Film emblématique des années 90 mis en scène par l’américain Brian Levant (né en 1952), Beethoven raconte les aventures d’un Saint-Bernard qui échappe de peu à un dognapping dans l’animalerie où il est en attente d’un foyer, alors qu’il n’est âgé que de quelques mois. Il finit par atterrir chez les Newton, qui décident de le baptiser Beethoven en l’entendant aboyer au son de la 5ème symphonie du célèbre compositeur allemand. Il ne tarde pas à devenir un membre à part entière de la famille, pour le meilleur et pour le pire.
Nul doute qu’en mettant au point cette histoire, le scénariste et réalisateur américain John Hughes (1950-2009), qui signe le scénario sous le pseudonyme de Edmond Dantès, n’imagine pas qu’il est en train de faire naître l’un des personnages les plus célèbres du 7ème art.
C’est d’autant plus vrai que l’accueil qui lui est fait par la critique est très mitigé. On reproche notamment à Beethoven son manque d’originalité. Il faut dire que le personnage, aussi sympathique soit-il, n’est finalement qu’une redite sans grande audace de l’archétype du chien-enfant, qui revient régulièrement au cinéma depuis les années 30.
Pourtant, le film est un succès mondial, générant près de 150 millions de dollars de recettes et engendrant pas moins de sept suites et un dessin animé. La performance attachante de Chris, le Saint-Bernard mâle marron et blanc de 90 kg qui joue le rôle de Beethoven, y est assurément pour beaucoup.
A l’origine, les producteurs du film envisagent de prendre un Golden Retriever pour le rôle, car ils veulent un chien agile et dynamique. Ils sont finalement séduits par le charisme et les capacités physiques de Chris, ainsi que sa volonté de plaire. Pour Karl Lewis Miller (1941-2008), l’un de ses dresseurs, connu pour avoir également travaillé sur le film Cujo (1983) mettant en scène un Saint-Bernard devenu très agressif après avoir contracté la rage, Beethoven est un moyen de montrer ce chien sous un meilleur jour et de montrer qu’il peut être très intelligent et très athlétique. Il va même jusqu’à affirmer que « Beethoven aurait pu être joué par n’importe quel Saint-Bernard. »
Chris reprend son rôle en 1993 dans Beethoven 2, aux côtés d’ailleurs de la plupart des autres acteurs du premier opus. Il décède quelques temps plus tard à l’âge de 12 ans, non sans avoir profité d’une belle retraite.
Pour les six suites, tournées une décennie plus tard, le casting est entièrement remodelé. Aucun des acteurs humains n’est de retour, tandis que Beethoven lui-même est désormais joué par plusieurs chiens différents, afin d’alléger leur charge de travail respective. Ses nouvelles aventures de plus en plus extravagantes sont cependant de moins en moins appréciées par le public, et d’ailleurs aucune d’entre elle n’a les honneurs d’une sortie au cinéma. Sorti en 2008 et baptisé Beethoven : Une star est née ! (Beethoven's Big Break), le sixième opus constitue un reboot complet de la saga : la famille Newton en est totalement absente, et Beethoven se retrouve impliqué dans le tournage d’un film.