Très toxique
Répandu dans les parcs et les jardins, l'if est un grand arbuste ou un petit arbre appartenant au genre Taxus, et qui est connu pour sa croissance lente et sa longue espérance de vie. Il en existe à ce jour une dizaine d'espèces, la plus répandue étant l'if commun ou if à baies (Taxus baccata).
Bien qu'il s'agisse d'un conifère, l'if possède trois particularités rares pour ce groupe d'arbres :
L'if est très apprécié pour son bois depuis des millénaires pour la fabrication de divers meubles, outils et divers objets. Il est également apprécié dans les parcs et les jardins pour confectionner des haies, car il supporte bien la taille même drastique. Malheureusement, il est aussi très toxique pour un grand nombre d'animaux, dont le chien.
La toxicité de l'if pour nombre d'animaux - dont le chien - résulte de l'action cumulée de diverses substances, notamment des taxanes, qui ont une action délétère sur le coeur.
Ce sont surtout les graines de l'if - situées à l'intérieur des fruits - et les aiguilles qui sont les plus dangereuses. Si elles sont croquées puis avalées, elles libèrent une grande quantité de poison susceptible de tuer un chien. Elles présentent toutefois moins de risques pour la santé lorsqu'elles sont avalées entières, car les substances toxiques restent enfermées à l'intérieur et sont peu libérées pendant la digestion.
Les graines et les aiguilles ne sont pas les seules à être dangereuses : la quasi-totalité de l'if est toxique pour le chien. Cela vaut pour les branches, les racines, les fleurs, l'écorce... Même séchées, ces parties restent dangereuses pendant plusieurs mois. Seule la chaire rouge qui enrobe les graines est comestible - y compris d'ailleurs pour l'humain.
Dans l'ensemble, ce sont surtout les équidés - notamment les chevaux - qui sont les plus sensibles aux toxines présentes dans l'if. Ainsi, un cheval peut s'empoisonner et même mourir en quelques minutes après avoir mangé seulement quelques centaines de grammes de feuilles.
Pour le chien, la dose toxique n'est pas connue avec précision. En revanche, la plus faible dose létale recensée jusqu'à présent est évaluée à environ 11,5 milligrammes de taxine par kilo de masse corporelle : cela correspond à environ 2,3 grammes d'aiguilles par kilo. Cela signifie qu'un chien de 10 kg peut mourir avec moins de 25 grammes d'aiguilles.
Il faut toutefois savoir que ces valeurs sont approximatives. En effet, la quantité de taxine présente dans les feuilles varie tout au long de l'année, et est maximale en hiver. Un chien qui consommerait des feuilles pendant cette saison est donc encore plus à risques que le reste de l'année.
Lorsqu'un chien s'intoxique après avoir mangé de l'if (notamment les graines et/ou les aiguilles), les premiers symptômes apparaissent généralement une à trois heures après l'ingestion.
Comme pour beaucoup d'autres substances toxiques, ce sont surtout des troubles digestifs qui se manifestent en premier : on constate ainsi des diarrhées, des vomissements, ainsi qu'une salivation excessive ou au contraire une bouche totalement sèche. Cette réaction n'est pas le fait des substances les plus dangereuses (les taxanes) mais d'autres ayant une action irritante pour l'appareil digestif.
En cas d'intoxication grave avec de l'if, d'autres symptômes sont susceptibles d'apparaître dans les 12 à 48 heures qui suivent l'ingestion. Il s'agit généralement de troubles cardiovasculaires, avec d'abord une accélération puis un ralentissement du rythme cardiaque, ainsi que potentiellement une chute brutale de la tension artérielle. Des symptômes neurologiques sont possibles aussi : agitation, tremblements, convulsions, puis coma et décès.
De manière générale, le pronostic est mauvais dès lors que des troubles cardiaques et/ou nerveux sont présents. Il est toutefois courant que la mort survienne brutalement, avant même que le moindre symptôme n'ait été détecté.
Heureusement, les accidents mortels avec un chien sont rares, car c'est surtout la chair des fruits qui l'intéresse, et pas tellement les graines ni les feuilles. Ainsi, la gent canine est bien moins à risques que des espèces d'herbivores - en particulier le cheval, qui peut décéder en seulement quelques minutes après avoir mangé des feuilles d'if.
Si un chien mange de l'if et s'empoisonne avec, ses chances de survie sont globalement faibles, même avec une prise en charge rapide. En effet, il n'existe pas véritablement d'antidote pour les toxines concernées, ni de traitement considéré comme étant réellement efficace contre les symptômes correspondants. La prise en charge est d'autant plus difficile à mettre en place que certains individus décèdent brutalement sans réel symptôme avant-coureur.
Le traitement à mettre en place se fait généralement en trois étapes :
Il faut toutefois savoir que ces soins sont loin d'être suffisants pour assurer de bonnes chances de survie à l'animal, même s'ils sont mis en place tôt. En particulier, l'apparition de troubles cardiaques ou nerveux est généralement synonyme d'un pronostic sombre et d'un risque probable de décès. Cela ne doit pourtant pas dissuader de tenter le tout pour le tout.
Si l'ingestion est très récente (moins de 30 minutes dans l'idéal) et que l'animal ne présente pas encore de symptômes graves (notamment nerveux ou cardiaques), le mieux à faire est de le faire vomir : cela permet d'éliminer le plus de poison possible. Dans le cas contraire, un lavage gastrique et/ou une administration de charbon actif pour faciliter l'élimination du poison sont préférables. Le mieux est de demander conseil à un vétérinaire ou un centre antipoison pour animaux.
Dans la mesure où l'if est très dangereux et même souvent fatal, une hospitalisation en urgence est presque toujours nécessaire pour maximiser les chances de survie, même si le chien est encore asymptomatique.
Ce dernier est généralement placé sous surveillance cardiorespiratoire pendant plusieurs jours, et des traitements peuvent lui être administrés pour aider à prévenir et/ou lutter contre les effets cardiaques des taxines. L'atropine donnerait de bons résultats sur les animaux : c'est donc ce médicament qui est généralement utilisé dans ce cas précis.
En plus de la surveillance cardiaque qui est indispensable, d'autres traitements peuvent être mis en place pour lutter contre les éventuels symptômes qui se manifestent. On peut citer notamment :