Chers animaux

11/01/2007

Combien ça coûte

« Je l’ai trouvé sur une voie ferrée, il risquait de se faire tuer par un train... » Quand Catherine D. sauve un bâtard d’épagneul breton, elle n’évalue encore pas que le charmant toutou qui va rejoindre ses 3 chats et lui apporter la tendresse d’un animal reconnaissant va lui coûter très vite le prix d’une petite voiture... Bien sûr, elle ne l’a pas acheté (15 à 150 € via la SPA), et n’a pas investi dans un chiot de race (600 à 1 500 € et plus selon le pedigree).

 

Mais la consultation vétérinaire (28 €, eh oui, plus élevée que la consultation pour soi-même, et non remboursée), les incontournables obligatoires que sont la vaccination (complète, pour un chat, y compris la leucose, 53 €, pour un chien, 47 €, avec rappels annuels) et le tatouage (57 € avec anesthésie), une cage de transport à sa taille (51 € en ligne, jusqu’à 90 € en animalerie) ont d’emblée plombé son budget « animaux ».

 

Mais l’adopté ne supporte pas la solitude : 80 à 90 € d’honoraires auprès d’un vétérinaire comportementaliste, consulté après la destruction des 4 ceintures de sécurité de la voiture du maître, quelques cadres de fenêtres et autres portes obstacles à sa liberté : 1 500 € d’imprévus ! Il coûte à ses maîtres en « boî-boîtes » achetées en grandes surfaces 15 à 75 € par mois, budget moyen mensuel de près de 54 % des foyers possédant un animal.

 

Mais rien n’empêche les maîtres de viser le petfood haut de gamme : près de 4 % des propriétaires consacrent 150 € mensuels et plus à l’alimentation de leur substitut affectif*. Car comme le souligne l’excellent essai - quoique ancien - d’un directeur de recherche au CNRS, Jean-Pierre Digard**, l’animal de compagnie, notamment en France, est devenu une « passion populaire ». Plus de 65 millions « d’amis » répartis dans une grosse moitié des foyers français, chats, chiens, oiseaux, poissons et « nac » (nouveaux animaux de compagnie que sont les furets, les rats, les insectes et autres serpents) n’en finissent pas de coûter aux Français le prix du plaisir à pattes, plumes et écailles : ils ont dépensé en 2005 2,3 milliards d’euros pour les nourrir seulement, soit un taux de progression de 2 %. Et leur budget de soins vétérinaires a crû de 100 % en 12 ans***...

Combien ça rapporte

8,5 millions de chiens, 9,9 millions de chats, 35,9 millions de poissons rouges, 6,6 millions d’oiseaux, 3,8 millions de rongeurs et de « nac » (Facco/TNS Sofres, données 2004), ça mange, ça se soigne, ça s’entretient et ça consomme des accessoires. Les Français fous de leurs animaux domestiques génèrent un marché de 3,1 milliards d’euros où les chiens (48,6 %) et les chats (35,3 %) se taillent la part du... lion (l’aquariophilie nage à hauteur de 6 % environ de ce marché).

 

Bien sûr, ce sont les producteurs d’alimentation animale qui se « goinfrent ». Bastions : Masterfoods (Pedigree, Cesar, Frolic, Canigou, Loyal, Royal Canin, Whiskas, Kitekat, Sheba, Ronron...) ou Nestlé Purina France (avec Friskies, Fido, Gourmet, Felix, Vital Balance, Proplan, Dog-Chow, Cat-Chow, etc.). Côté soins vétérinaires, chiffrés à 1,1 milliard en 2002, en forte accélération, la pause semble réelle après une multiplication par trois en 20 ans des créations de cabinets. Exemple type : le docteur Véronique Dutheil, qui a créé sa clinique dans un village du Mantois il y a 12 ans, réalise bon an mal an 150 000 € de chiffre d’affaires.

 

Elle a pourtant vu autour d’elle plusieurs cabinets disparaître. Véritables distributeurs de médicaments, à l’instar des pharmacies, les « vétos » occupent logiquement le créneau de l’alicament, ces croquettes pour vieux chats, vieux chiens (un segment de l’alimentation et du soin estimé à près de 4 millions d’euros en 2005, soit 12 % du marché). Côté labos, l’heure est à la concentration : les 15 premiers fabricants (Pfizer n° 1, premier labo français, Virbac, 10e rang) trustent 80 % d’un marché de l’ordre de 15 milliards d’euros.

 

Au-delà, tous les marchés de... niche profitent de la « passion animale » : des cliniques pour animaux aux ambulances spécialisées avec oxygène, des taxis équipés pour animaux aux gardiennages, du kiné pour animal au... psychiatre pour toutou, les opportunistes ont parfaitement compris qu’il y a des euros à se faire côté poils : de l’utile de luxe (un toilettage de 15 à 50 € ou un contrat d’assurance santé, véritable produit tendance selon une étude Xerfi, novembre 2003) au grotesque accompli (agences matrimoniales et voyantes pour mistigris)...

Discussions sur ce sujet

Trop de dépenses pour nos chiens ?...

N'allons-nous pas trop loin dans les dépenses alimentaires ou autres de nos chiens, au détriment parfois de nos...

Poser une question