Une opération de convenance désigne une intervention chirurgicale destinée à modifier l'apparence d'un animal de compagnie ou à d'autres fins non curatives - c'est-à-dire qu'elle ne soigne pas un problème de santé déjà présent. Il peut s'agir de raccourcir voire enlever la queue, modifier la forme des oreilles, retirer les griffes...
De telles interventions peuvent dans certains cas être justifiées sur le plan médical : elles ne sont alors pas considérées comme étant « de convenance ». Cette appellation ne vaut que dans les autres cas de figure. Lorsqu'elles sont réalisées dans l'objectif de modifier l'apparence, elles font alors partie de la chirurgie esthétique pour animaux.
Les opérations de convenance ne sont pas nouvelles : par exemple, la coupe de la queue était déjà largement pratiquée au 18ème siècle, et est vraisemblablement bien plus ancienne que cela. Toutefois, elles font désormais l'objet de nombreuses polémiques sur le plan éthique, raison pour laquelle elles sont encadrées voire interdites dans divers pays et territoires.
Quelles sont les principales opérations de convenance pour les chiens ? Peut-on parler de chirurgie esthétique ? Quels risques représentent-elles pour l'animal, et dans quels territoires sont-elles légales ?
La caudectomie est la pratique qui consiste à couper la queue d'un chien.
Elle est le plus souvent pratiquée pour des considérations esthétiques : certaines races sont en effet davantage appréciées avec une queue courte, pour des raisons historiques. Elle a parfois aussi une utilité pratique pour un certain nombre de chiens de travail, car la queue est un organe susceptible de se blesser facilement et pouvant mettre longtemps à guérir : la retirer permet de limiter le risque de blessures.
La caudectomie a toutefois un impact non négligeable sur le plan physique bien sûr, mais aussi sur le plan psychologique. Cela explique qu'elle est interdite dans un certain nombre de territoires (notamment en Belgique, en Suisse et au Québec), sauf lorsqu'elle est motivée par des considérations médicales. Elle reste toutefois autorisée en France pour l'instant (même lorsqu'elle est pratiquée en tant que simple opération de convenance), à condition d'être réalisée dans les 5 jours après la naissance : cela permet de limiter les souffrances de l'animal.
Aussi appelée essorillement, l'otectomie est une des opérations de convenance les plus anciennes, avec la caudectomie. Elle correspond à la coupe de la partie extérieure des oreilles semi-tombantes, afin de les forcer à se redresser sur la tête.
L'objectif de cette intervention est double : elle sert à la fois à faire paraître l'animal plus haut et donc plus impressionnant, mais aussi à limiter le risque de blessures au niveau des oreilles. Cela explique qu'elle concerne surtout des races ayant longtemps été utilisées pour la chasse, la garde ou le combat, et qui pour certaines le sont encore.
Dans la mesure où elle a un impact non négligeable sur la santé et le comportement de l'animal sur lequel elle est pratiquée, l'otectomie est interdite dans un nombre important de territoires, sauf lorsqu'elle se justifie sur le plan thérapeutique. On peut citer notamment la France, la Belgique, la Suisse, le Quebec...
Comme son nom l'indique, la dévocalisation est l'intervention consistant en l'ablation partielle ou totale des cordes vocales. On l'appelle parfois aussi ventriculocordectomie.
Lorsqu'elle est pratiquée à des fins non thérapeutiques, cette opération a pour objectif de réduire l'intensité des aboiements du chien, voire de les supprimer totalement.
La dévocalisation n'est absolument pas sans conséquences pour l'animal, même si elle peut sembler moins violente que la coupe de la queue ou le retrait des griffes. En effet, l'aboiement est un mode d'expression normale pour un chien : si celui-ci n'a plus la possibilité d'aboyer à sa guise, il risque de développer rapidement une frustration, voire un stress chronique. Il existe également un risque important de complication, en particulier sur le plan respiration : pneumonie, difficulté à respirer lors d'un effort... Pour ces raisons, elle est interdite dans de nombreux endroits du monde - en particulier en Europe mais pas seulement.
Aussi appelé onyxectomie, le dégriffage est comme son nom l'indique le retrait des griffes. Il est le plus souvent pratiqué sur les chats, mais peut également concerner d'autres animaux domestiques, notamment les chiens.
Il a généralement pour objectif de réduire les dégâts sur les meubles (canapé, lit, fauteuil...) ou les blessures sur des humains ou d'autres animaux en cas de jeux ou de bagarres. Il ne concerne donc habituellement que les pattes avant, car les chiens utilisent moins les griffes de leurs pattes arrière. Concrètement, il consiste à retirer l'extrémité des phalanges concernées, afin d'éviter la repousse des griffes avec le temps.
Compte tenu du risque de complication qu'il représente et de l'impact qu'il a sur l'animal (en particulier sur sa démarche), le dégriffage est le plus souvent interdit, sauf motifs médicaux. C'est le cas en particulier en France, en Belgique, en Suisse et la plupart des autres pays d'Europe. En fait, il est essentiellement pratiqué dans certains États des États-Unis et dans certaines provinces du Canada, même s'il concerne tout de même bien plus les chats que les chiens.
Comme son nom l'indique, l'ablation des ergots désigne le retrait des ergots d'un chien, c'est-à-dire des doigts atrophiés correspondant aux pouces humains et se situant à l'arrière des pattes.
L'objectif de cette opération est généralement soit de limiter le risque de blessure (en particulier pour un chien qui creuse beaucoup), soit de réduire les dégâts qu'il pourrait causer involontairement (par exemple sur le canapé ou le fauteuil) - soit les deux.
Bien qu'elle soit moins sujette à controverse que les autres opérations de convenance (les ergots sont en effet des doigts atrophiés, qui n'ont pas de réelle utilité pour l'animal), elle n'en demeure pas moins critiquée pour des raisons éthiques. Pour cette raison, elle est elle aussi interdite dans un certain nombre de pays, en particulier en Europe.
La stérilisation est considérée comme une opération de convenance, dans la mesure où elle est généralement réalisée de manière préventive et non curative.
Elle vise avant tout à empêcher l'animal de se reproduire, mais ce n'est pas son seul intérêt : elle limite les comportements considérés comme gênants lors de la phase de reproduction (marquage de territoire, fugues, bagarres avec des congénères...) et évite un certain nombre de maladies et problèmes de santé (tumeurs mammaires ou testiculaires, troubles de la prostate, infection de l'utérus...).
Pour ces raisons, la stérilisation n'est pas véritablement controversée au même titre que les autres opérations de convenance. C'est même plutôt l'inverse : elle est bien souvent vivement encouragée afin notamment de réduire le nombre de portées non désirées et ce faisant de limiter les abandons. Elle est même obligatoire dans certains cas : par exemple, la loi française sur les chiens dangereux stipule que les chiens de catégorie 1 (ou d'attaque) doivent être stérilisés.
Si les opérations de convenance sont autant décriées et même parfois interdites, ce n'est pas sans raison : elles présentent un certain nombre de risques pour les chiens.
Tout d'abord, il existe évidemment un risque de complication plus ou moins grave : hémorragie, infection, perte de sensibilité... C'est vrai pour toute chirurgie (a fortiori si elle est pratiquée sous anesthésie générale), mais la question se pose d'autant plus lorsqu'elle n'est pas réalisée à des fins thérapeutiques et s'avère donc dispensable.
De plus, une opération de convenance est nécessairement douloureuse, non seulement dans les jours / semaines qui suivent, mais parfois aussi sur le moment si elle n'est pas pratiquée sous anesthésie (ce qui est souvent le cas par exemple pour la coupe de la queue). Certes, le vétérinaire prescrit normalement des antidouleurs pour atténuer la douleur, mais cela ne permet pas de la supprimer totalement.
Enfin, une opération de convenance a presque toujours des répercussions sur le plan physique ou psychologique, dans la mesure où elle altère le fonctionnement d'une partie du corps : la queue, les oreilles, les cordes vocales, les griffes... À titre d'exemple, une queue écourtée voire totalement absente empêche l'animal de communiquer correctement avec son entourage (notamment pour signaler qu'il est content ou stressé), et joue moins bien son rôle de balancier lorsqu'il court ou saute. Seule l'ablation des ergots ne présente pas ce risque, car ils n'ont de toute façon aucune utilité pour le chien.
Compte tenu des risques qu'elles présentent et des faibles bénéfices qu'elles apportent, les opérations de convenance ne sont pas autorisées partout.
C'est le cas notamment en Europe : la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie, finalisée par le Conseil de l'Europe en 1987, vise entre autres à interdire la coupe de la queue, la coupe des oreilles, la section des cordes vocales et l'ablation des griffes sauf avis médical. Elle a depuis été ratifiée par 26 États, parmi lesquels la Belgique en 1991 et la Suisse en 1993. La France l'a également signée (en 2003), tout en intégrant une dérogation afin de ne pas interdire totalement la coupe de la queue pour des raisons esthétiques : celle-ci reste autorisée à condition qu'elle soit pratiquée dans les 5 jours après la naissance.
Les opérations de convenance sont interdites aussi dans d'autres endroits du monde. On peut citer notamment diverses provinces du Canada, parmi lesquelles le Québec : le Règlement sur le bien-être et la sécurité des animaux domestiques de compagnie et des équidés, paru en 2022 et entré en vigueur en 2024, interdit ainsi la caudectomie, l'essorillement (otectomie), la dévocalisation et l'onyxectomie (dégriffage) pour les chiens, sauf raisons médicales.