Né vers le mois d’août 1941, Gunner était un mâle Australian Kelpie au pelage noir et blanc. Il était errant et âgé d’environ six mois lorsqu’il fut recueilli par les soldats de la base de la Royal Australian Air Force (RAAF) de Darwin, dans le nord de l’Australie. Plus précisément, il fut retrouvé dans les ruines du mess (qui venait d’être bombardé par l’aviation japonaise), alors qu’il avait une patte antérieure brisée.
Ses sauveurs le déposèrent à l’hôpital de campagne, et l’histoire veut que le médecin refusait de soigner tout patient qui n’aurait ni nom, ni numéro de service. L’un des soldats lui aurait alors indiqué que le chien s’appelait Gunner, et portait le numéro 0000. C’est ainsi qu’il entra dans les registres de l’armée. Un des soldats qui l’avaient découvert, le pilote leader Percy Westcott, se mit en tête de l’adopter et de l’éduquer.
Gunner fit rapidement montre de ses capacités auditives. Une semaine après son adoption, il se mit soudainement à s’agiter et à sautiller en couinant. Quelques minutes plus tard, un raid aérien japonais bombardait la ville. Les événements se reproduisirent deux jours plus tard : il s’agita de la même façon et, peu de temps après, une frappe aérienne s’abattit encore. Tout au long des semaines qui suivirent, son agitation et sa recherche frénétique d’un abri annonçaient avec environ une vingtaine de minutes d’avance l’imminence d’une attaque ennemie. Son ouïe était d’ailleurs si fine qu’il était capable de distinguer les moteurs japonais de ceux de l’aviation alliée.
Constatant tout cela, le commandant de l’escadron autorisa Westcott à faire sonner la sirène dès que Gunner donnait l’alerte. Dépassant en fiabilité les radars de l’époque, le chien-sentinelle conférait un avantage décisif à la base aérienne de Darwin.
Quand son maître fut déployé à Melbourne 18 mois plus tard, Gunner fut confié aux bons soins du boucher de la base. On ignore ce qu’il advint de lui, mais il y a fort à parier qu’il continua à accomplir ses missions d’alerte et à bénéficier du traitement de faveur qui était le sien : accompagner les soldats dans les douches, les dortoirs, au cinéma en plein air, et même parfois embarquer avec eux lors des entraînements aériens.