Tableaux avec des chiens, chien héros de la littérature, chien personnage de bandes dessinées ou encore chien star de cinéma : aucun art ni média ne résiste au charme du meilleur ami de l’Homme !
Celui que l’on appelle parfois le 10ème art n’échappe pas à la règle ; il y est même présent depuis ses prémisses. Il y apparaît la plupart du temps comme un fidèle compagnon du personnage incarné par le joueur, mais il lui arrive parfois d’être lui-même le véritable héros, que ce soit dans des jeux d’aventure, des jeux de rôle, des jeux de plate-forme ou encore des jeux musicaux.
Voici une sélection de 20 jeux vidéo qui ont vraiment du chien, ainsi qu'une rétrospective de la place de cet animal dans l'univers des jeux vidéo…
La première apparition marquante d’un chien dans un jeu vidéo dans un jeu vidéo remonte à avril 1984. Cela fait alors à peine un an que Nintendo vient de sortir sa première console 8 bits, la Nintendo Entertainment System, plus connue en Europe sous son acronyme NES et dans le reste du monde sous le nom de Famicom, et l’éditeur dote peu à peu son catalogue de titres qui vont marquer l’histoire du jeu vidéo. Outre un certain Super Mario Bros., les premiers acquéreurs de la console en Europe et en Amérique ont ainsi le plaisir de s’essayer à Duck Hunt, véritable simulation de chasse dans laquelle les joueurs doivent tirer sur les canards apparaissant à l’écran à l’aide d’un pistolet électronique appelé le Nes Zapper. L’accessoire inédit que l’on pointe directement sur son téléviseur n’est pas le seul élément notable de ce jeu en somme plutôt répétitif. Le joueur est en effet accompagné d’un chien de chasse qui a pour mission de récupérer les canards touchés. Un peu taquin, celui-ci n’hésite pas à rire au nez du joueur lorsqu’il manque sa cible. C’est ce gimmick devenu célèbre qui lui vaudra son surnom : « le chien qui rit ».
Il faut cependant attendre 1992 pour incarner enfin un chien dans un jeu vidéo. Disponible sur Sega Mega-CD et Amiga 1200, Wonderdog n’est qu’un anecdotique jeu de plates-formes en 2D auquel la presse réserve un accueil timide. Un an plus tard, le prestigieux studio britannique Ocean’s Software s’y essaye à son tour avec Sleepwalker, jeu coloré digne d’un dessin animé dans lequel le joueur incarne un chien devant empêcher son maître somnambule de se réveiller ou de se blesser lors de ses errances nocturnes en ville. Original et réussi, Sleepwalker n’est cependant pas resté dans les annales, la faute peut-être à une difficulté hors du commun.
Puis, en 1994, LucasArts, filiale de Lucasfilm dédiée aux jeux vidéo, développe Sam & Max Hit the Road, point & click désopilant mettant en scène un duo de détectives privés composé d’un chien, Sam, et d’un lapin, Max devant résoudre une enquête tirée par les cheveux. Basée sur l’univers cartoonesque créé par Steve Purcell en 1987 et adapté notamment en comics, cette parodie de film noir obtient un succès d’estime et donne naissance à deux suites dans les années 2000, après le rachat de la licence par le studio Telltale Games.
À l’aube de la 3D, le chien reste cependant un personnage de jeu vidéo assez confidentiel. La PlayStation ne change guère la donne, même si l’un des plus grands succès critiques de la console est bel et bien un jeu mettant en scène un chien. En 1996, Masaya Matsuura, ancien chanteur de pop japonaise reconverti dans le jeu vidéo, créée en effet la surprise avec PaRappa The Rapper, jeu musical loufoque on l’on incarne un chien-rappeur dans des battles de rap endiablées contre des personnages aussi improbables que Maître Onion. Avec ses musiques de qualité, ses décors en carton et son héros librement inspiré de Will Smith, PaRappa The Rapper est une réussite, au point d’ailleurs d’engendrer deux suites sur PlayStation et PlayStation 2.
Malgré son succès, ce héros canin ne fait toutefois guère d’émules sur PlayStation. La console 3D aurait pu être un terreau fertile pour d’autres héros du même genre, mais les développeurs lui préfèrent des animaux plus exotiques comme les lézards (Gex 3D : Enter the Gecko), les bandicoots (Crash Bandicoot) ou encore les dragons (Spyro the Dragon).
Une nouvelle génération de consoles débarque finalement au début des années 2000, et avec elles l’espoir de revoir un chien héros de jeu vidéo. C’est chose faite sur PlayStation 2 en 2003 avec Dog’s Life, qui propose pour la première fois dans l’histoire du jeu vidéo d’incarner un chien dans sa vie quotidienne. Dans la peau d’une des 17 races disponibles, le joueur doit manger, faire ses besoins, aboyer ou encore divertir les humains - et tout ça dans un monde ouvert. L’aventure lorgne volontairement du côté de Grand Theft Auto 3 et reste encore à ce jour l’un des jeux en monde ouvert les plus originaux jamais faits. Dog’s Life n’est cependant pas le seul jeu PlayStation 2 proposant de jouer un chien. La même année, Deads to Right, jeu d’action plutôt classique qui fait évoluer le joueur dans la peau d’un policier, inclut en effet quelques séquences durant lesquelles il est amené à incarner Shadow, son chien policier. Ces moments sont toutefois assez rares, mais Shadow est quand même présent à l’écran le reste du temps, et peut apporter une aide bienvenue pour résoudre des énigmes ou se débarrasser de certains ennemis.
De son côté, Nintendo commence aussi à s’intéresser aux animaux de compagnie, et y voit une manière d’attirer un nouveau public qui ne goûte guère aux jeux d’action, genre qui prédomine sur la console de Sony. En 2005, la firme de Kyoto crée alors la surprise avec Nintendogs, simulateur de chien de compagnie invitant le joueur à s’occuper d’un animal virtuel, le nourrir, l’élever et jouer avec lui. Avec ses 22 millions de jeux vendus depuis lors, Nintendogs devient le plus gros hit de la Nintendo DS. Sans surprise, l’entreprise propose dès 2011 sur sa console portable suivante, la Nintendo 3DS, une suite intitulée Nintendogs + Cats dans laquelle il devient également possible de s’occuper d’un chat.
Il faut cependant rendre à César ce qui est à César : Nintendogs n’est pas le premier simulateur de chien, loin de là. Ce titre revient plutôt à Dogz : Your computer pet, petit programme datant de 1995 et qui permettait déjà de s’occuper d’un chien virtuel sur Windows 3.1 puis Windows 95. Les possibilités étaient très limitées, mais Dogz offrait tout de même la possibilité de balader son chien virtuel sur le bureau de son ordinateur. Le concept a ensuite été décliné dans de très nombreuses suites, mais aucune d’entre elles n’égale la profondeur du gameplay ni le réalisme du comportement des races de chien simulées à l’écran d’un Nintendogs.
Le succès de Nintendogs ne fait pourtant pas d’émules chez Sony ni chez Microsoft, peu convaincus que le public plus âgé et essentiellement masculin de la PlayStation et de la Xbox trouverait un intérêt à ces simulations de vie. Toutefois, en 2008, la sortie de Fable 2, jeu au croisement du simulateur de vie médiéval et du jeu de rôle épique, provoque le déclic dans toute l’industrie. Le célèbre créateur Peter Molyneux, concepteur de la licence, décide en effet que le personnage incarné par le joueur est en permanence accompagné d’un chien avec qui il peut jouer, déterrer des trésors et bien sûr combattre les méchants. Mieux encore : en fonction des choix moraux du héros, le chien évolue à l’image de son maître. Ce duo maître/chien n’est pas sans rappeler celui de Deads To Right sur PS2, mais la complémentarité du duo est ici décuplée. On peut apprendre de nouveaux tours à son compagnon, le dresser, l’éduquer et le voir grandir en même temps que le personnage que l’on incarne. En fonction de certains choix, le joueur peut même être amené à pleurer sa mort en fin de partie avant de remuer ciel et terre pour le ressusciter.
Dès lors, les éditeurs n’ont de cesse de reprendre cet élément de gameplay à leur compte. Sur PlayStation 4 et Xbox One, la puissance de calcul accrue de la console permet de mieux gérer l’Intelligence Artificielle (IA) des personnages non jouables et donc de les rendre plus vivants que jamais. Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, Fallout 4 ou encore Far Cry 5 sont quelques-uns des nombreux titres à proposer au joueur de voyager avec un chien débrouillard et courageux, dont la personnalité n’est pas sans rappeler un certain Rintintin.
Peu à peu, le jeu vidéo s’est donc détourné de la vision cartoonesque et anthropomorphique du chien qui prédomine encore aujourd’hui dans la bande dessinée, les dessins animés ou encore la publicité. Désireux de recréer à l’écran cette relation si précieuse qui unit un chien à son maître, les créateurs de jeux vidéo s’intéressent donc désormais à la psychologie canine et cherchent à reproduire, de la manière la plus crédible qui soit les comportements du meilleur ami de l’Homme. Dans cette course au réalisme, nul doute que la réalité virtuelle, technologie encore récente, est une arme de poids qui permettra peut-être un jour de se glisser presque pour de vrai dans la peau de son animal favori.