Gardien indéfectible de son territoire, des siens et de leurs biens, le Cane Corso est toujours aux aguets. Cela peut le faire sembler distant, mais il aime aussi les marques d’attention comme les caresses.
En effet, ce chien naturellement dominant et têtu – voire parfois possessif – se montre très fidèle, affectueux et doux avec les siens dès lors qu’il connaît sa position hiérarchique au sein du foyer. Il est toutefois crucial que cette dernière soit bien définie d’emblée ainsi que tout le reste de sa vie, car il n’accorde son respect et son obéissance qu’à ceux qui sont hiérarchiquement au-dessus de lui. Faire preuve de laxisme à ce niveau serait s’exposer au risque de se retrouver avec un animal imprévisible et potentiellement dangereux.
Dès lors qu’il sait quelle est sa place au sein du foyer, qu’il a son content d’exercice physique ainsi que mental et qu’il ne reste pas seul très longtemps et/ou souvent, le Cane Corso est d’agréable compagnie : il se montre calme, aboie peu et n’est pas destructeur, même s’il aime creuser. En outre, même s’il n’est pas très joueur, il fait généralement preuve d’une grande patience envers les enfants du foyer.
En revanche, la prudence est de mise pour ceux qui n’en font pas partie : outre le fait qu’il n’accepte pas facilement les personnes inconnues sur son territoire, il peut les considérer à tort comme des agresseurs de « ses » enfants, notamment si tout ce petit monde joue bruyamment.
Le Cane Corso n’accepte pas plus volontiers les animaux qu’il ne connaît pas, y compris ses congénères et en particulier ceux du même sexe. Si on lui fait partager son foyer avec un autre chien, mieux vaut que celui-ci soit de sexe opposé - à moins qu’ils grandissent ensemble et soient donc habitués à cette cohabitation dès leur plus jeune âge.
Quant aux chats étrangers au foyer – ou qui feraient leur arrivée au sein de ce dernier alors qu’il est déjà adulte –, ils sont clairement en danger à ses côtés. C’est encore plus vrai pour les rongeurs et les oiseaux, au point d’ailleurs que toute cohabitation est à proscrire (pour ces derniers, cela vaut même s’ils partagent son toit). En effet, il y a toutes les chances qu’il les considère comme des envahisseurs ou comme des proies.
Ses instincts dominants étant la protection et la chasse, il est d’ailleurs préférable que le Cane Corso évolue dans un espace bien clos, afin de prévenir tout risque qu’il se lance à la poursuite d’un intrus ou d’une proie potentielle qui passe à proximité. Par conséquent, si l’on dispose d’un jardin, une clôture digne de ce nom s’impose.
Comme pour d’autres races du même type, plusieurs traits de caractère du Cane Corso expliquent qu’il soit parfois réputé agressif et dangereux, au point qu’il fait l’objet de restrictions voire d’interdiction dans certains territoires et que des compagnies d’assurance refusent de le couvrir en ce qui concerne la responsabilité civile.
Cependant, les cas d’agressions impliquant des Cani Corsi sont rares et concernent des sujets ayant reçu une éducation insuffisante ou inappropriée. D’ailleurs, ceci est fait parfois sciemment : les personnes qui l’utilisent comme objet d’intimidation ou dans des combats de chiens clandestins évitent précisément de socialiser leur animal, et font tout pour le rendre agressif. Dans un cas comme dans l’autre, ces individus ne sont pas représentatifs de la race dans son ensemble.
S’il est bien éduqué et socialisé, le Cane Corso se montre doux avec les siens, calme et équilibré. Bien qu’il soit moins démonstratif et en recherche d’attention que d’autres races – au point de paraître parfois indépendant, voire distant –, il est profondément attaché à eux, et n’hésiterait pas à donner sa vie pour les protéger.
Cela dit, cet attachement n’a pas forcément que des avantages. Ainsi, il n’est pas rare qu’il suive son maître de pièce en pièce, prêt à le défendre en toute circonstance. En outre, son instinct protecteur peut le pousser à se montrer possessif et avoir du mal par exemple à accepter qu’une personne qu’il ne connaît pas s’en approche : cela peut évidemment entraîner toutes sortes de situations pénibles, voire dangereuses.
Le Cane Corso n’aime pas être séparé de ses maîtres trop souvent ni trop longtemps, du fait de son besoin inné de les protéger ses maîtres. En effet, il vit mal d’être dans l’impossibilité de remplir sa mission. Il risque alors de souffrir d’anxiété de séparation, un mal-être aux multiples conséquences potentielles : angoisse, aboiements intempestifs, comportements destructeurs, automutilations…
Bien qu’il ne soit pas très joueur, le Cane Corso fait généralement preuve d’un grand attachement envers les enfants du foyer, particulièrement s’il les connaît depuis qu’il est chiot.
Cependant, compte tenu de son gabarit imposant, de sa force et de son potentiel d’agressivité (par exemple suite à un geste mal interprété), il est indispensable de toujours surveiller leurs interactions. Cela vaut quel que soit l’âge des enfants, mais c’est particulièrement crucial pour les plus jeunes, qu’il est davantage susceptible de bousculer mais surtout qui ne savent pas forcément comment se comporter avec lui et pourraient l’exaspérer involontairement.
Il convient d’ailleurs de souligner que ses forts instincts de protection et de chasse impliquent une grande sensibilité aux sons aigus et au mouvement. Par conséquent, si les enfants jouent en criant et en courant, mieux vaut l’éloigner car ces manifestations pourraient déclencher une réaction brusque – voire agressive – de sa part.
Une telle réaction est encore plus probable en présence d’enfants extérieurs au foyer. Même si les présentations ont été bien faites (elles sont d’ailleurs indispensables), les cris et les mouvements pourraient lui faire penser que les siens sont en danger. Il n’hésiterait alors pas un instant à s’en prendre à ceux qu’il perçoit à tort comme des agresseurs.
En tout état de cause, quand bien même on a un compagnon particulièrement calme et patient, il ne doit jamais être laissé seul avec un enfant, surtout si ce dernier est très jeune. En effet, un tout-petit n’a pas conscience qu’il peut faire mal à l’animal, ou l’importuner au point de déclencher une réaction brusque – voire violente : la surveillance d’un adulte est donc indispensable. C’est vrai pour n’importe quelle race, mais c’est d’autant plus crucial dans le cas d’un chien grand et puissant comme le Cane Corso.
Pour réduire le risque d’accident, il est important d’apprendre aux enfants comment se comporter avec un chien, le respecter et interpréter son langage corporel, dès que leur âge le permet.
Qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, le Cane Corso est par nature très méfiant envers les personnes inconnues qui pénètrent sur son territoire. Seules une socialisation intense ainsi qu’une éducation très cohérente et constante tout au long de sa vie peuvent éviter que cette méfiance ne se transforme en agressivité et le rende difficile à vivre au quotidien – a fortiori si l’on reçoit régulièrement des gens chez soi.
En tout état de cause, il est impératif le cas échéant que les présentations soient faites correctement, c’est-à-dire de façon à éviter tout ce qui pourrait le stresser ou lui donner le sentiment que lui-même et/ou les siens sont potentiellement en danger. En particulier, le nouveau venu doit le laisser s’approcher en restant détendu, en évitant les mouvements brusques et sans le regarder avec insistance. Il doit également se laisser renifler aussi longtemps que nécessaire. Si le chien réagit positivement, et sous réserve bien sûr d’obtenir l’accord du propriétaire, il peut ensuite le caresser doucement sur les épaules et le sternum (de sorte que sa main reste toujours visible).
Très territorial et très protecteur envers les siens, qu’il défend farouchement si nécessaire, le Cane Corso patrouille en permanence quand il se trouve sur son territoire, prêt à intervenir à la moindre alerte.
Néanmoins, son éducation est cruciale : un Cane Corso bien éduqué ne doit montrer à la base que de la distance envers une personne étrangère au foyer, et attendre les ordres de son maître avant de potentiellement devenir agressif si ce dernier lui fait comprendre que la personne en question représente effectivement un danger. À défaut, il risque de ne pas accepter les visiteurs.
Les choses se passent en principe mieux hors de son territoire, car il est alors normalement plus détendu. Il reste néanmoins susceptible de se montrer sourcilleux si une personne inconnue s’approche de son maître. Là encore, l’éducation est fondamentale pour que sa réaction ne dépasse pas le stade de la méfiance.
Parfois têtu et généralement dominant, le Cane Corso a tendance à remettre l’autorité en question tout au long de sa vie. Ce phénomène est particulièrement prononcé chez un mâle, mais une femelle est également concernée.
Ce chien a donc besoin d’une éducation ferme, constante et très cohérente. En particulier, il doit apprendre très vite qu’il se situe en bas de la hiérarchie du foyer, car il n’obéit qu’à ceux qu’il considère avoir un rang hiérarchique supérieur au sien - et donc qu’il respecte.
Qu’il s’agisse d’un mâle ou d’une femelle, le Cane Corso se montre aussi très dominant envers ses congénères, en particulier ceux du même sexe, au point d’être susceptible de ne pas les accepter et de leur chercher querelle.
Comme tous les chiens intelligents, le Cane Corso peut se montrer assez têtu et volontaire.
Néanmoins, il comprend très bien ce que l’on attend de lui et apprend vite. Il ne lui faut d’ailleurs que 15 à 25 répétitions en moyenne pour intégrer un nouvel ordre et y répondre, ce qu’il fait volontiers dès lors qu’il respecte son maître – ce qui suppose de lui faire comprendre clairement qui décide et quelle est sa place dans la hiérarchie du foyer.
Le Cane Corso ne devient mûr sur le plan psychologique qu’assez tardivement : entre 2 et 3 ans pour le mâle, et un peu plus tôt pour la femelle. Il connaît donc une adolescence prolongée, pendant laquelle il garde un comportement de chiot alors qu’il a déjà son gabarit d’adulte.
Bien que cela soit normal, cette phase peut rendre son éducation quelque peu ardue, car il a alors tendance à être particulièrement obstiné et indépendant d’esprit.
Pour être calme et équilibré, un Cane Corso adulte a besoin de se défouler intensément (marche rapide, course…) entre une et deux heures tous les jours. C’est donc un compagnon de choix pour un maître sportif qui souhaite un chien capable de l’accompagner dans ses activités.
Si ce besoin n’est pas satisfait, il est fortement susceptible de développer des troubles du comportement : hyperactivité, agressivité, destructions… Évidemment, tant son gabarit que sa puissance risquent alors de rendre la situation d’autant plus problématique.
L’idéal est qu’il ait accès à un grand jardin dans lequel il peut à tout moment se défouler à sa guise. Pour autant, cela ne dispense pas de l’emmener chaque jour faire de l’exercice au dehors.
En athlète accompli, le Cane Corso est endurant et prêt à pratiquer avec enthousiasme toutes sortes d’activités physiques, surtout s’il les partage avec les siens.
Ainsi, il aime trotter – et plus encore courir – aux côtés de son maître lors de séances de jogging ou de balades à vélo.
Il apprécie également de pratiquer toutes sortes de sports canins, et se montre notamment performant en agility et en dock diving. Cette dernière discipline consiste à nager en plongeant d’un quai, et suppose bien sûr d’avoir un compagnon qui aime l’eau - ce qui n’est pas le cas de tous les représentants de cette race.
Le Cane Corso est également toujours partant pour de longues randonnées en compagnie des siens. On peut sans hésiter le charger de tracter divers équipements et accessoires : il ne faut pas oublier qu’il s’agit fondamentalement d’un chien de travail, et qu’en tant que tel il est ravi qu’on lui confie des tâches.
Par ailleurs, il a autant besoin de stimulation mentale que d’exercice physique pour être bien dans sa tête et dans ses pattes. Si on ne maintient pas son mental occupé, le risque est élevé qu’il développe des troubles du comportement : aboiements, destructions, etc.
À ce titre, certaines disciplines de sport canin sont particulièrement adaptées pour jouer sur les deux tableaux : c’est le cas en particulier de l’obéissance ainsi que du pistage. Ce dernier consiste à trouver des objets disséminés le long d’un parcours (dans le cas du pistage sportif) ou une personne faussement égarée en milieu naturel, le maître ne connaissant évidemment pas la localisation de la « victime » (dans le cas du pistage utilitaire, inspiré du travail des brigades cynophiles de la police et de la gendarmerie).
On peut aussi parfaitement lui faire garder un troupeau : quand bien même celui-ci n’appartient pas à ses maîtres, il sera ravi de faire travailler son instinct de gardien et de se rendre utile.
Plus simplement, on peut aussi lui apprendre et faire exécuter toutes sortes de tours, par exemple pour ranger le domicile, apporter des objets, etc.
Même si aujourd’hui on l’adopte avant tout comme animal de compagnie, le Cane Corso a conservé toutes les qualités du chien de travail qu’il fut durant toute sa longue histoire.
Ainsi, ce protecteur-né est un patrouilleur infatigable et toujours aux aguets, prêt à défendre les siens et leurs biens en toute circonstance et à tout prix – y compris au besoin celui de sa propre vie.
Il faut d’autant moins hésiter à lui confier des missions (par exemple tout simplement apporter des objets) que cela lui permet à la fois de renforcer le lien qui l’unit à ses maîtres en se rendant utile auprès d’eux, et de se dépenser physiquement et/ou intellectuellement - lui qui justement en a grand besoin pour être équilibré.
Le Cane Corso est trop territorial et trop protecteur pour être un fugueur invétéré, mais il ne faut pas perdre de vue qu’il est doté d’un fort instinct de chasse. Il est donc indispensable qu’il évolue dans un espace solidement clos : autrement, il pourrait être tenté de poursuivre une proie potentielle qui passerait par là – mais d’ailleurs aussi d’éloigner un intrus (humain ou animal) qu’il percevrait comme une menace.
Il faut savoir aussi que ce chien est lourd et ne saute pas très haut, mais est très puissant et très grand – en particulier quand il se dresse sur ses pattes arrière. Par conséquent, il peut facilement détruire une clôture fragile ou élargir une brèche existante et s’échapper. Il est aussi capable de passer par en-dessous, dans la mesure où il aime creuser.
Il est donc recommandé d’investir dans une clôture solide atteignant au moins 1,80 m de haut, de préférence enterrée ou fixée sur un muret. En tout état de cause, une clôture « invisible » fonctionnant par impulsion électrique transmise à son collier ne suffirait pas à l’arrêter, car il est très résistant à la douleur.
Lors des promenades et des autres activités en extérieur, le risque de fugue est peu élevé, car le Cane Corso n’aime pas s’éloigner de son maître. En somme, son instinct de protection des siens est généralement plus fort que son instinct de chasse. Néanmoins, on ne peut pas exclure l’hypothèse qu’il envisage de se lancer à la poursuite d’un animal qui passe par là : par conséquent, travailler le rappel est une priorité absolue quand on possède un Cane Corso, car on ne peut se permettre de laisser un tel animal prendre la poudre d’escampette et évoluer hors de tout contrôle.
Le risque de fugue étant plus grand avant que le rappel soit acquis, on peut le tenir en laisse en attendant - particulièrement dans les endroits où on est susceptible de croiser la route de petits animaux. Cependant, cela ne va pas sans inconvénients : une laisse ne lui permet pas de courir et de se dépenser physiquement, alors qu’il a un besoin d’exercice élevé. Une autre option envisageable est de l’équiper d’un collier connecté : cela lui permet d’évoluer sans entraves, et on peut le retrouver facilement s’il s’éloigne.
Enfin, même si poursuivre une proie potentielle ou décourager une tentative d’intrusion sur son territoire sont les principales raisons qui peuvent pousser un Cane Corso à fuguer, il convient de rappeler qu’un chien est d’autant moins fugueur qu’il est heureux dans son foyer, c’est-à-dire que ses maîtres veillent à combler ses besoins en termes d’attention, d’affection, d’alimentation, d’exercice physique et mental, etc.
Du fait de son gabarit, le Cane Corso prend beaucoup de place ; s’il évolue dans un espace restreint (par exemple un petit appartement), il risque fort de renverser involontairement divers bibelots.
C’est d’autant plus vrai durant son adolescence, au cours de laquelle il est particulièrement remuant. Celle-ci présente d’ailleurs la particularité d’être relativement longue : elle se prolonge jusqu’à l’âge de 2 ou 3 ans, c’est-à-dire que dans un premier temps, il continue d’être très agité alors qu’il a déjà atteint sa taille adulte. Le risque de dégâts est à son maximum au cours de cette période, pendant laquelle il est d’autant plus judicieux de mettre à l’abri les objets fragiles et/ou ceux auxquels on tient le plus.
Une fois qu’il a atteint sa maturité psychologique, le Cane Corso est nettement plus calme et ne se montre normalement pas destructeur - sous réserve bien sûr qu’il ait chaque jour son content d’exercice et ne soit pas trop souvent ni trop longtemps livré à lui-même sans occupations.
En revanche, quel que soit son âge, il aime creuser. Cela peut être un inconvénient majeur pour les personnes qui aiment avoir un jardin impeccable, a fortiori quand on connaît sa puissance et son énergie. Il est toutefois possible de délimiter une zone réservée à ce passe-temps et de lui apprendre à ne pas creuser ailleurs.
Le Cane Corso aboie assez peu, sa simple présence étant généralement assez dissuasive pour éloigner les intrus potentiels. Par conséquent, il ne représente normalement pas une gêne sonore pour le voisinage.
Cela dit, si on a affaire à un individu plus vocal que la moyenne, il est possible de limiter les nuisances en lui apprenant à cesser d’aboyer dès qu’il en reçoit l’ordre. Il serait toutefois illusoire d’espérer éliminer totalement le problème, car les aboiements sont pour le chien un moyen de communication naturel.
Tous les chiens apprécient une certaine routine, et le Cane Corso ne fait pas exception. Il est cependant capable de s’adapter aux changements, en particulier si ces derniers n’impliquent pas qu’il soit séparé de ses maîtres.
Ainsi, changer de lieu de vie – temporairement pour des vacances, ou de façon définitive en cas de déménagement – ne lui pose pas de problème particulier : même s’il n’aime guère voyager, le plus important pour lui est d’être avec les siens. Une fois installé, il prend naturellement en charge la protection de ce nouveau territoire.
En revanche, le faire garder par un tiers (pet-sitter, pension canine…) est nettement plus difficile. On ne peut d’ailleurs envisager de le confier du jour au lendemain à des gens qu’il ne connait pas : il risque fort de ne pas les accepter, d’autant qu’en parallèle le fait d’être séparé des siens et donc de ne plus pouvoir les protéger est perturbant pour lui. Il reste toutefois possible de ne pas l’emmener avec soi et de le faire garder, dès lors qu’on s’y prend assez à l’avance pour qu’il ait le temps de s’habituer à ces nouvelles personnes - par exemple en organisant plusieurs rencontres avant de le confier pour de bon. On peut aussi atténuer l’angoisse liée au fait d’être éloigné de ses maîtres en lui laissant, en plus de son panier et de ses jouets favoris, un vêtement imprégné de leur odeur.
Un autre bouleversement possible dans la vie d’un Cane Corso est l’arrivée d’un nouveau membre dans le foyer.
S’il s’agit d’un nourrisson, son instinct de protection prend normalement le dessus dès qu’on le lui présente (qu’il s’agisse d’un bébé, d’un enfant ou d’un adulte, il faut toujours lui présenter dans les règles tout individu qu’il ne connaît pas), et il l’accepte sans problème. Il existe un risque que sa tendance à être possessif l’amène à être jaloux, mais dès lors qu’on ne le délaisse pas au profit du nouveau-né, il n’y a aucune raison que cela arrive. En tout cas, il faut également veiller à ce qu’il ne prenne pas trop au sérieux son rôle de protecteur du petit : il pourrait alors par exemple penser que ce dernier est en danger chaque fois qu’il pleure, ou encore se montrer sourcilleux quand quelqu'un s’approche du berceau.
Dans le cas où le nouveau venu dans le foyer est une personne qu’il connaît déjà, il n’y a en principe aucun problème – surtout s’il avait déjà l’habitude de le voir sur son territoire et si on fait attention à ne pas le délaisser.
En revanche, des présentations en bonne et due forme s’imposent si le nouveau venu lui est inconnu. Ce dernier doit savoir rester détendu, éviter de le regarder de façon insistante, le laisser s’approcher sans chercher à le toucher, et se laisser renifler sans faire de mouvement brusque. Dans un second temps, si le chien ne montre aucune agressivité ni méfiance excessive et qu’on l’y autorise, il peut lui caresser l’épaule et/ou le sternum (de sorte que sa main reste visible). Par la suite, il est fort probable que le Cane Corso se montre d’abord indifférent – voire distant – pendant quelque temps envers cette personne. Puis, voyant qu’elle ne représente aucune menace et que son maître est détendu, il doit normalement se détendre à son tour.
Enfin, un autre changement majeur susceptible de se produire dans la vie d’un chien est un changement de propriétaire. Bien que le Cane Corso soit proche des siens, il est normalement capable de s’adapter sans trop souffrir à cette nouvelle donne. Toutefois, il est préférable si cela est possible de prévoir une phase de transition, c’est-à-dire de lui laisser le temps de connaître et s’habituer à ses nouveaux maîtres avant qu’il les leur soit effectivement confié. Dans tous les cas, il est probable qu’au début ils aient besoin de s’affirmer face à ce chien volontiers têtu et dominant ; mais s’ils savent lui faire comprendre quelle est sa place au sein du foyer et s’ils lui accordent l’attention ainsi que l’affection dont il a besoin, il n’y a normalement pas de problème.
Quelle que soit sa race, l’éducation - et en particulier la socialisation - jouent un rôle important dans le fait qu’un chien accepte ou non ses congénères. Cependant, dans le cas du Cane Corso, elle ne suffit généralement pas à arrondir les angles, au point qu’il est globalement conseillé qu’il soit le seul chien du foyer. En effet, qu’il soit un mâle ou une femelle, il se montre généralement dominant envers ses semblables - en particulier ceux qui sont du même sexe et qu’il ne connaît pas. C’est encore pire si ces derniers sont eux-mêmes dominants, car il n’est pas du genre à envisager une seule seconde de se soumettre.
Adopter un chien adulte alors que le foyer comporte déjà un Cane Corso adulte lui aussi est donc à éviter – a fortiori si le nouveau venu potentiel est du même sexe. Non seulement il y a peu de chances qu’ils entretiennent de bonnes relations, si bien que le quotidien aurait de grandes chances d’être invivable pour tout le monde, mais en plus l’expérience pourrait rapidement se terminer par un drame en cas d’affrontement. En effet, le Cane Corso est doté d’une mâchoire extrêmement puissante, et sa très grande résistance à la douleur rendrait à peu près vaine toute tentative de son adversaire pour se défendre.
Une cohabitation reste toutefois possible dans certains cas, notamment si elle est mise en place alors que les deux protagonistes sont encore petits. Le cas de l’adoption d’un chiot alors que le Cane Corso est déjà adulte est plus ambivalent. Dans un premier temps, il y a de fortes chances que ce dernier considère le petit comme un membre de sa famille, qu’il se montre protecteur à son égard et que tout se passe bien, car un chiot se trouve naturellement tout au bas de la hiérarchie : il n’y a donc aucune rivalité entre eux. Cependant, les choses sont susceptibles de changer quand le chiot devient adulte à son tour… On peut toutefois réduire sensiblement le risque de problèmes en optant pour un petit du sexe opposé.
S’il n’y a pas de rivalité et que les deux compères s’entendent bien, la présence d’un autre chien dans le foyer peut même être bénéfique pour le Cane Corso lors des absences de ses maîtres. En effet, cela lui permet notamment d’avoir un autre être sur qui veiller, ce qui ne peut que réduire le mal-être potentiel induit par le sentiment d’impuissance à protéger les siens.
Le Cane Corso n’est pas non plus du genre à réserver le meilleur accueil à un congénère inconnu qui pénètre sur son territoire sans y avoir été invité. Au contraire, il voit cela d’un très mauvais œil, considérant cet intrus comme une menace (pour les siens et/ou pour lui-même) qu’il convient d’éliminer. Si on reçoit à la maison des visiteurs accompagnés d’un chien, des présentations en bonne et due forme sont donc indispensables pour qu’il accepte le nouveau venu. Il convient ainsi de laisser de l’espace aux deux protagonistes et de les laisser s’approcher l’un de l’autre à leur propre rythme, sans intervenir. En particulier, ils doivent pouvoir se sentir librement, car c’est ainsi qu’ils font connaissance. Mieux vaut par ailleurs qu’ils soient sur un pied d’égalité, c’est-à-dire soit tous les deux tenus en laisse, soit tous les deux laissés en liberté. Enfin, il est important que les humains soient eux-mêmes détendus, afin de ne pas envoyer de signaux négatifs. En tout état de cause, les choses se passent généralement mieux si les deux chiens sont de sexe différent et si « l’invité » n’a pas un tempérament dominant. Dans le cas contraire, le risque de conflit est plus qu’élevé, et mieux vaut dans la mesure du possible éviter ce genre de rencontres.
Des tensions sont également assez susceptibles de survenir lors de rencontres avec des congénères lors de promenades ou d’autres activités à l’extérieur, car le Cane Corso entre facilement en conflit avec ces derniers même lorsqu’il se trouve hors de son territoire – en particulier ceux qui sont de même sexe. Une grande vigilance est donc de mise, et l’usage d’une laisse extensible est fortement déconseillé. En effet, elle le rend plus facilement apte à se lancer effectivement dans un combat – et son adversaire n’a que peu de chances de s’en sortir indemne, voire de s’en sortir tout court.
En règle générale, le Cane Corso cohabite sans problème avec un chat dès lors qu’ils grandissent ensemble ou qu’on adopte un chaton alors que lui-même est déjà adulte. Dans ce dernier cas, il y a toutes les chances qu’il considère le petit félin comme un membre de sa famille et qu’il se montre protecteur à son égard.
La présence d’un chat peut d’ailleurs être bénéfique en cas d’absence prolongée de ses propriétaires : il n’est certes alors plus en mesure de protéger ces derniers, mais il peut au moins continuer d’être occupé et d’avoir une tâche à accomplir en poursuivant sa mission de protection de celui-ci.
En revanche, mieux vaut éviter d’adopter un chat adulte alors que lui-même l’est également. Il est vrai qu’un important travail de socialisation peut faciliter les choses (comme dans le cas de l’adoption d’un chien supplémentaire), mais il l’est tout autant qu’il demeure un risque élevé que le Cane Corso – territorial et chasseur dans l’âme – n’accepte pas le nouveau venu. Le cas échéant, ce dernier est en grand danger, car ce chien n’hésite pas à tuer les chats qu’il ne connaît pas et qui s’invitent sur son territoire.
Plus largement, ses relations avec les petits félins qu'il ne connaît pas sont plus qu'ombrageuses. Les chats qui ne font pas partie du foyer et qui ont la mauvaise idée de s’inviter dans le jardin se mettent clairement en danger de mort. Quant à ceux qu’il peut être amené à croiser lors des sorties, il est fortement enclin à les considérer comme des proies potentielles et se lancer à leur poursuite. Il est donc préférable de toujours le tenir en laisse dans les endroits où de telles rencontres sont susceptibles de se produire. Il est également important de travailler le rappel, afin d’être en mesure de le faire revenir s’il parvient à faire fi de la laisse pour se lancer à la poursuite un chat.
Il est fortement déconseillé d’envisager de faire cohabiter un Cane Corso avec un rongeur ou un oiseau. Quand bien même il serait très bien socialisé et on instaurerait cette cohabitation très tôt, son instinct de chasse est si fort que le petit animal ne serait jamais vraiment en sécurité avec lui : un drame pourrait survenir à tout moment. Par ailleurs, même dans le cas – improbable – où il n’essaierait pas un jour ou l’autre de le chasser, la différence de gabarit serait problématique : le Cane Corso pourrait facilement effrayer et/ou blesser involontairement son petit compagnon.
En ce qui concerne les petits animaux qu’il ne connaît pas et qu’il viendrait à croiser lors d’une sortie, son instinct de prédation très fort a toutes les chances de prendre le dessus et de le pousser à vouloir les poursuivre pour leur faire un sort. Il est donc recommandé de toujours le tenir en laisse là où le risque de telles rencontres est élevé, mais aussi de travailler le rappel, pour le cas où on ne parviendrait pas à le retenir.
Quant à ceux qu’il ne connaît pas et qui viendraient à s’inviter dans le jardin, c’est encore pire : si ce n’est pas son instinct de chasse qui l’incite à les attaquer, c’est son instinct de protection.
