Le grand public a découvert Chips en 1990, avec l’adaptation de sa biographie en téléfilm par les studios Disney sous le titre Chips, chien de combat (Chips, the War Dog en version originale). Si sa vie fut moins romanesque que ce que le film présente, elle fut toutefois ponctuée d’actes de bravoure et de missions périlleuses qui le firent côtoyer les grands de ce monde et passer à la postérité.
Né en 1940 dans la famille Wren à Pleasantville, dans l’État de New-York (États-Unis), Chips était un croisement de Berger Allemand, Husky Sibérien, et Colley. En 1942, alors qu’il était à peine adulte, ses propriétaires le confièrent à l’armée américaine, qui recrutait des chiens pour les former afin de servir comme sentinelles ou comme patrouilleurs. En effet, malgré leur attachement à leur compagnon, les Wren décidèrent de le remettre aux militaires, convaincus que sa vigueur et son intelligence serviraient les intérêts de la nation.
Il intégra donc le centre de formation des chiens de guerre de Front Royal, en Virginie, avant d’être affecté à la 3ème Division d’Infanterie. Il y servit en Afrique du Nord, Italie, France et Allemagne.
En 1943, il servit pour monter la garde pendant la conférence de Casablanca entre le président américain Roosevelt (1882-1945) et le premier ministre britannique Winston Churchill (1874-1965).
Après cela, Chips et son maître-chien John P. Rowell furent envoyés en Sicile. Au moment où leur escouade débarquait sur une plage, elle fut prise sous le feu nourri de mitrailleuses. Se libérant brusquement de son maître, Chips se rua dans la casemate d’où venaient les tirs et sema la panique parmi les militaires italiens, qui se rendirent alors immédiatement. L’un d’entre eux, saisi à la gorge par Chips, ne dut son salut qu’à l’obéissance sans faille ce dernier à son maître, qui lui ordonna in-extremis de desserrer l’étau.
Quelques heures plus tard, Chips se distingua encore en flairant la présence de 10 soldats ennemis, permettant leur capture.
Du fait de ses remarquables actions, plusieurs décorations américaines normalement destinées aux humains lui furent décernées : la Distinguished Service Cross, la Silver Star et la Purple Heart. Cette attribution fut toutefois remise en cause par certains responsables au sein de l’armée, qui firent pression et obtinrent l’interdiction de toute reconnaissance officielle envers des animaux. L’unité de Chips décida malgré tout de lui décerner des décorations officieuses : un ruban orné une pointe de flèche pour commémorer son débarquement d'assaut, et une étoile pour chacune des huit campagnes auxquelles il avait participé.
Avant d’être démobilisé, Chips rencontra fortuitement le général et futur président américain Dwight Eisenhower (1890-1969). On raconte que ce dernier, voulant le féliciter pour son héroïsme, prit la malheureuse initiative de le caresser, oubliant que les chiens militaires sont dressés à mordre toute autre personne que leur maître - et bien sûr, Chips était très bien entraîné…
A l’issue de son service sous les drapeaux, le chien vétéran de guerre retrouva sa famille d’origine en décembre 1945. Malheureusement, il décéda d’une insuffisance rénale sept mois plus tard, non sans avoir accompli entre-temps un dernier acte de bravoure. En effet, alors qu’un jour il était à la plage avec ses maîtres, Chips fut le seul à comprendre que John, leur jeune fils, était aspiré sous l’eau par le ressac des vagues. Il se précipita à son secours et le sauva en le saisissant par son maillot pour le tirer hors de l’eau.
En 2018, Chips reçut à titre posthume la médaille Dickin, une récompense instituée en 1943 par le PDSA (People’s Dispensary for Sick Animals, une œuvre caritative britannique) pour honorer certains animaux s’étant illustrés de manière héroïque en temps de guerre. En 2019, les États-Unis lui accordèrent la Animals in War & Peace Medal of Bravery, une distinction créée en 2016 dans l’objectif d’être l’équivalente américaine de la médaille Dickin.