout en favorisant également son développement psychomoteur. Cette période d'attachement est nécessaire et très importante, puisqu'elle permet au chiot d'aller sereinement vers la phase suivante, celle du détachement. 

 

Dans une meute de chiens, la mère effectue de façon systématique et sans état d'âme au 4ème mois du chiot la rupture qui va lui permettre de s'intégrer dans son groupe. Cela doit être fait de la même façon dans sa nouvelle famille humaine. La période d'attachement doit avoir une fin impérative qui se situe vers les 3 mois et demi à 4 mois maximum du chiot. Le maître doit, tout comme la mère l'aurait fait, rompre ce lien unique avec lui, en repoussant ses demandes et ses avances sans aucun état d'âme. À partir de là, c'est au maître de décider, comme le ferait sa mère s'il était resté à ses côtés, des moments de caresses ou du début et de la fin des jeux avec le chien.

Un chiot peut-il rester seul ?

Un chiot peut-il rester seul ?

L'erreur commise par beaucoup de maîtres qui sont fiers de montrer de quoi est capable leur chiot si jeune est de travailler d'abord l'obéissance du chien, en négligeant totalement son bien-être psychologique. Lui enseigner des ordres, comme assis, couché, debout, marche au pied ou encore donne la patte n'est pas le plus important à l'arrivée du chiot à la maison ; cela peut attendre, voire être travaillé en parallèle.

 

En effet, est-il préférable qu'un chien obéisse tout de suite au doigt et à l'oeil, ou bien qu'il soit sagement en train d'attendre à la maison, à jouer et dormir sans rien détruire, lorsque son maître s'absente ?

 

L'éducation d'un chien se poursuit tout au long de sa vie, et est nécessaire pour son équilibre mental. Elle est d'autant plus importante qu'en grandissant, le chien va passer par des périodes de remise en question du « leadership », un peu comme les enfants vis-à-vis de leurs parents. C'est pourquoi il est nécessaire de pratiquer des piqûres de rappel éducatives. Mais pour cela, les maîtres ont tout le temps.

 

En revanche, ils ne disposent que de quelques semaines, et ce dès les débuts de leur cohabitation avec leur nouveau compagnon, pour la phase la plus importante de son éducation : apprendre au chiot à rester seul à la maison quand cela est nécessaire et être capable de gérer son stress, tout en appréciant ces instants de solitude.

 

Car le fait est que le chien est fait pour vivre au sein d'un groupe et au côté de son maître. Il ne supporte pas d'être seul. Malheureusement, les obligations et contraintes sociales font que son propriétaire ne peut pas l'emmener partout avec lui. Le chiot, lui, se moque éperdument de la vie que mène son maître et desdites contraintes. Ce qui lui importe, c'est d'être près de son être d'attachement. Ainsi, il est très important de bien remplir son rôle de maître pour aider le chiot à se construire, à accepter cette solitude et à gérer au mieux son stress. 

 

Malheureusement, la rupture franche entre le chiot et son être d'attachement est souvent loin d'être bien faite. En effet, beaucoup de maîtres commettent l'erreur de continuer à répondre systématiquement aux sollicitations de leur compagnon, favorisant ainsi un état d'hyper-attachement qui va s'aggraver au fil du temps, et conduire inévitablement à certaines situations trop bien connues de beaucoup de maîtres.

Les risques lorsque le détachement du chiot n'a pas été effectué

Les risques lorsque le détachement du chiot n'a pas été effectué

Si le processus de détachement du chiot vis-à-vis de son maître n'est pas effectué ou pas achevé, une multitude de problèmes comportementaux vont s'enchaîner les uns après les autres.

 

En premier lieu, l'anxiété de séparation est la conséquence du stress qui se met en place alors même que le maître est encore chez lui avec le chiot. Celui-ci le suit partout à travers la maison ou l'appartement, ne supporte pas de rester seul, même lorsque son maître est dans une autre pièce pour quelques instants seulement. Il surveille constamment les allées et venues de son propriétaire, est toujours sur le qui-vive ou sursaute au moindre bruit, venant alors se réfugier auprès de son maître. Malheureusement, en se comportant comme cela, il ne bénéficie pas des périodes de repos pourtant indispensables à son équilibre.

 

Cette angoisse monte rapidement en intensité quand le maître quitte la maison. Pour le chien, c'est le début d'une grande souffrance morale. Il se retrouve seul, sans son être d'attachement ; son anxiété va crescendo et se traduit par différents troubles de comportement.

 

Tout d'abord, le chien aboie sans fin, cherchant son maître partout et faisant des va-et-vient entre la porte où il l'a vu sortir son maître et tous les endroits où il pourrait réapparaître (fenêtres...), tout en cherchant son odeur. Il ne peut pas se raisonner ni se contrôler. La peur l'envahit, et c'est le début des destructions causées par le chien.

 

Ce comportement destructeur du chien a plusieurs causes : 

  • l'insécurité : étant seul à la maison, il se sent en danger ;
  • la peur : étant en hyperactivité, le moindre bruit l'excite ;
  • la recherche d'attention : le chien a besoin que son maître s'occupe de lui. Détruire est une manière de chercher à capter cette attention, même s'il en subit après les conséquences ;
  • l'ennui, dans le cas où le chiot reste trop longtemps et trop souvent seul en journée ;
  • la frustration, dans la mesure où son maître ne le lui a pas appris à gérer seul son angoisse. Dans ce cas, la destruction est un moyen d'essayer de se calmer et de rediriger son agressivité.

 

Cet état de stress va également compromettre l'apprentissage de la propreté chez le chiot, mais aussi tout le reste de son éducation, car il sera moins attentif et réceptif à ce que son maître lui dira. En grandissant, le chiot va rester infantile, immature et sans aucune assurance, ayant peur de tout.

 

Un des principaux risques est que le chien devienne très vite ingérable, car sa seule préoccupation est l'absence de son maître, ou, quand celui-ci est présent, de le surveiller en permanence. Ne pouvant se reposer normalement, il va rapidement devenir irritable. La méfiance et la peur le feront alors réagir de façon incontrôlée ; il lui sera impossible d'interpréter une situation, et il se mettra toujours sur la défensive, incapable de faire face à un événement même anodin. Il finira par devenir agressif, cette agressivité pouvant même aller jusqu'à une morsure du chien

 

Le problème ne se cantonnera pas qu'au départ du maître, car le chiot en souffrance psychologique n'aura aucune confiance en lui. Dans son état, la peur et l'insécurité qu'il ressentira pendant ces absences, il les ressentira aussi lors des sorties. Il aura peur du monde extérieur et de ses bruits, peur lors des rencontres avec d'autres chiens, et il lui sera par exemple impossible de rester seul quelques instants dans la voiture.

 

Il faut savoir qu'aucun de ces problèmes de comportement du chien ne se réglera tout seul avec le temps, mais au contraire aura tendance à s'amplifier. En effet, le chien finira par perdre confiance en son maître, vivant chacun de ses départs comme un abandon.

Conclusion

Afin d'être en mesure de donner de bonnes habitudes à son chiot, il est important que le maître accepte sa part de responsabilité. Ceci est une des clés de la réussite. En particulier, si le détachement comme le pratique la mère n'a pas été effectué, le chiot va souffrir émotionnellement.

 

Il n'est pas question évidemment de ne plus aimer le chiot, mais tout simplement de ne plus répondre à ses sollicitations, de sorte qu'il assimile que ce n'est plus lui qui décide des contacts, mais son maître.

 

Cette rupture, quels que soient la race ou le sexe du chien, est d'une importance capitale, puisqu'il en va de son équilibre psychologique futur, y compris futur très proche dans le cas du chiot. Ce changement d'attitude de la part du maître n'altère en rien les relations de tendresse avec le chien, mais est simplement l'instigateur d'une nouvelle relation, de la mise en place du maître comme leader, du point de référence. Pour l'animal, c'est grandement rassurant. 

 

L'ingrédient magique qui aide fortement à ce que tout se passe bien est tout simplement la confiance que le maître doit transmettre à son chiot dès son arrivée à la maison. Sereinement, en quelques semaines, celui-ci doit devenir indépendant et ne plus dépendre émotionnellement de son propriétaire.

Dernière modification : 01/05/2020.