Il arrive qu’un chien soit subitement en très mauvaise santé ou victime d’un accident. Cela peut survenir n’importe quel jour de l’année, à n’importe quelle heure de la journée, et donc potentiellement en dehors des heures d’ouverture de son vétérinaire habituel. Dans un tel cas de figure, son état n’autorise pas à attendre, et bien sûr il ne saurait être question de jouer soi-même les apprentis docteurs : il faut qu’il soit pris en charge rapidement par un professionnel de santé.
Heureusement, certaines cliniques vétérinaires proposent un service d’urgences, parfois opérationnel 24 heures sur 24 heures et 365 jours sur 365. Il existe même des cliniques entièrement spécialisées dans les urgences.
On y rencontre des professionnels à part : les urgentistes vétérinaires. En effet, comme pour les humains, le métier d’urgentiste est un métier bien spécifique, avec ses avantages, ses inconvénients, ses contraintes, ses règles… C’est celui qu’a choisi et sur lequel témoigne Jarek Szczepaniak.
Bonjour. Je m’appelle Jarek Szczepaniak, je suis né en 1981 et me suis associé en 2009 avec Maxence de Jouvencel, qui avait fondé la clinique vétérinaire Vet-Urgentys en 2004. Celle-ci présente la particularité d’être dédiée uniquement aux urgences : nous assurons les urgences vétérinaires à Toulouse et pour une centaine de vétérinaires des communes de l’agglomération. L’équipe est composée d’une quinzaine de vétérinaires, et autant d’assistants.
La clinique est donc ouverte pour les admissions la nuit, les week-ends et les jours fériés. Jusqu’à une dizaine de personnes y travaillent en même temps, et il y a à tout moment au moins un vétérinaire et un ASV (auxiliaire spécialisé vétérinaire) présents sur place. Même au milieu de la nuit, nous traitons tous les problèmes médicaux et chirurgicaux qui nécessitent d’être pris en charge en urgence. La journée quant à elle est consacrée aux soins des animaux hospitalisés et à certaines chirurgies que des confrères nous réfèrent.
À la base, pour devenir vétérinaire, il faut nécessairement un lien particulier avec les animaux. En ce qui me concerne, c’est avec les chats que j’ai le plus d’affinité.
Mais avec le temps, la question est plutôt de savoir pourquoi on veut continuer à exercer ce métier. En effet, la profession connaît une crise depuis des années : un pourcentage élevé de personnes qui la choisissent finissent par se réorienter et changent d’activité, car ils n’y retrouvent pas ce qu’ils pensaient y vivre. La pression du quotidien, l’exigence croissante des propriétaires ainsi que la pression des commentaires sur les sites et réseaux sociaux sont compliquées à gérer pour certaines personnes qui se lancent dans ce métier.
Ce qui est sûr, c’est que les relations humaines en sont au cœur. En effet, un lien se crée avec le propriétaire, souvent intense mais parfois difficile. Il est d’autant plus important dans le cadre des urgences, car il faut qu’il ait entièrement confiance en nous lorsqu'une décision difficile doit être prise. C’est cette alchimie entre d’une part la relation avec l’animal, et d’autre part celle avec son propriétaire, qui fait que l’on s’épanouit ou pas dans ce métier.
La vie est une histoire d’opportunités et de rencontres. Peu après mon arrivée comme étudiant à l'ENVT (École Nationale Vétérinaire de Toulouse) en 2003, j’ai fait la connaissance de mon associé actuel, qui était sur le point d’ouvrir une clinique dédiée aux urgences : je suis donc devenu son premier stagiaire.
Après avoir travaillé aussi dans d’autres structures en tant que vétérinaire classique, j’ai trouvé ici tout ce qui me plaisait dans ce métier : une activité intense et variée, de la médecine, beaucoup de chirurgie, et un mode de vie qui me convient. En effet, notre fonctionnement induit une vie décalée par rapport à la norme et permet d’avoir beaucoup de temps libre pour la famille, le sport et les loisirs en général. À mon sens, c’est un vrai plus.
Pour entrer à l’école vétérinaire de Toulouse, j’ai passé le concours B, c’est-à-dire celui destiné aux personnes ayant déjà étudié deux ans à l’université.
Cela dit, les conditions d’intégration des écoles vétérinaires françaises évoluent régulièrement. Il est aujourd’hui possible de rentrer sur dossier directement après le baccalauréat, après une école préparatoire ou encore après avoir été à l’université.
Avant de se lancer comme urgentiste, il est intéressant de voir ce qui se fait ailleurs, pour avoir une certaine base de connaissances et d’expérience pratique. Quand on commence à conduire, on évite de débuter avec une voiture de course…
De fait, avoir travaillé comme vétérinaire classique n’est pas impératif, mais cela peut permettre une progression plus rapide dans sa pratique d’urgentiste.
Il est indéniable qu’il faut accepter un mode de vie différent, mais cela ne veut pas nécessairement dire plus difficile : ainsi, un urgentiste a beaucoup plus de temps libre, puisqu’il travaille environ deux fois moins qu’un vétérinaire classique.
Néanmoins, le turn-over des vétérinaires assurant les urgences des structures ouvertes 24h/24 est énorme : nombre d’employés ne restent pas plus de 6 à 12 mois. Cela s’explique généralement par un défaut d’accompagnement, le rythme difficile (il est de façon générale assez irrégulier, et parfois les gardes s’enchaînent de manière particulièrement intense) et/ou le sentiment d’être abandonné par les responsables.
Pour autant, chez Vet-Urgentys, plusieurs de nos salariés travaillent chez nous depuis plus de 10 ans.
Au final, tout dépend de la structure dans laquelle vous travaillez. Pour que les choses se passent bien, il faut un savant mélange entre une bonne organisation des horaires, une rémunération intéressante et surtout une bonne ambiance de travail. C’est extrêmement important.
Opter pour ce métier implique d’accepter d’avoir une vie décalée par rapport à la plupart des gens, moins de week-ends libres, d’être indisponible une bonne partie des jours fériés. En outre, il faut aimer travailler la nuit.
Hormis le fait qu’on ne fait plus de médecine préventive, le travail en lui-même reste très similaire : ce sont le rythme et la manière de l’aborder qui diffèrent. D’ailleurs, il ne faut pas croire que l’on ne reçoit que des urgences vitales. C’est un métier plus varié qu’on pourrait le penser, et c’est ce qui fait son charme : on peut passer en 5 minutes de la simple griffe arrachée au chat tombé de plusieurs étages.
La base de tout est la confiance que vous accordent à la fois les propriétaires et les confrères. Quand on travaille dans le domaine des urgences, la déontologie est primordiale : tant du point de vue décisionnaire que tarifaire, on ne doit pas abuser de situations émotionnellement difficiles pour les maîtres.
Si la qualité du service est bonne et si le prix est raisonnable, alors ils reviendront si nécessaire, et les vétérinaires continueront à nous recommander pour leurs urgences. En ce qui nous concerne, ces derniers sont plus d’une centaine à le faire.
Concernant la concurrence, elle est toujours bénéfique et stimulante, dès lors qu’elle respecte les règles de déontologie. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, en particulier dans le domaine de l’urgence où les propriétaires sont vulnérables et facilement influençables.
Même dans les grandes agglomérations, les urgences vétérinaires sont assez difficilement assurées. Dans les zones rurales, c’est encore plus difficile.
En effet, malgré les postes à pourvoir, il y a très peu de candidats : la profession connaît actuellement une réelle crise du recrutement, et nous savons que certains confrères ont toutes les peines du monde à trouver des recrues. Or, il n’est évidemment pas possible de travailler 24h/24.
En ce qui nous concerne, la notoriété de la clinique et surtout notre politique de formation et d’accompagnent des jeunes vétérinaires nous permettent heureusement de recruter relativement facilement.
Du point de vue matériel, il faut un plateau technique avancé qui nécessite un investissement de base très important. Chez Vet-Urgentys, nous possédons un laboratoire d’analyses complet, des systèmes d’imagerie dernière génération (radiographie numérique, échographie, endoscopie), du matériel d’anesthésie et de surveillance.
Même si cela n’est pas obligatoire et si beaucoup de structures ne proposent pas ce service, il peut aussi être utile de prévoir de quoi héberger plusieurs jours les animaux pris en charge, plutôt que de les garder seulement la nuit et les transférer ailleurs une fois le matin arrivé. Dans notre cas, nous sommes ainsi en mesure d’avoir jusqu’à 100 animaux en même temps.
Cela dit, c’est surtout du point de vue (du) personnel que la charge est majeure. En effet, pour travailler dans de bonnes conditions, il faut des rotations acceptables, c’est-à-dire des plages de travail qui ne dépassent pas 10 ou 12 heures d’affilée et suffisamment de repos entre elles. Ceci nécessite d’avoir beaucoup de personnel, mais on ne peut pas forcément se le permettre au début… Avant que je m’associe avec lui, mon associé n’avait pas pris de week-end ni de vacances pendant 5 ans !
Dans les structures classiques ayant un service d’urgences, ce sont souvent les nouvelles recrues et novices dans la profession qui assurent les urgences. Ils sont livrés à eux-mêmes, travaillent souvent seuls sans assistant et/ou ne peuvent joindre personne s’ils ont besoin d’aide ou d’un avis.
Or, l’urgence est une discipline exigeante tant du point de vue technique que relationnel, et des erreurs peuvent vite arriver. Le défaut d’encadrement et d’accompagnement est le principal problème à l’origine des difficultés de recrutement et du turn-over.
Il est très difficile de recruter dans le monde vétérinaire, quel que soit le poste ou la spécialité. Chez Vet-Urgentys, nous avons donc décidé d’aborder le recrutement d’une autre manière.
Ainsi, nous faisons le choix de former de jeunes vétérinaires lors de stages avant leur sortie de l’école. Ils sont ainsi baignés dans le milieu de l’urgence, intègrent notre manière de fonctionner et acquièrent une bonne expérience pratique avant même d’exercer pleinement.
Nous avons également mis en place un système de tutorat et un encadrement permanent des jeunes recrues. Finies les gardes en solo où un débutant est livré à lui-même sans pouvoir compter sur l’aide d’un collègue expérimenté : aucun de nos plus jeunes vétérinaires ne travaille seul, car il est toujours accompagné par un « sénior » capable de l’encadrer et de l’aider dans sa démarche.
Créée en 2004, notre clinique est en évolution et croissance permanente. La majeure partie des bénéfices sont réinvestis pour des améliorations aussi bien techniques (via l’acquisition de matériel de pointe) qu’au niveau humain. Cela a permis d’offrir au fur et à mesure à l’ensemble de nos collaborateurs de meilleures conditions de travail.
Il en découle une plus grande stabilité de l’équipe, ce qui est bénéfique à chacun. C’est la clé de la réussite, mais ce n’est pas facile et ça se gagne sur du long terme.
Je lui conseillerais de veiller à intégrer une structure de qualité, où le travail en équipe est la norme et où l’ambiance de travail permet de s’épanouir au quotidien.
Dans les deux cas, il faut aimer la relation avec les gens : c’est un métier de service de santé, et savoir écouter est donc essentiel.
En urgence, le stress entre un peu plus en ligne de compte : c’est un aspect crucial dans l’approche avec le propriétaire. Il est important d’avoir du recul et d’être capable de le rassurer quelle que soit la situation.
Je ne connais pas personnellement les conditions concrètes de vie d’un médecin urgentiste. Cependant, du point de vue des moyens matériels et surtout humains, je pense que les conditions de travail sont souvent meilleures pour un vétérinaire urgentiste que pour un médecin urgentiste. Par ailleurs, il y a des similitudes au niveau du rythme de travail, mais la pression qui pèse au quotidien sur ce dernier est quand même bien supérieure à celle que nous subissons.
Oui, il l’est fortement : le volume d’activité en été est quasiment deux fois supérieur à celui que nous connaissons en hiver.
En effet, les animaux sont plus souvent dehors lors de cette saison : cela implique davantage de bagarres, d’accidents de la voie publique, de chutes. En outre, il y a bien plus d’insectes piqueurs susceptibles de causer toutes sortes de réactions allergiques. Enfin, à la fin de la période estivale, les épillets (des petites herbes susceptibles notamment de pénétrer dans les oreilles ou les yeux) font beaucoup de victimes.
Une telle situation peut effectivement se présenter, et est évidemment plus tendue - d’où l’importance que la structure soit bien dimensionnée, en particulier dans les périodes les plus critiques de l’année. Malgré tout, une bonne organisation des locaux et l’expérience du personnel permettent d’appréhender ces situations avec sérénité.
Cela arrivait de temps à autres après l’ouverture en 2004, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, quand il n’y a pas de consultation à effectuer, il y a en revanche des soins à prodiguer aux animaux hospitalisés. Et si vraiment tout est à jour, un petit temps de repos en attendant la prochaine urgence à gérer est toujours appréciable.
Chez Vet-Urgentys, nous répartissons le travail en différentes tranches : soirées, nuits, journées et demi-journées. Les vacations ne dépassent pas 12 heures, contrairement à certaines structures où on peut se retrouver d’astreinte tout un week-end, jour et nuit inclus. Il n’en reste pas moins important de décrocher psychologiquement quand on quitte la clinique.
Nous n’avons pas de client régulier, mais chacun sait que lorsque l’on possède un animal - voire a fortiori plusieurs - il n’est pas rare de faire appel plusieurs fois à un service d’urgence au cours de la vie de celui-ci. D’où l’importance de la confiance envers le vétérinaire, puisque c’est elle qui fait que les gens reviennent ou vont voir ailleurs la fois suivante.
Cela dit, les gens n’ont parfois pas vraiment le choix : sur Toulouse et son agglomération, nous sommes les seuls à assurer un service 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, tous les jours de l’année.
Oui, la majorité des consultations concernent des chiens : entre 55 et 60%. Les chats représentent le reste, puisque nous couvrons seulement ces deux espèces.
Il est recommandé de téléphoner avant de venir, et les propriétaires qui nous sollicitent sont d’ailleurs bien habitués à le faire depuis toutes ces années. En général, nous savons donc à l’avance qui va venir, et pour quel motif. Cela nous permet d’anticiper les urgences les plus graves et de différer les heures d’arrivée pour les cas les moins urgents. La régulation téléphonique a donc une réelle importance en termes d’organisation et de stress des uns et des autres, mais c’est un exercice compliqué qui nécessite des collaborateurs expérimentés : la manière de conduire la discussion et la capacité à poser les bonnes questions sont capitales.
Une fois que le propriétaire arrive, nous l’accueillons et collectons toutes les informations concernant son animal ainsi que son problème. Nous procédons ensuite à l’examen clinique et commémoratif de ce dernier, aux côtés du propriétaire, et effectuons des examens complémentaires si cela s’avère nécessaire.
En moyenne, le temps passé dans notre structure se situe entre une heure et une heure et demie : cela nous semble très raisonnable pour un service d’urgence.
Non, car la médecine vétérinaire à domicile ne nous semble pas pertinente dans le cadre des urgences. Le risque est grand d'une perte de temps et de chance pour l’animal.
En effet, à défaut d'examens complémentaires faute de disposer de l'équipement nécessaire, il est difficile d'établir un diagnostic avec certitude, et on risque de mal évaluer la gravité de la situation.
Du reste, si ce n’est pas une urgence vitale, le prix demandé est bien supérieur à ce qui pourrait être fait en clinique - d'autant que le client est évidemment assez captif...
Dans la panique, certains gestes peuvent effectivement aggraver la situation : soit en faisant perdre du temps, soit en accentuant la pathologie.
En particulier, faire un massage cardiaque à son chien (en particulier s’il est de petit gabarit) n’est pas du tout recommandé. En effet, quand c’est mal effectué, cela entraîne des lésions thoraciques sévères.
Il ne faut pas non plus essayer de faire vomir son animal en cas d’ingestion d’un corps étranger, d’un médicament destiné aux humains ou d’un produit toxique (y compris par exemple de la drogue). D’ailleurs, certains maîtres se font mordre en mettant leur main dans sa gueule. D’autres lui administrent du sel en grande quantité, ce qui peut avoir de graves conséquences.
Du reste, si un animal a avalé une substance problématique, il ne faut pas attendre que les symptômes commencent à se manifester pour contacter un vétérinaire.
Enfin, il faut bien sûr faire attention à internet et à l’autodiagnostic : être un professionnel de la santé, c’est un métier…
Oui, cela arrive, mais notre longue expérience dans le domaine des urgences (plus de 20 ans en ce qui me concerne) nous permet d’appréhender toutes les situations avec sérénité.
Cela arrive, mais c’est extrêmement rare. Le cas échéant, il faut simplement le museler.
Il est d’ailleurs recommandé aux propriétaires de museler leur animal avant même d’arriver à la clinique, s’il est connu pour être très craintif ou agressif. Un chien muselé a tendance à être moins agressif et plus serein, car il sait qu’il ne peut pas mordre.
Il y a effectivement des différences de comportement en fonction des races. Néanmoins, le facteur le plus déterminant est l’éducation qu’a reçu le chien.
Un jeune chien ayant peu « d’expériences de vie » est souvent plus agité, mais peu agressif.
Quel que soit son âge, son histoire joue également un rôle prépondérant : un animal adopté ayant subi par le passé des maltraitances est souvent plus compliqué à gérer.
Enfin, dans tous les cas, le souvenir d’une ancienne consultation douloureuse ou stressante peut générer un stress important chez un chien chaque fois qu’il se retrouve à nouveau entre les mains d’un vétérinaire.
Oui, il est courant que le stress du propriétaire accentue celui de l’animal. Tout comme les enfants, les animaux sont des éponges émotionnelles. Notre rôle est de rassurer tout le monde pour parvenir à faire une consultation dans de bonnes conditions.
Les maîtres très anxieux peuvent être très compliqués à gérer : c’est à nous de tâcher de les rassurer.
Il arrive effectivement qu’un maître soit réfractaire à l’idée que son animal soit hospitalisé. Là encore, c’est à nous de lui inspirer confiance pour faire ce qu’il y a de mieux pour ce dernier. Bien sûr, rien n’est obligatoire, et il ne faut surtout pas culpabiliser le propriétaire, mais au contraire essayer de le convaincre quand la situation le nécessite.
Pour notre part, nous veillons à ne proposer que des soins ou hospitalisations qui sont vraiment nécessaires ; il est toujours plus facile de convaincre quand on croit soi-même en ce que l’on fait.
Il n'existe pas de solution magique : il faut montrer un maximum de sérénité et d’empathie.
Les interventions de chirurgie sur des animaux polytraumatisés sont toujours des moments difficiles. Dans un tout autre registre, l’hospitalisation et les soins sur les animaux atteints de maladies contagieuses représente également un vrai défi.
Il arrive effectivement régulièrement que des maîtres nous amènent leur animal pour des choses qui auraient pu attendre, mais il faut dire qu’il peut être difficile pour un non-professionnel d’évaluer la gravité d’une situation. En fait, il faut distinguer le caractère grave du caractère urgent. Une herbe dans une oreille est une urgence, car cela fait extrêmement mal à l’animal et peut entraîner des complications, mais c’est rarement grave.
Si nous constatons que le problème n’est ni grave ni urgent lorsqu'un propriétaire nous appelle alors qu’il s’apprête à nous amener son animal (par exemple s’il s’agit simplement de retirer une tique à son chien), nous le renseignons au mieux et lui expliquons que ce n’est pas forcément nécessaire. Néanmoins, s’il veut venir malgré tout, notre équipe est dimensionnée pour répondre à toutes les situations, et nous le recevons.
Oui, il nous arrive de devoir refuser certaines demandes.
En particulier, nous ne faisons pas de vaccination, même si certaines personnes qui ont fait appel à nous lors d’une urgence souhaiteraient revenir par la suite pour que nous nous occupions des rappels de vaccins de leur animal.
Nous avons aussi de temps à autres des demandes d’euthanasie « de convenance », mais nous les refusons bien entendu. Dans ce genre de cas, nous avons un vrai travail de pédagogie à effectuer pour orienter les propriétaires vers des services adaptés, par exemple des associations susceptibles de recueillir l’animal.
Il m’est arrivé une seule fois d’être mordu par un gros chien, un Dogue Allemand en l’occurrence. Avec l’expérience, on connaît mieux les animaux et on anticipe plus facilement leurs réactions.
En réalité, les agressions verbales - et parfois physiques – des propriétaires sont les plus difficiles à gérer. Certains considèrent ainsi que le service que nous fournissons devrait être gratuit et/ou que leur animal devrait être prioritaire. Heureusement, ces situations sont rares : le quotidien est majoritairement très positif.
Ce qui me plaît a évolué au fil du temps. Au début, c’était bien entendu la pratique elle-même, c’est-à-dire la médecine et la chirurgie. Par la suite, c’est devenu de plus en plus la relation avec les propriétaires. Aujourd’hui, en plus de tout cela, l’accompagnement et la formation des jeunes vétérinaires ainsi que le fait de voir s’épanouir au travail nos collaborateurs est devenu une vraie satisfaction.
Par ailleurs, les remerciements d’une manière générale font toujours extrêmement plaisir et nous confortent dans notre manière de travailler. La reconnaissance des enfants et leurs dessins ont aussi toujours une saveur particulière.
Le côté administratif est parfois pesant…
J’avoue avoir un petit faible pour les consultations insolites… Je me souviens notamment d’un chien qui avait la tête coincée dans une boîte de conserve, ainsi que d’un chat qui s’était retrouvé complètement enchevêtré dans les ronces, au point que ses propriétaires l’avaient amené ainsi, après avoir taillé autour dans le buisson.
L’abattement, les boiteries et les vomissements occupent le podium des motifs de consultation les plus courants.
Il y a toutefois des particularités saisonnières. Ainsi, en été, on vient plus souvent nous voir pour des blessures causées par un accident de la voie publique ou une bagarre. La fin de la période estivale marque également un pic de consultations pour des épillets, ces petites herbes qui se fixent un peu partout, des pattes aux oreilles en passant par les yeux et les parties génitales. Enfin, certaines périodes sont particulièrement propices aux intoxications des chiens : le chocolat à Pâques ou à Noël, les drogues le jour de l’an…
Nous publions régulièrement sur notre site différents conseils (comportements à avoir dans telle ou telle situation, habitudes à prendre…) pour éviter d’avoir à venir chez nous : vaccination, accidents domestiques (en particulier lors des fêtes), épillets, chenilles processionnaires…
En particulier, nous voyons trop d’animaux victimes de maladies contagieuses qui auraient été évitées s’ils avaient été correctement vaccinés : typhus, parvovirose… Nous sommes d’autant mieux placés pour en parler que nous ne faisons pas de vaccination, donc il n’y a pas de conflit d’intérêt.
D’une part, il faut qu’ils aient confiance en leur vétérinaire, et qu’ils n’hésitent pas à le solliciter si nécessaire. D’autre part, bon nombre de sites internet de cliniques sont très complets : il ne faut pas hésiter à les consulter pour connaître les bonnes pratiques, mais aussi apprendre à éviter ou réduire toutes sortes de risques.
Environ 5% s’y prennent beaucoup trop tard, et 10% un peu tard. C’est donc une minorité, mais c’est toujours trop – soit parce qu’il est alors carrément trop tard, et donc que cette réaction tardive condamne l’animal, soit parce qu’il est beaucoup plus compliqué d’intervenir.
La grande majorité des propriétaires ont une approche seine et sereine quant à la question de faire euthanasier son chien. Bien sûr, cela n’enlève rien au fait qu’il s’agit toujours de situations douloureuses.
Oui, c’est une réalité aussi pour les animaux, et nous ne pouvons pas obliger un propriétaire à arrêter les soins. En revanche, il est de notre devoir de ne pas proposer des soins ou chirurgies que l’on considérerait comme inutiles ou néfastes pour l’animal. Lorsque l’expérience nous permet de savoir qu’une issue fatale est inévitable, notre rôle est d’expliquer qu’il faut arrêter les soins et ne pas s’acharner, même si le propriétaire peut avoir du mal à l’entendre.
L’amélioration de la qualité de l’alimentation des chiens ainsi que de la médecine vétérinaire va dans le sens d’une augmentation de leur espérance de vie. En revanche, elles ne changeront rien au fait que cette dernière dépend aussi du gabarit de l’animal : un Dogue Allemand ne vivra jamais aussi vieux qu’un Chihuahua.
Il y a clairement des marges de progrès au niveau de la couverture vaccinale (trop de chiens ne sont pas vaccinés, ou pas à jour de leurs rappels) et des consultations de prévention aux différents stades de la vie de l’animal (pédiatrie, adulte et gériatrie).
Du côté de l’alimentation, les choses ont évolué très positivement au cours des dernières décennies : qualité nutritive générale des aliments pour chien, produits adaptés à certaines pathologies, etc. Toutefois, il demeure possible de faire mieux afin de proposer à chaque animal une nourriture adaptée à son âge, son poids et ses éventuelles pathologies.
Cela arrive en effet, mais c’est extrêmement minoritaire.
À mes yeux, le développement de l'assurance santé pour les chiens et les chats est une bonne chose, à condition que les vétérinaires gardent leur indépendance de soin et de prescription. Le risque existe en effet que les assurances obligent les propriétaires à s’orienter vers tel ou tel vétérinaire affilié ou spécialiste, comme cela peut être le cas en Grande-Bretagne.
Même si le cas des urgences est un peu atypique, car il relève plus souvent de l’exception que du cadre habituel, cette réglementation est nécessaire et doit être le garant des bonnes pratiques, aussi bien envers les animaux qu’envers les propriétaires.
Une certaine « uberisation » de la profession est toutefois à l’œuvre, avec notamment le lancement de plateformes téléphoniques. Mais à qui s'adresse-t-on réellement quand on appelle un tel service ? Quelle est l'expertise et l'expérience de la personne que l'on a au bout du fil, en comparaison par exemple de celles du vétérinaire traitant habituel de l'animal ?
Plus généralement, il serait judicieux que l’Ordre des vétérinaires puisse avoir un pouvoir de contrainte plus important et prendre des sanctions rétroactives. Il est aujourd’hui trop facile de faire des choses illicites par exemple sur le plan de la communication, et de n’être exposé à aucune sanction.
Oui, il y a une réglementation spécifique pour le métier d’urgentiste, en particulier pour ce qui concerne les horaires de travail et la récupération, mais aussi les pratiques tarifaires. C’est tout à fait normal à mon sens.
Un vétérinaire urgentiste est avant tout un vétérinaire polyvalent, mais la chirurgie est évidemment au centre de son quotidien.
Cela dit, il n’a pas forcément besoin d’être parfaitement autonome en la matière au début de sa carrière : s’il est dans une structure bien organisée où on travaille en équipe, il vient alors simplement en renfort d’un collègue plus expérimenté et apprend à ses côtés.
Oui, nous échangeons régulièrement avec des confrères, que ce soit lors de congrès ou tout simplement par téléphone. C’est important de ne pas rester centré sur soi et de s’ouvrir à la pratique des autres.
J’estime que l’humilité doit faire partie des qualités d’un vétérinaire et d’un urgentiste en particulier. Il est donc important de respecter ce qui se fait autour : chaque clinique fait ce qui lui semble bon et est libre de choisir sa voie.
J’ai appris personnellement à être très pondéré, car il n’est jamais évident de juger une situation sans y avoir été directement confronté. En tout cas, j’applique à moi-même ce que je demande à mon équipe : sérieux, écoute, éthique, et l’envie de toujours faire mieux.
Nous avons de très bonnes relations avec les vétérinaires « classiques », car c’est souvent après avoir entendu parler de nous par leur intermédiaire que les propriétaires viennent nous voir. Nous comptons ainsi environ une centaine de vétérinaires partenaires à Toulouse et dans les environs. Néanmoins, cette confiance se mérite, et est le résultat de 20 années de travail.
Le métier de vétérinaire urgentiste est très spécifique. Quand on le pratique, on est meilleur qu’un vétérinaire généraliste pour certains gestes techniques, mais à l’inverse lui est meilleur dans d’autres situations.
Nous ne sommes pas des « super vétérinaires », mais des vétérinaires avec une activité spécifique (du fait en particulier qu’elle est très orientée sur la chirurgie), au même titre qu’un spécialiste en ophtalmologie, en orthopédie, en alimentation ou encore en comportement. Au final, nous ne pouvons pas travailler les uns sans les autres.
Non, pas nécessairement, car c’est la répétition des actes dans un domaine qui fait qu’on est meilleur. Cela dit, de manière générale, les vétérinaires sont assez polyvalents tant en termes d’espèces que de discipline. D'un patient à l’autre, on va par exemple de la dermatologie à l’ophtalmologie en passant par l’orthopédie, la médecine interne, etc.
Ce sont des métiers différents, avec chacun ses avantages et ses inconvénients – y compris en termes de difficulté. Ce qui est certain, c’est que l’approche des pathologies n’est pas la même : l‘urgentiste pratique nécessairement une médecine à plus court terme.
Tout dépend des structures et des conditions de travail. Chez Vet-Urgentys, nous tâchons de valoriser au mieux les personnes qui travaillent pour nous afin de garder une équipe stable ; de ce fait, nos salariés sont mieux payés qu’un vétérinaire « classique », tout en travaillant moins.
De nos jours, le niveau d’exigence de la médecine vétérinaire - en particulier dans le domaine de l’urgence - demande une expertise pointue. Il ne faut donc pas hésiter à se spécialiser.
En ce qui nous concerne, nous faisons le choix de prendre en charge uniquement les chiens et les chats. Comme il existe également à Toulouse une structure spécialisée dans les nouveaux animaux de compagnie (NAC), nous orientons les propriétaires vers elle si nécessaire.
En tout cas, il est important de savoir connaître ses limites et de référer à un confrère si on estime qu’il sera meilleur que nous dans un domaine ou pour une espèce.
La plupart du temps, les actes et les pathologies sont très proches. En revanche, la manière dont il faut se comporter avec un chat n’est pas la même qu’avec un chien, mais pour le coup cela n’a rien à voir avec l’urgence.
Pour faire ce métier, il faut aimer bien évidement les animaux, mais surtout les relations humaines. Il nécessite en effet d’être sociable et de donner confiance, pour qu’un lien de qualité s’établisse rapidement avec le propriétaire.
Il faut aussi avoir une appétence pour le travail en équipe, aimer l’imprévu, n’avoir pas peur de travailler par moments de manière très intense tout en restant extrêmement concentré, savoir se remettre en question perpétuellement, mais aussi être humble et courageux à la fois.
Comme dans le domaine de la médecine pour les humains, la technologie vétérinaire a fortement évolué. On dispose désormais de moyens beaucoup plus poussés et précis pour réaliser des examens complémentaires et des soins. Par exemple, une structure comme la nôtre est équipée d’un laboratoire d’analyse complet, d’équipements d’imagerie de pointe (échographie, radiologie numérique, endoscopie…), de système de monitoring des anesthésies, d’un respirateur artificiel…
Il y a 20 ou 30 ans, de tels équipements étaient beaucoup plus coûteux et nettement moins courants. En outre, quand une clinique vétérinaire en avait, il s’agissait souvent d’instruments destinés à la base aux humains, et donc pas forcément très bien adaptés pour les animaux.
C’est un métier qui peut faire peur, que certains ne veulent pas faire. Pourtant, il est aussi capable d’être attirant, dès lors que certaines conditions sont vérifiées : la qualité de la structure et les conditions de travail jouent un rôle déterminant.
À notre échelle, nous essayons d’être des acteurs actifs en ce sens et de changer la vision qu’on a parfois du quotidien d’un urgentiste vétérinaire, en valorisant la formation des jeunes recrues et en les encadrant le mieux possible.
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