L'histoire du Cocker Anglais

La genèse du Cocker Anglais

Le nom du Cocker Anglais tient à l’usage qui en était fait autrefois, celui d’auxiliaire de chasse à la bécasse (« woodcocker » en anglais). Par contre, contrairement à son usage, son origine exacte est inconnue. La théorie la plus communément admise est toutefois que ses ancêtres aient été introduits sur le sol britannique par l’intermédiaire des armées romaines de Jules César. Ils portent alors le nom de « chiens espagnols » ou « spaniels », utilisé dans les pays anglo-saxons pour désigner de manière générale les chiens de chasse de type épagneuls.

 

Les premières sources sûres relatant l’existence du Cocker Anglais remontent au 14ème siècle. En effet, l’écrivain anglais Geoffrey Chaucer mentionne l’existence de ce petit chien espagnol dans son conte La femme du drapier de Bath (1387), tandis que, côté français, Gaston Phoebus, comte de Foix, le cite en 1387 dans son Livre de Chasse, en le répertoriant parmi les « chiens d’oiseau ». Environ un siècle plus tard, Edouard de Langley, responsable des chasses et des chiens de la cour d’Angleterre, décrit des épagneuls aux oreilles relativement longues très similaires au Cocker Anglais.

 

Au 16ème siècle, le scientifique John Caius réalise une classification des chiens anglais de l’époque, et distingue les Spaniels de terre et les Spaniels d’eau. Il mentionne le Spaniel Springer (un Spaniel de terre), dont il souligne le don pour débusquer les lapins et oiseaux, qu’il rapporte sans faute une fois tués par les chasseurs.

 

Plusieurs types de chiens découlent de cette souche commune, au gré des sélections effectuées en fonction de critères physiques et de leurs aptitudes à la chasse. Il faut savoir qu’à cette époque, les chiens d’une même portée peuvent appartenir à des « types » différents ; en effet, les critères d’assignation sont basés d’abord sur la taille et le poids de l'individu, puis sur son intelligence et son endurance.

 

Toutefois, vers la fin du 19ème siècle, des éleveurs britanniques commencent à rationaliser leurs sélections et leur classement des spaniels, de manière à distinguer sept types de chiens : l’English Springer, le Welsh Springer, le Clumber Spaniel, le Cocker Spaniel, le Field Spaniel, le Sussex Spaniel et l’Irish Water Spaniel. Tous les spaniels qui pèsent moins de 11 kg sont assignés au type des Cockers.

 

Cependant, le côté arbitraire de cette classification par le poids est source de nombreux débats parmi les amateurs. Finalement, on finit par choisir de ne prendre en compte que le type, l’apparence physique et l’usage d’un chien pour en déterminer la race. Cette décision donne naissance à l’England’s Spaniel Club en 1885, dont l’une des premières tâches est de créer le standard de chaque race de spaniel.

 

C’est donc ainsi que naît le Cocker Anglais, reconnu en 1892 en tant que race à part entière par le Kennel Club (l’organisme canin britannique de référence, qui voit le jour en 1873). Son standard est définitivement adopté en 1901, suite à la différenciation définitive entre le Cocker Anglais et le Springer Anglais, qui étaient auparavant considérés tous deux comme une seule et même race.

La diffusion internationale du Cocker Anglais

Le Cocker Anglais est importé en France en 1885 par Paul Gaillard, chasseur émérite. Le Spaniel Club français est fondé en 1898 pour promouvoir dans le pays tous les chiens de type spaniel, dont le Cocker Anglais. En 1901, il reprend à son compte le standard de la race établi le Kennel Club britannique.

 

Du côté des États-Unis, le Cocker Anglais fait partie des premières races établies dans le pays, avant même la création officielle de l’American Kennel Club (AKC) en 1878. Il fait d'ailleurs partie de la dizaine de races reconnues par ce dernier lors de sa fondation.

 

Toutefois, il connaît une évolution quelque peu divergente de celle qui est la sienne en Europe. En effet, les éleveurs américains s’attachent à privilégier les spécimens présentant un crâne plus rond et une fourrure plus épaisse, de façon à créer une variante de la race. En 1935, les différences entre les deux variétés sont telles que les éleveurs commencent à faire la distinction entre le Cocker Anglais et son « dérivé » local, le Cocker Américain.

 

En réponse à cette évolution, l’English Cocker Spaniel Club of America est créée en 1936, avec pour objectif de défendre les qualités du Cocker Anglais original et de réguler - voire bannir - les croisements entre les deux races, de façon à conserver des lignées pures. Ce travail de conservation et de différenciation trouve un écho favorable auprès de l’American Kennel Club, qui en 1946 reconnaît définitivement le Cocker Américain comme une race à part entière, et non plus une variété du Cocker Anglais.

 

En 1963, la race obtient la reconnaissance de la Fédération Cynologique Internationale (FCI). C'est une étape clef, car pas moins d'une centaine d'organismes nationaux en sont membres : c'est le cas notamment de ceux de France (la Société Centrale Canine, ou SCC), de Belgique (la Société Royale Saint-Hubert, ou SRSH) et de Suisse (la Société Cynologique Suisse, ou SCS).

 

Le succès ne se fait pas attendre : dans les années 70, le Cocker Anglais est une des races de chien les plus populaires aux Etats-Unis et en Europe. Toutefois, cela est souvent aux dépens de la bonne santé de ses représentants. En effet, certains éleveurs peu scrupuleux, cherchant par-dessus tout à maximiser le nombre de chiens produits et les bénéfices dégagés, n’hésitent pas à organiser des unions consanguines, à bâcler le sevrage des chiots ou encore à raccourcir de manière inconsidérée leur période de sociabilisation... De ce fait, des individus à la santé fragile et au comportement agressif inondent alors le marché. Ce phénomène touche plus particulièrement la couleur golden (ou rouge), si bien qu'aujourd'hui encore, malgré un assainissement certain de la situation, de nombreux éleveurs hésitent à relancer l'élevage de Cockers Anglais golden : en effet, les lignées subsistantes présentant encore des tares héréditaires et des problèmes d’agressivité.