Les chiens de race au Canada

Un groupe de cinq Labradors assis dans une allée forestière et regardant l'appareil photo

Si le Husky Sibérien, le Malamute d’Alaska et les autres races de chiens de traineaux popularisées notamment par les récits dans le Grand Nord de Jack London (1876-1916) font partie de la culture populaire, elles ne sont bien sûr pas les seules plébiscitées par les Canadiens adeptes de chiens de race...

Quelles sont les races préférées des Canadiens ?

Un Labrador Retriever couché sur un quai, au bord d'un lac de montagne

Les statistiques d’enregistrement de chiens de race auprès du Club Canin Canadien (CCC), l’organisme cynologique de référence du pays, permettent de connaître les races les plus représentées au Canada.

 

En agrégeant les classements établis de 2015 à 2020, les dix plus populaires sont les suivantes :

1. Le Labrador
2. Le Golden Retriever
3. Le Berger Allemand
4. Le Caniche (toutes tailles confondues)
5. Le Bouledogue Français
6. Le Berger des Shetland
7. Le Berger Australien
8. Le Bichon Havanais
9. Le Bouvier Bernois
10. Le Bouledogue Anglais


Compte tenu des conditions climatiques extrêmes qui règnent sur une majorité du territoire, il n’est pas surprenant de constater que ce top 10 fait la part belle à des races affichant une bonne résistance au froid comme le Labrador, le Berger Allemand ou encore le Golden Retriever.


On y trouve aussi plusieurs races de chiens de compagnie de petite taille comme le Bouledogue Français, le Bichon Havanais et le Caniche. Il est fort probable qu'elles soient particulièrement représentées dans les grandes villes.


Il faut par ailleurs noter que d’année en année, la première place est constamment occupée par un chien originaire du pays : le Labrador. C’est cependant la seule race de chien canadienne présente parmi les 10 premières.


On constate en revanche que le Husky de Sibérie et le Malamute, deux chiens traditionnellement associés avec le Canada même si elles n’en sont pas originaires, ne figurent pas parmi les 10 races qui y sont les plus nombreuses.


En tout cas, si l’on regarde au-delà du simple top 10, les chiffres de l’Analyse sectorielle des tendances des aliments pour animaux de compagnie au Canada publiée par le ministère de l’Agriculture montrent que les gros chiens (plus de 23 kg) y ont la cote. En effet, ils représentaient en 2020 un peu plus de 40% de la population canine du pays, contre un peu moins de 30% pour ceux de taille moyenne (de 9 à 23 kg) et quasiment autant pour ceux de petite taille (moins de 9 kg). Ces derniers ont toutefois le vent en poupe : leur population a cru de 3,3% entre 2016 et 2020, contre 0,5 % pour celle des gros chiens et 1,1 % pour celle des races de taille moyenne.

Les races préférées des Canadiens par région

Un Golden Retriever assis près d'une falaise avec un magnifique paysage de montagnes canadiennes en arrière-plan

En 2021, le site de livraison de nourriture pour chien Kabo a lancé un sondage auprès de ses clients pour savoir quelles étaient les races de chiens les plus présentes dans chaque province du Canada.


Selon les résultats de cette enquête, le Labrador Retriever, qui est le chien le plus représenté à l’échelle nationale, arrive en tête en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. En Colombie-Britannique, c’est son cousin le Golden Retriever qui est le mieux implanté. Le Shih Tzu pour sa part est la race de prédilection des propriétaires des chiens de l’Île-du-Prince-Édouard. Enfin, au Québec ainsi qu’à Terre-Neuve-et-Labrador, c’est le Berger Allemand qui domine les débats.

Les races natives du Canada

Photo en noir et blanc d'un Chien de Laine Salish
Un Chien de Laine Salish

Parmi les près de 200 races de chiens reconnues officiellement par le Club Canin Canadien (CCC), seules quatre sont originaires du Canada : le Labrador Retriever, le Retriever de la Nouvelle-Écosse, le Terre-Neuve et le Chien Esquimau Canadien.


Les trois premières sont également reconnues notamment par les principales institutions de référence au niveau mondial : la Fédération Cynologique Internationale (FCI), dont sont membres les organismes nationaux d’une centaine de pays (dont ceux de la France, la Belgique et la Suisse), l’American Kennel Club (AKC) et le Kennel Club (KC) britannique. Le Chien Esquimau Canadien n’est quant à lui pas reconnu par l’AKC.


Il convient aussi de noter que le CCC reconnaît deux races locales désormais officiellement disparues : le Chien de Laine Salish et le Chien d’Ours de Tahltan.


L’histoire du Chien d’Ours de Tahltan et celle du Chien Esquimau Canadien sont intimement liées à celle des peuples autochtones. En effet, le premier était utilisé par le peuple Tahltan pour chasser l’ours, tandis que le deuxième (aussi connu sous le nom d’Inuit Canadien) fut élevé pendant près de 2000 ans par les membres de la culture de Thulé. Le Chien d’Ours Tahltan est aujourd’hui disparu, et l’Esquimau Canadien frôla l’extinction lorsque les chiens de traîneau furent remplacés par les motoneiges ; il fut sauvé grâce à un programme de préservation lancé dans les années 80, mais demeure très rare.


Quant au Chien de Laine Salish, il était autrefois utilisé par les peuples Salish pour sa laine, sachant que les moutons étaient absents du continent américain avant l’arrivée des colons européens. Toutefois, lui aussi est aujourd’hui officiellement disparu.

L’élevage de chiens est-il régulé au Canada ?

Des chiots Huskies Sibériens entre les mains d'un éleveur

Au Canada, l’élevage de chiens est réglementé au niveau fédéral par la Canada Food Inspection Agency. La Loi sur la santé des animaux de 1990 pose les conditions d’importation, d’exportation et de vente des animaux (domestiques ou à usage commercial) sur le territoire. Par ailleurs, l'article 445.1 du Code criminel du Canada interdit de causer des souffrances physiques ou psychologiques à un animal : il s’applique bien sûr autant aux éleveurs qu’aux simples propriétaires.


Au niveau national, il n’y a pas de système de permis ou de certification pour les éleveurs. Toutefois, il existe dans certains endroits des lois provinciales et/ou municipales qui encadrent cette activité - parfois même indirectement. Par exemple, il peut être interdit de posséder plus d'un certain nombre de chiens sans permis spécifique. C’est ce que fait notamment le Québec : le Règlement sur la sécurité et le bien-être des chats et des chiens stipule que si l’on souhaite détenir plus de 15 chiens, on doit posséder un « permis de propriétaire ». Celui-ci n’est pas spécifique aux éleveurs et concerne également les particuliers et les animaleries ; le but est de lutter contre les élevages clandestins et intensifs.


Par ailleurs, la Loi sur la généalogie des animaux de 1985 apporte un cadre juridique permettant de constituer des associations responsables du suivi de la généalogie des animaux. Dans le cas des chiens, c’est le rôle qui de fait échoit au Canadian Kennel Club (CKC) / Club Canin Canadien (CCC). La loi n’impose pas aux éleveurs de faire enregistrer leurs protégés dans le registre national des chiens de race opéré par ce dernier. Toutefois, un chien qui ne possède pas un pedigree délivré par le CCC ou par un organisme étranger reconnu par le CCC ne peut être considéré – et vendu - comme étant de pure race, quand bien même ses parents le sont.


Comme ses équivalents dans les autres pays, le CCC se donne notamment pour missions d’établir un standard pour chacune des races qu’il reconnaît, afin de définir les caractéristiques que leurs représentants doivent posséder.


Il prévoit également toutes sortes de règles pour les éleveurs, particulièrement concernant l’élevage et la vente des chiens.


Néanmoins, rien n’oblige ceux-ci à enregistrer leurs animaux dans le livre des origines du CCC, ni à être adhérent de ce dernier et donc à se conformer aux règles qu’il édicte. En effet, celles-ci ne trouvent à s’appliquer que pour ses membres.

 

Ainsi, la profession d’éleveur canin demeure faiblement régulée au Canada. Cela explique que les élevages moins rigoureux (en particulier les usines à chiots) restent nombreux dans le pays.


D'après l’organisation Humane Society International, qui lutte pour la défense des animaux, le Québec est la province canadienne qui en concentre le plus. Elle possède pourtant une législation permettant en théorie de les faire fermer : la Loi B-3.1 sur le bien-être et la sécurité de l’animal. Toutefois, son application laisse à désirer.


C’est lié au fait que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) manque d’inspecteurs pour mener sa mission à bien : le nombre de contrôles est donc très faible. En outre, le MAPAQ fait appel à diverses associations de lutte pour les droits des animaux (notamment des SPA et des SPCA) pour l’aider dans sa tâche et tenter d’enrayer le phénomène, mais elles-mêmes n’ont aussi que des moyens financiers et humains limités.

Les Canadiens se détournent des animaleries

Une fillette regardant un chiot à travers une vitre dans une animalerie

Comme dans de nombreux autres pays développés, on constate au Canada une méfiance croissante envers la vente de chiots et de chatons en animalerie.


Aucune loi n’interdit cette pratique au niveau fédéral, mais les municipalités sont de plus en plus nombreuses à prendre des dispositions pour la réguler, voire l’interdire – c’est le cas notamment de Toronto, Montréal et Vancouver, les 3 plus grandes villes du pays. L’objectif est de favoriser l’adoption dans les refuges, alors que les animaleries sont historiquement un canal de distribution dans lequel on trouve de nombreux animaux issus des usines à chiots et à chatons.

Le Club Canin Canadien (CCC)

Logo du Club Canin Canadien

Fondé en 1888 et basé à Toronto, le Canadian Kennel Club (CKC) / Club Canin Canadien (CCC) est l’organisme cynologique de référence du Canada. Il est en effet officiellement habilité par Agriculture et Agroalimentaire Canada pour tenir un livre des origines, c’est-à-dire un registre des chiens de race du pays.


Il reconnaît officiellement un peu moins de 200 races, dont quatre originaires du pays.


En plus d’enregistrer les chiens de race et de délivrer des pedigrees à leurs propriétaires, le CCC se donne pour mission d’en faire la promotion, notamment à travers les expositions canines officielles qu’il supervise. Seuls les juges accrédités par le CCC sont d’ailleurs habilités à décerner un titre de champion dans ces compétitions ainsi que dans les concours d’obéissance organisés sur le territoire canadien.


Le Club Canin Canadien (CCC) a la particularité de ne pas faire partie de la Fédération Cynologique Internationale (FCI), qui regroupe ses homologues d’une centaine de pays – dont ceux de la France, la Belgique et la Suisse. D'ailleurs, les 7 groupes dans lesquels il répartit les races qu’il reconnaît ne correspondent pas à ceux de la FCI ; en revanche, ce sont les mêmes que ceux de l’American Kennel Club (AKC), l’institution de référence aux États-Unis, qui elle non plus n’est pas membre de la FCI.


Ces 7 groupes sont : 

  • les chiens de sport ;
  • les lévriers et chiens courants ;
  • les chiens de travail ;
  • les terriers ;
  • les chiens nains ;
  • les chiens de compagnie ;
  • les chiens de berger.


Plus de 700 clubs de race ainsi que 20.000 propriétaires et éleveurs de chiens du Canada sont membres du CCC.

Les expositions canines au Canada

Un Caniche sur une table de toilettage lors d'une exposition canine

Les expositions canines, ces concours de beauté pour chiens de race aussi connues au Canada sous le nom d’expositions de conformation, suivent plus ou moins le modèle des « dog shows » qui se déroulent aux États-Unis, à la différence près que la catégorie réservée aux chiens nés au Canada remplace bien évidemment celle réservée aux chiens nés aux États-Unis.


D’ailleurs, suite à la création de l’American Kennel Club (AKC) en 1884, les personnes organisant de tels évènements au Canada utilisèrent simplement le règlement mis au point par ce dernier. Un organisme national vit le jour à peine trois ans plus tard, en 1887, avec notamment pour vocation de réglementer les expositions canines : le Club Canin Canadien (CCC). Il s’inspira toutefois grandement des normes édictées par l’AKC.


En 1903, à la suite de l’adoption de la toute première mouture de la Loi sur la généalogie des animaux, le CCC fut officiellement habilité à veiller à ce que les clubs de race et clubs locaux qui organisent des concours se conforment aux critères établis en vertu de cette loi. Cela contribua à renforcer la popularité des expositions canines ; d’ailleurs, c’est cette année-là qu’eut lieu la première compétition mettant en scène plus de 1000 participants.


En plus de superviser l’organisation de ces événements, le CCC délivre également leurs accréditations aux juges intervenant au cours de ces événements. On compte ainsi actuellement autour de 1300 personnes habilitées officiellement à évaluer la conformité et la proximité d’un chien avec le standard de sa race.


Durant ces compétitions ouvertes uniquement aux chiens disposant d’un pedigree émis par le CCC ou par un organisme reconnu par ce dernier, les concurrents sont évalués et jugés en fonction de leur proximité avec le standard de la race à laquelle il appartient – lui-même défini par le CCC.


Il existe principalement 7 classes : 

  • chiots juniors, pour les individus âgés de 6 à 9 mois ;
  • chiots seniors, pour ceux qui ont entre 9 et 12 mois ;
  • chiens de 12 à 18 mois ;
  • la classe vétérans, pour les spécimens âgés de 7 ans et plus. Cette classe n’existe toutefois que pour les expositions dédiées à une race en particulier ;
  • la classe ouverte, qui est ouverte à tous les chiens ;
  • la classe des chiens nés au Canada ;
  • la classe des chiens élevés par l’exposant, dans laquelle la personne qui présente l’animal doit obligatoirement être son propriétaire.


En remportant un prix lors d’une compétition, un chien se voit octroyer un certain nombre de points. Ces derniers se cumulent exposition après exposition, et les meilleurs spécimens peuvent alors accéder à trois classes avancées : Champion, Grand champion (GCh) et Grand champion par excellence (GChEx).


Le système est standardisé sur l’ensemble du territoire canadien : un chien peut concourir et cumuler des points dans n’importe quelle province.

Les clubs de race

Des chiens tenus en laisse durant un événement

Le Club Canin Canadien (CCC) reconnaît plus de 700 clubs de race répartis sur tout le pays. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il reconnaît 700 races canines : le nombre se situe plutôt un peu en-dessous de 200. Cela est lié au fait qu’en plus des clubs nationaux dédiés aux différentes races, il existe également des clubs les représentant à une échelle plus locale (généralement une province).


Ainsi, on compte par exemple pas moins de 14 clubs dédiés au Labrador Retriever, le chien le plus populaire du Canada – ils sont même deux pour la seule province de l’Ontario.


Quelle que soit leur échelle, les clubs de race organisent régulièrement des expositions visant à distinguer les meilleurs spécimens canins, sous la supervision du CCC et en conformité avec ses critères.


Tous ne bénéficient cependant pas des mêmes approbations. Certains sont habilités à n’organiser que des expositions canines ou certaines compétitions de sports canins pour la race qu’ils représentent, tandis que d’autres peuvent organiser ces deux types d’événements.

Dernière modification : 02/16/2024.