L'histoire du Berger Belge Tervueren

La genèse du Berger Belge Tervueren

 

Les différentes variétés du Berger Belge

 

Le Tervueren est l’une des 4 variétés de la race du Berger Belge, aux côtés du Malinois, du Groenendael et le Laekenois. Le Berger Belge vient comme son nom l’indique de Belgique, et son histoire débute à la fin du 19ème siècle.


En 1891, le docteur vétérinaire Adolphe Reul (1849-1907) créa le Club du Chien de Berger Belge. Celui-ci entreprit un recensement de la population canine du pays et notamment des chiens de berger, dans le but de classer les différents types existant sur le territoire national. Une sélection des spécimens ayant des traits communs permit de délimiter les contours de la future race.


C’est ainsi que dès 1892, un premier standard d’une race unique appelée Chien de Berger Belge fut établi à partir de cette sélection. Celle-ci se déclinait en 3 variétés, qui se différenciaient uniquement par l’aspect de leur pelage : court, long ou dur.

 

Par la suite, afin de peaufiner le standard et d’homogénéiser davantage les différentes variétés, les éleveurs prirent en compte également la couleur de la robe ainsi que le tempérament des individus. Deux des trois variétés furent stabilisées très rapidement : celle à poils courts fauve charbonnés (le futur Malinois), et celle à poils longs de couleur noire (futur Groenendael). Quant à celle à poil dur, il fut admis qu’elle ne serait que grise, bien que seule une minorité d’individus arborant un pelage avec une telle texture étaient de cette couleur. Le fait que la plupart des personnes possédant de tels chiens étaient francophones et parlaient donc la même langue que les responsables du Club du Chien de Berger Belge y fut pour beaucoup.


Certains éleveurs possédaient donc des individus à poils durs autres que gris, et il existait aussi des sujets à poil long de couleur autre que noir. Les uns comme les autres étaient majoritairement fauves. Néanmoins, le club de race n’eut que peu d’égard pour ces spécimens, qui, bien que nombreux, furent jugés comme imparfaits. Ce fut notamment la situation dans laquelle se trouva un brasseur nommé Corbeel, originaire de la ville de Tervueren, qui possédait une lignée de chiens à poil long et de couleur fauve.


Ainsi rejetés par le Club du Chien de Berger Belge, lui et d’autres éleveurs décidèrent de créer en 1898 le Berger Belge Club. Ce dernier reconnut deux variétés non répertoriées au standard du Club du Berger Belge, à savoir les poils durs fauves (futur Laekenois) et les poils longs fauves.


En 1905, le Berger Belge Club prit la place du Club du Chien de Berger Belge après que ce dernier se soit retiré de la Société Royale Saint-Hubert (SRSH), l’organisme cynologique de référence en Belgique. En raison de la position adoptée par le Berger Belge Club concernant l’existence de variétés de couleur fauve (respectivement à poils longs et à poils durs), la SRSH finit par les reconnaître elle aussi comme variétés officielles, en plus des trois autres.
Un nouveau standard rédigé en 1920 vint confirmer cette position, en faisant état de 5 variétés : Groenendael, Malinois, poils durs gris (qui disparut en 1989, faute de représentants de cette couleur), poils durs fauves (le futur Laekenois) et poils longs fauves (le futur Tervueren).


Un siècle plus tard, la race comporte donc 4 variétés bien distinctes : le Groenendael, le Laekenois, le Malinois et le Tervueren.

 

L’histoire du Tervueren


Le Tervueren doit son nom à la ville éponyme située en Belgique flamande, plus précisément dans le Brabant flamand, à proximité immédiate de Bruxelles.


C’est un brasseur local, M. Corbeel, qui est considéré comme ayant fondé cette variété à la toute fin du 19ème siècle. Son couple de chiens Tom et Poes était utilisé pour tirer les charrettes et assurer la surveillance de son commerce. Au sein d’une portée à laquelle ils donnèrent le jour en 1895 figurait une femelle, Miss Danhieux, qui regroupait l’ensemble des critères listés dans le standard établi en 1892 et possédait un poil fauve long.


L’éleveur décida alors de se lancer dans l’élevage de chiens de couleur fauve au poil long, et pour ce faire Miss Danhieux fut croisée à un étalon Berger Belge Groenendael appelé Duc de Groenendael. Ce dernier appartenait à Nicolas Rose, considéré comme le père du Groenendael, et était parfaitement représentatif des spécimens noirs à poils longs. Deux chiots naquirent de cette union, dont un mâle fauve au poil long baptisé Milsart, qui joua un rôle clef dans le développement de la variété Tervueren. Il fut d’ailleurs en 1907 le premier champion d’exposition de cette dernière.


Milsart fut accouplé à sa propre mère, qui en 1897 donna ainsi naissance à des femelles de couleur fauve. De nombreux autres mélanges consanguins furent entrepris par la suite, et permirent le développement de la variété.


Décrits comme très intelligents et faciles à dresser, ces chiens fauves à poil long furent exportés dans le reste de l’Europe et sur le continent américain. Leurs prédispositions valurent aux Tervuerens une utilisation importante au sein des forces armées. Toutefois, leur usage majoritaire comme chiens de guerre faillit causer leur perte lors des deux conflits mondiaux de la première moitié du 20ème siècle, qui entraînèrent à chaque fois le décès d’un grand nombre d’individus.


Après la Seconde Guerre mondiale, la variété était donc presque éteinte, même s’il restait quelques sujets isolés dans divers élevages belges et français. Ils permirent de remettre celle-ci sur pied, mais ne furent pas les seuls. En effet, des spécimens à poils longs de couleur fauve apparus spontanément au sein de portées de Malinois et de Groenendaels furent également d’une aide précieuse. En outre, les croisements inter-variétés furent autorisés à cette même période ; ils contribuèrent eux aussi à augmenter la population de Tervueren et éviter sa disparition. Ceci explique d’ailleurs que les origines de certaines lignées actuelles de Tervueren remontent aux spécimens de M. Corbeel, tandis que d’autres lignées descendent en fait de Malinois ou de Groenendaels.


Le Tervueren était également presque éteint aux États-Unis dans les années 50, même si son élégance explique qu’il comptait encore de nombreux admirateurs. Un éleveur du nom de Rudy Robinson joua alors un rôle décisif pour la relancer. Il fut rapidement rejoint par d’autres passionnés et éleveurs de cette variété, notamment Robert et Barbara Krohn, qui par la suite (en 1960) fondèrent l’American Belgian Tervueren Club. Des éleveurs de Malinois et de Groenendaels furent sollicités pour trouver des individus de type Tervueren apparus spontanément dans les portées, et quelques spécimens issus d’élevages européens produisant cette variété furent importés.

 

D’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, ces efforts ne furent pas vains : le Tervueren parvint à retrouver toute sa place et est aujourd’hui bien loin de l’extinction, puisqu’il est même au niveau mondial le second Berger Belge le plus populaire.

La reconnaissance du Berger Belge Tervueren par les organismes officiels

La Fédération Cynologique Internationale (FCI) considère que le Tervueren est l’une des 4 variétés de la race du Chien de Berger Belge, avec le Malinois, le Groenendael et le Laekenois, et reconnaît le Berger Belge et l’ensemble de ses variantes depuis 1956. Il en va donc de même pour les organismes nationaux et internationaux membres de la FCI, tels que la Société Royale Saint-Hubert (SRSH) en Belgique, la Société Centrale Canine (SCC) en France ou encore la Société Cynologique Suisse (SCS).


De nombreux autres institutions officielles ne faisant pas partie de la FCI adoptent le même point de vue. C’est le cas notamment du Kennel Club (KC) britannique (qui reconnut d’abord le Groenendael en 1971, puis le Tervueren l’année suivante, et le Malinois celle qui suivit), du Club Canin Canadien (CCC) ou encore du United Kennel Club (UKC) américain, qui reconnut d’un même coup la race du Berger Belge et l’ensemble de ses 4 variétés en 1991.


En revanche, l’American Kennel Club (AKC) considère le Tervueren, le Malinois, le Groenendael et le Laekenois comme des races à part entière. Il reconnaît d’ailleurs le Tervueren et le Malinois depuis 1959.