Le raisin est un fruit bien connu issu de la vigne, et l'un des plus cultivés au monde. Il se reconnaît à sa disposition sous forme de grosses grappes, se consomme aussi bien tel quel que sec, et peut aussi être utilisé pour la fabrication de jus ou de vin. Il en existe un grand nombre de variétés à travers le monde. Sa chair tendre et juteuse est très appréciée pendant la saison estivale et l'automne.
Malheureusement, le chien lui ne peut profiter des délices de ce fruit, car le raisin est très toxique pour lui.
L’explication scientifique est toujours inconnue à ce jour, mais il est avéré que le raisin est toxique pour le chien. En effet, il détériore rapidement ses reins, et peut ainsi engendrer une insuffisance rénale sévère - voire mortelle dans les cas les plus graves.
Pour ce qu'on en sait aujourd'hui, toutes les variétés de raisins sont concernées. De plus, les raisins secs sont encore plus dangereux que les frais, puisqu'à poids égal, leur concentration en toxines est plus élevée.
Le raisin est d'autant plus problématique que contrairement à beaucoup d'autres fruits toxiques, il est appétent pour le chien, du fait de son goût sucré : celui-ci est donc davantage tenté d'en manger quand il en trouve sur son chemin. Mieux vaut donc se montrer prudent et ne jamais en laisser à sa portée.
Dans leur Guide pratique de toxicologie clinique vétérinaire, les spécialistes Philippe Berny et Stéphane Queffelec se sont intéressés à la dose de raisin à partir de laquelle un chien risque d'être empoisonné.
D'après leurs estimations, la dose toxique est :
Ainsi, une grappe de raisin frais, qui pèse en moyenne entre 150 et 500 grammes selon la taille qu'elle fait et les variétés, peut être mortelle pour un chien d'une dizaine de kilos.
Les symptômes en cas d'intoxication d'un chien au raisin apparaissent en deux temps : des troubles digestifs peu après l'ingestion, puis des symptômes beaucoup plus graves dans les jours suivants.
Un chien victime d’intoxication au raisin développe des premiers symptômes dans les 24 heures suivant l'ingestion.
On constate essentiellement :
Toujours dans les 24 heures qui suivent voire jusqu’à plusieurs jours après l’ingestion, des symptômes supplémentaires peuvent apparaître ultérieurement :
Ces symptômes sont typiques d’une insuffisance rénale aiguë du chien. En l'absence de prise en charge immédiate, des atteintes nerveuses apparaissent (une hypothermie puis un coma), puis l'animal décède. Il ne faut donc pas perdre une minute pour agir.
Si jamais on surprend son chien en train de manger du raisin, il est essentiel de lui faire cesser son comportement immédiatement et de lui faire recracher ce qu'il a dans la gueule. Puis, dans un second temps, il est préférable de réagir sans attendre en contactant un vétérinaire ou un centre antipoison vétérinaire pour obtenir les bons conseils à suivre - en particulier si la quantité de raisin ingérée est importante ou inconnue.
Globalement, le pronostic est plutôt bon si la prise en charge est rapide : c'est pourquoi il ne faut pas tarder à réagir si on soupçonne son chien d'en avoir mangé.
Le mieux à faire est donc de contacter immédiatement un vétérinaire ou à défaut un centre antipoison, même si aucun symptôme n'est encore visible.
Selon les cas, il peut être conseillé de le faire vomir, de lui donner du charbon actif, ou encore de pratiquer un lavage gastrique. C'est le vétérinaire ou le centre antipoison qui indique la meilleure chose à faire, en fonction de la quantité ingérée et de la durée qui s'est écoulée depuis l'ingestion. En général, si cette dernière a moins de six heures, les deux premières options sont retenues : cela permet d’éviter que davantage de toxines ne soient absorbées par l’organisme.
Qu'il ait ou non été possible de faire vomir le chien, il faut ensuite surveiller sa fonction rénale en l’hospitalisant pendant trois jours, et en le mettant sous perfusion pour éliminer les toxines qui seraient passées dans l'organisme.
Ces perfusions sont composées de solutés isotoniques (c'est-à-dire ayant la même tonicité que le plasma), sont adaptées en fonction des taux d’urée ainsi que de créatinine, et servent à rétablir l’équilibre hydro-électrolytique, c'est-à-dire les rapports entre les différents électrolytes (sodium, potassium, calcium, chlore, phosphore…) et l’eau contenue dans le corps.
En cas d’insuffisance rénale aiguë, des médicaments appelés chélateurs de phosphore aident à mieux faire fonctionner les reins (la chélation est en effet un procédé qui permet d’éliminer des métaux nuisibles à l’organisme). Il faut également que le chien puisse se réalimenter, ce qui nécessite le recours à une sonde naso-gastrique, c’est-à-dire un tube inséré par le nez et aboutissant à l’estomac.
La production d’urines est aussi particulièrement surveillée, avec éventuellement la pose d’une sonde et/ou l'emploi de certains médicaments pour la stimuler. En effet, un arrêt de la miction est le signe d’une atteinte rénale sévère, avec à la clef un fort risque de mortalité.
En cas d’anurie (absence d’urines), une dialyse péritonéale (qui utilise la cavité péritoine comme filtre) est généralement mise en place afin d’éliminer les toxines de l’organisme. Elle comporte cependant des risques de péritonite, c’est-à-dire d’inflammation du péritoine.
Certains centres spécialisés proposent donc plutôt une hémodialyse : cette technique consiste à transférer le sang vers un dialyseur ou un rein artificiel, qui le purifie puis le réinjecte dans l’organisme. Ce traitement est néanmoins très coûteux, et pour cette raison rarement effectué.
Quelle que soit la variété dont il s'agit, il ne faut jamais donner de raisin à son chien, même seulement quelques grains. Cela vaut pour le raisin frais, mais aussi le sec et toutes les autres formes que ce fruit est susceptible de prendre.