L'histoire du Setter Irlandais

La genèse du Setter Irlandais

L’origine des chiens setter remonte au moins à la seconde moitié du 16ème siècle — on en trouve une mention en 1570 sous la plume de John Caius, dans son ouvrage De Canibus Britannicus consacré comme son nom l’indique aux chiens anglais.

 

Le Setter Irlandais aurait pour sa part vu le jour bien plus tard, au 18ème siècle, à la suite de croisements. Ses ascendants ne sont pas connus de manière certaine, mais on pense qu’il fut développé à partir de l’Épagneul d’Eau Irlandais, avec la possible contribution du Terrier Irlandais, du Pointer Anglais et du Setter Gordon. Toutefois, dans les premiers temps, il n’avait pas la robe rouge acajou unie qu’on lui connaît aujourd’hui, mais un pelage rouge et blanc, particulièrement apprécié à la chasse car facile à repérer dans les broussailles. Ce Setter Irlandais Rouge et Blanc - qui subsiste encore de nos jours, quoique plus rare - aurait progressivement donné naissance, dans le courant du 18ème siècle, au Setter Irlandais Rouge. Ce dernier se stabilisa comme race distincte au début du 19ème siècle, se différenciant notamment par des pattes plus longues que son ancêtre bicolore.

 

Si ses origines exactes sont assez floues, la provenance géographique de l’Irish Setter est en revanche bien identifiée. En effet, son histoire commence bien entendu en Irlande, où des chasseurs cherchèrent à développer une race de chien performante pour débusquer, traquer et rapporter le gibier à plumes. Ils l’utilisèrent comme chien d’arrêt localisant le gibier en se figeant dans une position de pointage, ce qui permet de faire savoir au chasseur où se trouve l’oiseau. Le terme « setter » (« passeur », en français) viendrait d’ailleurs de cet usage pour lequel il fut développé. Il fut très apprécié dès ses débuts pour son excellent flair, qui lui permet de repérer les odeurs dans l’air, tandis que la plupart des chiens de chasse tracent le gibier au sol. Cette caractéristique lui valut d’emblée une grande popularité.

 

Au-delà de ses compétences à la chasse, le Setter Irlandais Rouge de distingua également rapidement par son allure élégante et sa belle couleur acajou. Dès les premières années du 19ème siècle, des élevages se spécialisèrent d’ailleurs dans la production de spécimens de cette couleur. Ce fut la voie que suivirent notamment Jason Hazzard de Timaskea dans le comté de Fermanagh, Sir Saint George Gore et le comte d’Enniskillen, qui furent parmi les premiers éleveurs de la race. Par exemple, ce dernier décida dès 1812 qu’il ne souhaitait plus avoir que des chiens à robe rouge dans ses chenils.

 

En 1862, un spécimen nommé Palmerston se démarqua par la forme particulièrement allongée de sa tête et l’élancement de sa silhouette. Ces différences faillirent lui coûter la vie, puisque son propriétaire jugea qu'elles le rendaient impropre à la chasse et se mit en tête de le noyer. Un amateur de la race intervint et le sauva, puis le rendit célèbre en le présentant dans de nombreuses expositions canines.

 

Palmerston donna naissance à une large descendance, et il est admis qu’il figure dans l’arbre généalogique de la plupart des spécimens actuels. En outre, les succès qu'il obtint dans les concours de beauté où il fut présenté firent des émules : tout en restant un chasseur reconnu, le Setter Irlandais Rouge se mit par la suite à connaître également un large succès en tant que chien d’exposition raffiné.

La diffusion internationale du Setter Irlandais

L'Irish Setter fut importé aux États-Unis dès 1875, et y acquit rapidement un statut de vedette. En effet, le premier spécimen qui posa la patte en Amérique, Elcho, devint une star tant pour ses présentations en expositions canines que pour son efficacité sur le terrain. Il n’est pas étranger au fait que la race fit partie de celles reconnues lors de sa création par l’American Kennel Club (AKC) : dès 1878, un premier spécimen, nommé Admiral, fut donc inscrit dans les registres. Quant au United Kennel Club (UKC), l’autre organisme canin de référence dans le pays, il reconnut l'Irish Setter en 1914.

 

L'influent Kennel Club britannique en avait fait de même entre-temps.

 

Peu après son arrivée aux États-Unis, celui qui est parfois appelé parfois Red Setter (pour le distinguer de son cousin à la robe blanche et rouge, le Setter Irlandais Rouge et Blanc) devint rapidement une des races de chien les plus populaires dans les expositions canines du pays. Ainsi, entre 1874 et 1948, pas moins de 760 de ses représentants furent primés sur les rings. Il fut beaucoup moins remarqué pour ses capacités de terrain, puisqu'au cours de la même période seuls 5 spécimens furent récompensés pour leurs aptitudes à la chasse.

 

Ceci alerta d’ailleurs quelques amateurs de la race, qui en 1940 publièrent dans le magazine Field and Stream un appel pour sa renaissance en tant que chien de chasse, son rôle d’origine. Leur initiative fut plutôt une réussite : ainsi, même si le gros des efforts des éleveurs a porté sur ses caractéristiques esthétiques, le Setter Irlandais a su conserver ses deux fonctions et demeure un chasseur très apprécié pour traquer le gibier à plumes, notamment la sarcelle, le canard, la perdrix et la caille. Il est d’ailleurs courant de distinguer des lignées d’exposition et celles de travail, dont les individus se différencient par leur taille et leur robustesse.

 

Bien sûr, il n’y a pas que les États-Unis qui adoptèrent le Setter Irlandais. Sa reconnaissance par la Fédération Cynologique Internationale (FCI) en 1954 contribua beaucoup à sa diffusion dans le monde entier, étant donné qu'elle regroupe une centaine d'organismes nationaux - dont ceux de la France (la Société Centrale Canine, ou SCC), la Belgique (la Société Royale Saint-Hubert, ou SRSH) et la Suisse (la Société Cynologique Suisse, ou SCS).