Si le chien entretient parfois des relations compliquées avec certaines espèces, comme les chats ou les rongeurs, il peut en revanche contribuer à en protéger ou en sauvegarder d’autres.
En Océanie et en Afrique, des chiens sont utilisés de différentes manières pour protéger certaines espèces menacées, qu’elles le soient par l’Homme ou par d’autres animaux.
C’est notamment le cas en Australie, où l’habitat des koalas est en danger. L’antenne locale de l’IFAW (International Fund for Animal Welfare, ou Fonds International pour la Protection des Animaux) y dresse des chiens pour renifler les excréments et la fourrure des marsupiaux. Cela permet à la fois de localiser leur territoire, suivre leur état de santé, et si besoin les déplacer vers des zones où ils sont davantage en sécurité.
Toujours en Australie, le chat marsupial du nord est reconnu par la législation environnementale nationale comme une espèce menacée, notamment à cause du crapaud buffle. Dans l’extrême nord de l’état du Queensland, au nord-est du pays, l’IFAW utilise également des chiens renifleurs pour trouver des représentants de l’espèce, et les déplacer si nécessaire vers un habitat protégé.
Sur le continent africain, le Mastiff d’Anatolie, un chien de berger originaire de Turquie, est quant à lui utilisé en Namibie pour protéger le guépard, dont l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) classe la variété africaine comme étant menacée. Il fut ainsi importé dans le pays à partir de 1994 afin de protéger le bétail des éleveurs installés dans les parcs nationaux. Ce faisant, il évite aux guépards d’être abattus par ces derniers.
Le meilleur ami de l’Homme peut également servir à lutter contre le braconnage. C’est le rôle des chiens spécialisés dans la traque des braconniers, qui permettent d’assurer la survie de la biodiversité dans des régions durement touchées par la criminalité liée aux espèces sauvages.
Pour certaines d’entre elles, l’enjeu est réel. Ainsi, selon le WWF (World Wide Fund for Nature, ou Fonds Mondial pour la Nature), la menace la plus urgente pesant sur les éléphants est le braconnage à grande échelle, qui tue chaque année plus de 30 000 spécimens pour alimenter le commerce illégal de l’ivoire. Lui aussi en danger, le rhinocéros est très touché à cause de la revente de ses cornes, une denrée devenue plus prisée que l’or.
On peut évoquer notamment évoquer le travail réalisé contre ce fléau par l’association Animals Saving Animals, fondée en 2016 et spécialisée dans la formation de chiens destinés à lutter contre le braconnage. Elle aide à mettre sur pied dans différents pays (Kenya, Zimbabwe, Botswana…) des unités canines entrainées et spécialisées dans la lutte contre le braconnage.
Historiquement, les unités spécialisées dans la lutte contre le braconnage fonctionnent sous forme de binôme homme / chien. Toutefois, le premier n’étant pas forcément capable de suivre le rythme du second, les braconniers parviennent souvent à prendre la fuite.
En 2012, l’unité K9 (terme employé dans le monde anglophone pour désigner les brigades cynophiles, puisqu’il se lit comme le terme « canine ») spécialisée dans la lutte contre le braconnage d’ivoire d’éléphant ou de rhinocéros au Kruger National Park, en Afrique du Sud, décida de changer sa manière d’opérer. Elle commença à laisser agir les chiens en meute opérant de manière autonome. Ainsi, après la découverte d’un cadavre, cette dernière est lâchée à la poursuite des trafiquants. Tout au long de la traque, et grâce à la puce GPS dont ses membres sont équipés, elle est suivie en hélicoptère. Une fois les braconniers rattrapés et neutralisés, les hommes de l’unité n’ont plus qu’à les interpeller.
Les chiens ont ainsi un triple rôle : rechercher les animaux tués, poursuivre les coupables puis les attaquer. L’énergie qu’ils déploient est d’autant plus impressionnante que chacun veut être le premier à retrouver l’auteur des faits.
Les chiens s’avèrent être de précieux alliés dans la lutte contre le braconnage, à la fois par leur rôle dissuasif et en augmentant le taux d’interpellation.
C’est d’autant plus le cas lorsqu’ils agissent en meute autonome. En effet, cette manière de procéder permet d’exploiter pleinement leur odorat et leur rapidité. Elle réduit en outre les risques pris par leurs maîtres. Enfin, elle peut être pratiquée tant de nuit que de jour.
Sans l’aide des chiens, les équipes de lutte contre le braconnage du Kruger National Park ne capturaient en moyenne que 3 à 5% des braconniers. Grâce à eux, le taux de capture est passé à 54%. Les résultats sont là, puisque le nombre de rhinocéros tués a chuté de 1215 en 2007 à 13 en 2014.
Au Kenya, Animals Saving Animals estime que ses chiens contribuent à réduire le taux de braconnage de 72% dans certaines régions. Cela est rendu possible notamment par le fait qu’un chien bien dressé peut couvrir autant de terrain en une nuit que huit agents.
Les chiens utilisés pour lutter contre le braconnage sont entraînés à la traque dès l’âge de 3 mois. Pour cela, on stimule leur propension à être agressifs, à morde et à aboyer, par exemple en les privant de nourriture ou en les séparant ponctuellement de leur mère. Ils apprennent également à flairer des armes à feu, repérer de la viande d’animaux sauvages dans des valises ou encore repérer de l’ivoire.
Tout au long de la formation, des visites au zoo permettent d’acclimater les chiens au contact des espèces sauvages. Ils sont également habitués à sauter en parachute, attachés à un des membres humains de l’unité, pour être plus rapidement envoyés sur une zone d’intervention.
Bien que formés et compétents dès 6 mois, ils ne sont alors pas assez mûrs pour supporter une pression en conditions réelles et travailler sur le terrain. Leur programme d’entraînement intensif se poursuit donc jusqu’à leurs 18 mois, âge à partir duquel ils sont envoyés en mission.
Les qualités indispensables pour un chien anti-braconnage sont un odorat très développé, une grande détermination et endurance, ainsi que la capacité à agir en meute : autant d’atouts dont disposent généralement les chiens de chasse.
Ainsi, le Saint-Hubert, le Brachet Noir et Feu ou encore le Beagle font parties des races que l’on retrouve pour exercer ce rôle. Le Berger Malinois, connu pour sa présence au sein des forces armées de nombreux pays, est également parfaitement adapté.