Les chiens policiers, tout le monde les connaît, ou du moins croit les connaître. Il n’est pas rare en effet de les croiser dans la rue, dans les gares ou encore dans les aéroports ; ils font en quelque sort partie de notre paysage.
Egalement appelés chiens de détection ou chiens de recherche, ils sont doués d’un flair exceptionnel, et forment avec leur maître-chien policier un duo uni pour la vie. Après une formation commune à tous les types de chiens renifleurs, chaque binôme se spécialise pour un type de recherche en particulier.
Mais qui sont ces chiens, et comment les choisit-on ? Comment sont-ils formés, et comment travaillent-ils une fois rendus opérationnels ?
Les chiens de recherche sont des experts dans leur domaine. Que leur spécialité soit de retrouver des drogues, des explosifs, des accélérants ou des personnes, ils sont souvent jugés bien plus efficaces et fiables que les différents moyens technologiques disponibles - quand de tels moyens existent, ce qui n’est pas toujours le cas. Et surtout, ils font gagner beaucoup de temps et d’argent.
Ainsi, pour faire le travail qu’un seul chien de recherche de stupéfiants fait en une heure, il faut pas moins de 30 policiers. En fonction de la quantité, de l’emballage, des conditions climatiques et de divers autres facteurs, le flair du chien lui permet de détecter des substances jusqu’à un rayon de 200 mètres autour de lui. Les humains ne sont absolument pas en mesure de tenir la comparaison et doivent se livrer à une recherche systématique, d’autant plus longue que la zone concernée est vaste.
On peut donner un exemple de la crédibilité des chiens renifleurs à travers leur utilisation par la justice. En France, c’est en 2003 que des juges ont pour la première fois demandé une expertise canine pour éclairer leurs travaux. Depuis lors, la police technique et scientifique française compte dans ses rangs des chiens policiers spécialisés en odorologie. Visiblement, cette nouvelle spécialisation de chien de recherche a fait ses preuves, puisqu’on recense désormais chaque année plus de cinquante demandes du même type.
Une étude menée conjointement en 2016 par la Sous-Direction de la Police Technique et Scientifique et le Centre de recherches en Neurosciences de Lyon reconnaît d’ailleurs leur fiabilité et leur efficacité pour la détection d’odeurs humaines, qu’elles soient corporelles ou proviennent d’objets. L’identification de l’odeur d’un suspect par un chien est même en passe d’être considérée comme aussi fiable que les empreintes digitales ou l’ADN.
De fait, les chiffres parlent d’eux-mêmes : partout dans le monde, le recours aux unités cynophiles ne cesse de croître, et de plus en plus de chiens sont formés, malgré la durée et le coût des formations. Ce n’est pas non plus un hasard si certains pays ne disposant pas encore d’unités cynophiles, notamment en Afrique, souhaitent en former pour lutter plus efficacement contre différents types de criminalité.
Pour être efficaces, les chiens policiers n’en sont pas pour autant infaillibles. Comme leurs homologues humains, ils sont des limites. Par exemple, les chiens de recherche de stupéfiants ne repèrent pas le LSD, tout simplement parce que cette drogue est totalement inodore.
Les trafiquants se creusent d’ailleurs la tête pour essayer de tromper le flair des chiens détecteurs de drogue, souvent avec bien peu de succès. Néanmoins, dans l’absolu, si la drogue (ou toute autre chose que le chien renifleur est supposé détecter) est enfermée dans une boîte hermétiquement close et fabriquée dans un matériau complètement non poreux, comme le plomb ou le verre, le chien ne peut pas la détecter, faute d’en percevoir l’odeur.
Ces procédés restent cependant très aléatoires, et tromper le flair du chien est très difficile. Par contre, des experts et des chercheurs pensent qu’il est possible de tromper le chien en trompant son maître. En effet, guidés par la main de leur maître, les chiens de détection seraient influencés par des signaux non verbaux – et inconscients – venant de lui. Le docteur Lisa Pit, ancien maître-chien policier et chercheuse au Mind Institute de Californie, s’est livrée à une expérience portant sur 18 binômes venant de divers corps de police, et les résultats qu'elle a obtenu sont assez déroutants.
Lisa Pit a dit à ces équipes que des échantillons de drogues et d’explosifs avaient été cachés dans quatre pièces. En fait, il n’y avait rien, à part des leurres pour les chiens (des balles et des saucisses) et pour les hommes (des bouts de papier rouge collés à certains endroits). Les maîtres-chiens policiers devaient l’alerter si les chiens trouvaient quelque chose. Il y eut des alertes dans chaque pièce, et le plus fort est que ces alertes concernaient en majorité les endroits où les bouts de papier avaient été collés, et non pas là où se trouvaient les balles ou la nourriture. Les maîtres auraient donc inconsciemment guidé leur chien sur des endroits où eux pensaient qu’il y avait quelque chose, et le chien aurait suivi en marquant ces endroits. Ce phénomène, connu sous le nom d’effet Clever Hans, est un effet idéomoteur : sans même s’en rendre compte, le maître peut influencer le chien.
Il y a sans doute d’autres exemples qui confirment que les chiens policiers renifleurs ne sont pas infaillibles. Il n’en reste pas moins qu’ils sont dans l’ensemble nettement plus rapides et efficaces que les humains pour les tâches sur lesquelles on les emploie, et ont donc encore de beaux jours devant eux dans les corps de police du monde entier.