Pour certains propriétaires, prendre son chien en photo ou en vidéo pour le montrer à ses proches et leur donner de ses nouvelles ne suffit pas : ils entendent également le faire connaître au plus grand nombre. Représentés alors qu’ils sont en train de jouer, de commettre des bêtises, de réaliser des exploits, d’avoir toutes sortes de comportements surprenants ou encore de voyager, certains représentants de la gent canine sont ainsi de véritables stars d’Internet, suivi par des millions d’abonnés à leurs comptes sur les réseaux sociaux.
Voici une présentation de 15 chiens célèbres d’Internet, précédée par une rétrospective historique sur la manière dont des canidés pouvaient devenir célèbres avant l’apparition du Web, puis sur ce que ce dernier a changé.
Comme le souligne notamment Raymond Merritt dans son livre-photo Le chien dans la photographie, 1839 à aujourd'hui, dès les débuts de la photographie (c’est-à-dire au milieu du 19e siècle), les chiens accompagnent souvent leurs propriétaires bourgeois sur des clichés mettant en valeur ces derniers.
Par la suite, ils deviennent progressivement des modèles à part entière. Certains photographes font même du meilleur ami de l’Homme un de leurs sujets de prédilection. Le plus connu est sans doute le Franco-Américain Elliott Erwitt (1928-2023), génie de la photo fasciné par la gent canine et auteur de plusieurs recueils qui lui sont consacrés - notamment Chien de ma chienne (1974) et Quelle vie de chien (1999).
Le septième art lui fait également la part belle. Ainsi, dès la fin du 19e siècle apparaissent plusieurs films avec des chiens. Le tout premier est le court-métrage Athlète à la baguette, réalisé en 1894 par l’inventeur britannique Laurie Dickson (1860–1935) : on y voit un chien observant attentivement les mouvements d’un gymnaste en train de manipuler un bâton. En 1905, avec le film Sauvée par Rover (Rescued by Rover), un Colley à Poil Long nommé Blair devient le premier héros canin de l’histoire du cinéma. Dès les années qui suivent, de nombreux autres courts et longs-métrages mettent en scène des chiens acteurs – l’un des plus célèbres étant Une Vie de Chien, réalisé par en 1918 par Charlie Chaplin.
À une époque où les hashtags n’existent pas encore, il n’y a pas qu'au cinéma que des chiens parviennent à se tailler une renommée. Certains en effet se distinguent et deviennent célèbres grâce à toutes sortes d’actes remarquables.
C’est le cas par exemple de Stubby (1916-1926), un mâle promu au rang de sergent au sein de l’armée américaine au cours de la Première Guerre mondiale. Servant en France pendant 18 mois, il s’appuie sur son odorat et son ouïe pour détecter les attaques allemandes (en particulier celles au gaz) et alerter les soldats, ce qui leur permet de s’abriter. De retour aux États-Unis à la fin du conflit, il accède à la célébrité et figure sur de nombreuses photographies où le voit arborer ses médailles gagnées pendant la guerre. À sa mort en 1926, The New York Times lui consacre une nécrologie d’une demi-page : un honneur auxquelles même certaines personnalités de l’époque n’ont pas le droit.
Stubby est loin d’être le seul chien soldat célèbre. Toujours pendant la Première Guerre mondiale, on peut aussi citer par exemple le cas de Mirza, une chienne errante recueillie par les soldats de l’armée française, qui leur sert alors comme messager dans les tranchées tout en leur offrant un précieux réconfort. Elle est représentée en 1916 par le quotidien Le Petit Journal alors qu’elle refuse d’abandonner la tombe de son maître.
Il convient d’ailleurs de souligner que certains chiens ne deviennent des héros de guerre qu’a posteriori, et même parfois beaucoup plus tard. C’est le cas en particulier de Chips (1940-1946), chien de combat de la Seconde Guerre mondiale mis à l’honneur en 1990 par Hollywood via un film qui lui est entièrement consacré : Chips, Chien de Combat (Chips, the War Dog en version originale).
Néanmoins, celle qui est sans doute la chienne la plus célèbre du 20ème siècle évolue bien loin des champs de bataille. Issue d’un croisement entre un Husky Sibérien et un terrier, Laïka (1954-1957) devient le 3 novembre 1957 le premier être vivant à aller dans l’espace. C’est un événement planétaire, mais ce qui cause sa notoriété est aussi ce qui la condamne à mort. En effet, les ingénieurs du programme spatial soviétique n’ont alors pas encore mis au point le procédé qui aurait permis à l’engin spatial dans lequel elle embarque (Spoutnik 2) de revenir sur Terre en un seul morceau. Laïka meurt donc dans l’espace, sans doute à cause d’une augmentation trop forte de la température dans sa capsule.
Enfin, toujours avant l’arrivée d’Internet, de nombreux chiens deviennent célèbres simplement grâce aux rubriques faits divers des journaux. Le plus connu d’entre eux est sans doute Hachiko (1923-1935). Tous les soirs, à la sortie du travail, cet Akita Inu japonais vient chercher son maître, professeur d’université, à la gare de Shibuya (Tokyo). Un jour, ce dernier meurt soudainement, et ne revient donc pas. Tout au long des années qui suivent, son compagnon continue de se rendre chaque soir à la gare, attendant en vain le retour de son propriétaire. Les habitants du quartier finissent par s’émouvoir de son sort et s’occuper de lui, puis son histoire est narrée par les journalistes du pays. Sa fidélité émeut tout le Japon du début du 20ème siècle, et même au-delà – surtout à partir de 2009 et du film américano-britannique Hatchi, un remake d’un premier film japonais qui lui est consacré et qui paraît lui en 1987.
Créé initialement dans les années 70, Internet devient réellement accessible au grand public dans les années 1990, et son usage se répand alors à grande vitesse. Ses utilisateurs commencent à former une contre-culture, avec des références et un humour propres. Le meilleur ami de l’Homme y a parfois sa place.
C’est ainsi qu’en 1993, Peter Steiner, dessinateur pour le magazine américain The New Yorker, caricature l’anonymat offert par Internet en représentant deux chiens discutant devant un ordinateur. Titré « On the Internet, nobody knows you're a dog », le dessin illustre à la perfection le sentiment de liberté qu’éprouvent alors les utilisateurs d’Internet. Il devient ensuite un mème, c’est-à-dire une image virale reprise alors sur de nombreux forums et groupes de discussion.
Dans les années qui suivent, les images humoristiques représentant des chiens se multiplient. Parmi les plus emblématiques figurent notamment celle de Sam, présenté comme étant le chien le plus moche du monde, très populaire sur le réseau social MySpace, ou encore celle d’un Golden Retriever tapant sur un clavier, avec comme légende « I have no idea what I’m doing » (« Je n’ai aucune idée de ce que je suis en train de faire »).
Il existe donc déjà des chiens célèbres sur Internet bien avant que Facebook, Youtube et autres Instagram ne voient le jour – respectivement en 2004, 2005 et 2010.
Influenceurs, youtubeurs, créateurs de contenus… : peu importe le nom qu’on leur donne, et même s’il a fallu du temps pour que le grand public en prenne conscience, toutes sortes de personnes parviennent à faire de leur renommée sur Internet un métier à part entière. Nombreux sont ceux qui ont envie d’en faire de même, d’autant que les sommes engrangées par certaines stars du web sont aussi considérables qu’alléchantes.
Certains décident d’employer un moyen détourné de générer de l’audience en masse : leur animal domestique. C’est ainsi que de nombreux chats et chiens sont devenus de véritables célébrités grâce aux réseaux sociaux, à l’instar par exemple du chat à l’air grognon Grumpy Cat ou du Loulou de Poméranie Boo, détenteur du titre officieux de « chien le plus mignon du monde ».
Le chien est aujourd’hui l’animal le plus populaire sur Internet. Par exemple, le hashtag #dog figure début 2024 dans plus de 370 millions de publications sur Instagram, contre « seulement » 300 millions pour #cat. Au même moment, sur TikTok, le premier a généré plus de 550 milliards de « Like » cumulés, contre 500 milliards pour le second.
Il faut dire que généralement les chiens offrent davantage d’opportunités de créer des contenus photos et/ou vidéos très variés que les chats. Lucas Berullier, fondateur de My Pet Agency, une agence de marketing spécialisée dans les « pet influencers », souligne ainsi dans une interview donnée en 2020 au site français d’information Néon qu’ils sont « plus expressifs, plus sociables [et] on peut les emmener partout, donc on les voit forcément plus ».
Jiffpom et Boo les Loulous de Poméranie, Doug le Carlin ou encore Manny le Bouledogue Français : en plus de faire partie des animaux les plus populaires du Web, ces chiens ont en commun d’appartenir à des races de petite taille. Il faut dire qu’on considère plus facilement comme mignon quelque chose qui est petit, et que cette caractéristique les rend aussi davantage aptes à porter toutes sortes de costumes bariolés - pour la plus grande joie de leurs propriétaires et de leurs followers.
Pourtant, en réalité, ce sont des races de taille moyenne ou grande qui sont le plus visibles sur les réseaux sociaux, selon une étude et un classement publiés en mai 2023 par le site Loveyourdog.
En effet, sur TikTok, la race générant le plus de vues est – de très loin - le Golden Retriever : les vidéos ayant cette race comme hashtag ont été vues en cumulé plus de 30 milliards de fois. Le Berger Allemand et le Rottweiler complètent le podium mais se situent loin derrière, avec respectivement 13 et 12 milliards de vues.
Le top 20 des races les populaires sur TikTok comporte toutefois 7 races de petite taille : le Bouledogue Français (en 5ème position), le Teckel (8ème), le Caniche (9ème), le Yorkshire Terrier (17ème), le Schnauzer Nain (18ème), le Cavalier King Charles (19e) et le Welsh Corgi Pembroke (20ème).
Sur Instagram, le Golden Retriever est également à la fête, avec 34 millions de publications. Il ne figure toutefois que sur la deuxième marche du podium au classement des races les plus représentées, puisque la première est occupée par le Bouledogue Français (37 millions de publications). En plus de ce dernier, deux autres races de petits chiens figurent dans le top 10 : le Caniche et le Teckel.
De façon générale, les races les plus représentées et appréciées sur les réseaux sociaux sont globalement aussi celles qui sont le plus adoptées. Toutefois, certaines « sur-performent » sur Internet : il s’agit généralement de chiens particulièrement exigeants (par exemple en termes de besoin d’exercice et/ou d’espace), et donc que beaucoup d’adoptants ne peuvent se permettre d’adopter. C’est le cas par exemple du Husky Sibérien et du Dogue Allemand, sensiblement plus visibles sur les différentes plateformes qu’ils ne le sont dans la vie réelle.
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