Le maître, responsable des problèmes comportementaux et de santé du chien ?

Le maître, responsable des problèmes comportementaux et de santé du chien ?

Les maladies des chiens, tout comme celles des hommes, peuvent trouver leur origine dans leur vécu, leur ressenti et leur environnement. Ainsi, le cadre de vie offert par le maître influence la santé et les éventuelles maladies de son compagnon.


Mais il n'y a pas que les maladies : de façon plus générale, l’Homme joue un rôle déterminant quant à l'apparition ou la récurrence de certains troubles chez son compagnon.


Ainsi, par son comportement et ses maladies, le chien se révèle souvent être le miroir de son maître.

L'animal, éponge des frustrations humaines ?

L'animal, éponge des frustrations humaines ?

Le rapprochement entre les maîtres et leur animal s’établit spontanément au sein de la famille. Dans cette relation emplie de vérité et d’authenticité, l’Homme ne peut se cacher derrière le masque social dont il se sert souvent pour communiquer avec les membres de son espèce. D’une part, l’être humain se laisse souvent beaucoup plus aller avec son animal familier que dans ses relations sociales. D’autre part, les modes de communication des animaux étant différents des nôtres, ils savent aborder et ressentir de manière très perspicace nos ressentis et sont capables de percevoir, même d’absorber comme une éponge, nos sentiments refoulés ou nos pensées cachées.

 

L’Homme, du fait de son vécu, son histoire et ses ressentis, développe différents maux. Mais parfois, lorsqu’il établit une relation avec un animal, c’est ce dernier qui va les exprimer.

 

D'une certaine façon, nous construisons nos relations avec nos animaux dans le but de pallier la satisfaction de nos plaisirs, de nos besoins et de notre narcissisme. Par sa présence et son affection, l'animal est présent pour nous aider à gérer nos difficultés, nos échecs et éponger notre stress. Il devient le fusible des états émotionnels de l'Homme, celui qui va accumuler toutes ses frustrations pendant que le maître s'en déleste. L'animal en devient humain aux yeux de son maître, qui lui associe le rôle de confident.

 

Mais si l'animal est trop sollicité psychologiquement par son maître, il peut développer des comportements adaptatifs gênants et des psychosomatisations. Véritable éponge des ressentis humains, il partage les tracas de son maître, ses contrariétés et conflits : il est alors susceptible de répondre par la maladie aux troubles de son propriétaire, d'autant qu'il subit en parallèle sa méconnaissance des spécificités de l’espèce canine ou féline ainsi que son anthropomorphisme. Nombre d'affections peuvent d'ailleurs être les symptômes de difficultés d’adaptation, de dysfonctionnements de la relation homme/animal.

 

Pourtant, lorsqu’il vit dans son habitat naturel, l’animal (dont on qualifie souvent l’intelligence d’inférieure, lorsqu’elle n’est pas tout bonnement niée) est moins enclin que l’être humain à dévier du chemin de la santé. Mais, au contact de l’Homme, lorsqu’une relation est tissée, son environnement se complexifie, car il intègre les conflits et ressentis humains. Les angoisses, les carences, les blessures, les émotions de l’Homme en général, qu’elles soient exprimées de manière expansive ou au contraire refoulées, deviennent partie intégrante de son environnement. Le phénomène de déplacement peut alors opérer, augmentant les facteurs de risques de somatisation de l’animal. S’ajoute à ça tous les non-respects par les maîtres des spécificités de la nature de l’animal et des besoins qui lui sont propres.

Lorsque les besoins de l'animal ne sont pas respectés

Lorsque les besoins de l'animal ne sont pas respectés

Le maître augmente également les risques de somatisation de son animal en ne respectant pas ses besoins éthologiques, par ignorance ou tout simplement parce qu’il ne peut agir autrement au vu de son histoire.

 

Par exemple, le chien a besoin de hiérarchie pour s'épanouir, car c'est un animal social auquel des règles de vie claires et permanentes doivent être imposées pour son confort personnel. Il est donc nécessaire d'établir une hiérarchie au sein de la famille pour que ses rapports avec le chef et les autres membres de la famille soient clairs, et éviter qu'il ne se voie attribuer maladroitement certains privilèges de la dominance par ses maîtres, qui prétendent ensuite exiger son obéissance.

 

Sans hiérarchie clairement établie, le chien ne sait s'il appartient au camp des dominants ou des dominés : à cette place intenable, il se retrouve en proie à des émotions contradictoires et peut développer des troubles du comportement gênants, comme par exemple un comportement destructeur (notamment à l'encontre du mobilier). Malheureusement, du fait de son expérience de vie, le propriétaire peut dans certains cas être incapable de montrer à son chien qui est le maître.

 

Par ailleurs, un maître ne respectant pas les besoins de l'animal, à commencer par celui d'être suffisamment stimulé, engendre de l'angoisse chez ce dernier.

 

Enfin, certaines affections peuvent survenir en réaction à des problèmes personnels dans la famille (divorce, conflit momentané ou autre choc intra familial, déménagement, etc.). Ces problèmes ne sont pas vécus « pour eux-mêmes » par l’animal, car ça n’est pas tant le caractère heureux ou malheureux du changement de vie qui est en cause, mais plutôt le sentiment d’insécurité qu’il engendre.

 

Malheureusement, le maître n'est pas toujours conscient d'être la cause de certains problèmes comportementaux chez son compagnon. De fait, s'il ne comprend pas le langage de l'animal, il sera incapable de s'apercevoir des besoins de celui-ci. Et quand bien même il en serait conscient, il pourrait être incapable de les résoudre.

 

Malgré les progrès de la psychologie animale, malgré la multiplication des comportementalistes canins et comportementalistes félins, malgré encore la diffusion accrue du savoir via les nouvelles technologies, trop d'animaux de compagnie continuent d'être victimes de l'anthropomorphisme de l'Homme. Ils se retrouvent alors en conflit avec un milieu humain qui ne les comprend pas toujours, et ne les respecte pas en fonction de leurs besoins et des critères relatifs à leur espèce. Ce non-respect génère des frustrations chez l’animal, qui devient sujet au développement de pathologies psychosomatiques.

La sensibilité du chien et du chat

La sensibilité du chien et du chat

Il serait évidemment exagéré de considérer toutes les maladies des animaux comme des déplacements des troubles de l’Homme à son compagnon. Cependant, il est bon d’être vigilant lorsque la maladie a un caractère « anormal », par exemple en cas de récidives, lorsqu'elle apparaît de façon précoce compte tenu de l’âge de l’animal, ou encore lorsqu'elle revêt un caractère exceptionnel pour l'espèce.

 

Dans de tels cas de figure, la recherche des causes de la maladie ne doit pas hésiter à s'orienter vers l’environnement humain dans lequel l'animal évolue. Car si tous les animaux familiers ne somatisent pas les troubles de leur maître, la sensibilité de l’animal et un environnement favorable à une grande proximité prédisposent aux déplacements des maux du maître à son animal. À noter d'ailleurs qu'un chat est moins sujet à ce genre de troubles qu'un chien, car il est plus indépendant et prend plus de distance face aux problèmes des humains, sauf si bien sûr il vit une relation symbiotique avec son maître.

 

Souvent, l’attitude de l’humain est, pour tenter de soigner la maladie de son compagnon, de se concentrer sur les symptômes en faisant abstraction de l'environnement. Or, pour l’animal tout comme pour l’Homme, il est nécessaire de considérer le vécu de l’individu afin de remédier durablement à ses symptômes. L’environnement dans lequel il vit, la relation avec ses maîtres ou encore les ressentis de la famille sont autant d'aspects à considérer pour une prise en charge optimale des maux et maladies.

 

Plus précisément, il est important de ne négliger aucun des deux côtés : l'Homme d'un côté, l'animal de l'autre. Pour ce faire, il est nécessaire de percevoir le maître dans ses croyances, ses peurs, ses projections, ses émotions, et l’animal, en plus de ses symptômes et de son langage non verbal, dans ses besoins, ses codes de comportement et les modes de communication relatifs à son espèce.

 

Ainsi, tout propriétaire d'un animal souffrant de tels troubles devrait commencer par se poser quelques questions :

  • qu’est-ce qui a changé dans l’environnement perceptif de mon chien ou de mon chat ?
  • n’y a-t-il pas actuellement un problème personnel ou familial qui me fait réagir différemment face à lui ?
  • quelle est mon attitude envers mon animal ? Ne suis-je pas trop anxieux pour lui ?
  • mon attachement pour lui n’est-il pas excessif, est-ce que je ne le cajole pas trop ? Ne me suis-je pas appuyé sur l’entretien et le maintien de cet attachement qui ne le laisse pas devenir plus autonome et équilibré ?
  • est-ce que je ne projette pas sur lui des désirs inconscients, des fantasmes qu’un animal ne peut ni réaliser, ni assumer ? Le cas échéant, ceux-ci influencent la manière d’être avec le chien (ou le chat) et interfèrent sur les affects et la santé de ce dernier.

Le comportementaliste, psychologue des animaux

Le comportementaliste, psychologue des animaux

Les comportementalistes sont des professionnels spécialistes de la relation de l’Homme à son compagnon. Ces conseillers en relations inter-spécifiques (c'est-à-dire entre espèces) appréhendent les comportements de l’animal de manière systémique, c’est-à-dire en analysant le sujet dans sa globalité, en prenant en considération les maîtres et l’environnement. Un environnement frustrant (du moins selon les critères éthologiques de l'animal) peut conduire ce dernier à développer des maladies et des comportements adaptatifs indésirables pour son maître... voire pour lui-même.

 

Agir sur l’environnement permet alors une réadaptation des comportements et une résorption des symptômes de l’animal. C’est justement ce en quoi consiste l’intervention du comportementaliste animalier, son domaine de travail étant la cause, et non la conséquence.

 

Pour autant, le comportementaliste n’est pas un concurrent du vétérinaire. Il n’a pas les mêmes connaissances. Tout comme le psychologue ne peut réparer une jambe cassée, un comportementaliste ne peut en aucun cas se substituer au vétérinaire quand une intervention médicale est nécessaire à la santé de l’animal.

 

Autrement dit, l’activité du comportementaliste pour animaux est complémentaire de celle du vétérinaire. Exactement comme il peut être utile à l’être humain, en plus d’être suivi médicalement, de se tourner vers un professionnel capable de s’occuper de l’origine psychosomatique de sa maladie, il peut être bénéfique à l’animal familier de recevoir, en plus des soins apportés par un vétérinaire, le regard d’un comportementaliste. Ceci permettra que ses symptômes soient pris en charge de manière optimale, grâce à l’apport de deux approches différentes et complémentaires.

 

Les vétérinaires sont les seuls professionnels compétents et autorisés pour traiter des affections somatiques. Le comportementaliste pourra, lui, être consulté plus tard, une fois l’urgence maîtrisée et le diagnostic du vétérinaire posé. Tout est histoire de complémentarité. Une intervention du vétérinaire pour la prise en charge de la somatisation, et une intervention du comportementaliste pour la prise en charge de la relation homme-animal, permettent une double approche du symptôme, et apportent donc l’efficacité de la complémentarité des disciplines.

Quand les maux traduisent le mal-être

Quand les maux traduisent le mal-être

Il existe des maladies, chez l’animal comme chez l’Homme, dont on reconnaît volontiers l’origine psychosomatique. Ce sont les ulcères, les problèmes de peau, les troubles digestifs, cardiaques ou urinaires, ou plus précisément chez l’animal, les perte de poils, les lactations nerveuses, etc. Ces conversions somatiques sont à l'origine causées par des émotions non ou mal gouvernées par l'animal sur du long-terme, et se caractérisent par leur permanence ou leur récurrence.

 

On peut alors le voir se gratter ou se lécher nerveusement, tousser, vomir, avoir la diarrhée, boitier ou courir après sa queue, uriner ou déféquer dans la maison… Ces douleurs, lésions ou comportements altérés sont l’exact reflet des émotions qu'il ressent. Les vétérinaires ne parviennent pas toujours à soigner ces troubles, ou du moins pas de manière durable, du fait de leur origine psychique.

 

Par ailleurs, la réaction du maître non averti au trouble de son animal peut aggraver le mal : ainsi, un chat trop sollicité par un maître angoissé peut avoir comme réaction de se lécher de manière excessive, parfois jusqu'à l'automutilation (alopécie, notamment). Le maître, en découvrant la perte de poils de son animal, aura tendance à accroître son attention sur lui et à inspecter plus souvent son pelage à la recherche de la cause du mal, aggravant par là-même le malaise du chat.

 

Dans ce genre de situation, il est très pertinent de faire appel à un comportementaliste, dont les diverses techniques, basées sur l’élaboration d’un diagnostic précis et sur la mise en œuvre de moyens adaptés à chaque cas, sont applicables à ces symptômes. La consultation d’un vétérinaire reste néanmoins incontournable, car encore une fois, tout est affaire de complémentarité.

 

Le comportementaliste sait qu’un même symptôme n’est pas automatiquement le produit d’un même dysfonctionnement : les solutions toutes faites n’existent pas. L’origine de la somatisation peut être de l’angoisse ou de l’anxiété, des peurs ou des phobies, mais aussi des déplacements névrotiques des maîtres, des désordres relationnels, sociaux, ou tout non-respect des critères canins ou félins.

 

Une fois l’origine du symptôme trouvée, le comportementaliste met en place des mécanismes d’apprentissage, des thérapies qui réorganisent le tissu social inadapté à l’animal et qui apportent une réponse comportementale et physiologique satisfaisante. En permettant la réadaptation de l’environnement aux besoins de l’animal, il induit des changements de comportements de ce dernier mais aussi, indirectement, une amélioration de sa santé (tension, rythme cardiaque, activité du système immunitaire...).

Conclusion

Un chien qui subit une relation ne lui convenant pas développe des comportements adaptatifs et/ou des maladies. Pour y remédier, il convient de s’occuper non pas de l'animal en lui-même, mais du problème contextuel qui est à l’origine des symptômes observés.

 

En s’occupant du maître et de ses inductions inhérentes à ses comportements, ses croyances et ses émotions, on replace le chien sur le chemin de l’harmonie. Ceci est facilité par le fait que sa nature adaptative lui permet de réagir aux changements, d'évoluer en même temps que son environnement. Le comportementaliste, en guidant les maîtres vers des changements appropriés aux besoins et critères de leur chien, agit sur l’équilibre de ce dernier, et par ricochet sur ses comportements et sa santé. 

Par Damien.G - Dernière modification : 08/10/2019.

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