La Poursuite à Vue sur Leurre (PVL) consiste à simuler une partie de chasse classique en lâchant en contexte naturel deux lévriers à la poursuite d’un faux lièvre. Bien que les terrains demeurent le plus souvent toujours les mêmes, le dispositif mécanique mobile de leurre permet une installation rapide offrant une grande flexibilité dans le choix du lieu.
Plus que la vitesse brute, ce sont les talents de chasse (et plus précisément de poursuite) des chiens qui sont mis à l’épreuve. Le terrain peut mesurer d’un à trois hectares, mais le règlement international prévoit que la poursuite en elle-même se tienne sur une distance de 400 à 700 mètres pour les petites races de lévriers, et de 500 à 1000 mètres pour les grandes. Les règlements nationaux appliqués aux courses nationales peuvent toutefois différer du règlement international, qui vaut pour les épreuves internationales.
Le terrain est exploité dans toutes ses possibilités, que ce soit les buissons, les cours d’eau, la végétation (naturelle ou artificielle) ou encore les dénivelés. Tout est fait pour obtenir un parcours sinueux aussi réaliste que possible, et mettre à l’épreuve en conditions réelles les aptitudes de chasse des concurrents. Le terrain idéal est une grande prairie, mais un lieu faiblement pentu ou vallonné peut aussi convenir. Dans tous les cas, le sol ne doit pas trop glisser ni comporter de trous ou de pierres, car cela compromettrait la sécurité des chiens. En outre, la visibilité doit être excellente. Pour cela, l’herbe ne doit pas dépasser environ 10 cm de hauteur. Les obstacles naturels sont vivement recommandés mais doivent demeurer visibles à 30 mètres, surtout si le terrain comporte des dénivellations.
La vitesse du leurre est ajustable en temps réel et il peut accélérer de manière très rapide : ceci permet d’éviter que les chiens le rattrapent. Il mesure au minimum 40 cm de long et est confectionné soit en peau de lapin claire (naturelle ou synthétique), soit en rubans d’étoffe ou de plastique, de couleur claire et voyante. Il est tiré par une corde qui passe dans des poulies et zigzague pour imiter la fuite d’un lièvre. Le parcours ne dépasse guère une poignée de minutes et comporte au minimum 7 angles, tous supérieurs à 60 degrés.
Par mesure de sécurité afin d’éviter les blessures, les poulies doivent passer à au moins 10 mètres des obstacles. Pour garantir la conformité du tracé selon le règlement en vigueur (national ou international) tout en exploitant au mieux le terrain, elles sont disposées en accord avec le leurriste et le chef de piste, sous contrôle du juge de l’épreuve. Par ailleurs, pour ne pas distraire les chiens ou les aveugler, elles sont obligatoirement sombres et mates.
Pour ce qui est du lièvre-leurre, il s’en sort indemne… du moins la plupart du temps. Cela est rendu possible par le fait que le port de la muselière est obligatoire pour tous les concurrents, quelle que soit leur race.
Les épreuves se déroulent toujours en deux manches : une le matin et une l’après-midi. Tous les concurrents courent donc à deux reprises au cours de la journée, en affrontant à chaque fois un autre chien de taille comparable. En effet, l’ensemble des participants sont répartis en deux groupes de taille, de sorte qu’un grand chien n’est jamais mis en compétition avec un petit chien. Des races différentes peuvent en revanche être mélangées, tant que leurs vitesses se ressemblent. Pour la première manche, le matin, l’ordre de départ des participants est tiré au sort. Au cours de la deuxième manche, l’après-midi, les concurrents s’affrontent en fonction du résultat de la première manche : le 1er contre le 2ème, le 3ème contre le 4ème, etc. Afin d’éviter qu’ils évoluent deux fois sur le même parcours, celui-ci est modifié ou inversé entre les manches.
Le chien ne doit pas voir le parcours avant la course, car il pourrait être tenté de couper, ce qui le pénaliserait. Avant de s’élancer, les concurrents sont retenus par leur propriétaire et attendent l’ordre du départ dans l’aire de départ (et non dans des boîtes comme au racing). Une fois le leurre parti, à l’ordre du starter, les chiens sont lâchés – en cas de départ prématuré, une pénalité est appliquée au chien en question.
Quoi qu’il se passe ensuite, il est vital pour le maître de garder son calme et de comprendre que la course comporte beaucoup d’aléas. En particulier, il doit accepter que son chien puisse parfois avoir un comportement très décevant : cela fait partie des « risques ». En tout état de cause, s’il désire formaliser une observation sur le déroulement de la course, il doit s’adresser au chef de piste, qui est la seule personne autorisée à transmettre des informations au juge. Agresser un observateur ou le propriétaire du lévrier rival n’est pas une solution et ne ferait qu’empirer la situation.
Les épreuves de PVL ont pour but de mettre en évidence certaines aptitudes nécessaires à la pratique de la chasse, les qualités de chaque concurrent étant appréciées tout au long du parcours par au moins deux juges à travers cinq critères.
Dans le règlement international de la Fédération Cynologique Internationale, la cotation de chacun de ces critères est de 20 points, pour un total de 100 points.
Toutefois, certains organismes font le choix d’éclater certains critères de la FCI en plusieurs critères, avec donc parfois un impact sur le nombre de points associés aux autres critères. Par exemple, certains pays considèrent la capture comme un critère à part entière, alors que d’autres l’intègrent au sein du critère « Tactique ». Quoi qu’il en soit, le règlement de la FCI stipule qu’aucun critère ne doit représenter plus de 20 points à lui tout seul.
Nécessaire pour attraper le gibier, elle se mesure par la faculté du lévrier à rattraper son retard face au leurre. Les aptitudes de vitesse d’un lévrier peuvent se voir tout au long du parcours, notamment dans les retours. Ce terme désigne une remontée du lévrier se situant en deuxième position dans l’intervalle de deux poulies successives ou plus et qui, accélérant la cadence, revient à hauteur de son coéquipier ou le dépasse.
La vitesse absolue n’est pas prise en compte par les juges, la rapidité d’un lévrier étant notée de façon relative par rapport à celle de son concurrent. Ceci permet d’apprécier pleinement le comportement de l’animal dans son intégralité, et plus précisément sa capacité à se dépasser pour rattraper le terrain. Dans certains pays, le lévrier qui fait la course en tête est récompensé en points de bonus s’il se force lui-même en coursant le leurre à une vitesse particulièrement remarquable par rapport à son concurrent, obligeant le conducteur du leurre à accélérer constamment pour éviter sa capture prématurée.
L’ardeur réside dans la poursuite du leurre, peu importe les conditions du terrain (pentes, irrégularités, obstacles…) et les incidents qui peuvent avoir lieu pendant la poursuite (chute, perte de vue momentanée du leurre, esquive…). La fougue d’un lévrier se manifeste au départ par sa grande attention, c’est-à-dire sa capacité à se focaliser sur le leurre et se précipiter immédiatement dessus dès son départ, faisant fi des éventuelles distractions. Une fois la poursuite lancée, l’ardeur se mesure à la constance de la pression exercée par l’animal, susceptible d’obliger le conducteur à accélérer la vitesse du leurre pour éviter qu’il ne soit rejoint avant la zone de capture. Elle se manifeste aussi dans sa volonté ferme de revenir au plus près du leurre lorsqu’il s’en trouve éloigné, ainsi que dans le franchissement des obstacles, qui doit être fait sans hésitation. Enfin, l’ardeur s’exprime aussi dans la capture du leurre : le chien doit l’attraper à pleine vitesse, en effectuant un « brassok », c’est-à-dire en se jetant dessus à plat ventre. Si c’est son concurrent qui l’a attrapé avant lui, il doit manifester une ferme de le lui prendre.
L’adresse de chaque concurrent est évaluée notamment lors des brusques changements de direction qui surviennent au cours de la poursuite du leurre, et qui sont nommés « esquives ».
Il la démontre aussi par son aptitude à revenir très rapidement dans la voie quand il s’en écarte ainsi que dans la manière de passer les obstacles puis d’attraper le leurre.
La résistance est l’aptitude d’un lévrier à terminer un parcours complet en bonne condition physique. Mêlant à la fois des capacités physiques et mentales, elle ne saurait être démontrée par un animal en surpoids ou trop âgé, ce qui explique d’ailleurs les restrictions de poids et d’âge.
Le comportement tactique du chien s’observe dans le fait qu’il prend une bonne position par rapport au leurre et à son concurrent. Ceci lui permet d’anticiper correctement ses mouvements en fonction du terrain et de la position des autres acteurs.
Au niveau international, la capture n’est pas un critère distinct, et ne fait donc pas l’objet d’une note dédiée : elle est considérée comme relevant du comportement tactique.
Toutefois, certains organismes nationaux font le choix de l’évaluer à part entière. Des points sont ainsi attribués au chien s’il effectue une saisie ou tente une appropriation du leurre pendant le parcours ou à la fin de celui-ci. Un lévrier qui réussit une capture pendant la course ou effectue un « brassok » obtient le maximum de points. S’il attrape le leurre une fois qu’il est immobilisé à la fin de la course ou continue à chercher le leurre pour le capturer même après qu’on ait retiré celui-ci du terrain, il remporte des points de capture. En revanche, un concurrent qui se désintéresse du leurre une fois la course terminée ne récolte aucun point.
Particularité qui existe seulement au niveau national, jusqu’à 3 points de bonus peuvent être donnés par les juges pour récompenser un comportement intéressant ou remarquable qui n’entre pas dans le cadre du règlement. Il peut s’agir par exemple de la réaction d’un compétiteur qui reste parfaitement concentré sur son objectif alors qu’il se retrouve à courir seul par suite de l’abandon de son concurrent, d’un comportement de chasse exceptionnel, du fait de retrouver le leurre après l’avoir perdu, d’excellentes anticipations, d’une très grande vitesse, etc. Leur attribution est laissée à la libre appréciation des juges, qui doivent toutefois justifier leur décision de valoriser ainsi telle ou telle aptitude pourtant déjà évaluée via les différents critères, mais qui s’est avérée particulièrement exceptionnelle.
A l’inverse, des points de pénalité peuvent être donnés à un chien qui fait preuve d’un comportement néfaste pour le bon déroulement des épreuves. Il peut s’agir par exemple d’un comportement agressif, d’un départ volé ou anticipé, etc. A l’instar des points de bonus, les juges ont une certaine latitude en la matière, mais là aussi leur décision doit être justifiée.
À l’issue de la réunion des juges au terme de la seconde manche, il est établi un classement pour chacun des gabarits des participants (les plus grands chiens d’un côté, les plus petits de l’autre). Des qualificatifs sont alors décernés à chaque compétiteur, la note minimale requise pour chacun variant selon les pays.
En France, il est le suivant :
Pour chaque race en présence, et quel que soit le nombre de participants, un CACP (Certificat d’Aptitude au Championnat de Poursuite) est attribué au chien classé premier, dès lors qu’il a obtenu un minimum de 40 points. Celui arrivé en deuxième position obtient la Réserve de CACP, sous réserve d’avoir atteint lui aussi au moins 40 points.
En cas d’égalité de points, c’est le chien qui a remporté le plus de points lors de la deuxième manche qui est récompensé. S’il y a aussi égalité à la deuxième manche, on départit les gagnants en se penchant sur la décomposition exacte des points obtenus au cours de la deuxième manche, puis de la première si cela ne suffit pas. Pour cela, on procède en utilisant l’ordre d’importance suivant, de manière décroissante : Adresse, Vitesse, Résistance, Sens tactique et finalement Ardeur. Par exemple, avoir 5 points en Adresse et 3 en Vitesse compte plus que d’avoir 3 points en Adresse et 5 en Vitesse.
La PVL est ouverte à toutes les races de lévriers du groupe 10 de la Fédération Cynologique Internationale (FCI).
Toutefois, en France, seuls les lévriers détenant le Brevet de Poursuite à Vue sur leurre (BPV) peuvent participer aux compétitions officielles. Ce brevet est octroyé par un expert-qualificateur agréé par la Société Centrale Canine (SCC) dans les clubs reconnus par la Commission Nationale d’Utilisation des Lévriers (CNUL). Ces clubs ont l’obligation d’organiser un minimum de dix séances d’entraînement par année, qui sont autant d’occasions de faire obtenir le brevet à son chien. Pour cela, le qualificateur contrôle la validité du pedigree, la carte d’identification de l’animal, et l’autorise dès lors à effectuer la partie pratique du brevet, qui consiste en deux compétitions qualificatives. La première épreuve se déroule en solo et consiste à vérifier son intérêt et son ardeur à poursuivre le leurre jusqu’à la zone de capture. La deuxième est en duo et conditionnée à la réussite de la première. Le chien doit y démontrer les mêmes qualités que dans l’épreuve en solo, mais également prouver son absence d’agressivité envers son partenaire. Ces tests ne représentant pas une course en soi : le chronomètre n’a pas d’importance, car seules les aptitudes à la chasse sont évaluées.
Le BPV atteste de la capacité du chien à prendre le départ des compétitions officielles de PVL. Il permet ainsi d’obtenir les documents nécessaires pour participer aux courses officielles de la SCC et aux épreuves internationales. Le prix du passage du brevet est fixé à 20 euros par la Commission Lévriers de la SCC et s’applique à tous les clubs. Par contre, ces derniers sont libres de faire bénéficier leurs adhérents de réductions. Il faut donc contacter directement le club où le lévrier passera son brevet pour s’informer du prix exact, qui en tout état de cause ne pourra donc être supérieure au montant déterminé par la SCC.
Des courses de PVL sont organisées partout en France par les clubs de travail sous l’autorité de la SCC et de la CNUL, de manière à constituer un calendrier de courses réparties dans l’année et un Championnat de France. Les épreuves officielles permettent d’obtenir le Certificat d’Aptitude au Championnat de Poursuite à vue sur leurre (CACP) et sont ouvertes uniquement aux lévriers et apparentés titulaires d’un brevet. Les épreuves amicales quant à elles sont librement organisées par chaque club sans supervision de la SCC et peuvent être dotées de prix de toute nature. Le brevet n’y est pas obligatoire. La seule contrainte que la SCC leur impose concerne le moment choisi pour tenir l’épreuve : elles ne peuvent avoir lieu le jour d’une course officielle, pour éviter de détourner l’attention du public de cette dernière.
En Belgique, c’est la Commission Racing et Coursing en Belgique (CRCB) de la Société Royale Saint-Hubert, l’organisme canin de référence du pays, qui chapeaute l’organisation des courses de PVL.
En Suisse, cette responsabilité revient à la Communauté d’Intérêts pour les Courses de Lévriers (CICL), sous l’égide de la Société Cynologique Suisse (SCS).
Enfin, au Québec, des courses PVL sont organisées par l’association Tally HO Course Leurre Québec.