Chien et coronavirus : tout ce qu’il faut savoir

Chien et coronavirus : tout ce qu’il faut savoir

Les zoonoses, c’est-à-dire les maladies qui se transmettent de l’animal à l’Homme ou inversement, ne sont ni nouvelles, ni rares : d’après l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), 60% des maladies infectieuses en général et 75% des maladies infectieuses émergentes sont des zoonoses. Certaines d’entre elles, comme la peste ou la rage, sont d’ailleurs tristement connues pour les ravages qu’elles causent depuis longtemps sur les populations...


Le Covid-19, qui est une maladie infectieuse émergente, a donc statistiquement trois chances sur quatre d’être elle aussi une zoonose, si on en croit les chiffres de l’OIE. La crainte que ce soit effectivement le cas a d'ailleurs été renforcée lorsqu’un chien a été testé positif à Hong-Kong début 2020. Mais qu’en est-il réellement ? Existe-t-il bel et bien un lien entre le coronavirus et la gent canine ?

Qu’est-ce qu’un coronavirus ?

Qu’est-ce qu’un coronavirus ?

Un coronavirus, terme qui signifie littéralement « virus à couronne », est un virus de la famille des Coronaviridae.

 

On connaît aujourd’hui 7 coronavirus différents, parmi lesquels celui qui provoque le Covid-19, ainsi qu’un coronavirus canin et un coronavirus félin, qui touchent respectivement le chien et le chat. Toutes ces souches sont responsables d'infections digestives et/ou respiratoires chez l'Homme et/ou l'animal.

 

Par simplification linguistique, le mot « coronavirus » utilisé dans le langage courant désigne uniquement l’un d’entre eux : celui qui cause le Covid-19 chez l’Homme.

Le coronavirus du Covid-19

Le coronavirus du Covid-19

Le Covid-19, l’abréviation de “Corona Virus Disease-19” (c’est-à-dire en français “la maladie à coronavirus 2019”) est une maladie infectieuse humaine apparue en Chine en fin d’année 2019 et causée par le SARS-CoV-2, un coronavirus.

 

Cette pathologie humaine est très contagieuse. La transmission interhumaine (c’est-à-dire entre êtres humains) se fait par le biais de gouttelettes respiratoires projetées lorsque les personnes contaminées toussent ou éternuent, et/ou via un contact manuel avec une surface contaminée.

 

Les symptômes de la maladie rappellent ceux de la grippe : on note par exemple de la fièvre, de la toux, des maux de têtes, des courbatures et des problèmes respiratoires. Une perte d’odorat et de goût peut également survenir : ce symptôme est aujourd’hui considéré comme caractéristique du Covid-19 et suffit à établir un diagnostic. Dans les cas graves, la maladie peut provoquer une détresse respiratoire aigüe susceptible d’entraîner la mort.

 

Il existe toutefois une part non négligeable de personnes asymptomatiques, c’est-à-dire qui sont porteuses du virus mais ne présentent aucun symptôme. Or elles aussi sont susceptibles de le transmettre autour d’elles.

 

Selon les dernières études, il est probable que le coronavirus responsable du Covid-19 ait été originellement transmis à l’Homme par un animal, vraisemblablement un pangolin ou une chauve-souris. Néanmoins, pour l’heure, cette hypothèse n’a pas été prouvée scientifiquement : on ne sait donc pas dire avec certitude si le Covid-19 nous vient d’un animal ou non, et si oui, duquel.

 

Pour autant, le 28 février 2020, un chien a été testé positif à Hong-Kong, installant le doute dans les esprits : les chiens peuvent-ils être porteurs du Covid-19 ? Peuvent-ils le transmettre aux humains ? À l’inverse, l’Homme peut-il transmettre le Covid-19 au chien ?

Un chien peut-il transmettre le Covid-19 ?

Un chien peut-il transmettre le Covid-19 ?

Les zoonoses canines, c’est-à-dire les maladies qui peuvent se transmettre du chien à l’Homme, sont le plus souvent le fait de bactéries (telle la maladie de Lyme) ou de parasites (la teigne ou la leishmaniose, par exemple), et non de virus.

 

En effet, très peu de virus semblent capables de contaminer à la fois le chien et l’être humain. Plus précisément, jusqu’à l’apparition du Covid-19, la rage était le seul exemple connu de maladie virale pouvant être transmise aux deux espèces à la fois.

 

Reste à savoir ce qu’il en est de ce nouveau virus : est-il lui aussi une zoonose ou non ?

Le risque pour le chien d’être vecteur actif du Covid-19

Le risque pour le chien d’être vecteur actif du Covid-19

Bien que le Covid-19 soit une maladie humaine, un chien Pomeranian de 17 ans a été diagnostiqué positif à Hong-Kong le 28 février 2020, suscitant l’interrogation puis l’inquiétude quant à une éventuelle transmission de l’Homme à l’animal, en plus de la contamination interhumaine connue.

 

Toutefois, son organisme contenait peu de traces du virus, et lui-même ne présentait pas le moindre symptôme. Il semble qu’il ait été infecté par sa maîtresse, elle-même malade. Il n’en reste pas moins que ce cas de figure d’une transmission de l’humain vers le chien est selon toute vraisemblance extrêmement rare. Ce chien est depuis décédé, mais dans la mesure où il était très vieux et où il ne présentait aucun symptôme du Covid-19, tout porte à croire que son décès n’est pas lié au virus.

 

En tout cas, il n’a jamais été prouvé qu’un chien puisse transmettre une souche de coronavirus à un être humain, et celle du Covid-19 ne semble pas faire exception. En effet, pour pouvoir infecter les cellules canines, il faudrait que le SARS-CoV-2 soit capable de se lier aux récepteurs canins. Selon une étude de chercheurs allemands dont les résultats ont été publiés au format numérique en février 2020 sur le site Cell.com au sein d’un article intitulé « SARS-CoV-2 Cell Entry Depends on ACE2 and TMPRSS2 and Is Blocked by a Clinically Proven Protease Inhibitor », le virus utilise les protéines ACE2 et TMPRSS2 pour entrer dans un organisme. Or, bien que ces protéines soient présentes à la fois chez l’Homme et chez le chien, elles ne sont pas exactement identiques chez les deux espèces : c’est ce qui expliquerait pourquoi le virus pourrait ne pas être en mesure d’infecter nos compagnons, alors qu’il est parfaitement capable d'infecter l’être humain.

 

Par conséquent, compte tenu de ces informations, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a affirmé dans une publication en date du 9 mars 2020 qu’il n’existait aucune preuve selon laquelle un chien pouvait transmettre le Covid-19, que ce soit à ses congénères ou bien aux êtres humains.

 

Toutefois, la maladie étant récente, les scientifiques manquent de recul sur la question. Ils continuent donc leurs recherches, et l’OMS mettra à jour ses recommandations si des données contradictoires sont finalement découvertes.

Le risque pour le chien d’être vecteur passif du Covid-19

Le risque pour le chien d’être vecteur passif du Covid-19

Si le chien ne semble pas pouvoir être un vecteur actif, le risque le plus probable aujourd’hui est qu’il pourrait devenir un fomite, c’est-à-dire un vecteur passif (ou indirect) via son pelage.

 

En effet, si une personne contaminée tousse dans ses mains, caresse votre chien, et que vous-même le caressez par la suite, il existe un risque (mince mais réel) que vous vous retrouviez avec le virus sur les mains.

 

D’après les connaissances actuelles, ce dernier survivrait entre 15 minutes et 3 jours hors de son hôte, selon les surfaces sur lesquelles il se trouve : 24 heures sur du carton, 3 jours sur du plastique et entre 15 et 30 minutes sur des tables, barres de métro, portes, etc. La durée n’est pas encore connue pour le pelage animal, mais il semblerait que les matières comme la fourrure tendent à "piéger" et donc à retenir les agents pathogènes plus efficacement que les surfaces lisses, ce qui laisse supposer que le virus y survit moins longtemps que sur certains objets.

 

Ainsi, la probabilité pour un humain d’être contaminé par le Covid-19 en caressant un chien n’est certes pas nulle, mais semble très faible. De fait, une fois la surprise de la découverte passée, l’inquiétude de la communauté scientifique concernant un risque éventuel de contamination de l'humain via le chien demeure limitée. Néanmoins, mieux vaut opter pour la prudence et empêcher des inconnus de toucher votre animal lors de ses promenades tant que l’épidémie perdure.

Comment éviter d’être contaminé par son chien ?

Comment éviter d’être contaminé par son chien ?

Comme expliqué précédemment, les chiens ne semblent pas souffrir du Covid-19, ni pouvoir être des vecteurs actifs du coronavirus.

 

Néanmoins, afin d’éviter qu’ils se transforment en vecteurs passifs, il est impératif de respecter les mesures d’hygiène usuelles et quelques précautions de circonstance :

  • garder le chien à un mètre minimum de chaque personne ou animal extérieur au foyer, pour éviter les contaminations. Cela est valable aussi bien pendant la promenade qu’au domicile. Par exemple, si un livreur ou une autre personne sonne à la porte, mieux vaut isoler l'animal dans une pièce, en particulier s’il a tendance à être amical avec les inconnus ;

  • nettoyer ses pattes après les promenades avec un lave-pattes pour chien ou une serviette et le produit nettoyant habituel, spécialement conçu à cette fin. Il ne faut surtout pas utiliser d’alcool ni de javel, car ils peuvent brûler ses coussiners et sa peau en général ;

  • brosser le pelage de son chien régulièrement, comme d’habitude, et si possible en portant des gants ;

  • se laver les mains avant et après chaque sortie avec le chien (en utilisant de préférence du savon de Marseille), mais aussi avant et après chaque contact avec lui.

 

En revanche, même si on ne sait pas exactement comment le chien qui a été diagnostiqué positif fin février 2020 à Hong-Kong a été contaminé, il ne semble pas nécessaire de protéger le visage de son animal avec un masque, comme cela est recommandé pour les humains : ce serait à la fois vraisemblablement inutile pour lui, et un gâchis alors que des personnes en ont elles réellement besoin.

J’ai le Covid-19 : comment agir avec mon chien ?

J’ai le Covid-19 : comment agir avec mon chien ?

Si le Covid-19 vous a été diagnostiqué ou si vous pensez fortement en être atteint, il est important de prendre quelques précautions afin de protéger votre entourage. Cela concerne également votre chien, afin d’éviter d’en faire un vecteur passif.

 

Par exemple, il est conseillé de restreindre au maximum les contacts physiques avec lui, et en particulier d’éviter à tout prix qu’il vous lèche. Cette prise de distance peut le décontenancer s’il est habitué à une grande proximité avec les membres de sa famille : il peut ne pas comprendre pourquoi les contacts qui avaient toujours été autorisés (voire encouragés) jusqu’alors lui sont soudainement interdits. Il faut alors le rassurer en continuant d’interagir avec lui pour qu’il ne se sente pas rejeté : par exemple, quand on veut le féliciter lorsqu’il se conduit bien, il est possible de remplacer les caresses habituelles par des acclamations orales, qui le raviront tout autant.

 

Par ailleurs, mieux vaut que les tâches qui vous incombent habituellement le concernant (pour le nourrir, l’entretenir, etc.) soient confiées à une autre personne non malade du foyer, qui prend ainsi votre relève le temps de la guérison. Si ce n’est pas possible, il est important de se laver les mains longuement avec du savon (le savon de Marseille est idéal) ou une solution hydroalcoolique avant et après son repas (pour éviter le risque de contaminer sa nourriture), ainsi qu’après avoir touché ses objets (jouets, panier, coussins, gamelles...).

 

Il convient en outre de le laver régulièrement (mais jamais plus d’une fois par mois, sauf exception) en utilisant des gants à usage unique et avec un shampoing pour chien, ou au pire simplement à l’eau claire.

 

Abstenez-vous également de partager de la nourriture avec lui – une recommandation qui, au demeurant, vaut en toutes circonstances, car l’alimentation des humains est rarement adaptée aux besoins nutritionnels du chien, voire peut s’avérer dangereuse pour lui.

 

Par ailleurs, si vous ou un proche devez être hospitalisé et habitez seul, sachez qu’il est permis de se déplacer pour un motif familial impérieux et pour l’assistance aux personnes vulnérables. Un proche peut donc venir vous aider et récupérer votre animal avant votre départ pour l’hôpital.

 

Il faut savoir qu’une augmentation des abandons ayant été notée durant l’épidémie, les refuges animaliers et les fourrières sont bien souvent au complet et/ou fermés, ce qui fait qu’il est plus difficile de faire garder son animal pendant une absence. En France, il semble que si aucun membre de votre entourage ne peut garder votre animal et qu’il n’est pas possible de le confier à un pet-sitter, la fourrière de votre localité peut exceptionnellement s’en occuper le temps de votre hospitalisation. Cependant, cela doit relever du dernier recours, au risque de saturer les fourrières et de faire ainsi augmenter les euthanasies d’animaux errants.

Le coronavirus et l’abandon de chiens

Le coronavirus et l’abandon de chiens

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les abandons d’animaux domestiques se multiplient dans les pays touchés ; un peu partout dans le monde, nombre d’associations pour la protection des animaux tirent la sonnette d’alarme.

 

Il est d’autant plus difficile pour elles de faire face à cette situation que, pour éviter la contagion, les équipes travaillent souvent en effectif réduit. De fait, les refuges et associations, déjà souvent débordés en temps normal, ne sont généralement pas en état d’absorber une nouvelle vague d’abandons.

 

Pourtant, rien ne saurait justifier d’abandonner son chien à cause du coronavirus. En effet, il n’existe à ce jour aucune preuve indiquant que nos toutous représentent un quelconque danger pour leur entourage (humains ou animaux). Cela n’empêche pas néanmoins de prendre quelques mesures de précaution, comme se laver les mains après les avoir caressés ou ne pas leur permettre de nous lécher le visage.

 

L’épidémie actuelle est donc un faux prétexte, et on peut parier au demeurant qu’une bonne partie de ces abandons de chiens à cause du coronavirus seront rapidement regrettés par leurs auteurs mal informés.

 

En tout état de cause, prendre la décision d’adopter un chien, c’est s’engager à tout faire pour satisfaire son bien-être physique et psychologique, quelles que soient les circonstances. Or un abandon est toujours très mal vécu par l'animal, pour qui sa famille représente le pivot de son existence. La plupart conservent d’ailleurs des séquelles à vie après un tel traumatisme. Ce n’est donc pas un hasard si, dans de nombreux pays, l’abandon d’un animal de compagnie est considéré comme un acte de maltraitance envers les animaux, et sévèrement puni à ce titre par la loi.

Conclusion

Au vu des connaissances actuelles, les chances qu’un chien transmette le Covid-19 à un humain, de manière directe ou indirecte, semblent très faibles, en particulier si le maître respecte quelques mesures élémentaires d’hygiène. Ainsi, en adoptant les bons comportements pour protéger son chien contre le Covid-19 et se protéger soi-même, il est possible de continuer à s’en occuper presque normalement pendant l’épidémie. Par conséquent, rien dans ces circonstances exceptionnelles ne saurait justifier l’abandon de son animal.

 

En tout cas, si certaines personnes semblent désormais voir le chien comme un danger potentiel, d’autres, plus pragmatiques, tentent de tirer profit de ses incroyables talents pour aider l’humanité à surmonter cette épreuve. C’est le cas notamment de Medical Detection Dogs, une association britannique qui tâche d'entraîner des chiens à détecter l’odeur des personnes porteuses du coronavirus. Des chercheurs de l'université de médecine vétérinaire de Hanovre (Allemagne) ont même conclu que le chien peut détecter le Covid-19 avec un très bon taux de réussite s'il est correctement entraîné. Des signes encourageants qui, s'ils sont confirmés, permettront d'ajouter une ligne de plus au surprenant palmarès de nos compagnons à quatre pattes !

Par Estelle C. - Dernière modification : 01/09/2021.