Les chiens policiers d’assaut et les chiens d’intervention / défense

Les chiens policiers d’assaut et les chiens d’intervention / défense

Les chiens policiers, tout le monde les connaît, ou croit les connaître. Ce terme générique regroupe en fait deux univers bien distincts.


D’un côté, les chiens renifleurs, qui font partie du paysage notamment dans les gares et les aéroports, et servent à déceler des explosifs, des stupéfiants et autres produits illicites...


De l’autre, moins visibles au quotidien mais rendus célèbres par quelques-uns de leurs représentants qui se sont illustrés par leur bravoure, parfois au péril de leur vie, on trouve les chiens policiers « mordants ».


Toutefois, au sein même de ce type de chiens policiers, il faut opérer une distinction entre le chien d’intervention et de défense d’une part, et le chien d’assaut d’autre part. S’ils sont issus des mêmes formations, leurs missions et modalités d’intervention sont en revanche tout à fait différentes.

Les différents types de chiens policiers

Le chien d’intervention et de défense

Le chien d’intervention et de défense

Le chien d’intervention et de défense accompagne son maître dans ses missions quotidiennes : patrouilles, surveillance de site, etc.

 

Il a un rôle dissuasif en cas de rixes, manifestations ou autres attroupements qui pourraient dégénérer ; il poursuit les suspects, et au besoin protège son maître ou les autres policiers en attaquant le ou les agresseur(s). Il n’a aucune réaction s’il ne reçoit pas d’ordre, mais peut passer à l’attaque directe sur un simple mot ou geste du maître-chien policier.

 

Chargé également de la protection rapprochée des personnalités, il est utilisé en France tant par la Police que par la Gendarmerie, et on le retrouve aussi dans leurs équivalents des autres pays.

Le chien d’assaut

Le chien d’assaut

Plus médiatique que le chien d’intervention et de défense, le chien d’assaut est celui des unités d’élite, tels le RAID et le GIGN en France, les Forces Spéciales en Belgique, etc.

 

En intervention, il poursuit les suspects, les repère s’ils sont cachés et aide à leur interpellation en les maîtrisant (mordant) jusqu’à l’arrivée de son maître et des autres policiers. Son intervention type est d’arrêter un forcené qui est seul chez lui ou dans sa voiture.

 

Si les policiers n’ont pas une vue dégagée qui leur permette d’intervenir, le chien d’assaut peut être envoyé en éclaireur, équipé d’une caméra et d’un gilet pare-balles.

 

En Europe (et notamment en France, où ils sont soumis à la même réglementation que les armes de service), la réglementation impose de museler les chiens, alors que dans d’autres pays, comme par exemple aux États-Unis, ils ne portent pas de muselière. Cela dit, même muselés, ils restent opérationnels, car capables de pratiquer sur ordre de leur maître la « frappe muselée ». Le devant de la muselière est en effet renforcé par une plaque de métal, et le chien frappe alors le suspect avec cette plaque à des endroits précis du corps, ce qui est très douloureux et peut même briser une côte.

L'histoire et l'utilisation des chiens policiers

Les origines du chien policier

Les origines du chien policier

La domestication du chien par l’Homme remonte à la Préhistoire, mais il faut attendre la Renaissance pour que naisse vraiment la notion d’animal de compagnie. Pendant une très longue période, la relation entre les deux espèces fut basée sur un principe de « donnant-donnant » : nourriture et abri contre protection et aide pendant la chasse.

 

Le temps passant, les choses n’ont guère changé, les chiens continuant d’exercer un rôle défensif et/ou offensif aux côtés des humains. On vit ainsi apparaître dans l’Antiquité des chiens de guerre, souvent de type mastiff, utilisés par les armées en Égypte, en Grèce, à Rome ou encore en Gaule. Ils étaient chargés de garder les camps, d’achever les soldats ennemis, d’attaquer les combattants isolés et les chevaux du camp adverse. Cette utilisation du chien à la guerre perdura tout au long du Moyen-Âge, et encore après.

 

Les premières polices établies en tant que corps séparé de l’armée et ayant des missions de maintien de l’ordre apparaissent au Moyen-Âge, mais ne ressemblent pas à ce que nous connaissons aujourd’hui. Selon les pays, la police au sens moderne du terme n’apparaît qu’entre le 17ème et le 18ème siècle.

 

Déjà très intégré dans les armées, c’est assez naturellement que le chien sera inclus progressivement dans ces corps, notamment au cours du 20ème siècle, en même temps qu’il continuera à être utilisé par les militaires. Mais les missions comme les formations ont évolué, si bien que les chiens policiers se sont progressivement spécialisés. Aujourd’hui, ils sont essentiellement répartis en deux groupes, avec des domaines d’expertise bien précis : les chiens mordants et les chiens renifleurs.

Le chien policier aujourd’hui

Le chien policier aujourd’hui

On trouve de nos jours dans presque tous les pays des chiens policiers, c’est-à-dire des chiens ayant reçu des formations spécifiques pour épauler et seconder les forces de l’ordre au quotidien, sur des missions très diverses. Ainsi, en cumulant chiens renifleurs et chiens mordants, la France compte au total environ 800 chiens policiers, la Belgique 450, et le Canada plus de 200.

 

En France, on trouve des unités cynophiles dans la Police Nationale et la Gendarmerie Nationale, y compris dans leurs unités d’intervention respectives, qui sont le RAID (Recherche Assistance Intervention Dissuasion) et le GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale). Les chiens policiers sont aussi en nombre dans les services des douanes, et certaines polices municipales en comptent dans leur effectif, comme par exemple à Paris, Cannes ou encore Marseille.

 

En Belgique, on les trouve sur tout le territoire dans la Police Fédérale, la Police des chemins de fer et de la navigation, ainsi que les Douanes. Ils sont aussi présents au sein des Forces Spéciales, qui interviennent dans des affaires de terrorisme, prises d’otages, etc.

 

En Suisse, les brigades canines sont également présentes dans l’ensemble de la Confédération au sein de la Gendarmerie et de la Police, mais aussi notamment des Douanes et de la Garde Suisse.

 

Au Canada, des chiens policiers sont employés sur tout le territoire dans les Douanes, la Police ou encore la GRC (Gendarmerie Royale du Canada), ainsi que dans certaines polices municipales, comme le SPVM (Service de Police de la Ville de Montréal).

 

Aux États-Unis, les chiens policiers travaillent notamment aux côtés des Marshals, du FBI (Federal Bureau of Investigation), de la DEA (Drug Enforcement Administration), voire des sheriffs.

La vie et la carrière du chien policier

La vie et la carrière du chien policier

Quelle que soit sa spécialité (chien d’intervention et de défense, chien d’assaut, chien renifleur...), la carrière d’un chien policier commence une fois sa formation terminée, c’est-à-dire vers l’âge de deux ans à deux ans et demi, et dure jusqu’à environ huit ans.

 

Pendant ces quelques six années, il mène la même vie que son maître, avec les mêmes horaires. Il travaille huit heures par jour ou nuit (mais pas plus de quatre heures d’affilée) et s’entraîne au moins deux fois par semaine, sans compter les footings et autres moments sportifs avec son maître, afin de maintenir sa forme physique. D’ailleurs, en règle générale, il vit avec son maître du début de sa formation proprement dite jusqu’à sa mort, et ce quel que soit le service ou le pays où il se trouve. Il peut toutefois y avoir des exceptions, c’est-à-dire des cas dans lesquels il est adopté comme chien de compagnie lorsqu’il arrive à l’âge de la retraite.

 

Quant au maître dont le chien est mis à la retraite, il se voit attribuer un nouveau chien, qu’il va former à son tour et qui deviendra son nouvel équipier. Si le « vieux » chien vit à son domicile, il aura donc deux chiens. Si cela pose problème, par exemple s’il n’a pas assez de place ou si l’ancien chien refuse la présence du nouveau, le plus jeune restera dans un des boxes du service. Néanmoins, en général, cette coexistence se passe bien, notamment parce que les chiens policiers sont habitués à se trouver en présence de leurs collègues canins.

 

Les chiens policiers peuvent être des mâles comme des femelles. Pour éviter qu’ils soient distraits dans leur travail et/ou se montrent agressifs envers les autres chiens auprès de qui ils travaillent, on procède quasi toujours à la stérilisation des chiens.

Le statut du chien policier

Le statut du chien policier

Le statut du chien policier est variable selon les services et les pays. Aux États-Unis, il reçoit en fin de carrière une pension de retraite pour subvenir à son entretien ; en Angleterre, il a le statut d’officier de police ; dans les gendarmeries européennes, il est considéré comme un militaire à part entière et on lui attribue un matricule, comme aux soldats. Enfin, au Népal, il est honoré lors de la fête du Tihar, qui célèbre la connexion entre l’Homme et le chien : ce jour-là, les chiens policiers qui se sont distingués sont décorés.

 

Cependant, dans la plupart des pays et des services, même si son maître-chien policier l’adore et est plus souvent avec lui qu’avec sa famille, il reste un chien d’utilité, qu’on sacrifiera si cela est absolument nécessaire pour épargner des humains.

 

Il arrive d’ailleurs que les chiens policiers héros reçoivent des médailles, conjointement ou pas avec leur maître, à l’image par exemple de la célèbre médaille Dickin. Instituée en 1943, elle est destinée à honorer des chiens de guerre ou policiers célèbres pour leurs faits d’armes. Parfois, c’est à titre posthume que ces animaux héroïques sont décorés, à l’image de Diesel, la chienne d’assaut Berger Malinois du RAID français tuée en intervention en 2015 lors des attentats à Paris, ou encore du chien Berger Allemand Akil, mort la même année au musée du Bardo à Tunis. Heureusement, de telles morts restent rares.

 

En tout cas, les autorités policières de certains pays semblent décidées à « rationnaliser » au maximum l’utilisation de chiens policiers. La Chine s’est ainsi mise en tête de cloner les meilleurs chiens policiers, dans l’espoir que les chiots apprennent plus vite, et donc coûtent moins cher à former...  Elle n’est d’ailleurs pas la seule : en 2013, une entreprise sud-coréenne célèbre pour ses services de clonage de chiens, Sooam Biotech, a passé contrat avec la police nationale et lui a fourni 37 chiots clonés à partir de ses meilleurs éléments canins !

La sélection des chiens policiers

Les races de chiens d’intervention

Les races de chiens d’intervention

La sélection des chiens policiers mordants se fait davantage sur les qualités physiques et psychologiques des individus que sur des critères génétiques, mais force est de constater que certaines races sont particulièrement adaptées pour remplir ce rôle.

 

C’est ainsi que l’on trouve parmi ces chiens une énorme majorité de Malinois, qui remplacent de plus en plus les Bergers Allemands, car moins lourds et plus polyvalents.

 

Les autres races les plus représentées sont le Dobermann, le Beauceron, le Rottweiler (particulièrement présent en Suisse), le Schnauzer géant (lui aussi très utilisé en Suisse), le Boxer (notamment en Allemagne) ou encore l’American Pit Bull Terrier (en particulier aux Etats-Unis). Le Berger Allemand continue aussi d’être très présent, notamment au Canada.

Les qualités requises pour un chien policier mordant

Les qualités requises pour un chien policier mordant

Un chien policier mordant doit évidemment être athlétique, tonique et agile.

 

Mais au-delà de ces qualités physiques, des qualités psychologiques sont également nécessaires. Ainsi, il doit être équilibré et sociable, car il est au contact des hommes et d’autres chiens, mais aussi combatif, tenace, et bien sûr courageux - en tout cas, certainement pas peureux. Enfin, il doit être très joueur, car il suit un apprentissage basé sur le jeu.

 

Le très grand nombre de chiens policiers Malinois s’explique par le fait qu’il regroupe naturellement bon nombre de ces caractéristiques : il s'agit d'un chien très intelligent et doué d’une grande capacité d’apprentissage, endurant et très équilibré, sociable, pugnace, silencieux, rapide et très puissant. Pour couronner le tout, il est assez léger (entre 20 et 35 kg), ce qui est très pratique dans les situations où il est porté par son maître, comme un héliportage, un saut en parachute ou encore une descente en rappel.

Les modalités de sélection des chiens policiers mordants

Les modalités de sélection des chiens policiers mordants

En France, les futurs chiens policiers peuvent provenir d’élevages professionnels, d’associations de protection des animaux comme la SPA, ou encore être donnés par des particuliers, souvent parce qu’ils n’arrivent pas à les contrôler.

 

Les chiens achetés dans des élevages auprès de qui les unités cynophiles ont l’habitude de se fournir sont observés dès l’âge de 2 à 3 mois par les conseillers techniques de ces unités, qui sont en charge de la sélection : leur rôle est d’identifier si le chiot a ou non les qualités requises. Si c’est le cas, il est envoyé en formation. S’il ne convient pas, il est vendu à un autre corps de police ou est candidat à l’adoption comme animal de compagnie. Les chiots sélectionnés peuvent être aussi bien des mâles que des femelles.

 

Les chiens provenant d’associations animalières ou appartenant à des particuliers sont quant à eux sélectionnés lorsqu’ils ont entre 1 et 2 ans, c’est-à-dire une fois qu’ils ont acquis leur caractère et leur morphologie définitifs. Ils doivent être en bonne condition physique et être très joueurs. Là aussi, il peut s’agir aussi bien de mâles que de femelles.

 

Les différents types de chien policier « mordant »

Dans les autres pays, la sélection des futurs chiens policiers est comparable dans les grandes lignes, même s’il y a parfois quelques variantes.

 

Par exemple, au Canada, on utilise des Bergers Allemands, et surtout des mâles. Les chiots sont préselectionnés vers l’âge de 8 à 10 semaines, puis envoyés en famille d’accueil agréée. Celle-ci a pour mission de développer le potentiel du chiot par le jeu et de le socialiser, mais aussi de le familiariser avec différents environnements : le bruit, les escaliers, les sols glissants, les endroits sombres.... À l’âge de 8 mois, il passe des tests d’aptitudes destinés à évaluer son instinct de prédation, son intérêt pour le jeu, sa combativité, son courage, mais également son degré de socialisation et de familiarisation avec différents environnements. S’il est retenu, il retourne dans sa famille jusqu’à l’âge d’un an à un an et demi, le temps pour lui de prendre de la maturité avant de commencer sa formation.

 

En Belgique, les unités cynophiles ne se fournissent pas directement auprès des élevages, car la sélection ne commence qu’entre 9 mois et 2 ans de vie. Elle vise à évaluer alors le degré de socialisation du chien et son courage. L’achat se fait auprès de sociétés spécialisées dans l’éducation et le dressage sportif canin, dans lesquelles on trouve des chiens qui ont entre 10 et 30 mois, ou auprès de particuliers qui souhaitent se séparer de leur chien. Si le chien est retenu, il passe un examen médical dans les services vétérinaires de la Police Fédérale avant de commencer sa formation. S’il ne correspond pas aux attentes, il est soit cédé à un autre corps, soit adopté par des particuliers, comme dans les autres pays.

La formation des chiens policiers

La formation des chiens policiers de la Police Nationale française

La formation des chiens policiers de la Police Nationale française

La Police Nationale française utilise environ 80 chiens. Depuis 1965, ils sont formés au Centre National de Formation des Unités Cynophiles de la Police Nationale (CNFUC), à Cannes-Écluse, en Région parisienne.

 

Un chien peut entamer sa formation au plus tôt à 10 mois et au plus tard à 2 ans. Au sein du centre, les chiens sont formés à toutes les spécialités, avant d’être affectés dans un service en particulier. Les 15 premiers jours sont une phase de familiarisation et de « débourrage » : chaque chien reste avec un moniteur qui lui apprend notamment les ordres de base. S’il montre des aptitudes pour le rôle auquel on envisage de le destiner, il passe ensuite 3 mois au Centre en compagnie de son nouveau maître-chien. Le tandem ne se choisit pas : c’est au moniteur, qui suit en même temps trois policiers et trois chiens, qu’il revient de former les binômes en fonction du caractère de chacun. Tous deux reçoivent alors pendant 3 mois la formation correspondant à leurs futures missions (patrouille, défense et intervention), et deviennent dès lors inséparables.

 

Pendant les 15 premiers jours de cette période d’apprentissage de 3 mois, le chien et son nouveau maître se familiarisent l’un à l’autre : ils apprennent à se connaître par le jeu, les promenades et les caresses, afin d’établir une relation de confiance et une complicité mutuelle, absolument indispensables. Si, pour une quelconque raison, le chien change de maître au cours de cette période initiale, on repart du début avec le nouveau. Cela peut se produire si le duo ne fonctionne pas du point de vue des caractères, ou par exemple si l'aspirant maître-chien policier change d’avis et renonce à la formation.

 

Les différents types de chien policier « mordant »

Suit une phase d’apprentissage de l’obéissance. Le but est que le chien obéisse immédiatement et aveuglément à son maître, en toutes circonstances. On commence par l’apprentissage des ordres de base (assis, couché, au pied, etc.), puis on passe à l’apprentissage spécifique, basé sur la complicité et le jeu. Les exercices sont répétés tous les jours jusqu’à totale assimilation.

 

L’éducation du chien d’intervention se fait par la méthode du renforcement positif, comme c’est d’ailleurs aussi le cas pour les autres spécialités, celles de recherche et détection. S’il fait ce qui lui est demandé, il obtient une double satisfaction : d’une part, celle de faire plaisir à son maître, et d’autre part son jouet préféré, avec lequel ce dernier le laisse jouer un moment. Par rapport à l’éducation classique par un particulier, le recours aux friandises est en revanche nettement moins courant, car l’alimentation de ces futurs chiens d’élite est surveillée de près.

 

L’apprentissage du mordant sollicite une tendance naturelle chez le chien, et en particulier le Malinois, qui adore mordre. Il consiste donc à encourager l’instinct de prédation du chien, mais de façon très contrôlée et très dirigée. Sans ordre de leur maître, ces chiens ne sont pas du tout agressifs. D’ailleurs, s’ils l’étaient, ils ne seraient pas sélectionnés. Au demeurant, la formation au mordant ne peut débuter que lorsque l’obéissance du chien est totale, sous peine d’être extrêmement dangereuse.

 

Les différents types de chien policier « mordant »

Le chien s’habitue également à rester calme quel que soit le contexte (bruit, coups de feu, manifestations et mouvements de foule, etc.) et à ne pas lâcher prise même s’il reçoit des projectiles (par exemple des gobelets en carton ou en plastique), voire des coups (sans lui faire mal). En plus du mordant, il apprend également la technique de la frappe muselée, évoquée précédemment et qui est très puissante.

 

La « marche ensemble » est une autre technique que le chien (et son maître) doivent maîtriser. Il apprend donc à marcher à côté de son maître, collé à sa jambe, ou entre ses jambes. Ceci est nécessaire pour qu’ils ne se gênent pas mutuellement lors des interventions, et que le maître puisse garder les mains libres par exemple pour dégainer son arme. Le chien apprend ainsi à suivre à la lettre tous les mouvements du maître : il avance, recule, s’accroupit, va à gauche ou à droite, si bien qu’ils ne font qu’un dans leurs déplacements. Si, en cours de formation, le chien doit changer de maître, il ne doit rien perdre de ses compétences, ce qui est très difficile. En effet, devoir obéir aveuglement à une nouvelle personne est forcément perturbant pour lui.

 

Au terme des 3 mois de formation, si le binôme est jugé apte, il rejoint son lieu d’affectation.

Par la suite, si le chien doit changer de maître en cours de carrière, il y a à nouveau une période de 15 jours de familiarisation mutuelle avec son nouveau maître, mais sans refaire toute la formation de 3 mois.

La formation des chiens policiers de la Gendarmerie Nationale française

La formation des chiens policiers de la Gendarmerie Nationale française

Toutes spécialités confondues, la Gendarmerie Nationale française compte environ 560 chiens policiers.

 

Leur formation est la même que celles des chiens de la Police Nationale. Elle se déroule au Centre national d’Instruction Cynophile de la Gendarmerie de Gramat, dans le Sud-Ouest de la France.

La formation des chiens policiers du RAID

La formation des chiens policiers du RAID

Le RAID, unité d’élite de la Police Nationale française, possède environ une quinzaine de chiens répartis en deux disciplines : chiens d’assaut d’une part, chiens de recherche d’explosif d’autre part.

 

Il envoie certains de ses membres se former au Centre National de Formation des Unités Cynophiles de la Police Nationale (CNFUC), afin que leur soit dispensée la formation généraliste de maître-chien policier. Après avoir « récupéré » les binômes chien/maître ainsi constitués, il leur donne une formation complémentaire spécifique à ses besoins dans son siège de Bièvres, également en Région parisienne.

 

Qu’il s’agisse d’un chien d’assaut ou d’un chien de recherche d’explosif, le stage de base dure deux mois, mais la formation peut au final se prolonger pendant plus d’un an avant que le binôme soit déclaré opérationnel. En plus du maintien de l’apprentissage acquis au CNFUC, elle vise à rendre le chien susceptible de partir en mission n’importe quand et n’importe où, y compris à l’étranger. Pour cela, elle doit aussi les habituer et entraîner au vide. En effet, les missions du RAID sont très diverses, et ses membres peuvent être amenés à être hélitreuillés, faire de la descente en rappel ou sauter en parachute... avec le chien. Or, comme l’Homme, un chien a la notion du vide, et c’est donc tout un travail que de lui faire oublier son appréhension. La plupart du temps, la totale confiance qu’il a en son maître suffit à lui faire dépasser sa peur naturelle. Mais pour certains individus, cela ne suffit pas. Quand il s’avère impossible d’habituer le chien au vide, il est redirigé vers un autre service, et le maître doit alors tout recommencer avec un autre chien...

La formation des chiens policiers municipaux en France

La formation des chiens policiers municipaux en France

Dans la Police Municipale française, la procédure qui régit la formation des chiens policiers et de leur maître est différente de la Police Nationale et de la Gendarmerie. Les policiers municipaux souhaitant devenir maître-chien policier doivent suivre une formation auprès d’entreprises privées, les mêmes qui forment les agents de sécurité.

 

Le policier apporte son propre chien, et les deux sont formés en même temps. S’il ne possède pas encore de chien, les centres de formation sont souvent à même de lui en proposer à adopter, mais il reste généralement libre d’en adopter au dehors, en respectant certains critères qui lui auront été communiqués.

 

Le chien doit ainsi être âgé d’au moins un an, et figurer sur la liste des races de chien autorisées au mordant. Cette liste officielle comporte pas moins de 26 races réparties en trois catégories, les plus usitées étant le Berger Allemand, le Malinois, le Boxer, le Dobermann et l’Airedale Terrier. Par ailleurs, son carnet de vaccinations doit être à jour, et il doit avoir un passeport européen en règle.

 

La formation dure sept semaines et est validée par un examen final. Une fois ceci fait, le duo peut retourner dans sa commune et entrer en exercice.

 

Dans la plupart des communes, les chiens policiers sont des chiens de défense/intervention qui effectuent des patrouilles et ont un rôle avant tout dissuasif. Néanmoins, dans les grandes villes, on peut trouver aussi dans les rangs de la police municipale des chiens de recherche (explosifs, stupéfiants, etc.). Tout dépend in fine de la politique de la commune et du type de délinquance à laquelle elle fait face.

La formation des chiens policiers en Belgique

La formation des chiens policiers en Belgique

Toutes spécialités confondues, la Belgique compte environ 80 binômes de chien policier et maître-chien policier.

 

Les formations de chiens policiers belges sont assurées depuis 1968 par la Direction d’Appui Canin (DAC), qui par ailleurs gère et envoie les unités cynophiles en intervention.

 

La Direction d’Appui Canin entretient d’ailleurs des contacts très réguliers avec différents pays comme les Pays-Bas, la France, l’Allemagne, la Suisse ou encore la Pologne, afin d’échanger des informations et tester de nouvelles techniques et méthodes d’apprentissage.

 

Dans la Police Fédérale, le chien est d’abord pris en charge par un formateur de la DAC, puis la formation est complétée par le maître-chien. Elle dure au total entre 5 et 26 semaines, avec notamment un travail sur le comportement social du chien et le stress environnemental : stades, concerts, etc. Tous les ans, les binômes ont la possibilité d’effectuer s’ils le souhaitent des stages de maintien à niveau ou de perfectionnement.

 

La DAC n’intervient qu’au niveau fédéral. Dans les polices locales, comme en France, c’est le policier lui-même qui forme son propre chien au sein d’un centre agréé, puis le binôme passe l’examen de qualification.

La formation des chiens policiers en Suisse

La formation des chiens policiers en Suisse

En Suisse, c’est la Fédération Suisse des Conducteurs de Chiens de Police qui se charge des formations. La Fédération gère tous les chiens de police de la Suisse depuis 1912. Elle est composée de diverses sections qui englobent tous les corps de police en Suisse et au Liechtenstein, et s’occupe à la fois de la formation initiale et du perfectionnement.

 

Elle impose par exemple à toutes les polices un concours annuel de chiens policiers, couvrant toutes les spécialités. La formation dure de 2 à 3 ans (obéissance et défense), et l’examen d’aptitude doit être validé chaque année.

La formation des chiens policiers au Canada

La formation des chiens policiers au Canada

Le Canada possède en tout environ 170 équipes cynophiles, c’est-à-dire binômes chien et maître-chien policier.

 

Les formations des chiens policiers sont assurées par des centres comme celui de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) ou la Section Formation de l’unité canine du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), dont les compétences et les missions dépassent celles d’une police municipale. Au sein du SPVM, après la première phase en famille d’accueil décrite précédemment, et au terme des évaluations, la formation proprement dite débute en compagnie du stagiaire maître-chien. L'animal est alors âgé d’un an à un an et demi ; on lui assigne un maître-chien policier, et ils commencent ensemble leur vraie formation, qui est commune à celle de la GRC.

 

Au sein du centre de la GRC, la formation dure en moyenne 18 semaines, et commence par l’obéissance. On désensibilise également le chien aux tirs et aux gaz chimiques, tout en développant son agilité via divers exercices et en le formant à la protection et à l’arrestation des suspects.

 

Une fois le binôme déclaré opérationnel, il n’en a pas fini pour autant avec la formation. En effet, celle-ci se poursuivra tout au long de sa période d’activité, puisqu’il devra obligatoirement participer à tous les programmes annuels de perfectionnement prévus, en plus de faire valider chaque année son aptitude par un stage de recyclage.

L’entraînement des chiens policiers mordant

L’entraînement des chiens policiers mordant

La formation d’un chien policier n’est rien sans l’entraînement. Ce dernier dure pendant toute sa carrière et est souvent quotidien, en parallèle de l’entraînement du maître, à la fois dans le cadre professionnel et en dehors.

 

Qu’il s’agisse d’un chien d’intervention ou d’un chien d’assaut, on distingue en effet :

    • l’entraînement physique, qui se fait dans la vie de tous les jours, surtout en compagnie du maître, et souvent hors du lieu de travail : séances de natation, footings, parcours d’agility... ;
    • l’entraînement spécifique aux interventions, qui se fait en équipe et au sein du service, pour maintenir le chien au niveau.

 

Les différents types de chien policier « mordant »

Si on prend l’exemple du RAID français, le chien d’assaut est entraîné deux fois par semaine au mordant avec des volontaires, en simulant la traque et la maîtrise d’un homme menaçant. On le met ainsi régulièrement en situation, de façon à contrôler et vérifier que ses réactions face au danger sont toujours celles qu’on attend de lui.

 

Le chien est entraîné en même temps que les hommes, qui sont toujours cagoulés : cela permet de l’habituer aux cagoules, qui autrement pourraient lui faire peur. En outre, pour qu’il ne perde pas l’habitude du bruit des tirs, son maître l’emmène régulièrement au stand de tir lors de ses propres séances d’entraînement. Toutefois, les chiens du RAID n’ont pas de protections auditives : le maître doit donc être attentif à son compagnon pour savoir quand il atteint son seuil de tolérance et arrive à saturation. En effet, si la formation et l’entraînement visent à repousser progressivement les limites du chien, il faut savoir où placer le curseur, pour ne pas tomber dans l’excès : d’abord parce que le but n’est évidemment pas de le faire souffrir, mais aussi et surtout parce cela pourrait conduire à faire face à des comportements inadaptés du chien (peur, agressivité...).

 

Par ailleurs, en parallèle de l’entraînement régulier, l’alimentation du chien est contrôlée et suivie par les vétérinaires du service, comme pour tout sportif qui se respecte. Elle est rationnée en fonction de son poids et de sa prochaine mission, du moins lorsque celle-ci est connue à l’avance.

Les chiens policiers sont-ils vraiment efficaces ?

Les chiens policiers sont-ils vraiment efficaces ?

Les chiens de défense et d’intervention sont très dissuasifs. Leur seule présence suffit souvent à désamorcer des situations qui pourraient dégénérer en rixes ou en agressions envers des policiers. Avec leur muselière, leur laisse courte et leur harnais marqué du sceau de leur service, ils en imposent parfois plus qu’un policier humain. Pour ce qu’on sait ou ce qu’on croit savoir d’eux, de leur formation, de leur courage et de leur détermination, on les admire, on les respecte, et on les craint aussi.

 

Les chiens d’assaut sont quant à eux de véritables soldats, qui ont permis d’appréhender bon nombre de criminels prêts à en découdre. Les policiers disent souvent qu’il n’est pas rare qu’un suspect qui les insultait et les menaçait une minute plus tôt, se rende dès qu’un chien apparaît, sans que le maître ait besoin de le faire intervenir réellement. S’il lui reste un peu de conscience, il sait en effet que si le chien mord, rien ne le fera lâcher : inutile d’espérer l’apitoyer, détourner son attention ou profiter d’un instant de distraction pour échapper à son emprise. Le chien dressé au mordant renvoie davantage à l’idée du « lupus » que du « canis », et fait renaître en chacun la crainte atavique du prédateur.

 

Les différents types de chien policier « mordant »

Toutefois, les chiens policiers n’en sont pas pour autant infaillibles. Comme leurs homologues humains, ils sont des limites.


Ainsi, en ce qui concerne les chiens de défense et d’intervention, des incidents sont parfois à déplorer. En effet, il arrive qu’en cours de mission (par exemple lors d’une interpellation ou d’une recherche de suspect), un chien policier échappe pour une raison inconnue au contrôle de son maître et attaque une personne qui passait par là et était totalement étrangère à l’opération en cours. C’est ce qui s’est produit par exemple en juin 2018, à Saskatoon, dans la province canadienne du Saskatchewan, lorsqu’une fillette de six ans a été mordue à l’abdomen par un chien policier. D’après un témoin, le chien ne voulait pas lâcher la fillette malgré les ordres répétés de son maître, qui a eu du mal à lui faire lâcher prise. Même si de tels incidents sont exceptionnels, ils défrayent la chronique, entraînent parfois des polémiques, et rappellent en tout cas à chaque fois que ces chiens dressés au mordant sont des chiens « à part » et qu’ils peuvent parfois représenter un danger. En effet, malgré un entraînement et un suivi très stricts, il peut arriver qu’un chien policier ait une réaction inattendue et non désirable, peut-être due à la tension ou à l’excitation de la traque.

 

Les différents types de chien policier « mordant »

Les chiens d’assaut, même ceux des unités d’élite, ont aussi leur limite. Par exemple, en cas de prise d’otage, on ne peut pas les faire intervenir si le preneur d’otages se trouve dans la même pièce que ses victimes, car on n’est pas sûr que le chien saurait faire la différence et attaquerait la bonne personne.

Conclusion

Même s’il existe des limites à leurs talents, l’efficacité et la fiabilité des chiens policiers mordants ne sont plus à prouver et font l’unanimité aux quatre coins du monde : leur nombre est d'ailleurs en progression constante. Tandems inséparables en harmonie totale, les histoires de ces binômes maître/chien, au-delà de simple chiffres de personnalités protégées, d’individus dangereux neutralisés ou d’otages épargnés, illustrent de façon éclatante cette relation si particulière qui unit l’Homme et le Chien depuis la nuit des temps.

 

Par ailleurs, si les institutions policières du monde entier cherchent à employer toujours mieux les capacités des chiens qu’elles forment, on remarque aussi dans le même temps le recours par la police à des chiens qui ne sont pas des chiens policiers : les chiens de soutien émotionnel. Leur rôle est d’accompagner les victimes, en particulier les enfants, lors des auditions. Leur présence et la possibilité de les caresser dédramatisent la situation, et en détournant leur attention du traumatisme subi, ils aident les enfants à raconter et à répondre aux questions.

 

Le premier chien utilisé par des forces de police comme chien de soutien émotionnel est une femelle Labernois basée depuis 2018 dans la zone de police de Bruxelles Nord. Le Labernois est une race de chien d’assistance qui a été créée par Éric Saint-Pierre en 1996, et résulte d’un croisement entre le Labrador et le Bouvier Bernois. Si l’essai est probant, ces chiens pourraient d’ici peu faire partie intégrante des forces de police européennes.

Par Délia H. - Dernière modification : 03/06/2022.